La Chronique Matières du Jeudi (15/06/2017)

 La Chronique Matières du Jeudi (15/06/2017)
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De bons chiffres de conjoncture américaine ont renforcé le dollar face aux autres devises, ce qui laisse présager d'une autre hausse des taux d'intérêt de la Réserve fédérale cette année après celle déjà décidée cette semaine. Une fermeté du dollar qui pèse sur les cours de l'or qui a perdu 1% cette semaine, à $ 1 252,61 l'once hier soir. Le pétrole serait également en baisse cette semaine, d'environ 2,5%, à $ 46,97 pour le Brent hier soir et $ 44,49 pour le WTI face à des stocks d'essence aux Etats-Unis qui ne cessent d'augmenter. Pour terminer, notons que l'excédent commercial des 19 pays de l'Union européenne (UE) a reculé à € 17,9 milliards en avril contre € 26,6 milliards un an plus tôt, selon Eurostat.

CACAO

Une semaine plutôt bonne, en définitive, pour le marché du cacao qui a pris près de £ 40 la tonne entre vendredi dernier et hier soir, jeudi, terminant à £ 1 638 la tonne sur le marché à terme de Londres. Même tendance à New York qui a clôturé à $ 2 069, parti de $ 2 020 la tonne vendredi dernier.

La faiblesse de la livre sterling est, sans aucun doute une explication, la tonne à Londres étant de ce fait moins onéreuse pour les investisseurs autres que Britanniques. Mais c'est aussi la saison des pluies en Côte d'Ivoire actuellement, des pluies particulièrement fortes, coupant mercredi l'accès au port de San Pedro d'où part, rappelons-le, la moitié environ des exportations de cacao. Routes et ponts reliant Grabo, Para, Tabou, Grand Béréby, dans le sud-ouest, ont aussi été coupées, ainsi que le pont reliant le port aux centres cacaoyers de Soubre, Daloa et Duekoue, rapporte Reuters. Des pluies torrentielles qui rendent également très difficiles la récolte intermédiaire en cours, tant les opérations de récolte que de séchage et d'évacuation.

Ceci n'empêche pas que la campagne s'annonce excellente ne serait-ce qu'en terme de volume, avec des arrivages aux deux ports de San Pedro et d'Abidjan en hausse de 20% entre le 1er octobre et le 11 juin par rapport à la même période l'année dernière, à 1 652 000 t,.

Le City Research Commodities du groupe bancaire Citigroup a réduit son estimation de l'excédent cacaoyer mondial à 325 000 contre 395 000 t pour la campagne 2016/17. Quant à 2017/18, l'excédent cacaoyer serait de 175 000 à 200 000 t.

CAFÉ

Le Robusta caracole sur le marché à terme de Londres à un plus haut en deux mois, terminant jeudi soir en hausse de $ 49 sur la veille, à $ 2 110 la tonne, son plus haut depuis le 21 avril ; il était à $ 2 002 vendredi dernier. La raison ? Essentiellement la demande en produit physique. On manque réellement de Robusta : les torréfacteurs commencent à se porter à l'achat car leurs stocks s'amenuisent et les industriels grignotent leur couverture. Le Robusta aurait pu augmenter encore davantage si ce n'était l'atonie de l'Arabica à New York qui a pesé sur le sort de son cousin. L'Arabica a terminé à $ 1,2805 la livre en légère hausse par rapport aux $ 1,2655 vendredi dernier. Ceci dit, mercredi, il avait clôturé à son plus bas en un an.

Sur les marchés asiatiques, le marché indonésien du café demeure bien approvisionné, la décote par rapport au marché à terme de Londres demeurant inchangée par rapport à la semaine dernière, à $ 30 la tonne pour un Robusta Grade 4, 80 défauts, sur l'échéance juillet. Quant au Vietnam, le marché est demeuré calme malgré des prix à la hausse. Le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, trouvait preneur à $ 10-20 au dessus de Londres.

Le Vietnam où les exportateurs locaux, qui ne trouvent plus de café auprès des producteurs, sont obligés d'en acheter auprès des maisons de négoce internationales avec une prime de $ 20 à $ 30 la tonne, alors que ces maisons avaient acheté le café en début de campagne avec une décote. Du café qu'elles ont entreposé dans les ports vietnamiens. Cette opération permet à ces maisons de négoce de dégager un bénéfice confortable de $ 70 à $ 100 la tonne. La production du n°1 mondial du Robusta ne serait, en effet, que de 26,3 millions de sacs de 60 kg (Ms) en 2016/17 contre 28,4 Ms la campagne précédente, selon les données de Rabobank. A fin mai, le négoce international détenait environ 6,5 Ms, soit 390 000 t, sur les 9 Ms entreposés dans le pays. De cela et à ce jour, il aurait vendu 30 000 à 40 000 t aux exportateurs locaux, selon le négoce vietnamien.

A ce jour, les producteurs détiennent moins de 15% de la récolte contre 35% habituellement à pareille époque.

Les exportateurs locaux vietnamiens jouent gros car ils pourraient se trouver squeezés ces prochains mois entre des disponibilités qui s'amenuisent et des différentiels qui augmentent avant le démarrage de la prochaine campagne en octobre. Il y a aussi le risque que les maisons de négoce internationales cessent de leur vendre du café, préférant honorer en premier lieu leurs propres contrats avec les torréfacteurs d'ici la fin de l'année.

En mai, le Vietnam a exporté 122 000 t (2,03 Ms), en baisse de 9,4% par rapport à avril. Selon le département américain de l'Agriculture (USDA), al récolte en 2017/18 devrait progresser de 10% et atteindre 28,6 Ms.

CAOUTCHOUC

Le prix du caoutchouc livraison novembre sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) a augmenté de 5,5% mercredi pour clôturer à 195,5 yens ($1,77) le kilo après avoir chuté de 3,6% la semaine dernière après huit séances de baisse. La cause de ce rebond est l’adoption par la Thaïlande mardi d’un train de mesures pour aider les agriculteurs et tenter de stabiliser la baisse des prix. Parmi les mesures annoncées par le Cabinet de Thaïlande, une extension du programme de prêts de 10 milliards de bahts (€ 264 millions) pour les coopératives agricoles pour trois années de plus et un autre programme de prêt de 10 milliards de bahts en faveur des entreprises de caoutchouc.

Le gouvernement continuera également à verser une subvention directe de 1 500 bahts par rai (0,17 hectare) pour un maximum de 15 rais par ménage pour aider à couvrir les coûts de la production du caoutchouc ainsi que les dépenses de subsistance des producteurs. Environ 11 460 familles devraient bénéficier de cette subvention. Le prix de la feuille non fumé thaïlandaise (RUB-USS3-HDY) cotait mardi à 55,05 bahts ($1,62) le kilo en baisse de plus de 40% par rapport à 93,52 bahts ($2,76) de janvier. Le gouvernement espère que les mesures permettront au prix du caoutchouc d’atteindre jusqu'à 70 bahts le kilo.

Le prix du caoutchouc livraison septembre sur le marché de Shanghai a également augmenté de 360 ​​yuans pour finir à 12 900 yuans ($1 899 dollars) la tonne.

« Je ne sais pas combien de temps cette tendance haussière durera, car la Thaïlande devrait vendre les stocks restants d'ici la fin du mois de mai, n’ayant pas de ce côté changé sa politique », a déclaré Toshitaka Tazawa, analyste àFujitomi Co.

La Thaïlande, le premier producteur mondial de caoutchouc, a déclaré en mars qu'elle avait pour objectif de céder les 107 000 tonnes restantes de ses stocks de caoutchouc d'ici la fin de mai.

Pour l’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANRPC), les prix du caoutchouc naturel sont de plus en plus vulnérables à des facteurs externes c’est à dire aux fluctuations de devises, du prix du pétrole et des développements géopolitiques. L’ANRPC en veut pour preuve que les prix du caoutchouc naturel sur les principaux marchés physiques en mai ont baissé en dépit d’un déficit de l’offre de 600 000 tonnes, L’association estime que ce déficit devrait même s’accroître d’ici à la fin juin à 700 000 tonnes. « L'analyse a révélé que les tendances baissières en vigueur dans les prix du caoutchouc naturel sont en grande partie attribuables à une baisse inattendue des prix du pétrole brut et à une forte appréciation du yuan chinois et du yen japonais. Les anticipations des investisseurs spéculatifs d'une révision à la hausse des taux d'intérêt en juin aux États-Unis constituent une autre contrainte majeure pour la reprise des produits asiatiques, y compris le caoutchouc naturel » souligne le secrétaire général de l’ANRPC, Nguyen Ngoc Bich.

COTON

Face à la perspective d’une prochaine récolte robuste aux Etats-Unis mais aussi au niveau mondial, les cours du coton ont dégringolé cette semaine. Mercredi, ils ont clôturé à un plus bas depuis janvier à 70,95 cents la livre pour le contrat de décembre. Le sentiment du marché est baissier.

Même tendance en Chine où les cours ont atteint leur plus bas niveau depuis septembre 2016 sur le Zhengzhou Commodity Exchange à 15 130 yuans ($2 225,88) la tonne. Une chute dans le sillage de l’Intercontinental Exchange (ICE) de New-York mais aussi accentuée par l’offre abondante sur le marché domestique suite aux ventes aux enchères de la réserve chinoise. Débutées en mars, les ventes aux enchères totaliseraient mardi 1,46 million de tonnes, soit 70,16% du total offert. Selon les analystes, les prix en Chine devraient demeurer bas dans les prochains mois.

Dans le dernier rapport sur l’offre et la demande mondiale (WASDE) publié vendredi dernier, le département américain de l’Agriculture (USDA) a revu à la hausse les stocks de coton américain suite à la révision à la baisse des exportations américaines de coton consécutive à une production mondiale plus élevée principalement dans les pays consommateurs comme le Pakistan et le Mexique mais aussi la Chine. La production mondiale de coton devrait croître de 8,2% en 2017/18 sous l’effet de l’accroissement des superficies, les rendements étant globalement inchangés. La consommation mondiale a été aussi revue à la hausse.

Source : USDA – WASDE

Le nouveau contrat à terme multi-origine sur le coton lancé par le ICE en novembre 2015 (cf. nos informations), conçu comme une alternative au contrat américain à terme sur le coton, n’a jamais décollé et a été clôturé après 18 mois d’activité.

Au Bénin, 451 000 tonnes de coton ont été égrenées en 2016/17 a indiqué le 9 juin l’Association interprofessionnelle du coton (AIC). L’objectif pour 2017/18 est fixé à 500 000 tonnes.

En Côte d’Ivoire, le secrétaire exécutif de l’Association des égreneurs de coton, Christophe N'Dry, estime que la production de coton devrait atteindre 350 000 tonnes en 2017/18, soit 10 000 tonnes de plus qu’en 2016/17 (340 000 tonnes).

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme ont touché un plus bas de 10 mois mardi alors que même les stocks en Malaisie se sont inscrits en baisse sur le mois de mai. Les statistiques du Malaysian Palm Oil Board (MPOB) ont montré mardi que les stocks au mois de mai ont diminué de 2,6% par rapport à avril à 1,56 million de tonnes (Mt), soit son plus bas niveau depuis 2009, tandis que la production a progressé de 6,9% à 1,65 Mt. En outre, les exportations ont été dynamiques grimpant de 17,3% en mai par rapport à avril (1,51 Mt) en raison du Ramanda.

Toutefois, le contrat d’août sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange a chuté de 1% à 2 432 ringgits ($570,76) la tonne. L’appréciation du ringgit a joué mais les investisseurs doutent sur la persistance d’une demande d’exportation suffisamment forte alors que la production devrait s’accroître au deuxième semestre. D’ores et déjà, certains négociants estiment que la demande en juin devrait ralentir et pourrait même chuter de 10 à 15%. Elle serait alors insuffisante même face à une production qui devrait baisser car le mois du Ramadan engendre une pénurie de travailleurs pour récolter les fruits.

Les cours de l’huile de palme ont chuté de plus de 20% depuis le début de l’année.

En Inde, les importations d’huile végétale ont bondi de 35% en mai à 1,4 Mt par rapport à mai 2016. Les importations d’huile de palme se sont élevées à 799 346 tonnes et celles de soja de 340 365 tonnes, selon Solvent Extractors' Association of India.

En Indonésie, la consommation de biodiesel au premier semestre 2017 devrait attendre 1,2 million de m3, selon Dono Bustami, responsable de l’Indonesia's palm oil fund agency,

RIZ

Nouvelle hausse des prix du riz cette semaine en Asie, soutenue par une forte demande des importateurs, notamment du Bangladesh et des Philippines.

En Thaïlande, le Thaï 5% s’échangeait entre $450-$457 la tonne contre $440-$457 la semaine dernière. La demande du Bangladesh, de l'Iran, de l'Irak et des Philippines maintiennent des prix élevés, estiment les négociants face à une offre relativement faible, les exportateurs puissant dans les stocks. La récolte de contre-saison en Thaïlande devrait arriver vers les mois d’août-septembre.

Au Vietnam, le Viet 5% cotait à $ 410 la tonne contre $395-$400 la semaine dernière. C’est son plus haut niveau depuis novembre 2014. La nouvelle récolte devrait démarrer fin juin. D’ici la, l’offr est aussi serrée avec une demande de plus en plus forte. Le Bangladesh importera 200 000 tonnes de riz blanc à $430 la tonne et 50 000 tonnes de riz étuvé à $470 la tonne du Vietnam dans le cadre d’un accord de gouvernement à gouvernement, a déclaré Ataur Rahman, secrétaire supplémentaire au ministère l’Alimentation. Ces prix sont plus élevés que ceux des appels d’offres. Le Bangladesh est également en pourparlers avec la Thaïlande et l'Inde pour importer du riz pour reconstituer ses stocks qui sont au plus bas depuis 10 ans et abaisser les prix locaux qui sont records.

Les Philippines ont annoncé qu’elles lanceraient le mois prochain une offre pour importer 250 000 tonnes de riz en provenance de Thaïlande et du Vietnam, et peut-être aussi en Inde.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% de brisures ont bondi de $7 la tonne à $422-$425 dans le sillage des prix internationaux mais aussi suite à une bonne demande des acheteurs en Afrique. En effet, avec la hausse des prix tant au Vietnam et en Thaïlande, le riz indien est redevenu compétitif.

Toutefois, les exportations indiennes de riz non basmati en avril ont diminué de 18,5% par rapport à l'année précédente pour s'établir à 475 050 tonnes en raison de l’appréciation de la roupie.

SUCRE

Le sucre a terminé hier en baisse sur la journée, le roux cotant 13,47 cents la livre (lb) à New York, après avoir touché la veille un plus bas en 16 mois à 13,36 cents ; vendredi dernier, il cotait au-delà des 14 cents, à 14,27 cents. Durant quatre séances consécutives, il s'est inscrit à la baisse, les ordres automatiques de vente se déclenchant à 13,63 cents. Le sucre blanc, quant à lui, est passé en dessous de la barre des $ 400, terminant hier soir à Londres à $ 399,30 la tonne contre $ 416,90 vendredi dernier.

Mercredi, la compagnie pétrolière brésilienne Petroleo Brasileiro a encore réduit son prix de l'essence et du diesel, rendant encore moins attrayant la production d'éthanol par rapport au sucre pour le sort de la canne à sucre. En outre, les conditions météorologiques dans la zone de canne à sucre dans le sud-ouest s'améliorent au Brésil, laissant de belles perspectives pour la production.

Le négociant Sucre et Denrées (Sucden) estime l'excédent sucrier mondial à 3,5 Mt sur la campagne à venir 2017/18 (octobre/septembre), avec des récoltes attendues en hausse dans de nombreux pays dont l'Union européenne, l'Inde, la Thaïlande et la Chine. Ceci fait suite, rappelons-le, à deux campagnes déficitaires. La production mondiale augmenterait de 9 Mt pour atteindre un record de 183 Mt face à une consommation, estimée en hausse de 2,5 Mt, à près de 180 Mt. La demande dans les deux mastodontes, la Chine et l'Inde, devrait reprendre.

Quant à l'accord sucre Etats-Unis-Mexique (lire nos informations), il a été paraphé mercredi par les deux parties et ouvert durant 7 jours aux commentaires publics.

Côté entreprise, notons que Nestlé a déclaré hier envisager de vendre ses activités confiserie aux Etats-Unis, un segment qui génère $ 900 millions par an et qui comprend des produits leaders comme Butterfinger, BabyRuth, 100GRand, SkinnyCow ou encore Raisinets. En effet, ce segment confiserie ne correspond plus à la stratégie du groupe qui entend favoriser des produits santé et nutritionnels, une stratégie plus en phase avec les tendances alimentaires actuelles. Le groupe a illustré cette ferme volonté en nommant l'année dernière un nouveau directeur exécutif sorti droit de chez le géant allemand des soins de santé, gestionnaire d'hôpitaux, Fresenius, en la personne de Ulf Mark Schneider. Mondialement, les ventes de confiseries ont généré l'année dernière 8,8 milliards de franc suisse pour Nestlé.

 

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