Quelle transmission de la hausse des cours mondiaux agricoles sur les prix domestique dans l’Uemoa ?

 Quelle transmission de la hausse des cours mondiaux agricoles sur les prix domestique dans l’Uemoa ?
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Ces dernières années ont été marquées par des chocs importants sur les cours mondiaux des produits agricoles. Des chocs provoqués par la pandémie de la Covid 19 et plus récemment par l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Rappelons que selon l’indice des prix alimentaires de la FAO, les prix ont grimpé de 28% en 2021 et de 14% en 2022.

Quel impact de cette hausse et volatilité des cours mondiaux des produits agricoles sur les prix domestiques des pays membres de l’Union économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest (Uemoa)  et donc sur l’inflation sachant qu’environ  25% des produits alimentaires consommés dans la zone sont importés ?

La Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest  (BCEAO) y répond dans une étude publiée au mois d’août portant sur le riz, le blé, l’huile végétale, le sucre et les produits laitiers. Les résultats montrent que 68% des fluctuations des cours mondiaux du riz se répercutent sur les prix domestiques du riz. Le degré de transmission est évalué à 59% pour les huiles, 45% pour le blé et 38% pour le sucre. En revanche pour les produits laitiers, la transmission n’est pas significative.

Ces résultats globaux masquent toutefois des disparités entre les pays. Par exemple pour le riz, la Bceao observe que la transmission des cours internationaux sur les prix du riz importé est élevée au Sénégal et au Togo où plus de 80% des fluctuations à l’échelle internationale se répercutent, à long terme, sur les prix domestiques. La transmission est relativement modérée en Côte d’Ivoire (13,2%), en Guinée-Bissau (25,4%), au Bénin (35,4%) et au Mali (37,9%). Le Niger et le Burkina présentent une situation intermédiaire avec des degrés de transmission évalués respectivement à 57,2% et 60,5%. Autre exemple, pour l’huile végétale la transmission des prix internationaux est élevée au Burkina où plus de 86,8% des fluctuations à l’échelle internationale se répercutent, à long terme, sur les prix domestiques. Mais elle est relativement modérée au Niger (31,1%) tandis que  les autres pays se situent dans une situation intermédiaire, proche de la moyenne observée au niveau régional.

Des prix domestiques influencés sur le long terme

Si l’impact est différencié selon les produits agricoles et les pays, l’étude conclut que globalement les prix domestiques sont quasi-stables à court terme, mais sont significativement influencés par l’évolution des cours mondiaux sur le long terme. Ainsi,  environ 2⁄3 des fluctuations des cours mondiaux du riz se répercute sur le marché domestique dans un délai moyen de 10 mois, contre 3⁄5 et 2⁄5 respectivement pour l’huile (10 mois) et le sucre (15 mois). Presque la moitié des fluctuations des cours mondiaux du blé se répercutent sur les prix domestiques de la farine de blé dans l’Union dans un délai de 20 mois. En outre, il ressort des résultats de l’étude qu’une hausse de 10% des cours mondiaux de produits alimentaires induit une progression de 2,3% pour l’inflation alimentaire et 1,2% pour l’inflation globale.

La transmission des prix internationaux n’est pas totale, atténuée par les politiques mises en place par les gouvernements pour préserver le pouvoir d’achat des ménages comme la fixation de prix planchers,   la suppression des taxes à l’importation ou la mise en place de subventions. Toutefois, les pays de l’Uemoa doivent réduire leur dépendance extérieure en produits de première nécessité en investissant dans l’agriculture mais aussi en améliorant les infrastructures de transport et en luttant contre l’insécurité pour fluidifier les échanges de produits agricoles entre les différents pays de la zone.

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