La relance de la culture du café, une priorité pour Nestlé Côte d’Ivoire

 La relance de la culture du café, une priorité pour Nestlé Côte d’Ivoire

@ CommodAfrica

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La consommation de café progresse en Côte d’Ivoire comme en Afrique de l’Ouest et centrale alors que la production baisse malgré les projets en cours du groupe suisse en partenariat avec la recherche nationale ivoirienne. L’usine de Nestlé en Côte d’Ivoire ne se fournit qu’en café vert de Côte d’Ivoire pour satisfaire ses marchés régionaux. Mais la situation devient délicate.

Mame Pane Sakho, directrice de la communication institutionnelle et des affaires publiques de Nestlé Côte d’Ivoire, explique à CommodAfrica la situation et les enjeux.

Pouvez-vous, à travers les ventes de votre groupe, donner une estimation de l’évolution de la consommation de café en Côte d’Ivoire ?

L’usine qui est implantée en Côte d’Ivoire depuis un peu plus de 60 ans, depuis 1959, fabrique du café qui est consommé en Côte d’Ivoire mais aussi dans de nombreux pays en Afrique de l’Ouest et centrale. D’année en année, on voit une évolution.

Cela va peut-être vous surprendre mais la Côte d‘Ivoire n’est pas le pays qui consomme le plus de café, même s’il est producteur. D’autres pays de la sous-région, comme le Burkina Faso et le Sénégal, en consomment davantage que les Ivoiriens ; c’est dans leurs habitudes alimentaires. Les Ivoiriens aiment peut-être davantage un café plus léger. Ceci dit, on voit la demande évoluer d’année en année dans cette région d’Afrique de l’Ouest.

Vous exportez vers le Cameroun alors que c’est un producteur de café…

Oui, nous exportons les produits finis vers le Cameroun car notre usine, qui couvre l’Afrique de l’Ouest et centrale, est basée en Côte d’Ivoire.

Vous produisez du café 100% Robusta dans votre usine en Côte d’Ivoire ou est-il mélangé à de l’Arabica ? Vous approvisionnez-vous en café ailleurs qu’en Côte d’Ivoire ?

Notre approvisionnement est uniquement de Côte d’Ivoire et ce n’est que du Robusta. On travaille avec des coopératives auprès desquelles on achète ce café vert qu’on transforme à l’usine.

La production caféière en Côte d’Ivoire a fortement chuté. Alors, disposez-vous de volumes suffisants pour répondre aux demandes nationale et régionale ?

On se bat et ce n’est pas tous les jours évident. Ces dernières années, la production ivoirienne de café a drastiquement chuté et justement, nous sommes en discussion avec les autorités ivoiriennes pour voir comment on peut contribuer à relancer la caféiculture dans le pays. Nous travaillons avec le Centre national de recherche agronomique, le CNRA, pour sélectionner des plantules de café qui sont résistantes aux maladies et au climat et qui pourraient permettre de renouveler le verger qui est assez vieux en Côte d’Ivoire. A une époque, nous avions distribué des plantules et nous voulons reprendre ceci avec, bien sûr, l’autorisation des autorités ivoiriennes. Car nous pensons qu’il serait dommage de devoir nous approvisionner hors de la Côte d’Ivoire pour satisfaire les besoins de transformation et répondre à la demande, alors que la Côte d’Ivoire est productrice de café.

Depuis combien de temps avez-vous ce programme avec le CNRA ?

Depuis plusieurs années maintenant. Nous avons une station de recherches agricoles qui est à Zambakro mais toutes les plantules qui doivent être mises à disposition des producteurs doivent être validées, bien sûr, par le CNRA. Donc c’est vraiment une collaboration étroite avec le CNRA depuis plusieurs années.

Comment expliquez-vous cette forte baisse de la production de café en Côte d’Ivoire alors que depuis des années des groupes comme le vôtre travaillent massivement à redynamiser le verger et la filière ?

Nous avons, bien entendu, essayé de comprendre et plusieurs raisons expliquent cela. Le changement climatique est un des principaux facteurs. D’autre part, la culture de café est beaucoup plus pénible que celle du cacao, requiert plus de main-d’œuvre et donc beaucoup plus de charges. Donc les producteurs vont vers des cultures qui peuvent être récoltées plus rapidement que le café et vendre leurs produits agricoles pour en vivre.

A une époque, la filière café était fortement subventionnée. Mais la Côte d’Ivoire s’est orientée vers une diversification et a développé d’autres cultures comme l’anacarde. Toutefois, elle a maintenu une subvention, qui est ce qu’elle est, pour le café.

La production ivoirienne est en chute, vos marchés local et régional sont en hausse. Comment parvenez-vous à satisfaire vos marchés à partir de votre usine en Côte d’Ivoire sans importer du café vert ?

Jusque-là, grâce au support du Conseil du café cacao, nous arrivons à acheter la quantité de café vert nécessaire pour notre usine de transformation, et nous espérons que cela va continuer.

Iriez-vous jusqu’à acheter au Vietnam, leader mondial du Robusta alors que la Côte d’Ivoire était 1er exportateur dans les années 70 et 80 ?

Nous n’en sommes pas là . Nestlé est disposé à contribuer à la relance de la filière café en Côte d’Ivoire, Jusqu’à maintenant, les autorités nous ont bien soutenus pour qu’on ait les volumes de café dont nous avons besoin pour notre usine.

Côté consommation, comment évolue-t-elle ? Quel type de café les Ivoiriens aiment-ils ? A quel moment de la journée ? Il est curieux que sur les dosettes de café vendues en Côte d’Ivoire, il ne soit pas mentionné que c’est un café « 100% Robusta Côte d’Ivoire ». …

Nous profitons d’occasions comme le SARA pour dire aux populations que le Nescafé est du café made in Côte d’Ivoire et que les ivoiriens peuvent en être fiers !

La consommation du café se fait généralement le matin.

Sur les paquets de café vendus par différents producteurs en Côte d’Ivoire, les arguments marketing ciblent les vertus quasi médicinales du café et non le moment de convivialité comme dans certains pays. Pouvez-vous m’expliquer cette sociologie de la consommation ?

Chez Nestlé, nous mettons l’accent sur la responsabilité et la durabilité, le fait qu’on accompagne les producteurs pour nous assurer que le café que nous utilisons dans nos usines a été cultivé de façon responsable. Nous les formons à la pratique de l’agriculture régénératrice notamment, et différentes autres activités qui nous permettent d’avoir un café certifié, responsable, durable.

La protection de l’environnement et la durabilité nous permettront de continuer à avoir du café pour les prochaines générations. Nous avons des engagements au niveau mondial et c’est, par conséquent, notre stratégie.

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