Crise alimentaire et nutritionnelle majeure en Afrique de l’Ouest
Au Sahel et en Afrique de l’Ouest, on assiste à la plus grave crise alimentaire depuis plusieurs décennies. Alors que la production agricole est globalement satisfaisante, l’insécurité, les violences et les déplacements massifs de population sont les principaux ressorts de la crise alimentaire.
Quelque 16,7 millions de personnes seraient en situation d’insécurité alimentaire entre octobre et décembre 2020, selon le Réseau de prévention des crises alimentaires (RPCA). Et ce chiffre pourrait grimper à près de 24 millions au moment de la soudure l’été prochain.
Et bien sur la Covid-19 a apporté son lot de difficultés. La fermeture des frontières et la restriction des déplacements ont limité l’accès aux intrants et à la main d’œuvre. Aux perturbations des activités agricoles s’est ajouté un accès difficile au marché. Pour l’élevage, observe le RPCA, les migrations saisonnières des pasteurs et de leur bétail entre les zones sahéliennes et côtières et à l’intérieur du pays ont été réduites ce qui a provoqué de fortes concentrations de bétail dans plusieurs zones frontalières.
Une production céréalière en retrait
La production céréalière d’Afrique de l’Ouest est estimée à 71 millions de tonnes (Mt), en recul de 3,7% par rapport à 2019 mais elle est supérieure d’environ 4% à la moyenne des cinq dernières années, indique la Fao dans son dernier report Crop Prospects and Food Situation.
Si les conditions météorologiques ont été relativement favorables tout au long de la campagne à l’exception de certaines zones localisées affectées par la sécheresse ou des inondations, les conflits persistants ont eu un impact très négatif dans certaines zones : le nord-est du Burkina Faso, le centre-nord du Mali, l’ouest et l’est du Niger et le nord-est du Nigeria. Ainsi, la production céréalière chute de 13,5% au Burkina Faso et de 5,2% au Nigeria. De même, si dans la majorité des zones pastorales et agropastorales, les pluies abondantes ont favorisé les conditions de croissance des pâturages et donc l’alimentation du bétail, l’insécurité persistante dans certaines régions du Burkina Faso, du Mali, du Niger, du Nigéria et du Tchad continue d’entraver l’accès aux pâturages.