Un marché du riz potentiellement explosif qui menace les consommateurs

 Un marché du riz potentiellement explosif qui menace les consommateurs
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Les prix mondiaux du riz atteignent un plus haut de 15 ans augmentant les risques d’inflation alimentaire pour certains des consommateurs les plus vulnérables d’Asie et d’Afrique qui sont déjà aux prises avec une baisse des approvisionnements en raison de conditions météorologiques erratiques et des perturbations dans les expéditions de céréales de la mer Noire.

Depuis l’interdiction de l’Inde, qui représente 40% des expéditions mondiales du riz, de ses exportations de riz blanc non basmati le mois dernier (Lire : L’Inde interdit les exportations de riz blanc non basmati, le marché grimpe), les exportateurs de riz asiatiques ont déjà augmenté les prix offerts d’environ 20 %. Aujourd’hui, le riz parfumé du Vietnam est proposé  jusqu’à $700 la tonne, mais négocié autour de $580 à $630 la tonne, contre $545 avant la décision de l’Inde. Quant au riz brisé 5% de Thaïlande, les prix sont proposés entre $650 et $655 contre $545 selon des négociants interrogés par Reuters.

Les prix grimperont sûrement davantage dans les semaines à venir. Ces dernières années, l’Inde est devenu un acteur majeur du marché mondial du riz, représentant 40% des exportations mondiales. Lors de la crise de 2007/08, où les prix du riz ont été propulsés jusqu’à $1000 la tonne, sa part de marché n’était que de 22%. Aujourd’hui, la décision de l’Inde supprime quelque 10 millions de tonnes (Mt) de riz sur le marché.

Or, la majeure partie du riz mondial est cultivée et consommée en Asie, où les agriculteurs sont déjà aux prises avec les vagues de chaleur et la sécheresse. La Thaïlande, deuxième expéditeur mondial, encourage les agriculteurs à se tourner vers des cultures qui nécessitent moins d’eau, tandis que les agriculteurs des principales régions productrices de riz d’Indonésie plantent du maïs et des choux en prévision de la sécheresse. La Thaïlande, le Vietnam et le Pakistan, respectivement deuxième, troisième et quatrième exportateurs mondiaux, ne seront pas en mesure d’augmenter d’autant leurs exportations, tout au plus de 3 Mt.

En outre, les pays exportateurs d’Asie pourraient privilégier leur marché intérieur pour limiter la hausse des prix intérieurs à l’instar de l’Inde et donc adopter des mesures protectionnistes. La Thaïlande et le Vietnam ont déjà souligné qu’ils veilleraient à ce que leurs consommateurs nationaux ne soient pas touchés par la hausse des exportations. “Il est inacceptable qu’un pays exportateur de riz soit confronté à des approvisionnements serrés et à des prix intérieurs élevés“, a déclaré le ministre vietnamien de l’Industrie et du commerce, Nguyen Hong Dien.

La question n’est pas de savoir s’ils limiteront les exportations, mais plutôt dans quelle mesure ils limiteront et quand ils prendront de telles mesures“, a déclaré à Reuters un négociant basé à New Delhi.

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