Résoudre le problème des pièces de rechange est crucial à la mécanisation agricole en Côte d’Ivoire

 Résoudre le problème des pièces de rechange est crucial à la mécanisation agricole en Côte d’Ivoire
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Pour Bernard Comoé, directeur du Financement au ministère de l'Agriculture et du développement rural en Côte d'Ivoire, seule la mécanisation peut attirer les jeunes vers l'agriculture et accroître les rendements. Mais une mécanisation réussie implique que les entreprises de fabrication de ces machines aient une implantation sur place, ne serait-ce que pour assurer la disponibilité des pièces détachées et la formation de mécaniciens.

Où en est la mécanisation agricole en Côte d'Ivoire ?

La mécanisation agricole fait partie des grands chantiers du Programme national d'investissement agricole (PNIA). Tout d'abord, on veut attirer beaucoup de jeunes à l'agriculture, avec pour objectif quelque 2 400 000 jeunes sur les 5 ans , la première génération du PNIA. 

Pourquoi 2 400 000 ?

Avant qu'on ne sorte le PNIA, nous avons réalisé des études pour savoir à quel niveau de production il faut arriver. Et pour arriver à ce niveau de production, comment il fallait intéresser les agriculteurs. Mais comme 60% des agriculteurs ont plus de 60 ans, il fallait donc attirer une nouvelle génération d'agriculteurs qui prenne le relais. Donc pour les attirer, il ne faut pas que l'agriculture soit pénible.

Deuxièmement, la productivité dépend énormément de comment vous travailler la terre. Et si vous ne travaillez pas la terre avec du matériel agricole adéquat, vous n'augmentez pas la productivité même si vous utilisez beaucoup d'engrais ou autres intrants ce qui, par ailleurs, est mauvais pour la santé.

Comment l'agriculteur accède-t-il aux machines ?

La politique d'avant qui consistait à ce que, dans le cadre d'un projet, l'Etat paye les machines et les donne, s'est avérée ne pas être une politique efficace. Car à un moment ou un autre, il faut faire l'entretien des machines et lorsqu'elles vous ont été données, vous ne savez pas les entretenir.

Par conséquent, dans le cadre des projets maintenant, une partie seulement du prix de l'équipement est pris en charge par le projet et donc par l'Etat, sous forme de don. Le petit agriculteur, quant à lui, s'organise lui-même en groupement, en coopératives qui paient l'autre partie. Il est important que le producteur puisse participer à l'acquisition du matériel. C'est ce qui s'est passé récemment pour des motoculteurs dans le cadre d'un programme rizicole dans les bas-fonds.

Quel est le taux de mécanisation actuellement en Côte d'Ivoire ?

Le taux de mécanisation agricole en Côte d'Ivoire est aujourd'hui très faible. La seule façon de changer cela est d'accompagner les petits producteurs dans l'acquisition de matériel. On a démarré l'année dernière et on va continuer avec les tracteurs et le petit matériel de production, comme les motoculteurs.

Ce sont les coopératives qui font les demandes en matériel et nous, au niveau du ministère, notre équipe de techniciens examine les demandes, évalue leur pertinence, trouve la meilleure technologie, on leur propose et lorsqu'ils ont donné leur accord, on passe la commande.

Sur le Sara en 2015, par exemple, nous avons invité des fournisseurs de machines agricoles pour qu'ils exposent leur matériel et on a organisé un concours pour identifier les meilleures machines. Ensuite, nous avons rencontré ces fournisseurs d'équipement et leur avons demandé d'avoir une représentation en Côte d'Ivoire ou de venir s'y installer pour produire ou au moins assembler ces équipements sur place.

Avec succès ?

Trois représentations se sont installées et on est en négociation avec une grande entreprise française pour qu'elle s'implante.

Car ce qui est important c'est non seulement que la machine soit à proximité du paysan, mais que la question des pièces de rechange soit réglée. Il faut que les équipementiers viennent sur le territoire et adaptent leurs machines à la réalité de nos paysans en terme de dimensionnement mais aussi en terme d'utilisation et de disponibilité de pièces de rechange à temps. Surtout, quand la machine tombe en panne, il faut qu'un artisan réparateur sur place soit capable de réparer. C'est pourquoi les représentations sont si importantes.

Il faut donc tout un environnement pour accompagner le mouvement de la mécanisation.

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