25 novembre 2020 - 19:04 |

AP Moller Capital mise sur les terminaux céréaliers en Afrique

AP Moller Capital, filiale du groupe danois AP Moller Holding, a acquis par le biais Africa Infrastructure Fund I,  une participation de 49% dans l’opérateur de manutention portuaire de céréales Mass Céréales al Maghreb (MCM) basé à Casablanca au Maroc. Avec MCM, dont le groupe marocain diversifié Holmarcom conserve 51% du capital, AP Moller Capital compte investir dans des infrastructures céréalières sur le continent et ambitionne de devenir le principal acteur de la logistique céréalière en Afrique. 

« Par l'intermédiaire de MCM, Holmarcom et A.P. Moller Capital poursuivront conjointement de nouveaux investissements qui permettront des chaînes d'approvisionnement plus fiables et efficaces, soutiendront la sécurité alimentaire et créeront des emplois durables sur les marchés africains », indique un communique du groupe danois.

MCM assure depuis plus d'une décennie des services de manutention et de stockage de cargaisons de céréales en vrac dans les ports de Casablanca et Jorf Lasfar. La société gère près de la moitié de toutes les importations de céréales en vrac chaque année.

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Commentaires

Cela ne va pas aller dans le sens d'une moindre dépendance alimentaire de l'Afrique de l'Ouest (AO) quand on sait que le Maroc a déjà racheté depuis quelques années les Grands Moulins d'Abidjan et les Grands Moulins de Dakar au groupe Mimran (franco-libanais). Quand on sait surtout que les importations de blé de l'Afrique subsaharienne (ASS) ont augmenté de 7,14%/an de 1995 (5,144 millions de tonnes, Mt) à 26,9 Mt en 2019, avec une population ayant augmenté en moyenne de 2,71%/an bien que la production ait aussi augmenté en moyenne de 2,44%/an, la consommation par tête ayant augmenté de 2,75%/an, passant de 16,7 kg en 1995 à 32 kg en 2019. Mais le changement climatique prévisible ne permet pas d'anticiper la poursuite jusqu'en 2050 d'une production aussi forte mais au mieux le maintien de la production actuelle. Comme la population augmenterait en moyenne de 2,19%/an soit 19,2% moins vite que de 1995 à 2019, les importations augmenteraient de 5,77%/an et seraient de 153,3 Mt avec une consommation par tête de 70,7 kg. Bien qu’ayant fortement fluctué le prix CAF à l’importation de l’ASS est passé de 155 $/t en 1995 à 187 $/t en 2019. Surtout les importations en valeur de l’ASS ont été multipliées par 6,3 – de 799 M$ en 1995 à 5,028 Md$ en 2019 –, dont par 8,3 pour l’AO : de 51,5 M$ à 499,8 M$ en 2019. La poursuite de la hausse de la consommation de blé en ASS, notamment en AO, est insoutenable pour des raisons financières et d’emplois, donc de développement. D’abord l'impossibilité de financer ces importations puisque le rendement du blé plafonne dans les pays exportateurs occidentaux depuis 15 ans malgré l’absence de limite à l’utilisation des pesticides et engrais chimiques, où elle va baisser au moins dans l’UE car les consommateurs et défenseurs de l’environnement l’exigent. Face à une offre en baisse, les prix du blé, tendre ou dur, ne pourront qu'exploser car les pays arabes et d'Asie occidentale – dont la population augmenterait de 40,5% de 2020 (649 M) à 2050 (912 M) – auront plus de pouvoir d'achat pour importer car ils auront encore des recettes pétrolières et gazières sans avoir le potentiel écologique de l'ASS pour diversifier leur production alimentaire de base vers les céréales tropicales (maïs, mil, sorgho, fonio) et tubercules (manioc, igname) et bananes plantains. Le changement de régime alimentaire de l'AO est d'autant plus nécessaire qu'il faut augmenter l'emploi rural – la population rurale passant de 169 M en 2010 à 255 M en 2050 – donc la production de céréales et tubercules locaux, les protégeant de la concurrence du blé importé. Ceci est plus justifié pour les importations de l’AO venant de l'UE – dont le pourcentage de ses importations de blé (en volume) est passé était encore de 45,4% en 2019 (contre 61% en 1995) – même si pour l’ensemble de l’ASS ce pourcentage a baissé de 35,8% à 25,9% – puisqu’elles sont fortement subventionnées, en moyenne de 62 € la tonne actuellement.

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