Dérèglement climatique : le CICC mise sur les femmes dans le cacao-café

 Dérèglement climatique : le CICC mise sur les femmes dans le cacao-café

@B.Chatel

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Si pour affronter de suite l’impact des dérèglements climatiques sur les filières café et cacao, le Conseil interprofessionnel du café et du cacao (CICC) a décidé d’ériger le planteur en sentinelle de sa plantation pour « observer et agir », la femme se trouve par conséquent et naturellement propulsée en première ligne de l’action. Car, comme chacun sait, la plupart du temps, c’est la femme qui fait tourner la plantation.

C’est pourquoi, à la suite des deux jours de conférence scientifique sur l’adaptation de la culture du cacao et du café aux changements climatiques, le CICC avec l’ONG spécialisée LadyAgri ont consacré une matinée entière, jeudi, au Forum dédié aux « Femmes, climat et investissements ».

Un combat du CICC

Avec les jeunes, les femmes sont les deux pièces maitresses de la politique du CICC pour un renouveau des filières, les jeunes femmes en étant la panacée. D’ailleurs, a souligné le secrétaire général du CICC, Omer Maledy, sur les 2 000 bénéficiaires du programme New Generation que le Conseil a démarré il y a 10 ans, 28% sont des femmes.

Créé il y a seulement deux ans, le programme « Femmes Force » du CICC compte déjà 144 femmes. Dans ce cadre, un hectare de cacaoyers est donné à une femme, de préférence du village et dans le besoin, lui permettant de dégager des revenus minimums de FCFA 200 000 qui lui sont propres. « Ceci lui permet de moins dépendre de son mari ou de ses enfants », explique Omer Maledy.

L’objectif du CICC est de parvenir à 50 cacaocultrices sur 50 ha. « Quand la femme décède, elle laissera sa plantation sans doute à sa fille, ce qui participe à rajeunir la filière et à privilégier les jeunes femmes dans la cacaoculture. »

Alléger le travail au quotidien

Travailleuses, ce sont aussi les femmes qui permettent bien souvent d’accroître les rendements et donc  la production sans accroître les superficies, un des objectifs de la filière qui entend ainsi limiter le déboisement et valoriser les sous-produits du cacaoyer, que ce soit les coques, parches et autres. Ceci requiert de les collecter sur la plantation : un travail de femmes, en général.

De ces sous-produits peuvent découler une activité à part entière en produisant du biochar ou encore des briquettes de biomasse. Une source de revenus, un bienfait pour la planète, une façon de réduire les coûts énergétiques pour une famille mais aussi d’alléger de façon considérable le travail des femmes au quotidien puisque ce sont elles qui vont chercher le bois, qui font les feux et les repas pendant de nombreuses heures, a souligné la spécialiste Béatrice Despioch, installée au Kenya où elle a créé Eco-Charcoal Ltd et Ungana Ltd.

Quand la finance s’empare de la cause des femmes

Donner aux femmes un autre rôle dans l’agriculture, de façon générale, est une prise de conscience qui s’amplifie au niveau mondial et qui trouve de plus en plus un écho dans les sphères financières. Le lancement en 2018 de l’initiative 2X Global en est l’illustration comme l’a souligné à Yaoundé Hilary Barry, secrétaire général de LadyAgri : 2X Global a déjà levé $ 30 milliards sur des projets « gender-smart », notamment agricoles.  Un combat sur lequel est spécialement mobilisé l’Union européenne, Eva Bernard de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BRED) déclarant en visio : « Cela fait beaucoup de sens d’investir dans les femmes ».

La première femme nommée à la tête de l’Organisation internationale du café (OIC), Vanusia Nogueira, l’entend également ainsi.  « L’année dernière, nous avons décidé de parler du genre dans tout ce que nous ferons. De nouveaux financements adresseront ces investissements. » Et Kate Fotso, PDG de Telcar Cocoa, de conclure en appelant à passer de suite à l’action.

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