Le Ghana et une demande mondiale peu lisible propulsent le cacao au plus haut en 46 ans

 Le Ghana et une demande mondiale peu lisible propulsent le cacao au plus haut en 46 ans

Photo crédit CommodAfrica

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En reprenant le fil de l’actualité après quelques semaines d’interruption à CommodAfrica, nous retrouvons un cacao qui continue de surfer sur des sommets de prix, alors que des pluies abondantes dans la ceinture de production en Afrique de l’Ouest sont de bon augure pour la prochaine campagne qui démarrera début octobre.

En fin de semaine dernière, la tonne de cacao sur le marché à terme à Londres était à des niveaux qu’elle n’avait plus connus depuis… 46 ans. La faiblesse de la récolte attendue au Ghana sur la campagne 2022/23 en cours, estimée par l’Organisation internationale du cacao (ICCO) à 750 000 tonnes (t) mais bien moins par le négoce, soutient les cours mondiaux car le marché ne sous-estime pas les risques de défaillances du Ghana à honorer ses contrat, faute de volumes.

Autre facteur, les arrivages de fèves aux ports ivoiriens de San Pedro et d’Abidjan ont atteint 2,307 millions de tonnes (Mt), selon les exportateurs interrogés par Reuters, soit 4,3% de moins que sur la même période la campagne dernière.

Au plan mondial, l’ICCO a calculé dans son dernier rapport mensuel de marché publié hier, que les broyages dans les trois grandes zones de consommation que sont l’Europe, l’Asie et l’Amérique du Nord, ont totalisé 2 064 335 t sur les trois premiers trimestres de la campagne 2022/23, soit une baisse de 2,8% ou encore de 59 794 t par rapport à la même période la campagne précédente. En contraste, les broyages en Côte d’Ivoire de janvier à fin juin 2023 ont progressé de 15% à 522 825 t, soit 52 922 t, ce qui compense quasiment la baisse de 59 794 t des trois grandes zones traditionnelles.

De là, l’ICCO tente de répondre à la question de base : la baisse des broyages dans les pays consommateurs est-elle le fait d’une baisse de consommation de chocolat sur ces marchés traditionnels ou assistons-nous bel et bien à un basculement des opérations de broyages des pays consommateurs vers les pays producteurs de fèves ?

L’ICCO se veut prudente dans sa réponse : « Pour vérifier si la réduction des broyages en Europe, en Amérique du Nord et en Asie du Sud-Est était le résultat d’une réduction de la demande en cacao ou des décisions des grands transformateurs d’augmenter les broyages dans leurs filiales ivoiriennes, nous avons comparé les données sur les flux commerciaux au cours du T4.2021 – T1.2022 et du T4.2022 – T1.2023. […] L’Union européenne et les pays de l’ALENA étaient les deux principales destinations régionales des produits semi-finis de Côte d’Ivoire et du Ghana, tandis que la part de l’Asie du Sud-Est demeurait inchangé à 3%. »

Et l’organisation de poursuivre : « Bien que le tableau puisse être partiel dans la mesure où les données commerciales ne couvrent que les six premiers mois de ces années cacaoyères », convient l’ICCO, « il apparaît que des volumes croissants de produits semi-finis sont exportés de la Côte d’Ivoire et du Ghana vers l’ALENA. Cependant, l’inverse est observé pour l’Europe vers laquelle les exportations de produits semi-finis ont connu une réduction moindre. Lorsque les statistiques commerciales du deuxième trimestre 2023 seront disponibles, la situation pourrait être réévaluée pour déterminer s’il y a une compression continue de la demande de cacao en Europe ou si la réduction de la demande intérieure européenne est compensée par une augmentation des importations régionales de produits semi-finis à base de cacao provenant des principaux pays d’origine. »

La question demeure donc ouverte…

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