Les prix des produits agricoles baisseraient de 5% cette année

 Les prix des produits agricoles baisseraient de 5% cette année
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Si les prix de la plupart des matières premières agricoles semblent plutôt s’être stabilisés récemment, les facteurs qui exerçaient une pression à la baisse sont toujours là“, souligne la Banque mondiale dans son rapport biannuelle Commodity Markets Outlook d’octobre qui vient d’être publié. Ces facteurs comprennent des stocks historiquement élevés pour certaines céréales notamment le riz et le blé, des conditions météorologiques favorables dans certaines régions majeures de production, les tensions commerciales internationales, le faible coût de l’énergie et une demande qui faiblit pour certaines matières premières.

Globalement, l’Indice des prix agricoles de la Banque mondiale est en baisse de 2% sur ce troisième trimestre 2019 et il est 3,3% plus bas qu’à la même époque l’année dernière. Sur l’ensemble de 2019, les prix baisseraient de 5% avant de se stabiliser en 2020. En avril, la Banque mondiale avait estimé que la baisse serait de 2,6% cette année mais que les cours progresseraient de 1,7% en 2020. La correction est de taille.

Les importations de riz en Afrique continuent d’augmenter

Alors qu’ils étaient stables en début d’année, les prix du riz ont grimpé de près de 3% au troisième trimestre et sont 4% plus chers qu’il y a un an. La production mondiale devrait légèrement se contracter cette année en raison des pluies très fortes tombées en Asie du Sud-Est, notamment en Thaïlande et aux Philippines, mais  les conditions en Chine, en Indonésie, au Vietnam et ailleurs étaient bonnes. Etant donné la légère baisse anticipée de la demande, le ratio stock/consommation devrait être au plus haut depuis 20 ans.

Situation mondiale du riz

milliers de tonnes 2010/11 2016/17 2017/18 2018/19 2019/20
Production 451,6 491,1 494,9 499 497,8
Stocks 101,9 149,7 162,3 171,9 175,1
Exports 35,2 47,3 47,1 45,3 45,9
Imports 33,1 40,8 46,7 44,5 43,8

– Nigeria

2,4 2,5 2 2,1 2,2

– Côte d’Ivoire

0,9 1,3 1,4 1,5 1,6

– Sénégal

0,8 1,1 1,2 1,2 1,3

Source : Banque mondiale, Commodity Markets Outlook octobre 2019

 

 

Les prix du maïs ont baissé de 3% au troisième trimestre mais sont de 8% supérieurs à il y a un an. Les mauvaises conditions météorologiques aux Etats-Unis ont réduit l’ensemencement et la production mondiale est attendue en forte baisse cette année. Mais les récoltes en Europe, en Afrique du Sud, en Russie et en Ukraine seraient plus élevées.

Situation mondiale du maïs

milliers de tonnes 2010/11 2016/17 2017/18 2018/19 2019/20 prév.
Production 849,5 1125,2 1078,1 1123,2 1104
– Afrique du Sud 10,9 17,6 13,1 11,5 14
– Nigeria 7,7 10,4 11 11 11
Stocks 115,4 18815 18714 18297 18646
– Chine 2087 10632 9033 8885 8497
Exports 7717 8190 9095 9243 9270
Imports 7756 8128 9028 9243 9270
Source : Banque mondiale, Commodity Markets Outlook octobre 2019

La récolte mondiale de blé s’annonce record, à 765 millions de tonnes (Mt), en hausse de 5% sur la campagne dernière, alors que la consommation ne progresserait que de 2,5%. Cela fait deux décennies que le ratio stock/consommation n’a pas été aussi élevé.

Situation mondiale du blé

milliers de tonnes 2010/11 2016/17 2017/18 2018/19 2019/20
Production 650,7 756,4 762,3 730,5 765,2
Stocks 199,2 263,1 283,6 277,7 287,8
Exports 53,9 58,7 64,5 56,4 57,7
Imports 131,9 179,6 180 169,3 175,7
– Egypte 10,6 11,2 12,4 12,3 12,5
– Algérie 3,2 5,7 6,1 7,5 7,4
Source : Banque mondiale, Commodity Markets Outlook octobre 2019

 

L’indice oléagineux et tourteaux de la Banque mondiale s’est redressé au troisième trimestre après avoir chuté à son plus bas en 13 ans au second trimestre ; il est 7% plus bas qu’à la même période l’année dernière. Le plongeon sur ce troisième trimestre par rapport à celui en 2018 a été assez drastique pour l’huile de palme (-8%), l’huile de palmiste (-32%) et les tourteaux de soja (-13%). Ceci s’explique par les bonnes récoltes attendues dans la plupart des pays producteurs, les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, ainsi que la baisse de la consommation pour l’alimentation animale en Chine en raison de l’épidémie de fièvre porcine africaine.

Situation mondiale de l’huile de palme

milliers de tonnes 2010/11 2016/17 2017/18 2018/19 2019/20
Production 49206 65267 70610 74080 76014
– Nigeria 971 990 1025 1015 1015
Consommation 45571 61559 66495 72547 74564
Source : Banque mondiale, Commodity Markets Outlook octobre 2019

 

Les perspectives de production oléagineuse restent favorables pour la campagne en cours qui s’achèvera en septembre 2020, attendue en hausse de 1% en 2019/20, notamment sur le segment huile de palme en Indonésie (50% de la production mondiale) où les conditions météorologiques sont bonnes. En revanche, les graines oléagineuses sont attendues en baisse de 3% suite à la chute de 5% des graines de soja, les superficies emblavées ayant été réduites de 15% aux Etats-Unis ces deux dernières campagnes.  La Banque mondiale estime que les prix seront stables en 2020 après une baisse de 2% en 2019.

Le divorce du Robusta

L’Indice des boissons de la Banque mondiale est resté plutôt stable depuis le début de l’année (+0,4%) et en baisse quasiment d’un pourcent sur le troisième trimestre 2018. Mais au sein de l’indice, la situation entre produits a été contrastée. Sur l’ensemble de l’année 2019, il baisserait de 5% mais augmenterait de 2% en 2020.

Si les prix du cacao ont baissé de 2% au troisième trimestre, ils sont plutôt stables depuis 16 mois car la récolte record en Côte d’Ivoire a été compensée par une baisse des volumes au Ghana. Cette campagne, la production est attendue en hausse de 2% et les cours mondiaux n’évolueraient guère, avec une hausse de 2% attendue par la Banque mondiale l’année prochaine.

Situation mondiale du cacao

milliers de tonnes 2010/11 2016/17 2017/18 2018/19 2019/20 prév.
Production 4309 3997 4739 4651 4849
– Côte d’Ivoire 1511 1581 2020 1964 2220
– Ghana 1025 778 970 905 830
– Cameroun 229 211 248 250 270
– Nigeria 240 200 245 250 250
Broyages 3938 4127 4397 4596 4783
– Pays-Bas 540 534 565 585 600
– Côte d’Ivoire 361 492 577 559 590
Exportations 2996 2720 3265 3609 3084
– Côte d’Ivoire 1079 1089 1419 1958 1209
– Ghana 694 582 577 485 547
– Nigeria 219 180 305 236 333
– Cameroun 204 176 188 184 218
Importations 3357 3196 3851 3644 3629
Source : Banque mondiale, Commodity Markets Outlook octobre 2019

 

Les prix du café Robusta sont en chute libre de 11% au troisième trimestre par rapport à la même période en 2018, notamment à cause d’une offre en hausse de 4%. En revanche, les cours de l’Arabica ont grimpé de 4% ce troisième trimestre et ont progressé de 5% par rapport à la même période l’année dernière. En effet, l’offre est attendue en baisse de 8% , les pluies devraient entraver la production de l’année prochaine au Brésil et la baisse du real face au dollar a fait grimper les prix du café en monnaie brésilienne, ce qui impacte les flux.

Situation mondiale du café

milliers de tonnes 2010/11 2016/17 2017/18 2018/19 2019/20 prév.
Production 141409 161704 158651 174500 169130
– Ethiopie 6125 6943 7055 7250 7350
– Ouganda 3212 5200 4350 4800 4250
– Côte d’Ivoire 1060 211 248 250 270
– Tanzanie 1050 1050 1150 1300 1250
Consommation 134495 153839 159460 163887 167919
– Ethiopie 2860 3100 3150 3270 3350
Source : Banque mondiale, Commodity Markets Outlook octobre 2019
La dégringolade du coton

C’est un recul de 11% au troisième trimestre à un plus bas en quatre ans, et un plongeon de 23% par rapport à il y a un an pour le coton. En cause, une production attendue en hausse de 4% à 26,8 Mt en 2019/20, avec des hausses attendues dans la plupart des régions majeures de production comme l’Inde, les Etats-Unis et l’Afrique de l’Ouest. Face à cela, la Banque mondiale estime la consommation à 26,5 Mt, ce qui va gonfler les stocks, peser encore davantage sur les prix qui s’annoncent en baisse de 16% sur l’année 2019 avant de se redresser quelque peu en 2020.

Situation mondiale du coton

milliers de tonnes 2010/11 2016/17 2017/18 2018/19 2019/20 prév.
Production 25408 23094 26678 25752 26815
– Bénin 85 151 257 305 315
– Mali 109 261 196 275 309
Stocks 9463 18815 18714 18297 18646
– Chine 2087 10632 9033 8885 8497
Exports 7717 8190 9095 9243 9270
Imports 7756 8128 9028 9243 9270
Source : Banque mondiale, Commodity Markets Outlook octobre 2019

 

Le caoutchouc naturel a dégringolé de 14% au troisième trimestre après sept mois consécutifs de gains. En cause, la production de véhicules en Europe qui a baissé. De janvier à août, la production mondiale de caoutchouc a glissé de 4% par rapport à la même période en 2018 et les exportations sur le premier semestre ont chuté de 20% en Thaïlande et de 13% en Indonésie. Sur 2019, les prix sont attendus en hausse de 5% et de 4% en 2020.

Situation mondiale du caoutchouc naturel

milliers de tonnes 2010 2015 2016 2017 2018
Production 10403 12264 12603 13547 13876
– Côte d’Ivoire 231 351 468 604 624
Consommation 10759 12134 12685 13216 13766
Exports 8047 10200 10454 12167 12091
Imports 8681 10340 10764 12245 12425
Source : Banque mondiale, Commodity Markets Outlook octobre 2019

 

Le zéro croissance dans l’utilisation d’engrais en Chine

Après deux premiers trimestres en baisse, l’Indice des engrais de la Banque mondiale a encore perdu 4,2% au troisième. Sur l’année, ils glisseraient de 0,6% avant de grimper de 2,2% en 2020. Le prix de l’urée a gagné 2,9% au troisième trimestre car la demande a été forte, après une forte chute au premier semestre. Mais sur l’année, il perdrait 0,6% sur l’année avant de regagner 1,7% en 2020.

C’est la dégringolade pour le phosphate diammonique (DAP), dont les prix devraient chuter de 20,2% en 2019 et n’augmenter que de 3,3% en 2020. En septembre, les prix étaient au plus bas en 10 ans. En cause essentiellement, la baisse persistante de la consommation en Chine, le plus important consommateur mondial, qui met en place progressivement sa politique de zéro croissance dans l’utilisation d’engrais. Parallèlement, la production augmente au Maroc et en Arabie saoudite.

Les prix du  muriate de potasse (MOP) sont demeurés stables au troisième trimestre après de fortes hausses en début d’année. En septembre, les prix étaient de 23,2% supérieurs aux niveaux de début d’année, en raison d ‘une forte demande du Brésil et de Chine.

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