Attaques dans la mer Rouge,  les taux de fret montent en flèche

Depuis plus de deux mois, en représailles à la guerre menée depuis le 7 octobre par Israël contre leurs alliés palestiniens du Hamas, les Houthis du Yémen, proches de l’Iran, multiplient les attaques contre les navires commerciaux dans la mer Rouge où transite environ 12% du commerce mondial ce qui représente 30% du trafic mondial de conteneurs et plus de $1000 milliards de marchandises par an. Une situation de crise qui dure et s’intensifie ces derniers jours faisant flamber les taux de fret, allongeant les délais d’approvisionnement, augmentant les prix des marchandises et créant potentiellement des goulots d’étranglement.

Quelque 27 attaques contre des navires commerciaux auraient eu lieu, selon le gouvernement américain, obligeant plus de  2 000 navires à dévier de leur ligne commerciale sur des milliers de kilomètres. Depuis le mi décembre, les plus grandes compagnies de transport maritime, comme MSC, Maersk, CMA CGM, BP ou Hapag-Llyod se sont détournés de Bab el Mandeb, trop risqué, et passent donc par le cap de Bonne- Espérance au sud de l’Afrique, ce qui ajoute de 7 à 21 jours à la durée du voyage et engendrent donc des coûts supplémentaires notamment en terme de carburant. “Des milliards de dollars de marchandises passeront beaucoup de temps en mer, ce qui entraînera des coûts d’inventaire plus élevés“, indique dans une notre Rahul Kapoor, vice-président et responsable de la recherche sur l’analyse des expéditions chez S&P Global Commodity Insights, soulignant qu’à terme, ces coûts seront répercutés sur les consommateurs.

En fin de semaine dernière, la tension est montée d’un cran avec pour la première fois des frappes d’avions de guerre, de navires et de sous-marins américains et britanniques sur le Yémen provocant une nouvelle flambée des prix du fret et suspendant le trafic maritime.

L’indice de référence du fret conteneurisé de Shanghai a augmenté de plus de 16 % d’une semaine à l’autre pour atteindre 2 206 points vendredi dernier. Les tarifs sur la route Shanghai-Europe ont augmenté de 8,1% à $3 103 dollars par unité équivalente vingt pieds (EVP) vendredi par rapport à la semaine précédente, tandis que les tarifs pour les conteneurs vers la côte ouest des États-Unis ont grimpé de 43,2% à $3 974 par unité équivalent quarante pieds (FEU), selon le principal courtier maritime Clarksons.

La plateforme de logistique de conteneurs en ligne, Container xChange, a déclaré que l’Amérique latine (Est et Ouest), le Japon et la Corée, ainsi que l’Europe méditerranéenne avaient connu la plus forte augmentation des taux au comptant des conteneurs au cours des 30 derniers jours, à la suite des troubles de la mer Rouge. “Le tarif moyen sur les relations Chine-Europe annoncé cette semaine est d’environ $5 400 dollars/40 pieds de HC, contre $1 500 la semaine précédente“, observe Christian Roeloffs, PG de Container xChange. Ajoutant que les sociétés de transport maritime et de location ont passé plus de 750 000 commandes de conteneurs ISO EVP hors de Chine au cours des deux derniers mois, car elles exigent davantage de conteneurs pour éviter la mer Rouge.

La hausse du coût du fret est significative, et quasi continue depuis le mois de novembre, mais les taux de fret sont encore  bien en dessous des records atteints en 2021 lors de la pandémie de la Covid-19 où il fallait débourser $14 000 pour un conteneur de 40 pieds pour l’Asie vers l’Europe du Nord et la Méditerranée ou $22 000 pour l’Asie vers la côte est de l’Amérique du Nord. Néanmoins, plus la crise de la mer Rouge se prolongera et plus les taux seront susceptibles d’augmenter. Sans omettre un possible risques d’escalade après les frappes sur le Yémen. Les analystes sont généralement sceptiques sur une résolution rapide de la crise. « Nous envisageons des mois plutôt que des semaines ou des jours avant que cette crise ne parvienne à une quelconque résolution » indique Peter Sand, analyste en chef de la plateforme de fret Xeneta.