Au Burkina Faso, la lauréate du prix de  l’IRD valorise les déchets organiques en biofertilisant

 Au Burkina Faso, la lauréate du prix de  l’IRD valorise les déchets organiques en biofertilisant

@ CommodAfrica

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Rencontre à Emerging Valley avec Adèle Rayangnéwendé Ouédraogo, chercheuse en agro-pédologie à l’Institut de recherche en sciences appliquées et technologies (Irsat) au Burkina Faso et co-lauréate de première édition des Trophées de l’Innovation lancées par l’Institut de recherche pour le développement (IRD). Avec ce concours, l’IRD entend inciter les jeunes scientifiques à développer des solutions innovantes et les accompagner dans la mise en œuvre de leur projet. Le prix est doté de €10 000 et d’un accompagnement d’une année pour la mise en œuvre du projet.

L’autre lauréate est la congolaise Clarisse Njovu Balegamire, géologue, qui valorise les rejets miniers dans l’Est de la RDC pour les utiliser dans la construction des routes.

Vous avez été primée aujourd’hui à Emerging Valley pour votre projet de valorisation des déchets pour renforcer les bonnes pratiques agroécologiques, quel a été sa genèse et ses applications ?

Je travaille sur la valorisation des déchets bio-ménagers et agro-industriels en fertilisants organiques pour une production agricole plus durable et plus résiliente au Burkina Faso.

Nous sommes partis du constat qu’au Burkina Faso les terres sont fortement dégradées et ont besoin d’être fertilisées en matières organiques. Pourtant dans nos villes de grandes quantités de déchets ménagers et agroindustriels sont produits et dont la mauvaise gestion entraîne des problèmes de pollution, de nuisance, de maladies comme la dengue ou le paludisme.

Notre équipe de recherche à l’Irsat a débuté en faisant des expérimentations sur le tri des déchets ménagers avec l’appui du programme ouest africain de leadership climatique pour les femmes (WafriCLP). Puis nous avons produits des fertilisants organiques que nous avons testé et validé et nous avons également fait des expérimentations sur le terrain.

Par la suite, avec l’accompagnement de l’IRD, nous avons créé une association qui se charge de produire ce compost en grande quantité pour le mettre à disposition des agriculteurs.

Grâce à nos travaux de recherche nous avons pu convaincre les acteurs et ensemble, en collaboration avec le conseil régional des Hauts Bassins, la commune de Bobo-Dioulasso, l’association des jeunes actifs pour le développement, et avec le soutien de la région Auvergne Rhône-Alpes, nous avons mis en place une plateforme pilote de compostage des déchets ménagers triés à la source. L’idée est d’étendre cela à toute la région des Hauts Bassins.

Ce sont les ménages et industriels qui collectent eux-mêmes les déchets ?

Nous donnons une deuxième poubelle aux ménages qui se chargent de faire le tri à la source. Ensuite, comme nous sommes toute une équipe, l’association des jeunes actifs pour le développement se charge de collecter ces déchets pour les transférer vers le site de compostage.

Nous avons également un site de compostage au terminal fruitier de Bobo-Dioulasso où nous compostons les déchets à base de mangue.

Avec ces deux plateformes, combien de biofertilisants produisez-vous ?

C’est notre première expérience. Nous avons déjà produit et vendu 60 tonnes de compost. Il a été très apprécié et nous ne parvenons pas à répondre à la demande.

Comment avez-vous financé votre projet ?

Pour l’expérimentation c’est le WafriCLP qui nous a financé et pour la mise en place de la plateforme pilote c’est la région Auvergne Rhône-Alpes.

Comment allez-vous utiliser le prix que vous venez de recevoir ?

Notre ambition est d’arriver à faire plusieurs formulations. Avec ce prix nous allons donc poursuivre nos recherches. Il existe aussi une diversité de déchets dans la zone qui ne sont pas valorisés, nous allons nous les utiliser pour faire plusieurs formulations que nous allons tester.

En même temps que nous testons, le compost issu de ces tests sera vendu.

Vous adaptez vos biofertilisants en fonction des sols ?

C’est l’une de nos ambitions également. Pour l’instant nous nous concentrons sur les formulations adaptées aux cultures. Nous souhaitons aussi faire des formulations de biofertilisants enrichis à des micro-organismes efficaces.

Les agriculteurs qui viennent se fournir en biofertilisant ont-ils des profils particuliers ?

Non ce sont tous les agriculteurs, des maraîchers, des arboriculteurs, des céréaliers, etc. Le ministère de l’Agriculture achète aussi de grandes quantités de fertilisants organiques pour les mettre à la disposition des producteurs dans le cadre de l’adoption de la stratégie nationale de l’agroécologie, dont l’objectif est de corriger les sols au Burkina Faso.

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