Huile de palme durable : l’Europe domine le marché mais la consommation se situe en Asie

 Huile de palme durable : l’Europe domine le marché mais la consommation se situe en Asie
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Où en est-on de l’huile de palme certifiée durable ou Roundtable for Sustainable Palm Oil (RSPO) ?  Deux récents rapports nous montrent que l’Union européenne est de loin le premier marché pour l’huile huile de palme certifiée durable (CSPO) tandis que l’Asie est peu consommatrice. Il faut changer de logiciel et mettre l’accent sur les avantages économiques de la certification, qui priment sur les coûts financiers tant au niveau des producteurs que   des acheteurs.

L’Europe championne de l’huile de palme durable

L’Europe est de loin le premier marché de l’huile de palme certifiée CSPO puisqu’elle consomme 45% de l’utilisation mondiale totale de l’huile certifiée, selon le rapport Sustainable Palm Oil: Europe’s Business – Fact, Analysis and Actions to Leverage Impact.

En parallèle, les entreprises européennes accordent de plus en plus d’importance à la durabilité et le font savoir. Ainsi, en Europe, les licences d’utilisation de la marque RSPO sur les produits ont doublé entre 2020 et 2021, celles pour la communication d’entreprise ont triplé au cours de la même période.  Mais si 93% des importations européennes sont CSPO (Certified sustainable palm oil), le pourcentage est  moins élevé pour le CSPKO (Certified sustainable palm kernel expeller) à 62 % et seulement à 5% pour le  CSPKE (Certified sustainable palm kernel oil). Pour ces deux derniers, l’usage est principalement dans les secteurs de l’oléo chimie et de l’alimentation animale.

Si l’Europe est leader sur ces questions de durabilité, ses importations sont décroissantes et la consommation mondiale d’huile de palme se situe à 60% en Asie. Or, seulement environ 3 à 4% de l’huile de palme consommée sur ce continent est durable, selon le rapport du  World Wide Fund for Nature (WWF). « Il est urgent de clarifier l’analyse de la rentabilisation de l’huile de palme durable en Asie » souligne le WWF et de dépasser les seuls motifs écologiques et moraux pour plaider en faveur de l’adoption de pratiques commerciales durables.

La certification RSPO rentable

Dans une nouvelle étude, Business Case for Certified Sustainable Palm Oil, le WWF démontre que les avantages économiques de la certification qui en découlent pour les producteurs et les acheteurs l’emportent sur les coûts financiers liés à la garantie d’exploitations durables de l’huile de palme. « L’étude[1] brise donc le mythe selon lequel l’adhésion à des pratiques commerciales durables génère un coût net plus élevé » affirme le WWF.

Sont listés les différents coûts liés à la certification RSPO, primes qui augmentent à mesure que l’on descend dans la chaîne d’approvisionnement,  mais aussi ceux liés à la traçabilité jusqu’à l’usine puis jusqu’à la plantation. S’ajoutent plusieurs coûts supplémentaires comme l’adhésion à la RSPO, les audits, l’utilisation du logo RSPO, la dotation en personnel et la formation.

En contrepartie, la certification RSPO génère aussi des revenus monétaires et non monétaires. En termes financiers, la certification accroît les recettes des ventes de la matière première grâce à la prime mais aussi l’accès au marché, en particulier européen et américain,  ainsi qu’à celui de la finance verte et enfin améliore les rendements grâce à meilleures pratiques agricoles.

Du côté de l’immatériel, figure en bonne place l’amélioration de la réputation et de la valeur de la marque. Sans compter, l’adaptation et la mise en conformité par rapport à une réglementation de plus en plus exigeante sur certains marchés en matière de durabilité. C’est bien sur le cas de la législation européenne sur les chaînes d’approvisionnement sans déforestation (Lire : Le Parlement européen s’engage pour bannir la déforestation importée) mais aussi la législation britannique sur le devoir de diligence ou encore le projet de loi Forest de 2021 aux Etats-Unis, etc. Avec à la clé, la perte potentiel de l’accès au marché.

 


[1] L’étude a été réalisée à partir de 43 entretiens faits auprès des différents acteurs tout au long de la chaîne, des producteurs aux transformateurs, en passant par les négociants et les détaillants, présents dans différentes zones géographiques (Indonésie, Malaisie, Singapour, Inde, UE, Royaume-Uni et Etats-Unis).

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