L’ère du café bon marché et de qualité est révolue

 L’ère du café bon marché et de qualité est révolue

@ CommodAfrica

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La plupart des producteurs mondiaux de café ne seront pas prêts à se conformer à la nouvelle loi de l’Union européenne interdisant les importations de produits liés à la déforestation, et les petits agriculteurs pourraient en souffrir, selon le Coffee Barometer 2023 réalisé par Ethos Agriculture avec le soutien de Conservation International et Solidaridad. Le rapport soutient que le défrichement des forêts pourrait même se poursuivre à un rythme soutenu alors même que 130 000 hectares de forêt ont été perdus chaque année au cours des 20 dernières années. Pourquoi ? Principalement parce que les revenus moyens du café se situent en dessous du seuil de pauvreté dans huit pays sur dix (voir graphique joint).

Engagements insuffisants des grandes sociétés de torréfaction

Ce baromètre cherche pour la première fois à évaluer la durabilité et les engagements sociaux des onze grandes sociétés mondiales de torréfaction de café[1] avec un constat : toutes les entreprises ne parviennent pas à résoudre les problèmes critiques de leurs chaînes d’approvisionnement en café. In fine, cela revient à constater que les entreprises ne sont pas préparées à la future réglementation européenne, qui entrera en vigueur fin 2024. Toutefois, nuance l’index, Nestlé et Starbucks, présentent les stratégies développées en ce qui concerne leurs objectifs sociaux et de développement durable.

Le risque, selon le rapport, serait alors que les entreprises déplacent leurs approvisionnements vers des régions plus développées comme le Brésil qui ont une meilleure traçabilité, laissant des millions de caféiculteurs en difficulté. En perdant le marché européen – il représente 24% de la consommation mondiale du café – ils pourraient alors être amener à étendre leurs exploitations dans des zones forestières pour augmenter leur production et la vendre sur des marchés où les règles en matière de déforestation et de conditions de travail sont moins strictes. Ce qui annulerait l’impact escompté de la loi européenne.

Soutenir les petits caféiculteurs

Investir dans les communautés agricoles situées dans des paysages vulnérables peut sembler risqué, mais ces investissements sont essentiels pour s’attaquer aux causes profondes de la déforestation mondiale“, souligne Niels Haak de Conservation International.

Le café est produit par environ 12,5 millions d’agriculteurs dans environ 70 pays, mais seulement cinq d’entre eux – le Brésil, le Vietnam, la Colombie, l’Indonésie et le Honduras – produisent 85% du café mondial. Les 15% restants sont produits par 9,6 millions d’agriculteurs, soit les deux tiers du total, dans des pays comme l’Éthiopie, l’Ouganda, la Tanzanie, le Kenya, le Pérou, le Guatemala, le Nicaragua, le Salvador, le Costa Rica et le Mexique. Ces pays ont « des infrastructures inadéquates et de faibles niveaux de traçabilité », constate le rapport. “Sans le soutien proactif des acheteurs, les petits exploitants qui manquent d’organisation et de ressources pour fournir les données requises pour se conformer (à la loi) subiront les premiers impacts“, indique le rapport. Ajoutant, l’UE et les principales sociétés productrices de café du monde doivent œuvrer pour garantir que les coûts de la prévention de la déforestation ne reposent pas sur les épaules de ceux qui vivent déjà dans la pauvreté.

@ Coffee Barometer

 

[1] Ces onze torréfacteurs sont : JDE Peet’s, J.M. Smucker, KraftHeinz, Lavazza, Massimo Zanetti, Melitta, Nestlé, Starbucks, Strauss, Tchibo et UCC.

 

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