Coton : l’Afrique a une carte à jouer

 Coton : l’Afrique a une carte à jouer
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Dans une conjoncture plutôt difficile où les prix du coton sont soumis à la double pression des  stocks encore pléthoriques et de la concurrence exacerbée du polyester, Gérald Estur, consultant indépendant et auteur du chapitre sur le coton dans  le rapport Cyclope sur les Marchés Mondiaux, estime que l’Afrique a une carte à jouer.

L’envolée historique des cours en 2011, qui a été suivie par une toute aussi forte baisse dans les mois qui ont suivi, n’a fait que des victimes rappelle  Gérald Estur  et « la première victime c’est le coton lui même ».  Le coton subit une double concurrence, au niveau de la terre et de l’eau avec les autres cultures mais aussi avec son principal ennemi le polyester. La part du coton dans les fibres textiles a tendanciellement diminué mais la chute s’est accélérée avec  l’envolée des cours, « les acheteurs  préférant se procurer du polyester dont les prix sont  plus bas mais surtout beaucoup plus stables » remarque Gérald Estur. Ajoutant « la part du coton dans les fibres textiles c’est 27% et le polyester c’est 60%. Le coton ne s’en remettra pas ». Un polyester qui est plus compétitif face au coton non pas en raison des bas  prix du pétrole mais des surcapacités de production de la Chine, qui produit les deux-tiers du polyester dans le monde.

 Le coton est groggy

« Le coton est groggy, victime d’une overdose de stocks ». Pendant trois ou quatre ans, les cours se sont maintenus à des niveaux historiquement élevés car la Chine a importé des quantités énormes de coton. Elle a aujourd’hui sur les bras plus de 18 mois  de sa consommation industrielle, qui  elle même diminue car elle est de plus de en plus concurrencée.

Cette année, la Chine va perdre à la fois son rang de premier producteur mondial, dépassée par l’Inde, et sera aussi dépassée par les nouveaux ateliers du monde, le Vietnam et le Bangladesh. Les prix vont donc rester bas.

« Ils semblent très bas par rapport aux sommets qu’ils ont atteints mais ils sont historiquement pas si bas que cela. Ils sont redevenus au niveau moyen des années 2000. Dans ce contexte,  qui a sa carte à jouer ? Je pense que l’Afrique a une carte à jouer pour peu que les taux de change se maintiennent à des niveaux acceptables (nrdl dans la zone franc) pour les exportateurs» observe Gérald Estur. 

Elle a une carte à jouer car elle a les coûts de production les plus bas au monde. Aujourd’hui à 70 cents la livre CAF, les seuls pays qui peuvent produire à ce niveau la ce sont les pays africains. « C’est la raison pour laquelle le coton est subventionné à tour de bras. Le montant du soutien gouvernemental direct à la production en 2014/15 c’était plus de $10 milliards à comparer à une valeur des exportations de $12 milliards ».

« Dans ce contexte, tout le monde pense que les cours vont restés durablement déprimés. On peut s’attendre, encore une foi, à être surpris et la surprise peut aller à la hausse. Comme le dit l’adage « il ne faut jamais suivre les moutons, les moutons ont les tond ». Tous les facteurs baissiers sont déjà dans les prix, une hausse pourrait intervenir malgré le niveau élevé des stocks, la concurrence du polyester et les comportements plus ou moins irrationnels des opérateurs avec un risque de pénurie », conclut Gérald Estur.

 

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