La Chronique matières premières agricoles au 1er novembre 2018

 La Chronique matières premières agricoles au 1er novembre 2018
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Un tweet, une élection et des monnaies. Le parfait mix pour des marchés de matières premières… Sans surprise, c’est Donald Trump qui a fait le buzz sur les marchés en twittant hier sur son “très bon échange” avec son homologue chinois, Xi Jinping. La guerre commerciale pourrait-elle être évitée ? Une perspective qui a bien impacté notamment les marchés de matières premières agricoles non alimentaires comme le coton ou encore le caoutchouc, mais également l’huile de palme, entre autres. L’élection, c’est bien entendu celle du Brésilien Jair Bolsonaro, le chouchou des marchés, à la présidence du géant agricole mondial, envoyant tout d’abord le real caracoler à son plus haut en 5 mois lundi, avant qu’il ne baisse. Les monnaies, c’est le real brésilien mais surtout le dollar qui a atteint mardi son plus haut en 16 mois face à ses bonnes performances économiques.

 

CACAO

Et ce serait reparti pour une récolte record chez le n°1 mondial de la fève. Mercredi, exportateurs et acheteurs ont déclaré qu’on était en route vers les 2,2 millions de tonnes (Mt) cette campagne 2018/19, avec une principale (octobre à mars) attendue à 1,7 Mt contre 1,5 Mt la campagne dernière. Un nouveau record. Ceci, bien évidement, a entrainé un mouvement de baisse des cours sur les marchés.  

Le cacao a terminé hier soir à Londres en dessous de la barre des £ 1 700, à £ 1 676 la tonne, partie de  £ 1 704 vendredi dernier. Rappelons que la semaine dernière, la tonne de fèves avait touché £ 1 716, son plus haut depuis juillet. New York, quant à lui, est à la hausse sur la semaine, clôturant à $ 2 264 alors que la tonne était vendredi dernier à $ 2 251, après avoir gagné 4,1% sur la semaine dernière. Des cours du cacao, notamment à Londres, qui ont subi mercredi la fermeté de la livre sterling face au dollar.

En Côte d’Ivoire donc, les arrivages de fèves aux ports d’Abidjan et de San Pedro ont atteint 246 000 t entre le 1er et le 28 octobre, bondissant de 46% par rapport au même mois en 2017, estiment les exportateurs. Sur la seule semaine du 22 au 28 octobre, ils ont totalisé 81 000 t contre 55 000 sur la même semaine l’année dernière, dont 48 000 t expédiées de San Pedro et 33 000 t d’Abidjan.

Chez le n°1 mondial de la fève, les exportations  de produits de cacao semi-finis (poudre et beurre) ont été en baisse de 1,2% sur la campagne 2017/18 par rapport à la précédente, à 431 614 t contre 437 718 t, dont 4 207 t de beurre (3322 t en 2016/17) et 1 999 t de poudre (2 732 t).

La province de Lampung à Sumatra en Indonésie, a exporté 241 tonnes (t) de cacao en octobre contre 304 t sur le même mois l’année dernière, selon les statistiques douanières publiées hier.

CAFE

Le Robusta a perdu une vingtaine de dollars entre vendredi dernier et la clôture d’hier soir à Londres, terminant à $ 1 730 la tonne. L’Arabica n’a rien à lui envier, parti de $ 1,1965 la livre (lb) en fin de semaine dernière pour terminer à $1,178 à Londres. Mercredi, l’Arabica est tombé à son plus bas en trois semaines avant de se ressaisir à l’approche de la clôture. Un café qui a trouvé un certain soutien dans la faiblesse du dollar et la fermeté du réal brésilien suite aux élections.

Sur les marchés asiatiques, la baisse des cours internationaux du Robusta cette semaine n’a guère incité les producteurs à vendre, alors que la récolte devrait atteindre son pic à la mi-novembre. On leur a proposé 36 300 dongs ($ 1,56) le kilo contre 36 800-37 000 dongs la semaine dernière, reflétant ainsi la baisse des cours à Londres. A l’export, les négociants ont proposé le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, avec une décote de $ 50 à $ 90 par rapport à Londres contre -$70 à -$ 90 la semaine dernière.

Les exportations du Vietnam, essentiellement du Robusta, ont bondi de 21,5% sur les 10 premiers mois de l’année calendaire, à 1,58 Mt ou encore 26,3 millions de sacs de 60 kg (Ms), selon le Bureau général des statistiques. Ses recettes ont progressé de 1,1%, à $ 2,98 milliards.

En Indonésie, la prime offerte pour le Grade 4, 80 défauts, par rapport au cours de Londres, a grimpé de $ 10, à $ 20-30 par rapport au contrat janvier. Mais il y a eu très peu de transactions car, rappelons-le, la récolte s’est achevée en septembre. A noter que les exportations de Robusta de la province de Lampung à Sumatra ont baissé de 7% en octobre, à 18 500 t, par rapport à l’année dernière, selon les statistiques gouvernementales publiées hier.

En Côte d’Ivoire, les exportations de Robusta ont totalisé 50 825 t sur les neuf premiers mois de 2018, bondissant de 48% par rapport à la même période l’année dernière, selon les données provisoires portuaires.

Au Brésil, les exportations de café ont totalisé 3,27 Ms en octobre contre 2,99 en septembre, selon le ministère du Commerce.

Au niveau mondial, les exportations de café, Arabica et Robusta, ont augmenté de 7,8% en septembre par rapport à septembre 2017, à 9,43 Ms, a annoncé hier l‘Organisation internationale du café (OIC). Ainsi, pour la campagne 2017/18 qui s’est achevée fin septembre, les exportations ont grimpé de 2%, à 121,88 Ms, dont 76,66 Ms d’Arabica (+0,8%) et 45,22 Ms de Robusta (+4,1%).

Côté entreprises, le géant américain Starbucks a annoncé que ses ventes au quatrième trimestre de son exercice – à nombre de magasins égal- ont augmenté de 4%, dont une progression de 1% pour la seule Chine. Sur l’ensemble de l’année, ses revenus progressent de 10%, à un record de $ 24,7 milliards. Rappelons qu’en juin, Starbucks avait annoncé la fermeture de 150 magasins aux Etats-Unis contre 50 les autres années, alors que les ouvertures s’accélèrent en Asie : 2 100 nouveaux magasins y seraient ouverts en 2019.

L’Italien Massimo Zanetti a annoncé acheter l’australien “The Bean alliance” pour € 14,9 millions, plus un éventuel “earn-out”. L’australien détient sept marques premium dont une de commerce équitable et une bio. L’accord devrait être bouclé d’ici le mois de janvier et s’inscrit dans la démarche des entreprises italiennes de se déployer à l’international face à la concurrence croissante sur leur marché national. Rappelons qu’en début de mois, Lavazza a annoncé racheter les activités café du géant américain Mars, alors qu’Illycaffé s’est associée avec JAB Holding pour que les dosettes Illycaffé soient compatibles avec les machines Nespresso.

CAOUTCHOUC

Le caoutchouc naturel n’avait pas connu plus triste mois depuis la mi-2016. Les cours ont chuté face à une offre mondiale en hausse alors que la consommation baisse sur son principal marché, la Chine. Et selon l’Association des pays producteurs de caoutchouc naturel (ANRPC), il ne faut pas attendre de hausse des cours en 2019.

Cette semaine a été à l’image du mois : sombre. Si le caoutchouc naturel sur le marché à terme de Kuala Lumpur a terminé en hausse aujourd’hui par rapport à hier, dans l’espoir d’un accord commercial entre la Chine et les Etats-Unis, ce qui serait bénéfique à l’industrie chinoise du pneu,  le marché a baissé de 3,9 yens le kilo sur l’ensemble de la semaine. Mardi, il était à son plus bas en 25 mois.

La situation de l’offre et de la demande et les mouvements de devises ne sont pas favorables. La hausse potentielle de l’approvisionnement pèse également sur le marché”, a souligné Jom Jacob, senior économiste à l’ANRPC. Un marché qui a été impacté, également, par la baisse des cours du pétrole, duquel est dérivé son concurrent le caoutchouc synthétique.

La production mondiale devrait augmenter de 5,8% en 2019 pour atteindre un record de 14,7 Mt, entrainée par la hausse attendue de 4,1% en Thaïlande qui récolterait un record de 5 Mt. De son côté, la production en Indonésie augmenterait de 1,5% à 3,83 Mt. Une production en hausse alors qu’en Inde ou encore en Malaisie, les faibles prix ont dissuadé les producteurs de saigner les arbres.  

Côté exportations, le Vietnam (3è producteur mondial) a enregistré une hausse de 13% de janvier à octobre par rapport à la même période l’année dernière, à 1,21 Mt, générant $ 1,66 milliard (1,066 Mt de janvier à octobre 2017 pour $ 1,79 milliard). Selon le Bureau général des statistiques, les exportations sont passées de 1,066 Mt en 2014, à 1,137 Mt en 2015, 1,252 Mt en 2016 et 1,381 Mt en 2017. La Chine, l’Inde et la Malaisie sont ses principaux clients.

La demande de la Chine, qui représente 40% du marché mondial du caoutchouc naturel, pourrait n’être que de 3,2% en 2019 contre 5,3% cette année, selon Jom Jacob. “La dévaluation du yuan a rendu très onéreuses les importations pour les fabricants chinois de pneus. Le coût de leur matière première augmente et heurte leur compétitivité.” A ceci s’ajoute un yuan qui aura perdu 1,4% de sa valeur, son septième mois consécutif de baisse, la plus longue de son histoire, renchérissant encore les importations.

Quant à la Côte d’Ivoire, premier producteur africain de caoutchouc, ses exportations ont grimpé de 11,2% sur les 9 premiers mois de 2018, à 519 268 t, selon les données provisoires portuaires.

A noter que la hausse du prix du pétrole, à partir duquel est fabriqué le caoutchouc synthétique, grand concurrent du naturel, n’a pas eu d’effet positif cette année sur ce dernier car, simultanément, les stocks de caoutchouc naturel en Chine ont gonflé, pensant sur les cours.

COTON

La perceptive d’une issue au conflit commercial américano-chinois a fait gagner hier 3,5% au coton sur l’échéance décembre à New York, clôturant à 79,6 cents la livre (lb). Il s’agit de sa plus forte progression sur une séance depuis le mois de juillet.

Une actualité qui a tranché dans un marché qui hésite entre une faible demande mondiale et une production en baisse, souligne le courtier Tom Christiansen de Foresight Brokerage. Une faible demande caractérisée par l’annulation durant quatre semaines consécutives de contrats par la Chine, souligne le Département américain de l’Agriculture, alors que la météo malmène les zones de production aux Etats-Unis, notamment l’ouragan Michael qui  a impacté les zones de production de Géorgie et d’Alabama en début de mois, et les fortes pluies ailleurs.

En Inde, le département américain de l’Agriculture (USDA) a révisé à la baisse ses précédentes prévisions de récolte 2018/19, à 28,5 millions de balles de 480 lb contre 28,7 millions estimées précédemment.  Elle était, selon l’USA, de 20 millions en 2017/18 et de 27 millions la campagne précédente. Les stocks d’ouverture de campagne sont révisés à la hausse, à 12,1 millions de balles contre 11,5 estimés jusqu’alors ; ils étaient de 11,1 millions la campagne dernière et de 9,9 millions en 2016/17.

Le Mali est en route pour une récolte record en 2018/19 estimée atteindre 750 000 t selon la Chambre d’agriculture, grâce à une bonne pluviométrie. Elle était de 730 000 t, rappelle l’organisme consulaire. Rappelons que la production s’étale de mai/juin à septembre/octobre, avec la période de récolte et de commercialisation d’octobre/novembre à la fin du mois de mars.

HUILE DE PALME

Après trois jours en baisse et après avoir touché aujourd’hui, en cours de séance,  son plus faible niveau en plus de 3 ans, à 2 108 ringgits la tonne, l’huile de palme clôture en hausse sur le marché à terme de Kuala Lumpur, à 2 153 ringgit ($ 517,55).    

Derrière ce renversement de tendance, se trouvent un prix du soja, le grand rival, en hausse à Chicago mais aussi le vent d’optimisme soufflant  d’une conférence qui se tient aujourd’hui en Malaisie et qui voit une hausse des cours l’année prochaine, de l’ordre de $ 50 à $ 100 tant pour le soja que pour le palme sur les 9 prochains mois. D’ailleurs, dans sa déclaration budgétaire aujourd’hui, le gouvernement de Malaisie a également a augmenté ses prévisions de prix de l’huile de palme pour l’année prochaine, à 2 400 ringgits contre 2 300 cette année. A noter que la Malaisie entend aussi accroître le taux d’huile de palme dans son biocarburant, à 10% dans le secteur transport et de 7% dans l’industrie, ce qui contribue à soutenir le marché.

D’autre part, la Chine pourrait porter son dévolu sur l’huile de palme par rapport au soja dans un contexte de guerre commerciale avec les Etats-Unis. Evidemment, au vu du tweet de Donald Trump sur la “bonne conversation” qu’il aurait eu avec le président chinois, si la guerre n’a pas lieu ou si elle est adoucie, on peut s’interroger sur la politique oléagineuse de Pékin.

Autre élément encore, à un tel niveau de prix, l’huile de palme devient très compétitive face à ses rivales. Une compétitivité que l’analyste industriel Dorab Mistry voit à 2 100 ringgits ($ 507,25) la tonne d’huile de palme.

Par conséquent, on pourrait penser que les prix de l’huile de palme vont atteindre un plancher, notamment avec la perspective d’un marché qui pourrait être globalement à l’équilibre l’année prochaine, selon Dorab Mistry. Il estime la production en Indonésie à 40 Mt (contre 38,5 Mt estimé précédemment) cette année avec des stocks de 5 Mt, et à 19,2 Mt avec 3 à 3,3 Mt en stock en Malaisie.

Quant à 2019, la production pourrait augmenter de 2,5 Mt, une hausse qui interviendrait un peu partout sauf en Indonésie, estime  James Fry, analyste chez LMC International. Pour sa part, il voit les prix de l’huile de palme de Malaisie à 2 450 ringgits ($ 587) d’ici le mois de juin prochain et à $ 555 la tonne en Indonésie.

RIZ

Un baht plus faible face au dollar, cette semaine, a pesé sur le prix du riz à l’export de Thaïlande, les brisures 5% cotant $ 380 à $ 400 la tonne contre $ 400 à $ 402 la semaine dernière.  A ce facteur monétaire s’est greffée une demande internationale atone pour le riz thaïlandais. En outre, on attend la nouvelle récolte, ce qui est un autre facteur pesant sur le marché. La Thaïlande qui devrait conclure d’ici la fin de l’année des accords avec les Philippines et la Chine. Selon la Rice Exporters Association, la Thaïlande devrait atteindre d’ici la fin de l’année son objectif d’exporter 11 Mt de riz.

Quant à l’Inde, le prix de son riz est resté stable cette semaine, à 361-367 la tonne de 5% brisures parboiled. Rappelons que c’est son niveau le plus bas depuis janvier 2017. On attend l’arrivée sur le marché de la nouvelle récolte mais la demande devrait aussi se dynamiser car le riz indien est actuellement moins cher que d’autres origines.  Cependant, il pourrait y avoir des achats du gouvernement indien, ce qui soutiendrait les prix et réduirait sa compétitivité. Rappelons que, pour cette nouvelle campagne, New Delhi a relevé de 13% le prix du paddy courant au producteurs par rapport à l’année dernière, à 1750 roupies les 100 kg.

Quant au Vietnam, le prix de son 5% brisures est également demeuré stable, à $ 410-415 la tonne. De janvier à octobre, ses exportations de riz ont grimpé de 3,4% par rapport à la même période en 2017, à 5,24 Mt, les recettes bondissant de 16,1%, à $ 2,64 milliards. Sur le seul mois d’octobre, les expéditions ont atteint 350 000 t, générant $ 180 millions.

De son côté, au 1er novembre, l’Egypte avait reçu 22offres suite à son premier appel d’offres internationales pour 2018. L’autorité compétente, la General Authority for Supply Commodities (GASC) continuera à recevoir des offres jusqu’au 12 novembre.

SUCRE

Le sucre roux a glissé vers les 13,19 cents la livre (lb) hier soir, parti de 13,84 cents vendredi dernier, tandis que le blanc, côté à Londres, perdait plus de $ 20, clôturant hier soir à $ 351,90 contre $ 372,90 vendredi dernier. Un marché qui, cette semaine, a suivi les évolutions de la monnaie brésilienne après les élections présidentielles du week-end dernier. Mais il n’y a pas eu que la politique.

La “glissade” n’aurait rien de trop inquiétant selon les observateurs, et ne remettrait pas en cause la tendance haussière de ces derniers temps.  Les prix ont grimpé récemment au dessus de niveaux techniques, ce qui explique le mouvement de correction. En outre, les spéculateurs sont  dans une phase d’achat. Surtout, il y a les prévisions du consultant Datagro  publiées mardi, qui anticipent une récolte dans le centre-sud du Brésil de 26,38 Mt en 2018/19 -la campagne tirant à sa fin-, son plus faible volume en 12 ans. Non seulement la récolte de canne est faible mais son utilisation pour la fabrication d’éthanol est élevée : selon les calculs de Datagro, 35,5% de la canne est actuellement utilisée à la fabrication de sucre. Evidemment, si les cours mondiaux du sucre continuent à grimper, l’industrie brésilienne sera tentée de consacrer à nouveau plus de canne au sucre.

Ainsi, Datagro  voit la campagne mondiale 2018/18 (octobre/septembre) déficitaire de 1,58 Mt. Surtout, il prévoit que ce déficit grimpera à 7,51 Mt en 2019/20 car, outre le Brésil, il a révisé à la baisse ses prévisions de production indienne, à 32,5 Mt contre 33,9 Mt estimées précédemment, et à 13,35 Mt en Thaïlande contre les 14,68 Mt anticipées jusqu’alors. Lundi, l’Indian Sugar Mills Association avait, elle aussi, révisé à la baisse ses prévisions de production, à 32 Mt contre 35-35,5 Mt estimées précédemment.

Des fondamentaux soutenus également par les développements en Inde où ressurgit la crainte de voir le géant exporter 5 Mt assez prochainement car les raffineurs pourraient vouloir saisir de suite l’opportunité des subventions. Les facteurs météorologiques interviennent aussi.?

Le Brésil a exporté 1,7 Mt de sucre en octobre contre 2,28 Mt en septembre, selon les chiffres du ministère du Commerce.

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