Elections, LID, Covid…. Quels impacts sur la filière cacao en Côte d’Ivoire et le marché mondial ?

 Elections, LID, Covid…. Quels impacts sur la filière cacao en Côte d’Ivoire et le marché mondial ?
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Alors que la campagne cacao 2020/21 vient de s’ouvrir, les regards sont plus que jamais tournés vers la Côte d’Ivoire étant donné la montée en puissance de la tension électorale avec l’approche du scrutin le 31 octobre. Un opérateur de la filière cacao a confié à CommodAfrica son analyse, préférant garder l’anonymat. Eclairage.

Quelle est votre lecture de l’impact de la situation politique ivoirienne sur le marché mondial du cacao ?

Sur le marché du cacao, les élections en Côte d’Ivoire sont toujours des causes de tension. Tout le monde garde un œil attentif en se disant que ça peut toujours dégénérer et mettre le feu au poudre sur le marché. Pour l’instant, il n’y a rien de concret : le marché réagit rarement tant qu’il n’y a pas d’affrontements réels. Actuellement, ce sont des tensions plus verbales que physiques entre Guillaume Sorro, Laurent Gbagbo -qui sont revenus en Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara. Cela peut malheureusement dégénérer mais pour l’instant, c’est toujours l’incertitude et il n’y a pas grand-chose à dire.

Le fait qu’en Côte d’Ivoire il y ait deux ports d’expédition du cacao, San Pedro et Abidjan, cela apaise-t-il le marché ? Car même au pire des événements en 2011, le cacao est sorti…

Il y a eu tout de même la période de l’embargo durant lequel rien n’est sorti. Tant qu’il y a des menaces mais que le cacao sort, le marché ne réagit pas forcément. Mais quand il y a eu l’embargo durant la guerre civile, le marché a vraiment explosé à la hausse car il n’y avait plus rien qui sortait malheureusement (lire nos informations du 18 janvier 2011 L’UE renforce ses sanctions à l’égard de la Côte d’Ivoire  et du  1er avril 2011 : Côte d’Ivoire: les sanctions européennes demeurent). Quant à l’existence des deux ports, c’est important ou non en fonction de la situation.

Pour revenir au marché, il a pas mal réagi la semaine dernière avec les échauffourées à droite et à gauche et on voyait ça plus comme une anticipation. Depuis, le marché s’est calmé mais c’est quelque chose qui couve et qu’il faut garder à l’esprit. C’est-à-dire qu’au-delà de tous les fondamentaux du cacao, de la récolte, la météo, etc., il y a ces élections qui sont la donne imprévisible sur le marché.

S’il n’y avait que les fondamentaux, le marché serait plutôt baissier ?

Au niveau de l’offre et de la demande, il n’y a pas trop à s’inquiéter. On voit une récolte sur octobre-décembre démarrer lentement, plus lentement que les autres années en tous cas. Ca peut s’améliorer ensuite sur janvier-mars. Mais en face il y a la demande avec l’effet Covid, ce qui fait qu’il n’y a rien d’alarmant sur les fondamentaux. Donc,  a priori, il n’ y a de vrai dynamique haussière pour le marché. Il ne faut pas être trop baissier non plus car en ces périodes électorales, il vaut mieux attendre et voir car c’est toujours un peu la surprise. La question de savoir si elles vont vraiment avoir lieu ou non se pose aussi ; la Covid va-t-elle servir d’excuse ou non? Tout est possible.

Avec ces élections, toutes les analyses sont possibles, tout est envisageable.

Cette incertitude est haussière ?

Oui, car même si on se rendait compte demain que la récolte est extraordinaire -ce qui n’est pas le cas, même si tous les fondamentaux montraient un potentiel baissier, je pense que personne ne serait vraiment très à l’aise. C’est le gros risque du moment.

Quelle part de la récolte 2020/21 est-elle déjà prévendue incluant le différentiel de revenu décent  (DRD, LID en anglais) de $ 400 ?

La Côte d’Ivoire a déjà vendu 1,4 million de tonnes (Mt) et 450 000 t pour le Ghana sur la campagne 2020/21. Ils sont en retard par rapport à l’année dernière. Le LID en est la raison principale car cela a mis du temps à se mettre en place et l’industrie a mis du temps à passer aux achats. Au début, il y a eu de gros achats en blocs faits par certains opérateurs et donc il n’y a pas eu les volumes réguliers habituels. Ensuite, il y a eu la Covid qui a ajouté à l’incertitude. Donc tous les gros groupes chocolatiers et les industriels -qui, d’habitude, se couvrent davantage à l’avance- se trouvent dans l’expectative et s’interrogent : que va donner la consommation, les stocks, le LID est-il justifié, est-on prêt à payer  le LID + le différentiel, etc. ? Ce qui fait que le marché, habituellement à beaucoup plus long terme, est devenu plus spot, plus immédiat. Les opérations se font davantage au fil de l’eau.

Si on atteint un prix plus élevé que les $ 2900, sait-on si la Côte d’Ivoire a déjà mis en place le  fond où serait versé l’excédent ?

Aucune idée… Au début, il avait été dit que si le prix de $ 2 900 était dépassé, il y aurait un fonds de réserve qui servirait à soutenir le prix au producteur si les cours mondiaux baissaient. Mais je ne sais pas ce qu’il en est de ce fonds. De toute façon, les prix n’ont pas dépassé ce seuil.

Actuellement, on est plutôt autour des $ 2600 qui était l’objectif de prix recherché ?

En dollar, oui, on est plus ou moins autour de ce prix  d’équilibre recherché, mais clairement pas en mesure de mettre dans un fonds de réserve. En outre, ce prix de $ 2 900 est un travail de moyenne. Ce niveau n’est pas atteint et il y a peu de chance qu’il le soit.

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