Gémo arrive à Abidjan : Le “Made in France” transposable en “Made in Côte d’Ivoire”?

 Gémo arrive à Abidjan :  Le “Made in France” transposable en “Made in Côte d’Ivoire”?
Partager vers

La chaîne de magasins française de mode, chaussure et accessoires, Gémo, va s’implanter en Côte d’Ivoire, à Abidjan, sur 700 m2, a annoncé hier le magazine français de la grande consommation LSA.

Visiblement, cela fait partie d’une stratégie accélérée de diversification géographique à l’international de la filiale du groupe Eram qui a ouvert un magasin à Barcelone en juin ainsi qu’à Ducos et Nouméa en Nouvelle Calédonie en juillet.

Si Abidjan sera son premier magasin en Afrique sub-saharienne, Gémo est déjà présent en Tunisie avec deux magasins, à Tunis et à Sousse, ouverts en 2016 et 2017. Au total, Gémo compte 28 magasins à l’étranger sur ses 440 sites recensés fin 2019, générant un chiffre d’affaires de € 840 millions.

Son ambition est d’en d’ouvrir dix de plus en Afrique de l’ouest d’ici à 2025. De quoi alors représenter, à cette date, environ 10% du chiffre d’affaires total de l’enseigne“, souligne LSA. “Le marché de la mode, dans cette région de l’Afrique, est estimé à plus de € 26 milliards”, rapporte notre confrère, soit environ la taille du marché en France.

Le “Made in France” transposable en “Made in Côte d’Ivoire”?

Reste à savoir si Gémo, comme sa maison mère Eram, développera la fabrication locale avec des produits locaux, l’équivalent de son “Made in France”. Ainsi, en mars 2018, sur le blog de Gémo, on pouvait lire “ Savez-vous que chez Gémo, on peut trouver des boots en cuir entièrement conçues en France et à un prix accessible ? Eh bien oui !” Et le groupe de préciser :  “Saviez-vous qu’il faut en moyenne 35 minutes et plus de 65 opérations pour fabriquer une chaussure ? En plus de cela, une paire de chaussures qui sort de notre manufacture passe entre les mains de 40 personnes différentes. Incroyable n’est-ce pas ? A la Manufacture de Montjean-sur-Loire, nous valorisons notre passion et notre expertise pour la chaussure.” Gémo précise sur ce même blog son offre de chaussures  de femmes, entièrement fabriquées en France, aux prix variant entre € 34 et € 40.

L’hiver dernier, Eram, la maison mère de Gémo, s’est lancée dans la fabrication de chaussures , à moins de € 100, entièrement  “Made in France” dans sa “Manufacture” dans le Maine-et-Loire. Fin septembre, elle a renforcé cette stratégie avec une chaussure toute en cuir et 100% française Eram Flex.

Le cuir africain, un secteur montant

S’il est possible de fabriquer à de tels prix des chaussures en France, il va sans dire qu’il devrait en être de même en Côte d’Ivoire. Rappelons que ce pays et l’Afrique de l’Ouest sont d’importants producteurs de cuir. D’ailleurs, l’Afrique dans son ensemble est perçue comme le continent montant parmi les fournisseurs mondiaux de peaux à l’industrie mondiale du cuir, un marché estimé à $ 50 milliards par an, selon Mulat Alubel Abtew, chercheur à l’Institute of Textile and Fashion Technology à Bahir Dar University en Ethiopie.

En effet, 15% du bétail mondial serait en Afrique, un pourcentage qui a crû d’un quart cette dernière décennie, Ethiopie en tête ; l’Afrique a aussi 25% de la population de moutons et de chèvres. Cependant, à ce jour, l’Afrique compte pour moins de 4% des exportations mondiales de cuir et produits du cuir.

Le cuir… d’ananas

Au-delà du cuir, les chaussures peuvent être fabriquées à partir d’autres produits abondamment disponibles en Côte d’Ivoire et en Afrique de l’ouest. Il en est ainsi notamment de la fibre d’ananas qui serait plutôt tendance… Aux Philippines la créatrice Carmen Hijosa  a développé en 2017 Piñatex, tout comme,  plus récemment  l’entrepreneur agricole ivoirien Koffi N’guessan. Carmen Hijosa extrait les fibres des feuilles d’ananas pour en faire un tissu robuste dont les nervures ressembleraient à du cuir animal. 480 feuilles (soit environ 16 ananas) sont nécessaires pour fabriquer un mètre carré de textile qui pourra un jour servir à fabriquer des sacs à main, vestes et chaussures, précise notre confrère 20minutes.

Le cuir d’ananas est également bon pour l’environnement. Car “les processus de tannage [des animaux] et de production ont des effets néfastes sur l’environnement, ainsi que sur le bien-être des animaux et des personnes impliquées“, explique la créatrice.

La filière en Côte d’Ivoire s’organise

Notons que la Côte d’Ivoire était pays à l’honneur du salon Marocuir qui s’est tenu fin février à Casablanca. Une filière ivoirienne qui est en train de s’organiser. En août, les artisans du secteur cuir et peau se sont regroupés en une seule entité, l’Union nationale des cordonniers, maroquiniers, bottiers et tanneurs de Côte d’Ivoire (UCMBT-CI). Son président est Jean Cyrille Ahoua, bottier, maroquinier et gérant de l’entreprise Gona Maroquinerie à Cocody.

Face à cette dynamique et ce potentiel, Gémo saisira peut-être cette opportunité pour aller au-delà de magasins et endosser le statut de fabricant, rejoignant ainsi les adeptes du “Made in Côte d’Ivoire”, très tendance…  

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *