La Chronique Matières du Jeudi (10/03/2016)

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L'annonce aujourd'hui par la Banque centrale européenne d'un abaissement à zéro pourcent de son taux directeur, permettant ainsi aux établissements bancaires d'emprunter gratuitement auprès de l'institution centrale, a fait bondir l'euro à son niveau le plus élevé en trois semaines face au dollar après avoir touché un plus bas en 6 semaines.

 

CACAO

Le cacao termine aujourd'hui au plus haut en deux mois, en hausse de  17 la tonne à £ 2 238, les prix réagissant à la perspective d'une récolte en Afrique de l'Ouest plus faible qu'anticipée. Pourtant, il a plu mardi mais sans doute pas assez et/ou trop tard pour estomper l'impact qu'ont eu le temps très sec et l'harmattan qui a soufflé très fort tous ces derniers mois. Ainsi, les yeux sont rivés au ciel , guettant la pluie ces prochaines semaines. "Si la pluie revient, les prix risquent de repartir à la baisse", souligne un observateur du marché.

Les arrivages aux deux ports d'Abidjan et de San Pedro ont atteint 1 194 000 t au 6 mars et depuis le début de la campagne, le 1er octobre, selon les estimations des exportateurs, en baisse par rapport aux 1 208 000  t sur la même période la campagne dernière.

CAFÉ

Le café termine aujourd'hui sans guère de direction, la livre d'Arabica s'établissant à $ 1,2215  et la tonne de Robusta à $ 1 402.

La production brésilienne, n°1 mondial du café, serait de 51,8 millions de sacs de 60 kg (Ms) en 2015/16, selon une note diffusée hier par Rabobank, en hausse de 2,6 Ms sur la campagne dernière. Ce volume est en-dessous des attentes du marché mais la banque estime que la production d'Arabica sera en hausse de 6,5 Ms à 39,2 Ms, avec beaucoup de gros grains contrairement à la campagne précédente. La banque a, d'ailleurs, souligné que si les prix n'étaient pas considérés suffisamment attrayants et le réal assez favorable, les producteurs pourraient pratiquer la rétention.

En revanche, la production de Robusta baisserait de 3,9 Ms, à 12,6 Ms, des chiffres bien inférieurs aux prévisions initiales qui étaient de 16 Ms. Cette chute serait liée à la sécheresse prolongée dans les zones de production, notamment dans l'Etat d'Espirito Santo, mais aussi aux mesures restreignant le recours à l'irrigation d'octobre à janvier, sans oublier l'invasion d'insectes, la cochonilha da roseta. Le Robusta dont Rabobank estime le potentiel de production brésilien à 20 Ms.

Par ailleurs, la banque a révisé ses estimations pour la production brésilienne 2015/16 à 49,2 Ms contre 48,4, chiffre avancé précédemment.

En février, le Brésil a exporté 2,7 Ms, en hausse de 0,8% sur janvier et de 1,5% par rapport à février 2015, a annoncé aujourd'hui l'association d'exportateurs CeCafe, saluant l'efficacité des producteurs brésiliens qui ont su maintenir le cap alors que les conditions météorologiques étaient défavorables. En revanche, les recettes d'exportation ont chuté de 23,1% par rapport à l'année dernière. Les Arabica de belle qualité ont représenté 82,3% du total. Les Etats-Unis sont demeurés le premier marché avec 20% des exportations totales, suivis du Japon (15%), de l'Italie (14%) et de l'Allemagne  (11%).

Côté entreprises, l'italien Lavazza a enregistré des recettes en hausse de près de 20% en 2015, à € 1,7 milliard, suite au rachat du français Carte Noire, a annoncé le groupe aujourd'hui. Cette vente finalisée, d'une valeur de € 700 à 750 millions, l'italien devient le n°1 en France. Rappelons que le géant Mondelez l'avait mis en vente en février 2015 face aux craintes de Bruxelles de voir les règles de la concurrence bafouées après son accord de rapprochement avec D.E. Master Blenders 1753 pour créer JDE, le plus grand groupe de café. En outre, le groupe entend porter à 70% ses ventes à l'export contre 55% l'année dernière.

CAOUTCHOUC

Jusqu’au début de semaine, les cours du caoutchouc ont gagné plus de 15% en cinq jours avec la reprise des prix du pétrole et une diminution des  craintes sur le ralentissement de l’économie chinoise. Mais à partir de mardi, l’élan s’est brisé contre les statistiques du commerce extérieur chinois – plus faibles qu’attendues – et l’appréciation du yen face au dollar. Mercredi, les cours s’affaissaient davantage, perdant 4,7 yens  à la clôture à 172,8 yens pour le contrat d’août et perdant ainsi 3,7% de sa valeur en deux jours. A la faiblesse du dollar se sont ajoutés les indicateurs économiques du Japon soulignant la faiblesse de la consommation privée.

Les stocks de caoutchouc brut dans les ports du Japon  se sont élevées à 13 774 tonnes en date du 29 février, en baisse de 5,4 %  par rapport au dernier inventaire, selon les données de la Rubber Trade Association of Japan.

Les exportateurs de caoutchouc en Indonésie ont accepté de réduire leurs exportations de caoutchouc en ligne avec l’accord tripartite – Agreed Export Tonnage Scheme (AETS) – signé le 4 février entre les gouvernements d’Indonésie, de Malaisie et de  Thaïlande (International Tripartite Rubber Council -ITRC) –  pour réduire l’offre mondiale de caoutchouc naturel  entre le 1er mars et le 31 août 2016. Rappelons que dans le cadre de l’AETS, la Thaïlande doit réduire ses exportations de caoutchouc naturel de 324 005 tonnes, l'Indonésie de  238 736 tonnes  et la Malaisie de  52 259 tonnes. Au total, les pays membres de l'ITRC ont convenu de réduire les exportations de caoutchouc naturel de 615 000 tonnes entre mars et août.

COTON

La reprise a été de courte durée. Les cours du coton se sont repliés mercredi à la suite du rapport sur l’offre et la demande du département américain de l’Agriculture (USDA), légèrement modifié mais toujours largement baissier, tandis que l’incertitude sur le rythme auquel la Chine va vendre ses stocks massifs continu de peser sur le marché. Le contrat de mai a clôturé à 57,59 cents la livre. Les cours se sont donc légèrement appréciés par rapport au plus bas de plus de  6,5 ans atteint la semaine dernière à 54, 43 cents la livre mais demeurent bas.

L’USDA a légèrement abaissé ses prévisions pour les stocks mondiaux à 103,3 millions de balles de coton à la fin juillet,  suite à la révision à la baisse de la production  en Inde et au Pakistan – tandis qu’elle est augmentée en Australie.  La consommation  a été revue à la baisse au Pakistan et au Maroc. L'agence a maintenu sa prévision sur l’offre et la demande pour la Chine et les Etats-Unis.

Dans son rapport, l’USDA a estimé l’ensemble des réserves de coton en Chine, dont la majorité sont aux mains de l'Etat, à 64,5 millions de balles, ce qui représente plus de 60% du total mondial et deux années de consommation.

L’Inde, faisant fi des menaces de Monsanto, a coupé  de près de 70% les redevances payées par les firmes locales pour le coton OGM. Elle a également décidé de plafonner les  semences OGM à 800 roupies le paquet de 400 grammes suite aux appels de certains gouverneurs d’Etat et d’agriculteurs à réduire les variétés Bt, qui représentent aujourd’hui plus de 90% du marché.  Les semences de coton BT sont vendues entre 830 et 1 100 le paquet.  

Les entreprises locales de semences se sont plaintes des royalties élevées imposées par Mahyco Monsanto Biotech (MMB), la joint-venture entre Monsanto et l’indien Mahyco. Dans le prolongement, le ministère indien de l’Agriculture a formé un groupe spécial pour examiner la question et a donné raison aux compagnies locales.  De son côté, MMB a déposé une plainte devant le tribunal de Delhi, contestant l'autorité du groupe spécial pour déterminer le montant des royalties  convenu entre MMB et un certain nombre d'entreprises de semences indiennes. En parallèle, l’autorité de la concurrence, la Competition Commission of India, a suspecté le mois dernier MMB d’avoir abusé de sa position dominante et a donné un délai de deux mois à son directeur général pour apporter des réponses.

HUILE DE PALME

La sécheresse qui sévit chez les principaux producteurs d’huile de palme a fait grimpé mercredi les prix de l’huile de palme à 2 558 ringgits ($620,62) la tonne pour le contrat de mai sur la Bursa Malaysia Derivatives Exchange. La reprise des cours du pétrole et la faiblesse du ringgit ont également apporté un support au marché.

Réunis lors d’une conférence à Kuala Lumpur les analystes convergent vers une réduction des approvisionnements en 2016. L’analyste Dorab Mistry estime que les cours pourraient grimper de près de 20% à 3 000 ringgits la tonne. De son côté, James Fry, président de LMC International, table sur une baise de plus de 2 millions de tonnes de la production mondiale d’huile de palme.

En outre, les exportations sont en nette reprise sur les 10 premiers jours de mars, en progression de 31% pour Interlek et de 57% pour SGS par rapport à la même période en février. Une hausse consécutive à une reprise de la demande de l’Inde.

RIZ

Les prix du riz à l’exportation en Asie sont en hausse cette semaine. Au Vietnam, les prix sont montés à un plus haut de trois mois avec en toile de fond des préoccupations sur le temps sec qui sévit, tandis qu’en Thaïlande l’impulsion est venue du renforcement du bath. La salinisation causée par le temps sec a également endommagé 160 000 hectares de la récolte hiver-printemps dans le Delta du Mekong, soit 10% de la récolte.

Le Viet 5%  situait à $370- $375 la tonne contre $355- $367 la semaine dernière. Quant au Thaï 5%  il se négociait à $ 360- $ 371 la tonne, soit en dessous ru riz vietnamien. La hausse des prix a toutefois été plafonnée suite à la décision de  la société indonésienne Bulog de  suspendre les négociations pour des importations de riz avec Cambodge, le Pakistan, la Thaïlande et le Vietnam.

BMI Research estimait cette semaine que la sécheresse en  Thaïlande et une faible mousson en Inde causées par le phénomène d’El Nino devraient heurter la production de riz en 2015/16. Elle glisserait de 0,6% à 475 millions de tonnes représenterait la première baisse depuis 2009/10.

En février, les cours mondiaux du riz se sont raffermis sous l’impulsion d’une forte demande d’importation indique Patricio Mendez del Villar dans son rapport mensuel du marché mondial du riz Osiriz. En outre, la baisse relative du dollar face aux monnaies asiatiques a contribué à la fermeté des cours.

En Afrique sub-saharienne, les importations devraient atteindre 14,6 millions de tonnes en 2016, soit environ 45% des besoins du continent.

SUCRE

Le prix du sucre roux est au plus haut en sept mois aujourd'hui sur le marché à terme de New York ce jeudi, soutenu par la fermeté de la monnaie brésilienne, le real. Le roux termine ce soir à 14,82 cents la livre et le blanc à $ 426,80 la tonne. Selon un trader, le sucre roux devra affronter une résistance très forte pour dépasser les 15 cents la livre.

Les pronostics vont bon train. Platts Kingsman prévoit des broyages de canne à sucre  de 620 millions de tonnes dans le Centre-Sud du Brésil en 2016/17 contre 595,5 Mt en 2015/16 et une production de sucre dans cette même région, à 35,1 Mt, en hausse de 2,1 Mt sur la précédente récolte qui s'achève , d'avril 2015 à mars 2016.

La Commission européenne ne serait guère pressée à intervenir face à la situation très étroite sur le marché du sucre de l'UE qui a enregistré sa plus faible récolte de betterave sucrière en 4 décennies. Les prix intérieurs élevés (en Italie, les prix cette semaine sont à € 610-620 la tonne, soit 50% plus cher que le marché international) avaient laissé supposer que Bruxelles interviendrait. Mais le négoce considère que la Commission pourrait attendre que les navires se chargent dans les ports brésiliens et que les perspectives de récolte de récolte se dessinent en Afrique australe pour intervenir. Le comité de gestion du sucre est programmé pour la fin du mois mais rien ne laisse supposer que des mesures seront alors annoncées.

Les importations russes ont baissé de 15 400 t en janvier, à 144 700 t, selon les chiffres de la douane.

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