La Chronique Matières Premières Agricoles au 11 janvier 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 11 janvier 2018
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L’euro (et donc le franc CFA) termine la semaine sur un regain de vigueur face au dollar, se situant autour de $ 1,20, suite à la publication hier de chiffres témoignant d’une baisse inattendue des prix à la production aux Etats-Unis en décembre; les prix à la consommation en décembre doivent être publiés aujourd’hui. Sur les marchés financiers, Wall Street a clôturé hier soir à des niveaux records, soutenus par l’optimisme des investisseurs avant que différentes entreprises, notamment les grandes banques comme JP Morgan Chase et Wells Fargo, ne publient aujourd’hui leurs résultats.

Le baril de Brent a franchi hier, brièvement, la barre des $ 70 pour la première fois depuis décembre 2014.

CACAO

Le prix du cacao a grimpé sur la période sous revue, terminant hier soir sur le marché à terme de Londres à £ 1 396 la tonne, partie de £ 1 364 vendredi dernier, tandis qu’à New York, la tonne de fèves clôturait à $ 1 928 après avoir touché en cours de séance un plus haut en cinq semaines à $ 1,96. Vendredi dernier, la fève à New York cotait $ 1 895 en fin de journée.

Les tensions militaires en Côte d’Ivoire, notamment à Bouaké mercredi, ont quelque peu soutenu les marchés, bien qu’au pire de la crise ivoirienne en 2010-2011, la filière cacao n’avait guère été impactée. Autre facteur ivoirien ayant impacté le marché cette semaine, l’annonce que le Conseil du café-cacao (CCC) a dû revendre 100 000 t de contrats risquant de faire défauts en décembre (lire nos informations). 

Le rythme des arrivages aux ports ivoiriens s’accélère, avec 78 000 t livrées aux ports d’Abidjan et de San Pedro durant la période du 1er au 7 janvier contre 67 000 t sur cette même semaine l’année dernière, selon les exportateurs. Cependant, depuis le début de la campagne le 1er octobre, les volumes d’arrivages aux deux ports demeurent inférieurs aux volumes de l’année dernière, à 919 000 t contre 962 000 t.

Les broyages ivoiriens sont en hausse de 2% depuis le début de la campagne 2017/18, qui a démarré le 1er octobre, à fin décembre, selon l’association des exportateurs Gepex, à 124 000 t. Cependant, sur le seul mois de décembre, les broyages ont baissé à 39 000 t contre 40 000 t en décembre 2016. Notons que les chiffres du Gepex ne portent que sur les 6 plus grandes industries de broyages sur les 12 en activité.

Notons qu’aucun chiffre n’est publié au Ghana depuis le début de la campagne.

En Indonésie, les exportations de Sulawesi ont totalisé 1 072 t en décembre, en chute de 85% sur décembre 2016, selon les données statistiques de l’industrie

Le marché est également dans l’attente de la publication la semaine prochaine des chiffres de broyages, certains traders interrogés par Reuters s’attendant à une hausse de 3% aux Etats-Unis sur le quatrième trimestre 2017 et de 2% en Europe. Les chiffres européens devraient être publiés lundi et ceux des Etats-Unis jeudi.

CAFÉ

L’Arabica a clôturé à $ 1,228 la livre (lb) à New York hier soir, le Robusta quant à lui grimpant à $ 1 727 la tonne. Vendredi dernier, ils cotaient respectivement $ 1,2845 la lb et $ 1 724 la tonne.

Sur les marchés asiatiques cette semaine, les volumes de transactions sont demeurées faibles mais avec des prix en hausse. Au Vietnam, le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, a affiché une décote ramenée à $ 30 à $ 45 la tonne par rapport à la position mars à Londres contre une décote de $ 60-65 la semaine dernière. Des traders pris en étau entre des producteurs qui ne veulent pas vendre à moins et des importateurs qui trouvent trop cher le Robusta vietnamien. En Indonésie, le Grade 4 80 défauts s’est vendu à prime de $ 160 la tonne sur le prix côté à Londres sur l’échéance mars.

Le marché a les yeux rivés sur les volumes élevés de production tant en Arabica qu’en Robusta, au Brésil, au Honduras, au Vietnam, en Inde, en Ouganda, au Mexique, en Ethiopie, au Pérou, compensant largement la baisse en Indonésie. Les chiffres publiés mercredi par l‘Organisation internationale du café (OIC) font état d’une production 2017/18 en hausse de 0,7% sur la campagne précédente, à 158,78 millions de sacs de 60 kg (Ms). L’Arabica représenterait 97,32 Ms, en baisse de 1,1% sur la campagne précédente, et le Robusta à 61,46 Ms, en nette hausse, de 3,7%, sur 2016/17, notamment à cause du Vietnam (+11,6% attendue, à 28,5 Ms). Pour sa part, la consommation mondiale de café devrait atteindre 157,6 Ms en 2017/18, en hausse sur les 155,1 Ms consommés en 2016/17. A noter que l’OIC a révisé à la hausse ses prévisions sur la campagne achevée, 2016/17, à 157,7 Ms alors qu’en novembre, elle l’avait estimée à 157,4 Ms.

En 2017, le Vietnam, n°1 mondial du Robusta, a exporté 1,44 Mt (24 Ms), en baisse de 19% sur 2016, selon les chiffres publiés aujourd’hui par les douanes. En valeur, la baisse a été de 2,7%, à $ 3,24 milliards. Cependant, sur le seul mois de décembre, les exportations ont bondi de 57,6% par rapport à novembre, à 158 000 t.

Au Brésil, les conditions météorologiques demeurent bonnes pour le développement des caféiers. L’agence statistique IBGE – l’alter ego de Conab- estime à 53,2 Ms la récolte 2018 à venir, soit 14,9% de plus qu’en 2017. Il estime les volumes d’Arabica à 41,4 Ms (+18,6%) et le Robusta à 11,78 Ms (+3,8%).

Côté distribution, notons qu’au Royaume uni les supermarchés Waitrose ont retiré de leurs rayons les boîtes de café italien Saquella 1856 car il y figurait des images d’esclaves sur les plantations au XIXème siècle au Guatemala. Saquella 1856 a présenté ses excuses aux consommateurs.

CAOUTCHOUC

Le marché du caoutchouc s’est légèrement redressé sur la semaine sous revue pour clôturer jeudi à 206,9 yens ($1,85) le kilo sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) contre 204,8 yens vendredi dernier, en baisse de près de 1% sur la semaine les investisseurs prenant leurs bénéfices avant le long week-end, le Tocom étant fermé lundi. Toutefois, le marché n’a guère reçu de soutien du plan de réduction des exportations de 350 000 tonnes des trois principaux producteurs d’Asie.

Les stocks de caoutchouc brut dans les ports japonais s’élevaient à 10 739 tonnes au 20 décembre, en hausse de 10,3% par rapport à la dernière date d’inventaire, selon les données de l’Association japonaise du caoutchouc.

COTON

Jeudi, les cours du coton ont atteint la limite up, grimpant de près de 4% pour atteindre à la clôture 82,65 cents la livre pour le contrat de mars dans un marché très ferme. Vendredi dernier le coton avait clôturé à 78,01 cents la livre. « Le marché est incompréhensible » estime un négociant. Des négociants qui sont dans l’expectative, faisant face à des besoins de trésorerie importants et craignant une réplique de la crise de 2011.

Plusieurs éléments concourent à ce trend haussier. Une forte pression acheteuse des fonds d’investissement, qui attendent et poussent le marché. S’ajoutent des ventes américaines de coton très élevées, près de 275 000 balles pour la semaine se terminant le 4 janvier, en hausse de 42% par rapport à la semaine précédente et de 16% sur la moyenne des quatre semaines. Mais aussi en raison d’un nombre important d’achats à fixer par les filateurs, qui seraient d’environ 50 000 sur le seul mois de mars. Or, « Plus le marché monte moins les acheteurs fixent ». Personne ne s’avance à faire des pronostics sur l’évolution à venir du marché, qui pourrait continuer à monter et peut-être même s’emballer si la Chine, comme la rumeur court, annonçait des quotas à l’importation. « Les prix pourraient alors dépasser le $1 la livre » ajoute le négociant.

La Société burkinabè des fibres textiles (Sofitex) du Burkina Faso a bouclé le financement de sa campagne cotonnière 2017/18 en signant une convention de financement de €65 millions auprès d’un pool de banques internationales (cf. nos informations).

En Côte d’Ivoire, quatre nouveaux exportateurs ont été agréés pour la campagne 2017/18 (cf.nos informations). 

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme se sont légèrement affaissés cette semaine avec une évolution en dent de scie. Jeudi, ils clôturaient à 2567 ringgits ($644,17) la tonne, en légère baisse suite à l’appréciation du ringgit, contre 2 615 ringgits ($655,06) la tonne vendredi dernier. La hausse des stocks pèse également sur les cours.

Les stocks de l’huile de palme ont augmenté de 7% en un mois pour atteindre 2,7 millions de tonnes (Mt), un sommet de plus de deux ans, a annoncé mercredi le Malaysian Palm Oil Board (MPOB). Du côté de la production, elle a baissé de 5,6% à 1,8 Mt sur le mois tandis que les exportations ont légèrement augmenté de 4,9% à 1,4 Mt, selon le MPOB. Sur les 10 premiers jours de janvier, les statistiques des exportations diffèrent selon les opérateurs, SGS montrant une hausse de 12,2% tandis que ITS affiche une baisse de 1,4% sur la même période.

Au Gabon, le singapourien Olam a obtenu fin décembre sa certification Rountable on Sustainable Palm Oil (RSPO). Olam a inauguré en avril 2017 une deuxième usine d’huile de palme à Mouila d’une capacité de 90 tonnes métriques des régimes de palmier par heure, soit 138 700 tonnes par an.

En Europe, les eurodéputés envisagent une élimination totale de l’huile de palme dans les carburants pour le transport d’ici à 2021. Une proposition qui a obtenu un large soutien avant le vote en plénière sur la directive les énergies renouvelables la semaine prochaine, selon Euroactiv.

RIZ

Le prix du riz a progressé cette semaine en Inde soutenu par la demande du Bangladesh tandis que la perspective d’un accord avec les Philippines a fait grimper les prix au Vietnam pour la première fois en trois semaines.

En Inde, le riz étuvé 5% a gagné $2 la tonne pour atteindre $423 -$427 la tonne. Les acheteurs du Bangladesh sont très actifs pour se procurer la récolte de la nouvelle saison, les prix au Bangladesh étant encore élevés. Les exportations de riz de l’Inde ont fortement progressé en 2017, de l’ordre de 22%, pour atteindre un niveau record de 12,3 millions de tonnes (Mt). À la fin du mois de décembre, les agriculteurs indiens avaient cultivé du riz d’hiver sur 1,88 million d’hectares, soit 44 % de plus qu’un an auparavant.

En Thaïlande, les prix sont aussi haussiers, le Thaï 5% se situant entre $395-$410 contre $393- $396 la tonne la semaine dernière. «Les prix du riz ont augmenté en raison d’un baht plus fort, d’une baisse des approvisionnements due aux inondations et d’un récent accord d’exportation de 200 000 tonnes avec l’Indonésie», a déclaré un négociant de riz basé à Bangkok.

Le ministère du Commerce prévoit que la Thaïlande exportera 9,5 millions de tonnes (Mt) de riz, d’une valeur de $4,7 milliards 2018.

Au Vietnam, le Viet 5% a atteint $400 la tonne, mettant fin à une tendance de trois semaines dans la fourchette de $390-$395, dopé par des perspectives de transactions avec les Philippines. Toutefois, les échanges sont restés faibles en raison de l’épuisement des stocks, tandis que la récolte principale hiver-printemps du Vietnam ne serait prête qu’à la fin de février.

Evolution contrastée sur le marché du riz au mois de décembre remarque Patricio Mendez del Villlar dans son dernier rapport sur le marché mondial du riz. De bonnes exportations ont soutenu les prix aux Etats-Unis et en Thaïlande. L’appréication du bath a également contribué en Thaïlande à la fermeté des prix. En revanche, les prix à l’exportation au Vietnam et au Pakistan se sont abaissés suite à la forte concurrence des exportateurs asiatiques, observe Patricio Mendez del Villlar. Enfin, en Inde, les prix sont demeurés stables grâce à ses stocks régulateurs. Les prix au début janvier demeurent fermes et selon le spécialiste cette tendance devrait se poursuivre en raison d’une baisse des disponibilités exportables en 2018 et d’une nouvelle progression du commerce mondial du riz qui affichera probablement un nouveau record à 46,2Mt.

Les premières estimations des importations de riz en Afrique en 2017 montrent une hausse de ces dernières de près de 10% à 15,6 millions de tonnes (Mt), contre 14,2 Mt en 2016, selon les données de la FAO et de l’USDA. En Côte d’Ivoire, elles s’élèveraient à 1,5 Mt (en hausse de 7%), au Nigeria à 2,6 Mt (+18%) et au Sénégal à 1,4 (+27%).

SUCRE

Le sucre roux a terminé la semaine hier soir sur le marché à terme de New York, à son plus faible prix depuis plus de trois semaines, à 14,18 cents la livre (lb), le blanc lui emboîtant le pas, clôturant à $ 376,90 la tonne. Vendredi dernier, ils cotaient respectivement 15,08 cents et $ 396,70 la tonne.

Une situation qui s’expliquerait, selon James Liddiard de la société de conseil Agrilion, par le report des achats de fonds d’investissements de positions plus longues. D’ailleurs la décote de mars sur mai est passée de 0,09 cents la semaine dernière à 0,14 cents actuellement.

Tout ceci sur fond de produit physique abondant. La production mondiale de sucre est attendue cette campagne en hausse de 8%, touchant un record de 192 Mt (valeur roux), boostée par la production de l’Union européenne et la Thaïlande.

La Thaïlande qui a déclaré hier s’attendre à une production record de canne à sucre et de sucre raffiné sur la campagne 2017/18, après deux campagnes successives de faibles récoltes en raison d’une succession de sécheresse et d’inondation qui ont impacté le deuxième exportateur mondial de sucre. La production de canne serait entre 107 et 110 millions de tonnes (Mt), selon le Sugar Board, contre 93 Mt la campagne précédente ; la production de sucre raffiné est donc attendue cette année entre 11 et 12 Mt. Des projections très conformes à celles du département américain de l’Agriculture (USDA) qui sont de 11,2 Mt. Bon an mal an, la Thaïlande consomme entre 2,6 et 2,7 Mt.

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