La Chronique Matières premières agricoles au 21 mars 2024

 La Chronique Matières premières agricoles au 21 mars 2024

@ Pixabay

Partager vers

Les annonces rassurantes mercredi de la Réserve fédérale américaine (Fed) ont dynamisé les bourses. La Fed, tout en décidant de maintenir ses taux directeurs pour la cinquième fois consécutive, a indiqué qu’elle prévoyait toujours de les réduire de trois quarts de point de pourcentage cette année, malgré des prévisions plus modestes sur la baisse de l’inflation.

La bourse de Wall Street a fini en hausse jeudi, ses trois principaux indices atteignant des records, ainsi que celles en Europe et de Tokyo en Asie. En revanche, l’indice composite de la bourse de Shanghai  en Chine est en légère baisse.

Sur le marché des changes, le dollar abandonne 0,61% face à un panier de devises de référence et l’euro prend 0,17% à 1,0937 dollar. 

Les prix du pétrole repartent à la hausse, soutenus par la réduction des stocks de pétrole brut et d’essence aux États-Unis. Le baril de Brent progresse de 0,58% à $86,43 et celui du brut léger américain (WTI) gagne 0,52% à $81,59.

CACAO

Le marché du cacao poursuit sa hausse incessante sans répit en vue avec une pénurie persistante de l’approvisionnement en provenance d’Afrique de l’Ouest. A New York, la tonne de cacao pour l’échéance juillet a gagné hier $250 à $8 011 après avoir atteint un niveau record de $8 067 contre $7 224 vendredi dernier. A Londres, le contrat de juillet a augmenté hier de 3,5% à £ 6 512 la tonne après avoir établi un record de £ 6 534 contre £ 5 775 vendredi dernier.

Des déficits séquentiels importants, de nature structurelle, devraient continuer à exercer une pression à la hausse sur les prix du cacao. À ce stade, les origines ont peu à vendre et la position spéculative longue est tout simplement trop petite pour avoir de l’importance“, souligne un courtier basé aux États-Unis interrogé par Reuters. Ajoutant “… avec 80% de la récolte actuelle vendue et le retrait du Conseil Café Cacao et de la Cocoa Marketing Company en tant que vendeurs à terme, il ne sera peut-être pas possible de trouver un soulagement de sitôt“.

BMI a relevé lundi sa prévision du prix moyen du cacao de New York pour 2024 de 60 %, à $6 000 la tonne en raison principalement de la baisse de la production mondiale de cacao.  “Cette baisse est le principal facteur à l’origine de la pression accrue sur les prix du cacao et nous nous attendons à ce que cela persiste tout au long du S124 et au S224“, a déclaré BMI dans son rapport, notant qu’un déficit mondial de cacao de 350 000 tonnes était attendu pour campagne 2023/24.

En Côte d’Ivoire, la tension monte avec l’appréciation des cours mondiaux. La Plateforme ivoirienne pour un cacao durable (PICD) demande au Conseil café cacao (CCC) de réviser son mécanisme de fixation des prix afin de permettre aux agriculteurs de bénéficier des prix mondiaux plus élevés. “Dans plusieurs pays, les producteurs de cacao bénéficient directement des prix du marché mondial. Il est difficile de comprendre pourquoi les producteurs (ivoiriens) de cacao n’en bénéficient pas” souligne la PICD. Le prix officiel bord champs est de FCFA 1 000 le kilo et, même si la plupart des agriculteurs de Côte d’Ivoire reçoivent une prime et sont payés entre FCFA 1 300 et 1 500 kg, ce montant est faible. En outre, la préoccupation du PICD est que la prime dont bénéficient actuellement les agriculteurs disparaisse, le CCC ayant averti les exportateurs de ne pas payer au-dessus des prix fixés sous peine de sanctions (Lire : En Côte d’Ivoire, avertissement du Conseil café cacao sur le dépassement du prix de la fève).

Les arrivées de cacao dans les ports ivoiriens depuis le début de la saison le 1er octobre ont atteint 1,262 million de tonnes (Mt) au 17 mars, en baisse de 27 % par rapport à la même période de la saison dernière, selon les exportateurs.

CAFÉ

Quasi-stabilité du marché du café cette semaine mais les prix intérieurs au Vietnam atteignent des sommets sur fonds d’une offre très tendue. Le Robusta, coté à Londres, a clôturé hier à $ 3 385 la tonne sur l’échéance mai contre $3 308 vendredi dernier. Quant à l’Arabica, partie de $1,8295 cents à New York, la livre a atteint hier $1,824.

La banque néerlandaise Rabobank table sur un excédent mondial de 0,5 millions de sacs en 2023/24 mais a une perspective neutre en matière sur les prix car elle suppose que toute augmentation de l’offre sera compensée par une précipitation pour reconstituer les stocks. C’est particulièrement le cas dans l’Union européenne où la loi sur la déforestation importée entre en vigueur l’année prochaine, souligne la banque.

De son côté, la banque ING s’attend à ce que la récolte d’Arabica soit excédentaire tandis que le Robusta connaîtra une quatrième année consécutive de déficit au cours de la campagne 2024/25.

Au Vietnam, l’offre est toujours tendue et la demande soutenue. Ainsi, les prix intérieurs se dirigent vers un cap historique de 100 000 dongs par kilo. Cette semaine, dans les Central Highlands, les prix au planteur ont augmenté à 93 000 et 94 200 dongs ($3,75-$3,80) le kilo, contre 90 400 à 92 000 dongs une semaine plus tôt.  “La situation reste la même… les stocks sont presque vides et la demande est forte“, indique un négociant basé dans la ceinture du café. Ajoutant “Les prix intérieurs atteindront très bientôt le niveau record de 100 000 dongs par kg.”

Face à cette flambée des prix locaux, les torréfacteurs étudieraient la possibilité d’importer du Robusta brésilien, une décision inhabituelle pour le premier producteur mondial mais qui aurait un sens économique.

A l’export, le Robusta Grade 2, 5 % grains noirs et cassés 5% se négociait avec une prime de $550 à $650 la tonne par rapport au contrat de mai à Londres.

En Indonésie, les grains de café Robusta de Sumatra pour livraison en avril ont été proposés à un prix supérieur de $820, soit un chiffre inchangé par rapport à la semaine dernière, car « les prix du café sur le marché de Londres ont baissé, tandis que les prix des grains verts sont restés élevés », selon un négociant.

Le Brésil devrait enregistrer cette année sa troisième augmentation annuelle de sa production de café, une séquence rare observée seulement sept fois en 144 ans d’histoire du café chez le plus grand producteur et exportateur mondial de grains, selon données compilées par Reuters. Selon les experts, cette séquence positive devrait se prolonger d’une année supplémentaire en 2025, principalement en raison de l’augmentation de la production de grains de Robusta dans un pays qui est historiquement producteur de café Arabica.

La production brésilienne de café alterne généralement des années de production élevée et faible, selon le cycle biennal de l’Arabica. Mais ce cycle, indique les experts, a été rompu après des conditions météorologiques extrêmes : une grave sécheresse puis des gelées anormales qui ont frappé les champs de café brésiliens vers 2020 et 2021. Depuis lors, le pays produit chaque année des récoltes plus importantes. Cette amélioration est due à certaines techniques agricoles post-gel, telles que l’élagage et le recours accru à l’irrigation, en particulier dans les champs de Robusta, pour mieux faire face au temps sec.

La montée en puissance du Robusta, qui n’a pas de cycle biennal,  est bien réelle au Brésil. Le rendement moyen des champs de Robusta dans le pays a grimpé d’environ 50 % en 10 ans pour atteindre 44,2 sacs (60 kg) par hectare, selon l’agence brésilienne d’approvisionnement alimentaire Conab. En revanche, les rendements des champs d’Arabica n’ont augmenté que de 24 % au cours de la même période pour atteindre 26,7 sacs par hectare.

La Conab estime la récolte 2024 à 58 millions de sacs, soit une hausse de 5 % par rapport à l’année dernière.

CAOUTCHOUC

Après avoir progressé de plus de 12% la semaine  dernière et atteint un plus haut de 13 ans les cours du caoutchouc se sont un peu contractés avec une clôture hier sur l’Osaka Exchange à 349,3 ($2,3) le kilo contre 352 yens vendredi dernier. A Shanghai, en revanche, ils progressent passant de 14 790 yuans la tonnes à hier  14 940 yuans ($2 075,29).

L’Inde a réduit les taxes à l’importation sur certains véhicules électriques produits par les constructeurs automobiles qui s’engagent à investir au moins $500 millions et à démarrer la fabrication nationale d’ici trois ans.

COTON

Le marché du coton glisse et se dirige vers une troisième perte hebdomadaire. Les cours ont clôturé hier sur l’ICE à 92,210 cents la livre pour l’échéance mai contre 93,940 cents vendredi dernier.

Les exportations de coton américain sont soutenues, en hausse de 39% par rapport à la moyenne des quatre semaines précédentes avec la Chine comme principal acheteur, un peu moins de la moitié, et le Vietnam ensuite. Mais souligne Valentin Olah, consultant en gestion des risques chez StoneX Group, «sur le plan fondamental, le coton américain reste non compétitif par rapport au Brésil et à l’Australie, dont les niveaux de base ont été réduits en raison de la faible demande de coton brut et des prix des fils souples, sans parler d’éventuelles récoltes exceptionnelles.

En écho, Mambo Commodities souligne également la chute des bases.  « Sur le marché physique, les « bases » se sont effondrées créant parfois l’émoi, comme ces ventes de coton brésilien en Corée à des prix Cout et Fret plus bas que les prix FOB. Il paraît étonnant de voir la production se maintenir car le risque de voir le marché décrocher sévèrement est grand ». 

La publication la semaine prochaine du rapport du département américain (Usda)sur les superficies emblavées en coton aux États-Unis donnera une indication de la future production américaine.

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme se consolide. Hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange, les cours ont clôturé à $4 249 ringgits ($901,55) la tonne contre 4 293 ringgits vendredi dernier.

Le marché est dans un « mode de consolidation » après une hausse générale des prix depuis début mars, qui « reposait essentiellement sur des contraintes d’approvisionnement en Malaisie et en Indonésie », indique Paramalingam Supramaniam, directeur de la société de courtage Pelindung Bestari, basée à Selangor. Des contraintes provoquées par des inquiétudes météorologiques et de baisse des rendements. Même si une augmentation progressive de la production de palmiers est attendue, les attentes d’une augmentation des taxes et prélèvements indonésiens en avril maintiendront probablement les prix à un niveau favorable, a-t-il ajouté.

Du côté de la demande, elle remonte avec des exportations de produits malaisiens à base d’huile de palme entre le 1er et le 20 mars en hausse entre 7,4% et 16,3% par rapport à la même période le mois dernier, selon les inspecteurs de fret Intertek Testing Services et Amspec Agri.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz en Inde sont en baisse pour la deuxième semaine consécutive tandis que les offres indonésiennes soutiennent les prix au Vietnam.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% chutent à $543-$550 la tonne contre $548-$555 la semaine dernière en raison de la faiblesse de la demande africaine. “Les acheteurs africains sont en mode attentisme car ils disposent des stocks dont ils ont besoin pour couvrir la demande à court terme. Ils attendent juste que les prix se corrigent avant de se lancer dans de nouveaux achats“, a déclaré à Reuters un exportateur basé à New Delhi. Les négociants indiens signent peu de nouveaux contrats pour l’exportation de riz étuvé après que les autorités douanières ont modifié la méthode de calcul des droits d’exportation de 20 %, ce qui a entraîné une augmentation des droits (Lire nos précédentes Chroniques).

Au Vietnam, les prix du Viet 5 % progressent à $590-$595 la tonne contre $585 la semaine dernière. “Les prix ont augmenté après que l’Indonésie a invité plus tôt cette semaine des soumissionnaires pour des fournitures de 300 000 tonnes supplémentaires», indique un négociant basé à Hô Chi Minh-Ville.

Le Vietnam mettra en œuvre un projet d’une valeur d’environ $375 millions pour soutenir les infrastructures de culture du riz à faible émission de carbone dans la région du delta du Mékong de 2026 à 2031, indique Vietnam News citant le ministère de l’Agriculture. Cela fait partie de l’initiative du gouvernement visant à développer 1 million d’hectares de rizières à faible émission de carbone et de haute qualité. Les fonds proviendront principalement d’un prêt de $360 millions de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement. Les $15 millions restants seront investis par le gouvernement vietnamien et les autorités locales.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5 % reculent à $598 la tonne contre $615 la semaine dernière dans le sillage de l’affaiblissement du baht alors que les prix intérieurs restent largement inchangés.

SUCRE

Évolution contrastée entre le sucre roux et le sucre blanc cette semaine. Le sucre roux est quasi-stable à New York a 22,06 la livre contre 22,122 cents vendredi dernier sur l’échéance mai, tandis que le blanc à Londres est passé de $623,40 la tonne vendredi dernier à $640 hier sur l’échéance mai.

Au Brésil, les analystes ont revu cette semaine leurs prévisions de production de sucre du Centre-Sud du pays à la baisse. Ainsi, le courtier hEDGEpoint Global Markets table sur 605 millions de sacs contre 615 millions précédemment et StoneX à 602 millions contre 622 millions.

L’Union européenne a conclu mercredi un accord provisoire pour accorder aux producteurs alimentaires ukrainiens, y compris aux producteurs de sucre, un accès en franchise de droits à ses marchés jusqu’en juin 2025.

L’Égypte a étendu son interdiction d’exporter du sucre pour trois mois supplémentaires.

Au Malawi, le ministère du Commerce et de l’industrie a accordé des licences à 20 traders pour importer du sucre de l’Afrique du Sud, du Brésil, Mozambique, Zambie et Zimbabwe pour combler la pénurie en vigueur depuis le mois de janvier.

 

Autres Articles