Le « Double appel » de Yaoundé : climat et rémunération

 Le « Double appel » de Yaoundé : climat et rémunération

@CommodAfrica

Partager vers

Si les séances de clôture de conférences internationales sont souvent insipides, celle -scientifique- du Conseil Interprofessionnel du cacao et café (CICC) sur l’« Approche pratique d’adaptation de la culture du cacaoyer et du caféier aux changements climatiques », jeudi 8 juin, fera figure d’exception.

Une conférence qui sonne comme une véritable « mise en demeure » face à l’urgence climatique et son impact sur les filières café-cacao, selon le président du CICC, Apollinaire Ngwe. Pour faire face, il faut une « synergie d’action » de la part des pays producteurs qui doivent, pour ce faire, « réviser leurs politiques agricoles », conseille le diplomate Aly Touré, également porte-parole des pays producteurs de cacao à l’Organisation internationale du cacao (ICCO) entre autres fonctions. D’ailleurs, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, a indiqué avoir « beaucoup travaillé avec les représentants de la Côte d‘Ivoire et du Togo », cette semaine, en marge de la conférence.

Des pays qui s’émeuvent de plus en plus de ce qu’en 40 ans, le prix de la tonne de cacao a chuté des trois quarts, comme l’a rappelé Aly Touré, passant de $ 10 000 à $ 2 500 la tonne environ. Mais là où le bât blesse davantage sont les 5 à 6% qui reviennent dans les pays producteurs sur les quelque $ 100 milliards que génère la filière cacao au niveau mondial. « Les prix au producteur sont calqués sur les cours mondiaux. Je lance un appel pour demander aux marchés de faire un effort », a lancé Aly Touré qui est aussi le représentant permanent de Côte d’Ivoire auprès des organisations internationales de produits de base.

« On n’échappera pas à la discussion sur les prix », a acquiescé le directeur exécutif de l’Organisation internationale du cacao (ICCO), qui a d’ailleurs appelé à « décommoditiser » le cacao, notamment. « Il faut développer la segmentation des marchés et développer les origines », Michel Arrion saluant au passage la création des centres d’excellence du cacao au Cameroun.

« Il faut aussi sensibiliser le consommateur final, celui qui fait ses courses dans les supermarchés », prône, pour sa part, la directrice exécutive de l’Organisation internationale du café (OIC), Vanusia Nogueira. « Il faut que les jeunes producteurs parlent aux jeunes caféiculteurs, que les consommatrices parlent aux productrices, etc. Si les consommateurs deviennent conscients des défis, ils seront sans doute prêts à payer plus cher leur café ».

Prenant la parole juste après Philipe Van Damme, représentant de l’Union européenne au Cameroun et préoccupé avant tout par l’agenda climatique, le ministre du Commerce du Cameroun s’est montré conciliateur. « Une véritable course contre la montre commence avec un défi supplémentaire », a-t-il déclaré. Les questions environnementales sont « fondamentales », convient-il, « celle de la rémunération décente des producteurs ne l’est pas moins. La conférence aurait un goût d’inachevé si elle n’intégrait pas le prix et la juste rémunération aux côtés des autres préoccupations. Il faut l’intégrer dans les conclusions. Nous nous battrons jusqu’au bout », affirme le ministre qui propose un « Double appel de Yaoundé : climat et rémunération. »

Autres Articles