La Chronique Matières premières agricoles au 25 janvier 2024

 La Chronique Matières premières agricoles au 25 janvier 2024

CommodAfrica

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Les marchés financiers ont terminé jeudi en ordre dispersé. La bourse de New York a fini en hausse après la publication de données officielles montrant une croissance plus importante qu’attendu de l’économie américaine au quatrième trimestre. Les bourses européennes ont aussi terminé en légère hausse alors que la Banque centrale européenne a maintenu hier comme attendu son taux de dépôt à 4% arguant qu’il était encore trop tôt pour évoquer des baisses de taux même si elle s’est félicité de la poursuite du processus de désinflation. En Asie, la bourse de Tokyo a chuté sous la pression de la baisse des semi-conducteurs, qui reculaient avec leurs homologues américains tandis qu’en Chine, après trois séances consécutives de rebond, les investisseurs ont pris leur profit faisant légèrement baissé la bourse de Shanghai.

Le dollar est stable face à un panier de référence

Quant au prix du pétrole, ils se sont légèrement repliés avec un Brent hier à $82,07 le e baril et le brut léger américain (WTI) à $76,84.

CACAO

Un nouveau record atteint mardi à $4 835 la tonne à New York ! Hier soir le cacao à New York a clôturé à $ 4 625 la tonne contre $ 4 607 la tonne vendredi dernier. Partis de £ 3 776 la tonne à la fin de la semaine dernière, les cours à Londres ont terminés hier à £ 3 722. On n’arrête presque plus que le cacao soutenu par des fondamentaux solides. Jusqu’où ira-t-il ? « Les investisseurs et les maisons de commerce semblent prêts à tester bientôt le prix de 5 000 dollars/tonne à New York et de 4 000 livres/tonne à Londres. Cela pourrait enfin être le point de bascule vers une destruction matérielle de la demande de cacao », estime Citi Research. Les chiffres des broyages du dernier trimestre 2023 étaient tous en baisse (Lire : Les prix record du cacao freinent la demande) mais un recul un peu moins important qu’anticipé, ce qui suggérerait une certaine résilience de la demande.

Aux cours élevés du cacao s’ajoute une hausse des coûts de transport à la suite des tensions dans la mer Rouge (Lire : Attaques dans la mer Rouge,  les taux de fret montent en flèche). “Avec la récente flambée des tarifs de fret due aux tensions dans la région de la mer Rouge, le commerce international risque d’être affecté. Avec des prix du cacao déjà élevés, un coût supplémentaire résultant des taux de fret élevés pourrait être intimidant pour les utilisateurs de cacao et pourrait affecter la demande”, souligne l’Organisation internationale du cacao (ICCO) dans son dernier rapport.

En Côte d’Ivoire, les arrivées dans les ports au 21 janvier depuis le début de la campagne de commercialisation le 1er octobre ont atteint 955 000 tonnes, en baisse d’environ 36% par rapport à la même période en 2022/23.

CAFÉ

Le café poursuit sur sa lancée haussière. Après avoir gagné 6% la semaine dernière, le Robusta progresse encore avec une clôture hier à $ 3 251 la tonne pour l’échéance mars contre $ 3 128 vendredi dernier. Ils se situent à des plus hauts de 16 ans avec un approvisionnement au compte goutte du premier producteur mondial, le Vietnam, les caféiculteurs étant retissant à vendre. Une situation exacerbée par des retards des expéditions de café d’Asie – Vietnam et Indonésie – vers le marché européen en raison des attaques continues des Houthis du Yémen en mer Rouge.

Quant à l’Arabica, il progresse aussi à hier $1 889 la tonne contre $1 851 vendredi dernier.

Au Vietnam, les prix sont aussi orientés à la hausse, soutenus par la faiblesse des approvisionnements. Les caféiculteurs dans les Central Highlands vendent leur kilo de café entre 73 000 et 75 000 dongs ($2,97 à $3,05) contre 71 000 à 72 900 dongs la semaine dernière. La planteurs attendent pour vendre que les prix montent à la suite des tensions dans la mer Rouge et de la faiblesse des stocks à Londres. Selon un négociant, les caféiculteurs détiendraient toujours environ 70% grains de café de la récolte 2023/24.

En Indonésie aussi la prime s’apprécie. Le Robusta de Sumatra est proposé cette avec une prime de $500 à $520 pour le contrat février-mars, contre une prime de $500 la semaine dernière. Une tendance qui devrait certainement se poursuivre au moins jusqu’à la récolte principale prévue en avril et juin.

CAOUTCHOUC

Sur des sommets de trois ans sont propulsés les cours du caoutchouc. Enchainant sept séances consécutives de gains, les cours sur l’Osaka Exchange ont clôturé hier à 288,4 yens ($1,95) le kilo contre 271,3 yens vendredi dernier. En revanche, sur le marché de Shanghai, ils fléchissent légèrement. Partis de 13 875 yuans la tonne, ils ont atteint hier 13 760 yuans ($ 1921,4).

Plan de relance en Chine, confiance retrouvée dans le secteur automobile et forte demande anticipée de pneu en 2024 ont porté le marché du caoutchouc.

Mercredi la Chine a annoncé une forte réduction des réserves bancaires, une mesure qui permettra d’injecter environ $140 milliards de liquidités dans le système bancaire. Pékin a également déclaré qu’elle élargissait l’utilisation des prêts immobiliers commerciaux par les banques dans le cadre de ses derniers efforts visant à atténuer la crise de liquidité à laquelle sont confrontées les sociétés immobilières en difficulté.

Les constructeurs automobiles ont multiplié les annonces positives avec des perspectives favorables pour la demande de pneumatique. Parmi celles ci : Renault a annoncé une augmentation de 9 % de ses volumes annuels de ventes mondiales pour 2023 et s’est dit prêt à poursuivre ses bonnes performances en 2024 ; Honda Motor s’attend à voir ses ventes annuelles aux États-Unis bondir de 10 à 15 % en 2024 , ;Le plus grand constructeur mondial de véhicules électriques, le chinois BYD, prévoit d’investir $1,3 milliard de dollars dans des installations en Indonésie avec une capacité de production de 150 000 véhicules, etc.

COTON

Dopé par les ventes et exportations américaines, le coton a grimpé cette semaine à 85,760 cents la livre sur l’ICE contre 83,950 cents vendredi dernier. “Nous avons eu un très bon rapport sur les ventes à l’exportation vendredi qui a fait grimper le marché et il semble que nous assistions à un petit suivi des achats ce matin“, a déclaré Jack Scoville, vice-président du Price Futures Group, basé à Chicago. Le rapport hebdomadaire sur les ventes à l’exportation du département américain de l’Agriculture (USDA) a monté des ventes nettes au cours de la semaine se terminant le 11 janvier pour 2023/2024, en hausse de 60 % par rapport à la semaine précédente et de 85 % par rapport à la moyenne des quatre semaines précédentes. Mais aussi le niveau le plus élevé de l’année de commercialisation 2023/2024 d’exportations hebdomadaires.

La Chine, principal consommateur de coton, représentait plus de la moitié des ventes nettes ainsi que des exportations. “Nous pourrions assister à de fortes ventes à l’exportation jusqu’au Nouvel An lunaire… Je m’attends à ce que les plantations de coton aux États-Unis soient inférieures cette année“, souligne Keith Brown, directeur du courtier en coton Keith Brown and Co Brown.

Un marché qui reflète donc la situation américaine avec un approvisionnement serré dans les prochaines semaines compte tenu de la bonne dynamique de vente et d’exportation tandis que la production et les stocks de clôture ont été revus à la baisse dans le dernier rapport Wasde de l’USDA. Mais qui oblitère la faiblesse de la demande mondiale et les difficultés de l’industrie textile, en particulier en Asie.

Côté entreprise, Olam Agri a lancé un vaste programme RegenAgri pour certifier que son coton est produit et approvisionné avec des critères d’agriculture régénérative certifiés, tout au long de sa chaîne d’approvisionnement. L’ensemble du coton de sa filiale en Côte d’Ivoire est certifié et partiellement celui produit aux Etats-Unis (Lire : Olam Agri trace son coton avec le label RegenAgri).

HUILE DE PALME

La baisse de la production du deuxième producteur mondial, la Malaisie, soutient toujours les cours de l’huile de palme qui ont clôturé hier – les marchés financiers étant fermés jeudi – à 3 992 ringgits ($844,15) sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange contre 3 940 ringgits vendredi dernier.

En Malaisie, la production d’huile de palme pourrait toutefois s’accroître cette année si le gouvernement permettrait aux plantations d’embaucher des travailleurs étrangers, estime le directeur général de la Malaysian Palm Oil Association (MPOA), Joseph Tek, dans un communiqué. Depuis l’année dernière dans l’attente d’une révision des pratiques de recrutement, le gouvernement a imposé un gel de l’embauche des travailleurs migrants mais a déclaré cette semaine qu’il autoriserait l’embauche de certains d’entre eux pour répondre à une pénurie d’environ 40 000 travailleurs dans le secteur agricole. Selon la MPOA, la production d’huile de palme pourrait augmenter de 5,2 millions de tonnes supplémentaires en régimes de fruits frais cette année, si la moitié des 40 000 travailleurs étaient affectés à des tâches de récolte.

Toujours en Malaisie, le gouvernement a maintenu le taux de taxe à l’exportation sur l’huile de palme brute à 8 % pour février 2024 et fixé un prix de référence de 3 571,39 ringgits ($754,57) la tonne pour février.

En Inde, les importations d’huile de tournesol devraient diminuer dans les mois à venir alors que la hausse des prix, entraînée par une hausse des taux de fret, incite les acheteurs à se tourner vers des huiles végétales concurrentes disponibles à prix réduit. New Dehli s’approvisionne généralement pour la plupart de ses importations en huile de tournesol de la région de la mer Noire via la mer Rouge. Or, les récentes attaques des Houthis ont contraint les compagnies maritimes à réacheminer le commerce entre l’Europe et l’Asie vers l’Afrique, augmentant ainsi les délais et les coûts. Les taux de fret élevés ont porté le coût de débarquement de l’huile de tournesol au-dessus de celui de l’huile de soja en Inde pour la première fois depuis près d’un an, a déclaré Sandeep Bajoria, PDG de Sunvin Group. “Les importations d’huile de tournesol ont été robustes au cours des derniers mois en raison de l’avantage de prix qu’elles avaient par rapport à l’huile de soja. Cependant, elles ont perdu cet avantage en raison de l’augmentation du fret“, a-t-il expliqué. L’huile de tournesol brute est actuellement proposée à environ $943 la tonne CIF en Inde pour livraison en février, tandis que celle de soja est proposée à environ $935 et l’huile de palme brute à $933. Il y a deux mois, l’huile de tournesol se négociait à un prix inférieur de $120 s la tonne à celui de l’huile de soja.

RIZ

Approvisionnements limités et demande ferme en provenance d’Asie et d’Afrique ont fait grimper les prix à l’exportation du riz indien à des niveaux record tandis que les prix ont baissé au Vietnam et en Thaïlande.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% atteignent des niveaux record à $533-$542 contre $ 525-$535 la semaine dernière avec la diminution des approvisionnements alors même que la demande demeure ferme. Les approvisionnements sur le marché sont limités car les achats de paddy par le gouvernement laissent peu de place aux acteurs privés. « De plus, la mouture du riz de la nouvelle campagne est actuellement en cours, réduisant encore davantage la disponibilité de riz blanchi », a déclaré Nitin Gupta, vice-président senior d’Olam Agri Inde.

La production de riz de l’Inde devrait chuter au cours de cet exercice pour la première fois en huit ans, ce qui laisse entrevoir la possibilité que New Delhi étende les restrictions sur les exportations de céréales afin de contrôler les prix des denrées alimentaires à l’approche des élections.

Au Vietnam, les prix Viet à 5 % ont, en revanche baissé à $630 dollars contre $653 tonne sous l’effet d’une hausse des approvisionnements avec le démarrage de la récolte dans le delta du Mékong, qui devrait culminer en mars. Les acheteurs ne se précipitent pas attendant une baisse des prix avec la perspective d’une offre plus abondante avec les prochaines récoltes d’hiver et de printemps.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont en légère baisse à $663 -$665 la tonne contre $665 la semaine dernière. Une diminution liée à l’affaiblissement du baht. Toutefois, l’activité intérieure et une nouvelle commande de 0,5 million de tonnes en provenance d’Indonésie ont contribué à soutenir les prix.

La Corée du Sud envisage de doubler la taille de son industrie de transformation du riz d’ici 2028 pour la porter à 17 000 milliards de wons ($12,6 milliards de dollars), selon une annonce du ministre de l’Agriculture. Dans le cadre de cet objectif, le pays augmentera également ses exportations de produits connexes à $400 millions, contre $182 millions en 2022. Le ministère de l’Agriculture a déclaré qu’il envisageait de travailler avec des entreprises privées pour développer de nouveaux produits à base de riz farineux, afin de remplacer environ 10% de la demande sud-coréenne d’importations de farine d’ici 2027.

SUCRE

Le marché du sucre gagne encore un peu cette semaine soutenu par les inquiétudes sur le temps sec qui sévit au Brésil. Partis de 23,57 cents vendredi dernier à New York, le sucre roux a terminé hier à 24,04 cents. Quant au sucre blanc, la tonne a gagné plus de $10 la tonne à 675,30 cents hier contre 663,60 vendredi dernier.

Au Brésil, la trituration de canne à sucre du Centre-Sud a totalisé 1,11 million de tonnes (Mt) au cours de la première quinzaine de janvier, selon les données du groupe industriel UNICA, en hausse de 152,3 % par rapport à l’année dernière. L’UNICA a indiqué dans un rapport que la production de sucre a totalisé 48 000 tonnes au cours de cette période, en hausse de 148,6 % sur un an, tandis que la production totale d’éthanol a augmenté de 62,4 % pour atteindre 338 millions de litres.

L’Inde prévoit d’augmenter de 8 % le prix plancher que les usines doivent payer pour la canne à sucre au cours de la saison 2024/25 à partir du 1er octobre, selon une source gouvernementale interrogée par Reuters.

Au Mexique, la production de sucre devrait chuter de 15 % en 2023/24, à 4,7 millions de tonnes en raison de faibles rendements.

En Pologne, le ministre de l’Agriculture Czeslaw Siekierski, estime que les importations de sucre ukrainien dans l’Union européenne pourraient atteindre 700 000 tonnes voir un million de tonnes en 2025 et évincer le sucre polonais des marchés. Il observe que de 20 000 tonnes en 2021, les importations de sucre ukrainien ont totalisé environ 400 000 tonnes en 2023.

 

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