Les néerlandaises LONO et Beyond Beans dans l’économie circulaire et l’agriculture régénératrice en Côte d’Ivoire

 Les néerlandaises LONO et Beyond Beans dans l’économie circulaire et l’agriculture régénératrice en Côte d’Ivoire

@ LONO

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La Côte d’Ivoire est un pays agricole regorgeant de ce fait une avalanche d’opportunités pour l’économie circulaire et l’agriculture régénératrice. Deux entreprises néerlandaises, implantées dans le pays, y assurent un précieux accompagnement notamment sur la chaîne de valeur du cacao.

Premier producteur mondial de fèves de cacao et de noix de cajou, cinquième fournisseur de noix de karité, septième de l’huile de palme… la Côte d’Ivoire demeure un référent incontestable de l’économie verte à l’échelle planétaire. Face aux enjeux du développement durable de l’agriculture, le pays se voit soumis à un certain nombre de défis.

Circularité et régénération

Au rang de ceux-ci la transformation agricole qui passe par la vulgarisation des mécanismes novateurs notamment l’économie circulaire et l’agriculture régénératrice. A noter que l’économie circulaire consiste à produire de manière durable en limitant la production de déchets ainsi que la consommation et le gaspillage des ressources. Tandis que l’agriculture régénérative permet d’éviter les perturbations mécaniques des sols tout en favorisant les cycles naturels entre deux cultures ou deux campagnes.

Pour l’atteinte de ces objectifs vitaux, les entreprises Néerlandaises LONO et Beyond Beans appuient la Côte. d’Ivoire. Alors que Beyond Beans veille à la durabilité de l’approvisionnement en matières premières dans toutes les chaînes des valeurs du leader mondial du négoce ETG ; LONO, de son côté, assure la production du compost, de l’engrais bio et de la bio énergie à partir de résidus agricoles collectés localement.

Une question de rentabilité

« Le fort potentiel agricole ivoirien offre un gisement d’opportunités en matière d’Agriculture durable et circulaire. », Justifie Mme Louise Bijleveld, cofondatrice de LONO avec M. Noël N’Guessan: « En Côte d’Ivoire en particulier et en Afrique de l’Ouest en général, les pratiques agricoles s’inscrivent foncièrement dans la dynamique de l’agriculture durable par endroit. Les acteurs agricoles ont pour culture d’utiliser moins de pesticides comparativement à l’Asie et l’Amérique latine. » Par ailleurs, le défi majeur pour la co-responsable de LONO demeure la transition vers une économie circulaire rentable pour les producteurs. En fait, Mme Bijleveld mesure le challenge : « Nous produisons le compost tout en sachant qu’il est impossible d’opérer un changement des comportements en un temps record. »

Le sol a besoin de temps pour s’adapter

Il faut par conséquent intervenir progressivement en démontrant la nécessité d’adopter le compost eu égard aux avantages qu’il procure. Le compost est plus accessible car moins coûteux en termes de coût de production. Toutefois, il revint aussi cher au producteur que des engrais chimiques car les volumes sont plus importants et les frais de transport avec. Ce n’est qu’après trois ou quatre années que le sol s’adapte.

L’autre avantage selon ces experts, concerne les déchets agricoles. Sur ce plan également, LONO fait parler son expertise : « Nous travaillons avec les agro-industries et sur différents types de sous-produits du cacao, du palmier à huile. A cela s’ajoutent les bananiers ainsi que les fientes de poulets et d’autres animaux pour produire du compost. A côté de cela, il y a la collecte de déchets ménagers associés aux déchets de petits producteurs. » ajoute la responsable de LONO.

Machines de compostage pour les cacaoculteurs

Les cacaoculteurs y sont sensibilisés et les avantages qui en découlent sont de plusieurs facettes. « Nous savons que la décomposition des cabosses de cacao est une source importante d’émissions de CO2 dans le système de production du cacao. Nous-nous efforçons de réduire ces émissions en formant les agriculteurs à des méthodes de compostage améliorées », indique M. Mattia Guglielmi de Beyond Beans.

Au-delà du compost et des engrais, les producteurs devraient mécaniser leur processus de production de compost. Pour ce faire, Beyond Beans distribue des machines de compostage Kubeko en milieu paysan. Faut-il le souligner, les machines Kubeko, par ailleurs développées par LONO, réduisent le temps de compostage de 60 % tout en limitant les émissions par rapport à une décomposition normale.

« En septembre », poursuit-il, « nous lançons un projet qui équipera les agriculteurs de petits fours pour pyrolyser les cabosses de cacao et produire du biochar. Le processus émet peu de gaz à effet de serre car il se déroule dans un environnement presque fermé. Mélangé à du compost, le biochar a un grand potentiel en tant qu’intrant agricole. »

Valorisation des produits dérivés

Pourquoi jeter la pulpe des cabosses de cacao alors que son goût est délicieux et peut procurer un revenu supplémentaire non négligeable ? Beyond Beans a répondu à cette question en créant dans la région de Daloa, une unité de production de jus de cacao. Pour M. Guglielmi « Avec le projet de jus de cacao, nous étudions les possibilités d’acheter ce jus et de transformer. Cela peut augmenter le revenu par kilo de cacao d’environ 15 à 30 % ».

A en croire les spécialistes, « Boire du jus de cacao aide à réduire les déchets, à diversifier les revenus et à avancer l’autonomisation économique des femmes, et si cela ne suffit pas, il a un goût étonnamment fruité ! Il a quelques notes de litchi, de poire et de citron vert et n’a pas du tout le goût du chocolat »,

Un soutien financier et technique des Pays-Bas

Toute la problématique et les chances de succès des projets d’économie circulaire et de l’agriculture régénératrice ne se résument pas aux seuls produits agricoles et à leur traitement. « Dans notre projet, un des éléments les plus importants a été le co-financement de l’agence pour les entreprises des Pays-Bas. Le gouvernement néerlandais a donné un co-financement pour construire le site de production de Yamoussoukro », explique Louise Bijleveld. « Cela a permis d’obtenir d’autres investisseurs et partenaires. »

C’était d’autant plus important que, le domaine de l’économie circulaire étant un concept relativement nouveau, il a fallu beaucoup de temps à LONO et d’investissements pour trouver une bonne équipe, « un personnel motivé et compétent car c’est un domaine technique. » La collaboration avec l’Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny a été déterminante, confie la chef d’entreprise.

« L’expertise des Pays-Bas a aussi été très importante, dans le cadre de plusieurs programmes d’échanges », souligne encore Bijleveld. « Une expertise technique mais aussi en matière de marketing et de test de rentabilité. »

Tout commence par bien comprendre les besoins des clients

Enfin, il faut être patient et rigoureux. LONO a mis en place de nombreuses parcelles de démonstration, surtout dans le secteur cacao, auprès de producteurs, de coopératives, de clients divers ainsi que du marché. Et la co-fondatrice de LONO finit par conclure avec un conseil : « Il faut rassembler beaucoup d’informations avant de commencer un tel projet et avoir des relations en Côte d’Ivoire pour comprendre les commentaires et les retours des clients.”

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