La Chronique matières premières agricoles au 3 février 2023

 La Chronique matières premières agricoles au 3 février 2023
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Les marchés financiers ont démarré la journée euphorique face aux annonces de trois grandes banques centrales – Réserve fédérale américaine, Banque centrale européenne (BCE) et Banque d’Angleterre – qui alimentant l’espoir d’une fin de cycle imminente dans la remontée des taux d’intérêt.

Toutefois, les agendas sont loin d’être fixés. La BCE a annoncé sans surprise relever ses taux directeurs d’un demi-point en mars et prévoit au moins une nouvelle hausse de même ampleur sans doute en mai réaffirmant ainsi sa détermination à combattre une inflation toujours trop élevée. En définitive, “Les marchés se réjouissent d’un discours marginalement plus optimiste sur les dynamiques actuelles et moins catégorique sur les perspectives de hausses futures”, estime Raphaël Thuin, directeur des stratégies de marchés de capitaux chez Tikehau Capital.

Ce scénario d’un possible ralentissement marqué de l’inflation et d’un atterrissage en douceur de l’économie reste, cependant, à confirmer. En effet, selon une enquête des consultants de Challenger, Gray & Christmas, le nombre de licenciements par les sociétés américaines a explosé de 136% en janvier, en grande partie à cause des suppressions de postes des entreprises technologiques.

La perspective d’au moins une nouvelle hausse de taux de la BCE a pénalisé l’euro, qui a terminé hier en baisse face au dollar à € 1,0918.

Les cours du pétrole ont légèrement baissé hier après l’annonce d’un recul des commandes d’équipements industriels aux Etats-Unis en décembre. Le Brent a terminé à $ 82,75 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 76,38.

CACAO  CAFE  CAOUTCHOUC  COTON  HUILE DE PALME  RIZ  SUCRE

CACAO

Le cacao a perdu de sa saveur au cours de la semaine écoulée, la tonne de fèves à Londres passant de £ 2 035 vendredi dernier à £ 2 012 hier soir à la clôture tandis que New York évoluait de $ 2 627 à $ 2 583, tous les deux sur l’échéance mars.

Chez le n°1 mondial, les arrivages de cacao aux ports d’Abidjan et de San Pedro ont progressé de 5,7% entre le 1er octobre et le 29 janvier, estiment les exportateurs, pour totaliser 1,54 million de tonnes (Mt).

La semaine dernière, une pluviométrie au-dessus de la moyenne est de bon augure pour la récolte intermédiaire qui court d’avril à septembre, ce qui est une très bonne nouvelle après des mois de temps très sec. Rappelons que la période sèche en Afrique de l’ouest court de mi-novembre au mois de mars.

Au Ghana, les arrivages de fèves de cacao entre le 1er octobre et le 5 janvier ont totalisé 440 403 t, en hausse de 54 % par rapport aux 286 000 t sur la même période la campagne dernière, selon les chiffres du Cocobod publiés mercredi. La production totale sur la campagne en cours est toujours estimée à 750 000 t, selon l’organisme régulateur.

CAFE

L’Arabica a évolué en dents de scie cette semaine : partie de $ 1,699 vendredi dernier à New York, la livre (lb) a grimpé à $ 1,8420 mercredi, son niveau le plus élevé depuis fin octobre, pour reglisser et clôturer hier soir à $ 1,779. Quant au Robusta, coté à Londres, la tonne a baissé de $ 2 053 en fin de semaine dernière à $ 2 049 hier soir.

Les ventes ont repris au Vietnam, leader mondial du Robusta, après les vacances du Nouvel An lunaire. Les producteurs dans les Central Highlands ont vendu leur kilo de café entre 41 900 et 43 700 dongs ($ 1,76-$ 1,86) contre 38 900 à 41 100 dongs aux dernières ventes. A l’export, le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, a trouvé preneur avec une décote de $ 150 à $ 180, voire de $ 200, sur l’échéance mai alors qu’elle n’était que de $ 90 précédemment.

Quant aux volumes sur les marchés mondiaux, ils ont enregistré de fortes baisses ces derniers mois. Hier, dans son rapport mensuel de marché, l‘Organisation internationale du café (OIC) faisait état d’une chute des exportations mondiales de café vert de 7,7% en décembre par rapport à décembre 2022, à 9,81 millions de sacs de 60 kg (Ms), principalement en raison de la baisse des expéditions d’Arabica. Les exportations de Brésil Naturels (Arabica) ont chuté de 10,3 % en décembre tandis que les expéditions de Colombie Doux ont diminué de 7,5 %. Quant au Robusta, ses exportations ont atteint 4,25 Ms en décembre contre 4,21 Ms un an plus tôt. Il semblerait que le Robusta, moins cher que l’Arabica, ait gagné des parts de marché. Les marques de café populaires ont tendance à augmenter la quantité de Robusta qu’elles mélangent à l’Arabica lorsque les prix du dernier sont élevés, comme c’est le cas actuellement.

De son côté, le Brésil a annoncé qu’en janvier, ses exportations de café vert avaient baissé de 5% par rapport à janvier 2022 pour totaliser 169 553 t.

Le Vietnam a annoncé une chute de de 30,9% de son offre de café sur le mois de janvier par rapport à janvier 2022, pour totaliser 160 000 t. L’Indonésie, quant à elle, a indiqué une chute de 51% des volumes exportés de Robusta de Sumatra sur le mois de décembre par rapport à décembre 2022, à 16 152 t.

L’étroitesse actuelle de l’offre en produits physiques a conduit les fonds d’investissements à couvrir leurs positions courtes. D’où la flambée des primes qui ont atteint mercredi, toujours sur le court terme, leurs niveaux les plus élevés en une décennie.

CAOUTCHOUC

Après avoir affiché quatre semaines consécutives de hausse, le caoutchouc naturel sur le marché boursier d’Osaka (OSE) a baissé sur la période sous revue. Parti de 235,5 yens ($ 1,81) vendredi dernier, le kilo de caoutchouc naturel a clôturé aujourd’hui à 226,3 yens ($ 1,76). Sur la semaine, le prix de référence sur l’OSE a perdu environ 4,6%.

“Pendant que la Chine était absente [pour les festivités du Nouvel An lunaire, Ndlr.], le marché était soutenu par les achats au comptant des grands fabricants de pneus“, a expliqué à Reuters Farah Miller, PDG de Helixtap Technologies. Mais, “Cette semaine, les commerçants chinois ont offert des lots sur le Shanghai Futures Exchange (SHFE) en vendant des contrats à terme et en achetant des cargaisons physiques, ce qui a fait baisser les prix, après quoi l’OSE a emboîté le pas. […] Cependant, sur le plan physique, la demande reste correcte et de nombreux vendeurs n’ont pas suivi la forte baisse des prix à terme“, a-t-elle ajouté.

Les marchés du caoutchouc naturel attendent des signes de reprise de la demande chinoise après les vacances d’une semaine du Nouvel An lunaire et après que le pays ait levé ses strictes restrictions sanitaires liées à la Covid-19. Déjà en janvier, l’activité manufacturière chinoise avait rebondi pour la première fois depuis septembre 2022, selon des données officielles publiées mardi.

En Côte d’Ivoire, premier producteur africain de caoutchouc naturel, les exportations ont bondi de 25% sur l’année calendaire 2022 pour totaliser 1 533 449 t, selon les données provisoires portuaires publiées hier.

COTON

La fibre blanche s’est un peu plus déchirée cette semaine après avoir déjà perdu de sa valeur la semaine dernière. Partie de 86,4 cents vendredi dernier sur le marché à terme de New York, la livre (lb) a clôturé hier soir à 86,23 cents.

Les ventes ont été meilleures cette semaine qu’en début d’année sans, toutefois, être spectaculaires, explique à Reuters le courtier Rogers Varner. A vrai dire, poursuit-il, sur les trois derniers mois, il n’y a pas eu de tendances bien claires sur le marché et cela risque de continuer ainsi  quelque temps avant, éventuellement, de basculer sur une tendance haussière.

Aux Etats-Unis, les ventes hebdomadaires de coton ont baissé de 20% à 171 200 balles cette semaine par rapport à la précédente mais en hausse de 28% sur la moyenne des quatre dernières semaines. C’est la Chine, cette semaine, qui a été le principal acheteur de coton américain avec 119 800 balles.

“Ce n’est pas surprenant que la Chine revienne sur le marché et achète à cette période de l’année. Elle l’a fait chaque année depuis 2005 au premier trimestre, quelles que soient les conditions économiques“, selon Louis Barbera, associé et analyste chez VLM Commodities.

En Afrique, la Côte d’Ivoire a exporté 394 830 t de coton sur l’année calendaire 2022, selon les données provisoires portuaires publiées hier. Ceci représente une baisse de 1,4% par rapport à 2021.

A noter que la bourse indienne Multi Commodity Exchange (MCE) a annoncé mercredi relancer le 13 février ses contrats à terme sur le coton. La bourse lancerait initialement trois contrats expirant en avril, juin et août. Rappelons que l’Inde est le plus grand producteur mondial de coton.

HUILE DE PALME

Terrain glissant pour l’huile de palme cette semaine qui a clôturé aujourd’hui à 3 848 ringgits ($ 904,14) pour livraison en avril contre 3 910 ringgits ($ 921,95) vendredi dernier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange. Le contrat a perdu 1,38% sur la semaine. Certains opérateurs ont voulu prendre leurs bénéfices aujourd’hui avant le long week-end de Thaipusam en Malaisie, fête hindoue principalement célébré par la communauté tamoule lors de la pleine lune du mois tamoul de Thai (janvier-février).

En outre, le marché a mal réagi à l’annonce par l’Inde d’une chute de 31% de ses importations d’huile de palme sur le mois de janvier, à 770 000 t, son plus faible volume depuis juillet 2022. En effet, la décote avec les autres huiles concurrentes a baissé, incitant les raffineurs à augmenter leurs achats d’huiles de soja et de tournesol. “La remise sur l’huile de palme est en baisse. Les acheteurs se tournent vers l’huile de soja et l’huile de tournesol”, a déclaré Sandeep Bajoria, directeur général de la société de courtage et de conseil en huile végétale Sunvin. La remise de l’huile de palme par rapport à l’huile de soja est tombée à moins de $ 300 la tonne, contre $ 500 au cours du trimestre de décembre.

Ainsi, la part de l’huile de palme dans les importations totales d’huiles végétales de l’Inde en janvier est passée de 71 % en décembre à moins de 50 % en janvier, selon des opérateurs interrogés par Reuters. Parallèlement, les importations indiennes d’huile de soja ont augmenté de 56% en janvier par rapport à décembre pour atteindre 395 000 t, tandis que celles d’huile de tournesol ont bondi de 143% pour atteindre un record de 473 000 t, selon des négociants.

“Les expéditions d’huile de tournesol ont atteint un niveau extraordinaire. Nous n’aurions jamais pensé que l’Inde pourrait importer autant d’huile de tournesol en un mois“, a déclaré un revendeur basé à Singapour.

Les importations indiennes d’huiles alimentaires au cours du premier trimestre de la campagne 2022/23 qui a débuté le 1er novembre ont dépassé 4,5 Mt tandis que les stocks dans les ports ont fortement augmenté, a déclaré un revendeur basé à New-Delhi.

Rappelons que l’’Inde achète de l’huile de palme principalement à l’Indonésie, à la Malaisie et à la Thaïlande. Elle importe de l’huile de soja et de tournesol d’Argentine, du Brésil, de Russie et d’Ukraine.

Quant à l’Union européenne (UE), ses importations d’huile de palme ont totalisé 1,98 Mt sur la campagne 2022/23 à fin janvier, soit de juillet au 29 janvier, contre 3,21 Mt sur la même période en 2021/22, selon les données publiées mardi par la Commission européenne

RIZ

Les prix à l’exportation du riz indien ont atteint leur plus haut niveau depuis avril 2021 cette semaine, face à une bonne demande car les taux chez le concurrent thaïlandais étaient élevés et les approvisionnements étroits. Ainsi, le riz étuvé brisé 5% s’est vendu entre $ 393 et $ 398 la tonne cette semaine contre $ 387 à $ 395 la semaine dernière. Les exportations de riz de l’Inde en 2022 ont atteint un niveau record malgré les restrictions du gouvernement sur les ventes à l’étranger, car les acheteurs ont continué à faire des achats en raison de prix compétitifs, selon des responsables du gouvernement et de l’industrie.

Les prix du riz brisé 5 % de Thaïlande ont, quant à eux, légèrement baissé, à $ 495 $ la tonne contre $ 500 la semaine dernière. Les commerçants ont attribué la légère baisse des prix à un ralentissement de la demande, mais ont blâmé le manque d’offre, la force de la monnaie locale et le coût élevé du fret pour maintenir les prix élevés, ce qui, selon eux, dissuade les acheteurs.

Au Vietnam, le 5 % brisure a été proposé à $ 445-450 la tonne FOB, inchangé par rapport à il y a deux semaines. “Les commerçants reprennent leurs achats de riz auprès des agriculteurs pour se préparer à de nouveaux contrats, après les vacances”, a déclaré un commerçant basé à Ho Chi Minh-Ville. Le gouvernement vietnamien a annoncé dimanche une chute de 20,9% des exportations de riz en janvier par rapport à l’année dernière, à 400 000 t. Mais sur l’ensemble de l’année calendaire 2022, ses exportations ont augmenté de 15,7% pour atteindre 7,2 Mt, selon l’Office général des statistiques. Ses revenus ont progressé de 7% à $ 3,5 milliards.

SUCRE

L’édulcorant caracole ! Partie vendredi dernier de 20,96 cents, la livre de sucre roux a atteint mercredi 21,86 cents, son niveau de prix le plus élevé en six ans, pour clôturer hier soir à 21,66 cents. Quant au blanc, il surfe sur la vague, passant de $ 562,40 la tonne vendredi dernier à $ 566,80 sur l’échéance mars.

Rien d‘étonnant que cette hausse des cours mondiaux lorsqu’on sait que le Brésil va connaitre des difficultés croissantes d’expéditions maritimes au vu de la récolte céréalière record en cours et la perspective d’une production sucrière qui va aussi fortement progresser, estime le trader Alvean.

En Inde aussi, l’activité tourne à plein. Chez le deuxième exportateur mondial de sucre, les raffineries ont déjà produit 21,6 Mt de sucre depuis le début de l’actuelle campagne, le 1er octobre dernier, en hausse de pas moins de 6% en un an ! Toutefois, sur l’ensemble de la campagne 2022/23, la production chuterait de 7% à 34 Mt car les rendements de la canne à sucre dans les principaux États producteurs, notamment le Maharashtra, ont été impactés par des conditions météorologiques défavorables, a déclaré mardi l’Indian Sugar Mills Association (ISMA) dans un communiqué. En effet, la production au Maharashtra est maintenant attendue à 12,1 Mt contre 13,7 Mt la campagne dernière, a indiqué l’ISMA.

Une annonce qui a suscité la surprise car jusqu’alors, l’organisme s’attendait plus tôt à ce que l’Inde produise 36,5 Mt sur la campagne en cours se terminant le 30 septembre, dépassant la production record de l’an dernier de 35,8 millions de tonnes.

La baisse de la production de sucre pourrait limiter les exportations du deuxième exportateur mondial, faisant monter les prix mondiaux, permettant à ses rivaux, le Brésil et la Thaïlande, d’augmenter leurs expéditions.

L’Inde n’envisagerait pas d’autoriser davantage d’exportations de sucre, ont déclaré à Reuters des responsables du gouvernement et de l’industrie au début du mois. Il a autorisé des exportations de 6,1 Mt pour la campagne en cours, après avoir exporté un record de 11,2 Mt la saison précédente.

Quant à la situation du marché mondial, dans ses premières prévisions pour la campagne agricole, l’analyste Green Pool prévoit un déficit mondial de sucre de 1,01 Mt sur 2023/24, mettant fin à une série de trois campagnes excédentaires successives. L’analyste australien s’attend à une baisse de la production mondiale à 192,8 Mt, en baisse par rapport aux 193,2 Mt de la saison précédente, en particulier en Inde où la production est estimée chuter de 2,3 Mt à 34,5 Mt, au Pakistan et dans l’Union européenne. Cependant, cela devrait être partiellement compensé par une production dans le Centre-Sud du Brésil passant de 33,65 Mt à 35,8 Mt.

La consommation mondiale devrait augmenter mais moins que la campagne précédente, soit de 1,24 % contre 1,36%, pour atteindre 192,8 Mt.

Green Pool prévoit un excédent mondial de 1,77 Mt en 2022/23, légèrement supérieur à l’excédent de 1,44 Mt précédemment.

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