La chronique matières premières agricoles

 La chronique matières premières agricoles
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Les marchés financiers ont les yeux rivés sur Jackson Hole, dans l’Etat du Wyoming aux Etats-Unis, où chaque année, fin août, les patrons des banques centrales se réunissent pour préciser les trajectoires des économies européennes et américaines. La réunion, cette année, a démarré hier. Aujourd’hui devaient prendre la parole Jerome Powell et Christine Lagarde, qui président respectivement la Réserve fédérale (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE). En attendant, les marchés financiers ont préféré jouer la prudence en attendant des indications sur la trajectoire des politiques monétaires des pays riches.

“Jackson Hole donnera le ton pour le reste de l’année : quels que soient les signaux donnés par Powell, ils serviront de point de départ aux traders pour établir leurs anticipations de taux directeurs et inaugureront probablement une période animée sur les marchés tout au long du mois de septembre“, constate Jeffrey O’Connor, responsable marchés US chez Liquidnet interrogé par Reuters.

Plus globalement, la semaine a été marquée par un bond des rendements obligataires car les marchés s’attendent à ce que les taux d’intérêt demeurent élevés plus longtemps que prévus initialement.

 

Sur les marchés monétaires, le dollar a touché aujourd’hui un pic de plus de deux mois face à un panier de devises de référence et il est en passe de signer sa sixième semaine consécutive de gains avant le discours très attendu de Jerome Powell. L’euro a terminé hier soir à $ 1,0826 et a touché ce matin $ 1,0788, au plus bas depuis la mi-juin.

Quant au pétrole, le Brent a terminé hier à $83,11 le baril tandis que le brut léger américain (WTI) était à $ 78,83.

CACAO

La tonne de cacao est toujours en pleine ébullition sur le marché à terme de Londres. Elle a clôturé hier à £ 2 742 sur l’échéance décembre, reflirtant avec ses plus hauts depuis 46 ans. Si elle est plus bas que les £ 2 770 à la clôture vendredi dernier, la tonne de cacao sur l’échéance septembre est plus chère de près de £ 50 par rapport au 31 juillet dernier. A New York, sur la même échéance, le cacao a clôturé hier soir à $ 3 435, en net retrait par rapport aux $ 3 548 enregistrés fin juillet et en retrait par rapport à vendredi dernier lorsque l’échéance décembre avait clôturé la semaine à $ 3 449.

Une hausse des cours qui s’explique notamment par la situation cacaoyère au Ghana ainsi que par la perspective d’un déficit mondial en fèves plus important que prévu (lire nos informations : Le Ghana et une demande mondiale peu lisible propulsent le cacao au plus haut en 46 ans).

En revanche, en Côte d’Ivoire, la prochaine campagne s’annonce bien. Les pluies ont été abondantes la semaine dernière dans les principales régions de production du leader mondial de la fève. Rappelons que la saison des pluies s’étend d’avril à mi-novembre.

Quant aux arrivages de fèves au ports ivoiriens, ils ont totalisé 2,307 millions de tonnes (Mt) du 1er octobre dernier au 20 août, en baisse de 4,3% par rapport à la même période la campagne dernière, ont estimé lundi les exportateurs interrogés par Reuters.

 

CAFÉ

Le café Robusta n’a pas retrouvé hier soir son niveau de prix de fin juillet à la clôture sur le marché à terme de Londres mais il était en hausse par rapport à vendredi dernier. Ainsi, sur l’échéance novembre, il a terminé hier à $ 2 406 contre $ 2 363 le 18 août mais $ 2 621 le 31 juillet. Quant à l’Arabica, la livre (lb) cotée à New York est passée de $ 1,6465 le 31 juillet à $ 1,5 le 18 août pour se retrouver hier soir à $ 1,543.

Au Vietnam, l’activité est quasiment inexistante, chacun attendant le démarrage de la nouvelle campagne, début octobre. Il n’y a plus de café. Les très rares lots ont été achetés aux planteurs cette semaine à 63 900-64 700 dongs le kilo ($ 2,66-2,70) contre 64 900-66 600 dongs la semaine dernière. A l’export, les traders ont offert le Grade 2, 5% grains noirs et brisures avec une décote allant de $ 3 à $ 10 le kilo par rapport au contrat janvier à Londres.

En revanche, en Indonésie, les prix ont grimpé légèrement face à une faible disponibilité. Le café de Sumatra a trouvé preneur avec une prime de $ 500 à $ 520 sur les contrats septembre-octobre-novembre à Londres contre $ 470 à $ 500 la semaine dernière.

En Ouganda, leader africain du Robusta, les recettes caféières au mois de juillet ont fait un bond de 26% par rapport à il y a un an, en raison d’une hausse de 12% des volumes et des cours internationaux plus élevés. Ainsi, les recettes ont atteint $ 105 millions contre $ 84 millions en juillet 2022, a annoncé hier Uganda Coffee Development Authority (UCDA).

En Amérique latin, les perceptives en Colombie sont plutôt bonnes grâce à une météo favorable. La récolte pourrait monter en puissance dès la mi-septembre.

 

CAOUTCHOUC

Net rebond du marché du caoutchouc qui a enchainé sur l’Osaka Exchange huit séances consécutives de hausse pour clôturer hier à 207 yens ($1,43) contre 198,6 yens vendredi dernier. Même évolution sur le marché de Shanghai avec une clôture à 13 210 yuans ($1 815,01) la tonne contre 12 147 yuans vendredi. Un rebond essentiellement impulsé par la faiblesse du yen et du yuan. Mais le sentiment négatif toutefois domine.  “Cependant, cela pourrait n’être que temporaire car la demande est encore faible en Chine et à l’étranger. Les prix rencontreront probablement de la résistance car les traders n’ont pas confiance dans le marché jusqu’à ce que de nouvelles politiques budgétaires ou monétaires soient mises en place par la Chine“, a indiqué à Reuters un trader basé à Singapour.

Selon l’Association of Natural Rubber Producing Countries (ANPRC), la production mondiale de caoutchouc naturel a cru de 2,1% pour atteindre près de 1,3 million de tonnes (Mt), tandis que la demande mondiale a affiché une croissance relativement plus rapide de 3,2% à 1,3 Mt au cours du mois de juillet.

Au Vietnam, les exportations de caoutchouc se sont élevées au mois de juillet à près de 220 000 tonnes pour une valeur de près de $287 millions de dollars, en hausse respectivement de 22,6% et de 20,6% par rapport au mois de juin.

La Côte d’Ivoire a perdu sa place de premier fournisseur de caoutchouc TSR à l’Inde non en raison d’une perte de compétitivité mais parce que les fournisseurs asiatiques ont renié sur leurs marges (Lire : La Côte d’Ivoire a perdu sa place de premier fournisseur de caoutchouc TSR de l’Inde).

COTON

Le marché du coton s’est maintenu depuis notre dernière chronique fin juillet dans une fourchette de 83 à 88 cents la livre. Des cours fermes et qui devraient continuer à se raffermir dans la semaine à venir estime Mambo Commodities. Hier les cours ont clôturé à 86,090 cents la livre contre 83,6 cents vendredi dernier.

Les conditions météorologiques chaudes et sèches dans les principales régions productrices des États-Unis apportent un soutien au marché. D’un autre côté, la situation économique de la Chine pèse.

Au Pakistan, la très mauvaise campagne suite aux graves inondations ne devrait être qu’un mauvais souvenir. Grâce à des conditions climatiques favorables, la récolte s’annonce prometteuse. Selon la société de courtage basée à Karachi, Insight Securities, les semis de coton ont connu une augmentation substantielle de 34% sur un an, couvrant 2,767 millions d’hectares en juin. Cette augmentation des cultures devrait produire 12,77 millions de balles, soit une augmentation significative par rapport aux 4,91 millions de balles de l’année précédente. Le rendement attendu par hectare s’élève à 785 kg, dépassant la moyenne décennale de 658 kg.

Parallèlement à cette trajectoire positive, la Pakistan Cotton Ginners Association a signalé l’arrivée de 1,4 million de balles de coton en juillet, ce qui signifie un afflux précoce de la nouvelle récolte.

HUILE DE PALME

Le marché de l’huile de palme était plutôt sur la défensive après avoir gagné 4% la semaine dernière. Il clôture toutefois hier en légère hausse à 3 880 ringgits ($835,76) la tonne contre 3 869 ringgits vendredi dernier. La demande est relativement soutenue, notamment en provenance d’Inde et d’Europe. Les exportations de produits malaisiens à base d’huile de palme entre le 1er et le 20 août ont augmenté entre 9,8 % et 17,4 % par rapport à la même période un mois plus tôt, selon les experts en fret Intertek Testing Services et Amspec Agri.

L’Union européenne a ouvert une enquête pour déterminer si le biodiesel en provenance d’Indonésie contournait les droits de douane de l’UE en transitant par la Chine et la Grande-Bretagne.

Côté entreprises, en Malaisie, le malaisien Kepong achète au conglomérat Boustead Holdings une participation de plus de 30 % dans sa petite sœur Boustead Plantations, selon les médias locaux The Edge et New Straits Times. Selon les données de Refinitiv, Boustead Holdings détient une participation de 57,4 % dans Boustead Plantations, suivie par la société mère de Boustead Holdings, Lembaga Tabung Angkatan Tentera, le fonds de pension militaire de la Malaisie, avec une participation de 10,6 %.

RIZ

Les prix mondiaux du riz atteignent un plus haut de 15 ans augmentant les risques d’inflation alimentaire pour certains des consommateurs les plus vulnérables d’Asie et d’Afrique qui sont déjà aux prises avec une baisse des approvisionnements en raison de conditions météorologiques erratiques et des perturbations dans les expéditions de céréales de la mer Noire. Depuis l’interdiction de l’Inde, qui représente 40% des expéditions mondiales du riz, de ses exportations de riz blanc non-basmati le mois dernier, les exportateurs de riz asiatiques ont déjà augmenté les prix offerts d’environ 20 % (Lire : Un marché du riz potentiellement explosif qui menace les consommateurs).

Au Vietnam, les prix du Viet 5% se situaient entre $650-660 la tonne, contre $660 la semaine dernière. Les approvisionnements intérieurs sont restés tendus, ce qui a encore empêché les exportateurs de signer de nouveaux contrats, ont indiqué les négociants.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5 % ont grimpé à $630 la contre $615-$620 la semaine dernière. “Le sentiment s’est légèrement amélioré à la suite de certains accords de gouvernement à gouvernement entre l’Inde et des partenaires comme l’Indonésie et la Chine ; pas beaucoup en Afrique“, indique un négociant.

En Inde, les prix riz étuvé 5 % sont restés inchangés par rapport à la semaine précédente, à $450-$455 la tonne contre un niveau record de $460-$467 deux semaines plus tôt, dans un contexte de faible demande des pays africains. “La demande est encore faible car les acheteurs s’attendent à une baisse des prix“, a déclaré un exportateur basé à Mumbai. L’Inde a imposé le mois dernier une interdiction sur les exportations de riz blanc non-basmati. Il n’y a aucune restriction sur les exportations de riz étuvé non-basmati.

Le Bangladesh est en train de lever l’interdiction sur les exportations de riz aromatique grâce à de bonnes réserves intérieures et à des récoltes record, a déclaré un responsable du ministère du Commerce. Il exporte une petite quantité de riz aromatique vers les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Moyen-Orient, mais l’interdiction existante sur le riz non aromatique perdurera.

SUCRE

Le sucre roux s’est ressaisi, clôturant hier soir à New York à 24,29 cents la livre (lb), contre 23,76 vendredi dernier et 24,11 cents le 31 juillet. Quant au sucre blanc coté à Londres, on le retrouve nettement plus haut, à $ 693,40 la tonne hier soir sur l’échéance octobre contre $ 687 vendredi dernier et $ 683,30 le 31 juillet.

La hausse des cours s’explique essentiellement par la perspective de voir le gouvernement indien interdire aux raffineries d’exporter à compter du démarrage de la nouvelle campagne 2023/24 début octobre. Le gouvernement fait valoir que la sécheresse a considérablement réduit les volumes qui pourraient être insuffisants pour répondre à la demande nationale : le mois d’août pourrait s’avérer le plus sec depuis un siècle. D’ailleurs, le manque de pluies pourrait aussi impacter les plantations sur 2024/24.

En revanche, au Brésil, la production de sucre dans la région centre-sud a bondi de 31,2% sur la première moitié du mois d’août, totalisant 3,46 Mt, selon les données du groupe industriel Unica. Sur cette même période, 47,87 Mt de canne à sucre ont été broyées, en hausse de 23,4% par rapport à début août 2022.

En Russie, l’Union des producteurs de sucre a annoncé mardi une baisse à 14,9% de la teneur en sucre des betteraves contre 15,72% à la même période l’année dernière.

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