La Chronique Matières du Jeudi (05/05/2016)

 La Chronique Matières du Jeudi (05/05/2016)
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Le dollar s'est raffermi cette semaine faisant chuter le yen, la livre sterling et le real, entre autres monnaies. Ceci provoque ses traditionnelles conséquences sur les prix des matières premières : la plupart des transactions au niveau mondial se faisant en billet vert, ceci renchérit les prix et donc réduit la demande ; d'autre part, la faiblesse des monnaies comme le réal brésilien face au dollar incite les exportateurs de ce pays à exporter davantage, pesant également sur les prix de matières premières comme le café, le sucre, etc.

Une semaine marquée aussi par la célébration de la fête du travail un peu partout à travers le monde (mais pas aux Etats-Unis) qui cette année tombait un dimanche mais des marchés (Chine, Singapour) ont été fermés lundi. Au Japon, les marchés ont été fermés de mardi à aujourd'hui.

 CACAO

Le cacao s'est calmé hier après son envolée à des niveaux que la fève n'avait pas encore enregistrés depuis le début de l'année. A Londres, le cacao a terminé la période sous revue à £ 2 307 la tonne et à New York, à $ 3 186. A la base, les mouvements seraient essentiellement spéculatifs, les fonds ayant contribué à faire grimper les cours pour ensuite prendre leurs bénéfices.  Ceci dit, nombre d'analystes estiment les niveaux de prix trop élevés par rapport aux fondamentaux, l'offre et la demande. Le marché à terme à New York, quant à lui, connaît une forte pression en raison de la faiblesse de la livre sterling et, par conséquent, de l'attractivité de la place britannique face à l'américaine.

En Côte d'Ivoire, la météo est mitigée dans les zones cacaoyères, avec des pluies abondantes la semaine dernière dans certaines régions, ce qui est favorable au développement des cabosses de la campagne intermédiaire, mais de fortes chaleurs avec peu d'humidité dans d'autres.

La Côte d'Ivoire, profitant des cours favorables sur les marchés internationaux  ces dernières semaines, a déjà prévendu un million de tonnes sur la campagne à venir 2016/17, qui démarrera le 1er octobre prochain. Le million de tonnes n'avait été atteint qu'en septembre ou octobre la campagne dernière (voir nos informations).

En Indonésie, en avril, les exportations ont repris dans la province de Lampung sur l'île de Sumatra après 7 mois d'interruption, atteignant 248 tonnes (t). A titre de comparaison, l'Indonésie avait exporté 406 t en avril 2015. Rappelons que La Niña impacte considérablement le n°3 mondial de la fèves, la récolte en 2016 devant être encore à des niveaux historiquement faibles, comme en 2015.

CAFE

C'est l'impact de la sécheresse au Vietnam qui continue à faire grimper le Robusta sur le marché à terme de Londres, la tonne ayant grimpé à des niveaux proches de ceux enregistrés le mois dernier et qui se situaient à des plus hauts depuis 5 mois. S'il commence à pleuvoir prochainement, la situation pourrait se redresser, estime la Commerzbank dans une note d'analyse, mais ceci est loin d'être certain. L'Association vietnamienne du café et du cacao estime, pour sa part, que les exportations de café pourraient chuter de 25% en 2016, le plus faible volume en une décennie, à 1 Mt, soit 16,67 millions de sacs de 60 kg, suite à la sécheresse.

Le Robusta, sur l'échéance juillet à Londres, a terminé à $ 1 585 la tonne tandis que l'Arabica a coté hier soir à $ 1,197 la livre à New York.

Ceci dit, au Vietnam, les planteurs vendent petit à petit et d'ailleurs la demande n'est pas très forte actuellement pour le Robusta vietnamien car les firmes étrangères de négoce détiennent d'importants stocks. D'où la légère baisse cette semaine de la prime par rapport au marché à terme de Londres : le Robusta Vietnam Grade 2, 5% grains noirs et brisés, s'est vendu cette semaine à prime de $ 50 à 55 la tonne au dessus de l'échéance juillet alors que cette prime avait atteint $ 50 à 60 la semaine dernière. Rappelons que les exportations de café du Vietnam entre octobre 2015, démarrage de la campagne, et avril 2016 ont fait un bond de 27,4% par rapport à la même période la campagne dernière, atteignant 976 200 t.

Au Brésil, producteur d'Arabica et de Robusta (conilon), la faiblesse de sa monnaie, le real, continue à l'inciter à exporter d'importants volumes de café  car il est plus compétitif sur les marchés internationaux et il engrange d'importants retours en monnaie locale. Des volumes qui limitent les hausses des cours.

Au Costa Rica, les exportations ont grimpé de 14,6% en avril par rapport à avril 2015, selon son institut du café Icafé, portant le total sur les 7 premiers mois de campagne à 653 887 sacs, en hausse de 1,4% par rapport à la même période la campagne dernière. Au Honduras, en avril, les exportations ont progressé de 3,2% par rapport à avril 2015, à 732 321 sacs de 60 kg. Ceci porte à un peu plus de 3 Ms ses exportations depuis le début de la campagne, en légère baisse (0,1%) par rapport aux 7 premiers mois de 2014/15.

Au Kenya, les prix ont baissé à la vente aux enchères qui s'est tenue cette semaine à la Nairobi Coffee Exchange. Le Grade AA a évolué dans une fourchette allant de $ 51 à 281 contre $ 60 à 294 la semaine précédente. Le Grade AB, quant à lui, a trouvé preneur à $ 51-250 contre $ 56-262.

CAOUTCHOUC

Faible actualité cette semaine sur le marché international du caoutchouc car les marchés au Japon sont restés fermés de mardi à aujourd'hui pour fêter la fête du travail, comme d'autres places asiatiques. De toute façon, si l'on peut dire, la semaine avait mal démarré pour le caoutchouc naturel sur le marché à terme de Tokyo car le yen a touché sa valeur la plus élevée en 18 mois face au dollar, ce qui a entrainé le prix du caoutchouc à son plus bas enregistré depuis près de deux semaines. Le yen devrait demeurer fort durant tout le mois de mai, estime Jiong Gu, analyste chez Yutaka Shoji, qui voit le caoutchouc baisser à 170 yens, d'autant plus que la demande est faible actuellement.

Rappelons que la semaine dernière, le caoutchouc avait grimpé à son niveau de prix le plus élevé depuis 9 mois face à la perspective d'une demande chinoise en hausse alors que la production en Asie du Sud-Est est en baisse suite à la sécheresse. Au Vietnam,  les exportations pourraient chuter de 12%, à 1 Mt, ce qui serait leurs niveaux le plus bas en 6 ans, mais ceci serait davantage le fait de l'engagement pris avec les autres pays producteurs, l'Indonésie et la Thaïlande, pour réduire les disponibilités mondiales et faire remonter les prix.

En Thaïlande, à cause de la sécheresse, la production de caoutchouc aurait baissé de près de 50% de janvier à avril, selon le vice-président de la Fédération des coopératives de caoutchouc qui estime qu'il est guère probable que la collecte de latex puisse reprendre à son rythme habituel ce mois-ci. Une baisse de volumes qui soutient les prix, les traders offrant maintenant 62 baht le kilo et sans doute, prochainement, 70 baht, alors que el kilo était encore à 30 baht il y a quelque temps car la demande en Chine était faible et les prix du pétrole sont faibles aussi. Or, le caoutchouc naturel a pour principal rival le caoutchouc synthétique, dérivé du pétrole.

COTON

La fermeté du dollar cette semaine a tiré vers le bas les cours du coton. Mardi, la chute du prix, de l'ordre de 2%, n'avait pas été aussi forte en une seule séance depuis 6 semaines et hier, la fibre a continué de glisser. En effet, les fonds d'investissements et spéculatifs, qui s'étaient portés sur le coton mais aussi le maïs et le soja, veulent maintenant prendre leurs bénéfices et sortir car la situation de l'offre et de la demande mondiales ne justifient pas la récente fermeté des cours, estime Jim Lambert de chez FCStone Merchant Services.

Un marché mondial qui a, plus que jamais, cette semaine,  les yeux rivés sur la Chine qui a démarré mardi ses ventes aux enchères de coton tiré de ses stocks massifs. Ainsi, 30 000 t auraient déjà été vendues à 84 cents la livre.

Rappelons que le 15 avril, la Chine avait annoncé vendre un maximum de 2 millions de tonnes de coton tiré de ses réserves dans des ventes aux enchères qui ont démarré mardi 3 mai et qui cesseront le 31 août, avait annoncé le ministère des Finances et la Commission nationale de développement et de réforme dans un communiqué conjoint. Il avait alors été déclaré que les ventes n'excèderaient pas 30 000 t chaque jour, avec du coton importé offert en premier. Le prix de mise en vente est basé à la fois sur les cours internationaux et nationaux de la semaine précédent les ventes aux enchères.

Lundi, le Comité consultatif international du coton (CCIC) a donné ses dernières prévisions pour la campagne 2016/17. La production est en très légère hausse par rapport à ses prévisions d'avril, à 22,96 Mt, avec une consommation en baisse à 23,77 Mt (23,89), et des échanges mondiaux à 7,43 Mt (7,49). Les stocks devraient ainsi s'établir à 19,59 Mt en fin de campagne 2016/17, soit un peu plus importants que les 19,39 Mt avancés en avril.

HUILE DE PALME

L'huile de palme termine en beauté sur le marché de Kuala Lumpur, touchant son niveau de prix le plus élevé en une semaine, à 2 629 ringitt ($ 657) la tonne. La raison essentielle est la faiblesse mécanique du ringitt puisque le dollar a été très ferme toute cette semaine. Hier, l'huile de palme a fait un bond de 3%, son gain journalier le plus élevé en 5 mois, et après quatre séances consécutives de baisse car la demande n'était pas au rendez-vous. Une faiblesse de la demande qui a déjà été la raison essentielle de la glissade de 4,8% du prix de l'huile de palme le mois dernier. Sur le mois d'avril, la Malaisie a exporté 5 à 7% de moins d'huile de palme par rapport au mois de mars car la demande de Chine, d'Inde mais aussi d'Europe était en berne. Mardi, sur le marché du physique à Rotterdam, l'huile de palme était proposé à $ 20-30 en dessous des prix de la veille

Ceci dit, les stocks d'huile de palme sont en baisse et ceci pourrait venir soutenir les prix.

A noter, côté production, que le n°3 des plantations d'huile de palme au monde, le malaisien Felda, a retiré ses certificats de durabilité RSPO à 58 de ses unités de transformation.

RIZ

Cette semaine, les prix du riz thaïlandais ont grimpé à leurs niveaux les plus élevés depuis 9 mois suite à des passations de contrats du Japon et d'Afrique et alors que l'offre est restreinte. En revanche, les prix du riz vietnamien sont demeurés quasiment inchangés, à $ 370-375 FOB Saïgon, soit à l'intérieur de la fourchette de prix de la semaine précédente ($ 365-385). Les brisures 5% Thaï ont atteint $ 398-400 la tonne FOB Bangkok contre $ 385-390 il y a une semaine. Il faut remonter au 24 juillet 2015 pour retrouver un niveau de prix de $ 400 la tonne. Rappelons que la Thaïlande est le deuxième exportateur mondial de riz derrière l'Inde.

Les prix internationaux du riz ont été très stables en avril, souligne la FAO dans son Rice Price Update mensuel, son indice se situant à 195 points contre 196 en mars. Le point de baisse est du aux prix moins élevés du riz japonica tandis que le riz indica et le segment des riz parfumés étaient en hausse. Les grands acheteurs, comme Bulog en Indonésie ou NFA aux Philippines, ne se sont guère portés à l'achat durant ce mois écoulé. Les pays africains, quant à eux, ont des stocks bien fournis et sont donc demeurés en retrait, hormis le Nigeria.

Une stabilité qui, en réalité, se constate depuis le mois d'octobre dernier. En revanche, les prix durant ce mois d'avril sont 11% en deçà des prix d'avril 2015. Les prix pourraient évoluer en juin avec la période du Ramadan.

SUCRE

Le sucre roux a caracolé tout au long de la semaine écoulée, essentiellement en raison des nouvelles venant d'Inde, mais aurait pu encore grimpé davantage si ce n'était pour le Brésil.

Côté Inde, on s'attend à ce que le n°2 mondial soit importateur net de sucre en 2016/17 car le Maharashtra, la plus grande zone de production de sucre du pays, connait sa plus forte sécheresse en trois décennies. D'ailleurs, Claudio Covrig, analyste chez Kingsman, une unité de Platts, estime que les exportations de sucre d'Inde vers la Chine, très demandeur actuellement, devraient ralentir ces prochains mois.

Côté Brésil, le sucre subit tant l'effet monnaies que l'effet pétrole. Ainsi, le real, la monnaie brésilienne, demeure faible face à un dollar qui a gagné en fermeté ces derniers jours. Or, un real affaibli incite le Brésil à exporter car ses retours en monnaie locale sont plus importants. En outre, les cours du pétrole étant toujours faibles, le Brésil n'est guère incité à consacrer beaucoup de canne à la fabrication d'éthanol, laissant davantage de volumes aux industries sucrières.

Ainsi, le sucre roux termine la période sous revue, à son niveau le plus élevé en un an et demi sur le marché à terme de New York, à 16,65 cents la livre (lb) après avoir touché 16,79 cents en cours de séance, son plus haut depuis octobre 2014. Les donneurs d'ordre automatiques se sont déclenchées à 16,63 cents. Quant au sucre blanc, coté à Londres, il a gagné $ 8,90 la tonne hier, terminant à $ 476,80.

A noter que la forte demande de la Chine en sucre blanc a provoqué un important relèvement de la prime du blanc sur le roux, à plus de $ 100 la tonne cette semaine.

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