Le Ghana en proie à tous les dangers ?

 Le Ghana en proie à tous les dangers ?
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Pékin semble particulièrement attentif aux difficultés financières et économiques du Ghana, mais pas nécessairement de la façon dont l’Occident le souhaiterait.

Dimanche, à l’occasion de la cérémonie de lancement de la dernière édition de l’annuaire des entreprises chinoises au Ghana (environ 300), Tang Hong, président de l’Association ghanéenne des sociétés chinoises, a exprimé sa pleine confiance dans le marché ghanéen malgré ses difficultés économiques actuelles. Il a rappelé que l’initiative « Belt and Road », la nouvelle Route de la Soie, proposée par la Chine, combinée à l’initiative « One District, One Factory » du Ghana, contribuaient considérablement à l’industrialisation du Ghana et au développement du pays.

Certes, convient le président des entreprises chinoises, la détérioration de l’environnement des affaires au Ghana marquée par une inflation galopante et une dépréciation persistante de la monnaie, créé des difficultés pour certaines entreprises chinoises. Toutefois, « Malgré les graves difficultés et défis, le volume des échanges entre les deux pays (Chine et Ghana) a connu une croissance d’une année sur l’autre au cours des 11 premiers mois de l’année dernière, et le nombre d’expatriés chinois enregistrés au Ghana est supérieur à celui de n’importe quel autre pays », a-t-il dit.

Le rappel à l’ordre à la Chine

Le ministre allemand des Finances Christian Lindner était, quant à lui, sur un tout autre registre vendredi, lors de la conférence de presse avec son homologue ghanéen Ken Ofori-Atta. Alors qu’il appelait les créanciers du Ghana à former rapidement un comité pour l’aider à restructurer sa dette, Christian Lindner ciblant particulièrement la Chine, indique Reuters.

« Je voudrais appeler tous les créanciers à se joindre aux efforts le plus rapidement possible », a -t-il déclaré. « Et, pour être franc, je rappelle à la Chine ses responsabilités en tant que créancier bilatéral très important du Ghana », ce qu’il avait déjà fait, « au niveau international », lors des réunions du Fonds monétaire international (FMI) en octobre 2022.

Rappelons que le Ghana a obtenu en décembre un accord avec le FMI pour un prêt de $ 3 milliards mais à condition qu’Accra parvienne à restructurer sa dette de 467,4 milliards de cedis ($ 39 milliards). En janvier, le Ghana a donc demandé une restructuration de la dette bilatérale dans le cadre du Cadre commun, une plate-forme mise en place par le Groupe des 20 grandes économies pendant la pandémie de COVID-19 pour amener la Chine et d’autres nouveaux pays créanciers dans les processus d’allègement de la dette existants.

Le Ghana devait, en septembre dernier, environ $ 13 milliards d’euro-obligations et $ 4 milliards de prêts bilatéraux, dont $ 1,7 milliard à la Chine. «  Le Ghana doit revenir aussi vite que possible sur les marchés financiers internationaux. Le Ghana doit conserver sa crédibilité », a déclaré Christian Lindner.

Le ministre allemand des Finances a ajouté que le Ghana prévoyait de demander à l’Union européenne de contribuer à un fonds de stabilité financière destiné à soutenir les banques alors qu’elles prélèvent une décote sur les obligations d’État nationales.

Le risque jihadiste

Aujourd’hui, la presse internationale se fait l’écho d’un autre type de crainte qui agite le Ghana comme ses voisins côtiers : le risque de devenir une nouvelle ligne de front du conflit jihadiste au Sahel. Et ce d’autant plus que les gisements aurifères du Ghana sont une source attractive de financements.

« La menace est réelle, on est vraiment proche de la frontière », a déclaré à l’AFP Stephen Yakubu, ministre ghanéen de la région Nord-Est.D’ailleurs, le président ghanéen Nana Akufo-Addo a appelé à une coopération locale entre les pays voisins, notamment à des opérations militaires conjointes et un partage des renseignements. Car à Bawku, par exemple, ville frontière vitale pour le commerce transfrontalier notamment pour les produits agricoles et le bétail, les violences ont déjà réduit les échanges, à cause des attaques côté Burkina. Et l’AFP de rappeler que si Bawku n’a pour l’heure pas subi d’attaque, certains craignent que les tensions entre deux ethnies locales – les Kusasi et les Mamprusi – profitent aux jihadistes. Il y aurait actuellement

Dans les villages, les familles burkinabè déplacées franchissent facilement la frontière la journée pour s’occuper de leurs champs au Burkina et pour que les enfants aillent à l’école mais reviennent dormir au Ghana chaque nuit, par crainte.

Un contexte éco-politico-financier qui influe, bien évidemment, sur les filières agricoles du pays dont, au premier rang, celle du cacao, elle-même soumise aux tribulations des marchés financiers mondiaux. L’ouverture demain de l’initiative américaine Partnership Opportunity Delegation (POD) pour détecter des partenariats éventuels entre secteurs privés américains et ghanéens, donnera sans doute une petite indication du pouls de la confiance.

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