La Chronique Matières Premières Agricoles au 13 février 2020

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 13 février 2020
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Suite au changement de méthodologie de détection du corona virus, Pékin a annoncé hier 121 décès supplémentaires, portant à 1 380 le nombre de cas mortels dans le pays depuis le début de l’épidémie. Le nombre de cas de contamination a augmenté de 5 090 pour s’élever à 63 851. Et l’épidémie continue de s’étendre à l’étranger. Mais les investisseurs ont relativisé son impact car la poursuite de l’épidémie alimente les espoirs de voir la Chine annoncer prochainement de nouvelles mesures de soutien à l’économie et aux marchés. Par ailleurs, c’est aujourd’hui que Pékin doit réduire les droits de douane sur quelque € 69 milliards de produits importés des Etats-Unis. Ces tensions commerciales sont l’une des principales causes de la stagnation de l’économie allemande au quatrième trimestre de l’an dernier.

Le marché a considéré l’euro comme étant la monnaie la plus vulnérable à un éventuel ralentissement de la croissance et le plus exposé à la Chine. La monnaie unique est tombée à son plus bas niveau depuis avril 2017 face au dollar à 1,0835 et au plus bas depuis 2015 face au franc suisse à 1,061. Côté pétrole, les investisseurs privilégiant une reprise rapide de la demande après le passage à vide attendu au premier trimestre : le Brent a terminé hier soir en hausse de 0,75% à $ 56,21 le baril et le brut léger américain à $ 51,45 dollars.

Les marchés seront fermés lundi aux Etats-Unis pour Presidents Day.

CACAO

Parti de £ 2 045 la tonne vendredi dernier à Londres, le cacao a clôturé hier soir en retrait à £ 2 012. Quant à New York, il est passé de $ 2 898 à $ 2 895. Une baisse sur la journée d’hier liée essentiellement à la fermeté de la livre sterling. Sinon, le temps très sec en Côte d’Ivoire est plutôt un facteur haussier car on craint son impact sur la récolte intermédiaire.

En Côte d’Ivoire, il n’a toujours pas plu la semaine dernière dans les régions cacaoyères et en plus il fait très chaud. Alors, certes, les cacaoyers fleurissent et les cabosses se développent, mais on s’attend à ce que la récolte intermédiaire soit retardée et que les fèves soient petites, donc d’une qualité moindre.

Selon le trader Rockwinds, ces récoltes intermédiaires en Afrique de l’Ouest seront très basses. Il estime que celle au Ghana sera sa plus faible depuis 5 à 6 ans, tandis que celle en Côte d’Ivoire baisserait de 15%.

Chez le n°1 mondial de la fève, les arrivages aux ports ont totalisé 1,435 Mt entre le 1er octobre, démarrage de la campagne 2019/20, et le 9 février, en baisse de 0,1% par rapport à la même période la campagne dernière.

CAFÉ

Le café Robusta a franchi la barre des $ 1 300 en clôturant hier soir à Londres à $ 1 301 parti de $ 1290 la tonne vendredi dernier. L’Arabica à  New York est, quant à lui, passé de $ 1,0050 la livre (lb) à $ 1,0670.

Des niveaux de prix du Robusta qui n’incitent guère les producteurs à vendre. Au Vietnam, les caféiculteurs font de la rétention car ils ne veulent pas vendre en dessous de leurs coûts de production qu’ils estiment à 33 000 dongs alors qu’on leur a proposé cette semaine d’acheter leur café entre 30 500 et 31 000 dongs ($ 1,31-1,33) contre 30 800 et 31 000 dongs la semaine dernière. En outre, étant donné le manque de pluies récemment, les traders estiment que la production sur 2019/20 devrait baisser, ce qui ferait augmenter les prix. Une perspective qui incite d’autant moins le producteurs à vendre. A l’export, les traders ont offert le Grade 2, 5% grains noirs et brisés, avec une prime de $ 140 sur la cotation mai à Londres ; la prime était de $ 130 la semaine dernière. En Indonésie, la prime a grimpé à $ 350-$ 370 contre $ 250-$ 350 la semaine dernière. Une prime qui devrait contineur à croître, selon les traders, car on manque d’approvisionnement frais.

Notons que le Vietnam, n°1 mondial du Robusta, a accusé une chute de 22,9% de ses exportations de café en janvier par rapport à décembre, à 145 101 tonnes (t) ou encore 2,4 millions de sacs de 60 kg (Ms). Ceci dit, ce volume exporté est supérieur aux prévisions du gouvernement qui étaient de 140 000 t. Les recettes ont dégringolé de 29,9% à $ 246 millions.

Quant au Brésil, il a exporté 2,9 Ms de café vert en janvier, 9,9% de moins qu’en janvier 2019, selon Cecafé. Ceci comprend 2,6 Ms d’Arabica, en baisse de 12,8%, et 223 828 sacs de Robusta, soit 48% de plus qu’en janvier l’année dernière. La valeur totale des exportations tous cafés confondus, vert et transformé, soit 3,2 Ms, a été de $ 438 millions. Ceci correspond à une hausse du prix moyen au kilo de 1,7% par rapport à janvier 2019.

La coopérative brésilienne Cooxupé, qui est aussi le plus important exportateur de café du pays, estime que la qualité du café sera belle. Les caféiers ont reçu plus de pluie que la moyenne ces dernières années, ce qui devrait conduire à des grains plus gros. Et plus ils sont gros, meilleurs ils sont ! Ceci contraste avec la récolte très médiocre l’année dernière. Cooxupé a expliqué que ses producteurs avaient saisi l’opportunité de la hausse de près de 50% du prix de l’Arabica sur le marché de New York en fin d’année dernière pour couvrir environ 40% de leur production à venir. Par conséquent, ils ne seront pas pressés de vendre et le recul quasiment d’autant des prix en début d’année ne les inquiète pas trop. Leurs coûts ont été couverts par leurs ventes par anticipation.

CAOUTCHOUC

Dans un environnement marqué par l’épidémie du coronavirus, les prix du caoutchouc se sont appréciés cette semaine pour clôturer à 182 yens ($1,657) le kilo sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) contre 175,2 yens  vendredi dernier.

Le Conseil malaisien de promotion des exportations de caoutchouc (MREPC) a estimé cette semaine que la croissance des exportations de produits en caoutchouc devrait redevenir positive en 2020, grâce à l’augmentation de la capacité et de la production des principaux fabricants de gants ainsi qu’aux nouveaux investissements dans le secteur.   Dans un précédent rapport,  le MREPC avait aussi déclaré que la hausse inattendue de la demande de gants en caoutchouc due à la nouvelle épidémie de coronavirus soutiendrait la croissance des exportations globales de produits en caoutchouc en 2020.

En Malaisie, la production de caoutchouc naturel a augmenté de 6,2% sur un an pour atteindre 58 437 tonnes en décembre de l’année dernière, selon le département malaisien des statistiques. Quant aux exportations, elles  ont progressé de 6,4% en glissement mensuel pour atteindre 50 516 tonnes au cours du mois, principalement grâce aux exportations vers la Chine, qui représentent plus de la moitié des exportations totale. La consommation intérieure a chuté de 2,7% à 40 351 tonnes. Les stocks de caoutchouc naturel ont grimpé, +  13,1%, à 245 002 tonnes.

L’Etat de Tripura en Inde a développé le RRII 429, une variété de caoutchouc résistante aux maladies et au froid conçu spécifiquement pour les conditions agro-climatiques de Tripura.  En Inde, 6,5 tonnes de caoutchouc ont été produites en 2019, dont  environ 12% en provenance de l’Etat de Tripura.

COTON

Attentisme ? Le marché du coton a été particulièrement calme, les cours du coton restant inchangés à 67,75 cents la livre. Et pourtant, on peut percevoir une certaine inquiétude chez les négociants. Certes les ventes hebdomadaires de coton américain sont toujours aussi dynamiques, mais en parallèle des ventes significatives ont été annulées. Avec des usines à l’arrêt en Chine, ce sont les importations de coton qui ralentissent mais aussi celles de fils qui sont affectées avec des répercutions sur la consommation des autres pays d’Asie. Une consommation mondiale de coton fragilisée alors qu’elle avait été déjà surestimée. Et qui pourrait l’être encore plus si l’épidémie se poursuivait en ébranlant l’économie mondiale. Alors même que le coton est disponible presque partout, mais avec une qualité moindre, souligne un négociant. Plusieurs milliers de tonnes de coton seraient en attente dans les différents ports d’Asie.

« Tous les signaux sont passés au rouge avec les conséquences économiques du coronavirus. Bien entendu, nous ne voulons pas ici passer pour des cyniques, mais la crise actuelle rappelle la phrase de Staline “un mort, c’est une tragédie, un million de morts, c’est une statistique”. Or c’est un fait les statistiques sont assassines pour notre marché », souligne Mambo. Précisant que sans les achats de la Cotton Corporation of India (CCI) auprès des agriculteurs indiens à un prix supérieur, les prix auraient déjà largement chuté.

Le rapport sur l’offre et la demande mondiale en produits agricoles (WASDE) du département américain de l’Agriculture (USDA) était plutôt baissier avec une hausse des stocks mondiaux en 2019/20 suite à une révision la  hausse de la production, notamment  au Brésil et au Pakistan et à la baisse pour la consommation, tout particulièrement en Chine. ” La consommation est en baisse malgré l’impact positif de l’accord commercial américano-chinois, en partie à cause des effets économiques négatifs de la nouvelle épidémie de coronavirus “, souligne l’USDA.

HUILE DE PALME

Après une hausse de 8% la semaine dernière, les cours de huile de palme ont chuté pour clôturer hier à 2 625 ringgits ($634,06) la tonne contre 2813 ringgits vendredi dernier. Le fléchissement de la demande a pris le pas sur le resserrement de l’offre tandis que le coronavirus perturbe également le marché.

En effet, les donnés publiées lundi par  le Malaysian Palm Oil Board (MPOB) soulignait que la production et les stocks en Malaisie avaient chacun chuté de plus de 12% en janvier.  Les stocks à 1,76 million de tonnes (Mt) sont au plus bas depuis plus de deux ans. Mais, la forte baisse de la demande l’a emporté. Les exportations malaisiennes d’huile de palme vers l’Inde, premier acheteur, ont chuté de 85,3% en janvier par rapport à il y a un an pour s’établir à 46 876 tonnes, le niveau le plus bas en neuf ans, les négociant ayant cessé d’acheter de l’huile tropicale à Kuala Lumpur suite à des instructions informelles de New Delhi.  De même, en raison du coronavirus, les exportations vers la Chine, deuxième acheteur, ont presque diminué de moitié par rapport à janvier 2019 pour atteindre 176 771 tonnes.   Sur les 10 premiers jours de février, la baisse se poursuit avec une chute comprise entre 20% et 29,4% selon  les sociétés de vérification, après une baisse de 13,2% en janvier. Les négociants estiment que les exportations seront modérées tout au long du mois de février.

La Malaisie a maintenu sa taxe à l’exportation pour l’huile de palme brute inchangée à 6% en mars, a annoncé jeudi l’Office malaisien de l’huile de palme.

En Inde, les importations d’huile végétale ont chuté en janvier de 6% à 1,195 million de tonnes (Mt) par rapport à il y a un an, selon la Solvent Extractors ‘Association of India. A 594 804 tonnes en janvier, les importations d’huile de palme reculent près de 20% par rapport à décembre 2019  tandis celles de soja progressent de 55%  à 260 650 tonnes.

RIZ

Les fluctuations des devises locales ont contribué à augmenter la fourchette supérieure des prix à l’exportation du riz thaïlandais cette semaine, tandis que les prix du principal exportateur indien ont atteint un pic de plus de quatre mois.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% ont légèrement  progressé à  $425 -$ 447  la tonne contre $425- $439 la semaine dernière. Le bath s’est affaibli mais les prix du riz thaïlandais restent chers et dissuadent les acheteurs estime les négociants, en partie en raison de la sécheresse qui a frappé de nombreuses régions rizicoles et freiné la production. “Il y a un sentiment haussier sur le marché selon lequel les prix resteront élevés et pourraient même aller plus loin”, estime un négociant de Bangkok.

La Thai Rice Exporters Association a fixé un objectif d’exportation de 7,5 millions de tonnes  (Mt) pour 2020, un plus bas en sept ans. Le pays avait exporté 6,6 Mt de riz en 2013. Sécheresse, fluctuation du taux de change, mais aussi concurrence accrue de l’Inde, du Vietnam, de la Chine et du Myanmar expliquent que la Thaïlande pourrait ainsi perdre cette année sa place de deuxième exportateur mondial de riz.

Malgré les perspectives sombres, l’association s’attend à ce que la demande de riz parfumé en provenance de marchés comme Hong Kong, Singapour et la Chine s’améliore à court terme en raison de l’épidémie de coronavirus. “La propagation du coronavirus a semé la panique dans des endroits comme Hong Kong et Singapour, ce qui a accru leur demande de riz“, estime le président  honoraire de l’association Chookiat Ophaswongse,.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% sont en progression soutenus pas la demande des pays africains. Ils se sont établis à $371- $376 la tonne, contre $370- $375 la semaine dernière.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% sont demeurés inchangés à $355- $360, l’épidémie de coronavirus pesant sur les ventes.

Les exportations de riz du Vietnam en janvier ont chuté de 4,6% par rapport à l’année précédente pour atteindre 410 855 tonnes, selon les données des douanes.

Au Bangladesh, la production de riz au cours de l’année se terminant en juin a atteint un niveau record de 37,2 Mt, selon une estimation préliminaire du bureau des statistiques.

Au Liberia, le président George Weah a suspendu la semaine dernière avec effet immédiat, les droits de douane sur le riz. Ceci s’inscrit dans le cadre de l’engagement du gouvernement à réduire les prix des produits jugés essentiels et de les rendre abordable sur le marché local (Lire nos informations ).

SUCRE

Le sucre roux, parti de 14,92 cents la livre (lb) vendredi dernier, s’est hissé au-dessus des 15 cents pour terminer hier soir à New York à 15,16 cents.  Le sucre blanc, quant à lui, a baissé, passant de $ 428,10 la tonne à $ 416,30.

Selon les traders en bourse, le sucre roux devrait se consolider à court terme après cette envolée  enregistrée dernièrement. Ceci d’autant plus qu’à ces prix élevés, les raffineries dans le Centre-Sud du Brésil sont incités à accroître leur production de sucre à partir de la canne plutôt que de l’éthanol. Une filière brésilienne qui semble vivre une de ses meilleurs campagnes depuis longtemps avec une météo favorable au bon déroulement d’une belle nouvelle récolte, et d’un réal – la monnaie brésilienne- très faible ce qui accroît les recettes en monnaies locales des produits à l’export.

Mais sur les moyens et long termes, on estime que les prix devraient repartir à la hausse. Car, selon certains analystes, 15,50 cents est encore peu cher étant donné les prévisions de déficit.

Rappelons que la récolte en Indonésie est attendue en baisse de 10%, à 2-2,1 Mt, ce qui conduira sans doute le pays à importer environ 1,4 Mt de sucre roux ou l’équivalent de 1,3 Mt de sucre blanc afin de stabiliser le prix sur son marché national. Ce dernier est en croissance, avec une demande estimée à 3,2 Mt en 2020 contre 3,1 Mt en 2019 lorsque la production nationale de sucre blanc était de 2,23 Mt. En fin d’année dernière, un responsable gouvernemental avait annoncé que des importations de 3,2 Mt de sucre roux seraient autorisées pour  des utilisations industrielles, dont 60% sur le premier semestre.

La production de sucre dans l’Union européenne (UE) devrait baisser l’année prochaine suite à la fermeture d’usines, a-t-il été souligné mercredi lors de la conférence sucre à Dubaï. Cela fait deux campagnes consécutives qu’elle baisse après avoir grimpé suite à l’abolition des quotas en 2017.

Quant à la Russie, ses exportations sont encore compliquées car le coût logistique est élevé, selon Rusagro.

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