Très prisé par le consommateur, l’escargot en Côte d’Ivoire menacé de disparition

 Très prisé par le consommateur, l’escargot en Côte d’Ivoire menacé de disparition

@ CommodAfrica

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Très bon pour la santé et au palais, l’escargot en Côte d’Ivoire fait fureur ! Son ramassage excessif, la déforestation et les produits chimiques ont rendu la ressource sauvage plus rare, incitant l’Organisation nationale interprofessionnelle de la filière de l’escargot en Côte d’Ivoire (OnipeCI) de développer la filière d’élevage. En 2020 s’est tenue la 1ère édition du Salon national des découvertes de l’escargot d’élevage, en partenariat avec le ministère des Ressources animales et halieutiques.

Lors du SARA 2023, CommodAfrica s’est entretenu avec Bleu Bernus, président de l’OnipeCI et manager général de l’entreprise privée Côte d’Ivoire Escargot qui forme à l’élevage d’escargot : 30% des demandes sont des fonctionnaires.

En deux mots, pouvez-vous nous décrire Côte d’Ivoire Escargot ?

Nous sommes une entreprise ivoirienne spécialisée dans la production, la transformation et la commercialisation des produits dérivés à base d’escargots transformés et poids vifs.

Que représente le marché de l’escargot en Côte d’Ivoire ?

En Côte d’Ivoire, la demande est plus forte que l’offre. Aujourd’hui, environ 42 millions de kilos sont consommés par an. Or, avec le ramassage abusif, le pays ne dispose que de 8 millions de kilos d’escargots, c’est-à-dire seulement un cinquième des besoins nationaux. Les escargots sauvages voient leur nombre reculer à grands pas en raison des feux de brousse, l’utilisation de pesticides et surtout la déforestation. Or, face à cela, la population augmente et donc la demande. L’escargot sauvage en Côte d’Ivoire est menacé de disparition

Donc vous en importez ?

Les Ivoiriens vont les ramasser dans les zones forestières denses qui sont frontalières de pays comme le Liberia. On en importe ses pays frontaliers comme la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone où la forêt équatoriale est dense. Le Ghana vient acheter ses escargots chez nous.

Mais cette collecte et ces importations ne suffisent pas. C’est pourquoi nous sommes en train de développer l’élevage pour avoir des escargots en tout temps et en tout lieu.

Y a-t-il une différence de goût entre l’escargot sauvage et d’élevage ?

Ce qui change le gout des aliments ce sont les apports chimiques. Or, un éleveur d’escargot n’en a pas besoin puisque l’escargot est quasiment 95% végétarien. Donc l’aliment est bio. Si on donne à l’escargot des produits naturels, il conserve son gout naturel.

Pour un éleveur, il s’agit de reproduire chez lui le milieu de vie naturel de l’escargot. D’où notre slogan : « Le même escargot, le même goût ».

Quel est le marché de consommation ?

Pour le moment, la plus grande partie de l’offre d’escargots provient encore de la collecte sauvage. On ramasse les escargots en brousse. Il existe très peu d’élevage. C’est pourquoi nous invitons les Ivoiriens à venir à nos formations sur l’élevage d’escargots.

Y a-t-il une nette évolution du nombre d’éleveurs ?

Oui, nous formons des éleveurs depuis 2018. A ce jour, nous avons formé près de 2 000 producteurs au plan national. On compte aujourd’hui environ 800 fermes d’élevage en Côte d’Ivoire. Il faut être formé pour ouvrir son escargotière. Chez nous, à Côte d’Ivoire Escargot, nous proposons une formation comprenant deux séances de formation, une théorique en salle et une pratique sur le terrain. On forme aussi à tenir un compte d’exploitation, à gérer son entreprise.

Qui se forment ? Quelle est votre clientèle ?

Présentement, en Côte d’Ivoire, 30% de nos formations sont demandées par des fonctionnaires, 50% par des retraités et 20% par des jeunes. C’est une activité qui permet un complément de revenu, ce qui intéresse beaucoup les fonctionnaires et retraités. Quant aux jeunes, ils peuvent tirer leurs revenus de la vente d’escargots. Les jeunes ne peuvent plus rien attendre de la fonction publique ; ils doivent faire de l’auto employabilité par l’entreprenariat. Donc, nous promouvons l’entreprenariat auprès des jeunes en créant des fermes, des escargotières.

Y a-t-il des agriculteurs qui viennent vers vous pour diversifier leurs activités ?

Oui, nous le conseillons. Ceux qui ont des activités agro-pastorales peuvent intégrer les escargots. Ils peuvent aussi faire des lapins, de la pêche, de la volaille. 30% de nos formés détiennent déjà des domaines agropastoraux. L’escargot est donc un outil de diversification agricole.

En Côte d’Ivoire, à quelle occasion et comment consomme-t-on les escargots ?

Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, la vente se fait au poids vif : on décoquille pour faire des brochettes, des grillades avec une sauce traditionnelle. On le consomme aussi transformé : on le décoquille, on sèche la viande, on la pile en poudre ou en farine, et elle est utilisée dans la cuisine : on l’ajoute à la sauce. Des produits sont également vendus précuits.

Manger des escargots est festif. On le mange beaucoup en décembre alors que c’est la période de l’année où l’escargot hiberne en Côte d’Ivoire. Il est difficile à trouver. Mais par ce que c’est une viande sans graisse, sans cholestérol, il est très recherché en période de fêtes, lorsqu’on fait des excès alimentaires. Il est aussi recommandé pour ceux atteints d’obésité, de diabète, ceux sujets aux AVC, etc..

Combien coute une boite d’escargots ?

Le kilo tourne autour de FCFA 5 000 non décoquillé, au poids vifs. Vous avez cinq escargots aux 200 gr.

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