La Chronique Matières premières agricoles au 26 octobre 2023

 La Chronique Matières premières agricoles au 26 octobre 2023

@ CommodAfrica

Partager vers

La semaine a été marquée par la croissance plus solide que prévue de l’économie américaine au troisième trimestre à 4,9%. Est attendu aujourd’hui l’indice d’inflation qui sera déterminant pour la future trajectoire des taux aux Etats-Unis. La Fed rendra sa prochaine décision de politique monétaire le 1er novembre. 

En Europe, la Banque européenne a décidé de maintenir ses taux directeurs inchangés, mais la banque centrale a prévenu que l’économie de la zone euro s’affaissait.

Le dollar, qui est en passe d’enregistrer un gain hebdomadaire, était pratiquement inchangé hier face à un panier de devises de référence. 

Quant au pétrole, les craintes d’une propagation du conflit au Moyen-Orient après l’annonce de frappes aériennes contre deux installations utilisées par le corps des Gardiens de la révolution, ont fait monté le baril à $ 89,51la livre et celui du brut léger américain (WTI) à $84,67.

CACAO

Toujours plus haut. Partie de £ 3 225 vendredi dernier, la tonne de cacao a clôturé hier soir sur le marché à terme de Londres à £ 3 368 sur l’échéance mars. Même tendance à New York terminant hier soir à $ 3 752 sur l’échéance décembre, contre $ 3 694 à la fin de la semaine dernière. Des niveaux record pour le troisième jour de la semaine sur un marché qui est résolument haussier. Les récoltes en Afrique de l’Ouest s’annoncent assez sombres et la demande n’a pas été autant touchée que prévu.

Les arrivées de cacao dans les ports de la Côte d’Ivoire ont atteint 171 000 tonnes au 22 octobre depuis le début de la saison le 1er octobre, en baisse de 16,2 % par rapport à la même période de la saison dernière, ont estimé lundi les exportateurs. Environ 26 000 tonnes de haricots ont été livrées au port d’Abidjan et 30 000 tonnes à San Pedro entre le 16 et le 22 octobre pour un total de 56 000 tonnes, contre 98 000 tonnes la même semaine de la saison précédente.

Le Conseil café cacao (CCC) anticipe une baisse de 25% des arrivages pour la campagne principale qui se déroule d’octobre à mars. Son directeur général, Yves Brahima Kone, qui a souligné un démarrage lent des ventes à l’exportation pour la campagne 2023/24, les acheteurs n’étant pas disposé à payer un prix si élevé et faisant pression pour que le différentiel d’origine, actuellement nul, soir négatif (Lire : À nouveau des tensions entre les multinationales et la Côte d’Ivoire sur la prime pour le cacao ).

CAFÉ

Après avoir grimpé durant six séances consécutives et atteindre un plus haut de cinq semaines, l’Arabica s’est affaibli hier ainsi que le Robusta. Partis de $1,6525 la tonne vendredi dernier, l’Arabica a clôturé hier à 1,6205 la livre (lb) pour l’échéance décembre. Quant au Robusta, il a clôturé hier soir à Londres à $ 2 466 la tonne contre 2 479 vendredi dernier sur l’échéance janvier.

Au Brésil, les problèmes logistiques persistent mais les négociants soulignent que le développement des cultures est optimal et les attentes concernant la récolte à venir demeurent positives.

En Asie cette semaine, les volumes de transactions au Vietnam sont restés timides alors que la saison des récoltes devrait commencer d’ici la mi-novembre, tandis que les primes ont chuté en Indonésie. En théorie, la nouvelle récolte au Vietnam commence à partir d’octobre, mais les cerises n’arriveront en vrac qu’en novembre. Dans la ceinture de production des Central Highlands, les prix sont en baisse se situant entre 59 600 et 61 400 dongs ($2,42-$2,50) le kilo contre 63 000 à 63 800 dongs la semaine dernière.

Les grains de café Robusta de Sumatra d’Indonésie ont été proposés cette semaine à une prime de $480 par rapport au contrat de janvier, en baisse de $100 par rapport à la semaine précédente.

Le Vietnam devrait exporter cette année 1,7 million de tonnes (Mt) de café pour une valeur de $4,2 milliards selon Vietnam News citant le ministère de l’Agriculture et du développement rural. Selon le Département général des douanes, sur les neuf premiers mois de 2023, le Vietnam a exporté 1,266 Mt de café pour une valeur de$ 3,16 milliards.

La Colombie, premier fournisseur mondial d’arabica lavé, clôturera cette année avec une production de 11,6 à 12,0 millions de sacs de 60 kg (130 livres), mettant fin à trois années de baisse de production.

Au Cameroun, après dix années au chevet essentiellement de la filière cacao car on ne saurait courir après deux lièvres à la fois, le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) se fixe dorénavant comme cap le redressement de sa filière café. Rappelons que le pays cultive les deux variétés de café mais sa production a fortement chuté ces dernières décennies. De 132 000 t en 1986/87, elle est tombée à un plus bas de 12 157 t, en 2020/21, pour se redresser, grâce au Robusta, à 38 047 tonnes (t), dont 6 386 t d’Arabica et 31 661 t de Robusta sur la campagne 2021/22, selon le gouvernement. Les raisons sont multiples et bien connues, allant du vieillissement des planteurs et des vergers, au mauvais matériel végétal, l’inaccessibilité des intrants et le désintérêt des jeunes pour la filière. L’interprofession au Cameroun entend remettre sur les rails la filière café en suivant le même schéma qu’il a utilisé pour le cacao.

Côté entreprise, Keurig Dr Pepper a vu ses ventes nettes augmenter de 5,1% à $3,81 milliards au 3ème trimestre 2023, la hausse des prix et la demande constante de ses sodas et boissons ayant contribué à limiter le choc du ralentissement du secteur du café. Le segment du café américain est resté sous pression, avec des ventes nettes en baisse de 3,2 % à $1,01 milliard. Keurig Dr Pepper a réaffirmé que son bénéfice par action ajusté pour l’exercice 2023 augmenterait de 6 % à 7 % et que son chiffre d’affaires net augmenterait de 5 % à 6 %.

CAOUTCHOUC

Le caoutchouc poursuit sur sa lancée enregistrant cette semaine une nouvelle hausse. Sur l’Osaka Exchange, les cours du caoutchouc ont clôturé hier à 261,7 yens ($1,74) le kilo contre 259,8 yens vendredi dernier. Partis de 14 440 yuans la tonne vendredi dernier sur le marché de Shanghai, les cours ont atteint hier 14 605 yuans ($1995,52). Une hausse impulsée par les nouvelles mesures de relance budgétaire en Chine ainsi qu’au Japon, une offre entravée par les fortes pluies en Thaïlande et au Vietnam et la faiblesse du yen.

Le Congrès national des représentants du peuple de la république populaire de Chine a approuvé une émission d’obligations souveraines d’un montant de 1 000 milliards de yuans ($137 milliards) et a adopté un projet de loi autorisant les gouvernements locaux à anticiper une partie de leurs quotas d’obligations pour 2024, ont annoncé mardi les médias d’État. Quant au gouvernement japonais, il envisage de consacrer environ $33 milliards d’allocations aux ménages à faible revenu et à une réduction de l’impôt sur le revenu, dans le cadre d’un ensemble de mesures visant à amortir le coup porté aux ménages par la hausse du coût de la vie, a rapporté mercredi le journal Nikkei.

Toutefois, du côté de l’offre, on constate de meilleures conditions météorologiques et donc une disponibilité de l’approvisionnement dans le nord de la Thaïlande. En outre, la demande est toujours faible.

En Malaisie, le ministère des Plantations et des produits agricoles mène actuellement une étude sur le développement de la technologie génomique pour produire des clones d’hévéas de haute qualité et résistants aux maladies. Une étude menée dans le cadre d’un plan à long terme visant à accroître la production de caoutchouc pour les petits exploitants. Selon le ministre Fadillah Yusof, un des principaux défis auxquels sont confrontés les petits exploitants est que les hévéas sont souvent infectés par des maladies qui ont un impact sur la productivité et le rendement. « Nous nous concentrons également sur la R&D impliquant la plantation de graines à l’aide de machines et de méthodes de saignée automatisées pour un impact positif sur la productivité de la production de caoutchouc » a ajouté le ministre.

Côté entreprise, le groupe français de pneumatique Michelin a réalisé un chiffre d’affaires de €21,2 milliards à la fin septembre 2023, en hausse de 2% mais les volumes de ventes de pneus ont baissé de 3,6% reflétant le déstockage du marché et la priorité donnée par le groupe aux segments créateurs de valeur. Le groupe annoncé son intention d’arrêter la production de pneumatiques sur son site d’Ardmore, dans l’Oklahoma aux Etats-Unis, en 2025.

En Asie, une récente étude publiée dans la revue Nature montre que la perte de forêt dans les pays d’Asie du Sud-Est (90% de la production mondiale) associée à la production de caoutchouc est plus de deux à trois fois supérieure à ce que suggéraient des recherches antérieures. Ce sont plus de quatre millions d’hectares de forêt qui auraient été perdus depuis 1993 (Lire : Caoutchouc et déforestation : attention danger !).

La Côte d’Ivoire s’est résolument engagé dans la traçabilité et la durabilité de son caoutchouc pour répondre dans les 18 prochains mois aux exigences de la loi européenne sur la déforestation importée. Actuellement uniquement financé sur des fonds propres, le président lance un appel pour obtenir des financements (Lire : Caoutchouc : la Côte d’Ivoire s’engage dans la zéro déforestation mais quid du financement).

COTON

Le coton a repris quelques couleurs cette semaine. Après avoir chuté à 82,4 cents la livre sur l’ICE vendredi dernier, il est remonté jusqu’à 85,590 cents la livre hier à la clôture. Les fondamentaux n’ont toutefois guère changé mais le rapport de l’USDA sur les ventes américaines de coton à l’exportation a montré une hausse sensible des ventes expédiées principalement vers le Chine n et le Bangladesh.

Le spécialiste Cotlook a revu à la baisse (-95 000 tonnes) ses prévisions de la production mondiale de coton en 2023/24 avec des chiffres en retrait aux Etats-Unis (-68 000 t.) et en Australie (-50 000 t.). Mais la chute de la consommation mondiale est plus importante, -570 000 tonnes, avec des baisses en Turquie (-300 000 t.), en Chine (-100 000 t.), en Indonésie (-100 000 t.) et en Inde (-75 000 t.) Ainsi, la production mondiale estimée à 24,603 millions de tonnes (Mt) devrait dépasser de 787 000 tonnes la consommation mondiale anticipée à 23,816 Mt.

HUILE DE PALME

Très légère baisse de l’huile de palme avec une clôture hier sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange à 3 750 ringgits ($785,66) la tonne contre 3771 ringgits vendredi dernier. Un marché surtout influencé par l’évolution des huiles concurrentes et dans une moindre mesure du pétrole. Mais la demande est médiocre. Les exportations malaisiennes de produits à base d’huile de palme du 1er au 25 octobre chuteraient entre 1,1% et 3,1% par rapport au mois précédent selon les données d’ AmSpec Agri Malaysia et d’Intertek Testing Services.

En Indonésie, les exportations indonésiennes d’huile de palme en août, y compris les produits raffinés, se sont élevées à 2,07 millions de tonnes (Mt), en baisse de 55 % par rapport au même mois de l’année dernière, a déclaré vendredi l’association GAPKI dans un communiqué. La production d’huile de palme brute a chuté à 3,86 Mt en août contre 4,36 Mt en juillet, mais les stocks nationaux à la fin du mois d’août ont légèrement augmenté pour atteindre 3,24 Mt.

Toujours en Indonésie, le ministère malaisien des Finances ne supprimera pas le prélèvement sur les bénéfices exceptionnels de l’industrie de l’huile de palme, a rapporté l’agence de presse officielle Bernama. Le ministère est disposé à étudier périodiquement le taux d’imposition et le seuil de perception de la taxe, afin de tenir compte du coût de la production d’huile de palme. Les planteurs de Malaisie demandent depuis des années au gouvernement de réévaluer le taux d’imposition et le seuil d’imposition des bénéfices exceptionnels. La Malaisie impose un prélèvement exceptionnel de 3 % sur les prix de l’huile de palme supérieurs à 3 000 ringgits ($627,88) la tonne dans la péninsule malaisienne et supérieurs à 3 500 ringgits la tonne au Sabah et au Sarawak.

Côté entreprises, le malaisien Sarawak Plantation Bhb a obtenu d’ AmBank Islamique Bhd une facilité bancaire islamique de 40 millions de ringgits pour financer en partie les coûts de développement de ses plantations de palmiers à huile dans tout le Sarawak.

Le singapourien Wilmar International a vu son bénéfice chuté au 3ème trimestre en partie en raison de la baisse des marges de raffinage de son activité d’huiles tropicales (Lire : La faiblesse de l’huile de palme fait chuter le bénéfice de Wilmar ).

RIZ

Les prix à l’exportation du riz étuvé en provenance d’Inde ont chuté pour la quatrième semaine consécutive, la récente extension d’une taxe sur les expéditions ayant freiné la demande, tandis que le nouvel intérêt de l’Indonésie a stimulé les prix au Vietnam.

En Inde, les prix du riz étuvé 5 % sont tombés à $495-$505 la tonne métrique, contre $510-$520 la semaine dernière. L’Inde a prolongé le 13 octobre un droit d’exportation de 20 % sur le riz étuvé jusqu’en mars 2024. De plus, « les prix du paddy baissent à mesure que les approvisionnements de la nouvelle saison ont commencé. Cela permet aux exportateurs de réduire les prix à l’exportation », a déclaré à Reuters un exportateur.

Toutefois, New Delhi a abaissé le prix plancher des exportations de riz basmati de $1 200 la tonne à $950 après que les agriculteurs et les exportateurs se sont plaints du fait que le blocage des expéditions nuisait au commerce. L’Inde avait imposé un prix minimum à l’exportation (MEP) de $1 200 dollars sur les expéditions de riz basmati en août afin de contenir les prix locaux avant les élections clés de l’État.

Au Vietnam, les prix du Viet 5 % ont augmenté à $640-$645 la tonne contre $625-$630 la semaine dernière sous l’effet d’une forte demande de l’Indonésie. En outre, les inquiétudes concernant la baisse des récoltes d’automne et d’hiver ont également soutenu les prix.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5 % ont chuté à $568-$570 la tonne contre $575-$580 la semaine dernière en raison de l’offre supplémentaire libérée par les meuniers. Toutefois, la demande de l’Indonésie a plafonné la baisse.

SUCRE

Le sucre se situe toujours sur un plus haut de 12 ans. Le roux coté à New York est passé de 26,85 cents la livre (lb) vendredi dernier à 27,94 cents hier soir sur l’échéance mars. Quant au sucre blanc, la tonne est passée de $ 726,50 à $ 734,2 hier sur l’échéance décembre.

« Alors que le premier producteur et exportateur mondial de sucre fonctionne à pleine capacité, le marché mondial du sucre est confronté à une crise imminente. Les perspectives sont simples : ultra-haussières » affirment les services de recherche tropicale de Mintec. Alors que les rendements agricoles de la canne à sucre au Brésil sont plus élevés que prévu et que prime la production de sucre au détriment de l’éthanol, la production de sucre brésilienne devrait augmenter. Mais les conditions météorologiques en Asie sont défavorables notamment en Thaïlande, deuxième exportateur mondial, en Inde et en Indonésie où les productions sont attendues en baisse. L’Organisation internationale du sucre (ISO) estime que le déficit mondial en sucre serait de 2,1 millions de tonnes (Mt) en 2023/24. Mais Alvean, le plus grand négociant mondial de sucre, l’estime à 5,4 Mt et Mintec à 6,4 Mt. Et Mintec de conclure que les prix ont le potentiel de dépasser le seuil de $30 la livre.

En Indonésie, la production indonésienne de sucre blanc devrait baisser de 4 % cette année, à environ 2,3 millions de tonnes, en raison du temps sec qui frappe les récoltes.

Autres Articles