La Chronique Matières du Jeudi (15 mai 2015)

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La livre sterling s'est renforcée notamment face au dollar avec la victoire des Conservateurs au Royaume Uni, ces facteurs monétaire sinfluençant toujours les prix des matières premières sur les marchés mondiaux.

 

CACAO

Hier, jeudi, le cacao a terminé en forte hausse sur le marché à terme de Londres pour la sixième séance consécutive. La tonne s'est renchérie de £ 16 sur cette seule séance, atteignant £ 2 049, son plus haut en près de 7 mois. Le même mouvement a été enregistré sur la place de New York où la fève a grimpé de $ 32, à $ 3 088.

Et ce ne devrait pas être fini ! Si, ponctuellement, cette semaine, le cacao a été porté par des facteurs monétaires –la victoire des Conservateurs aux élections du Royaume Uni ayant booster la livre sterling face au dollar– à plus long terme ce sont les fondamentaux –l'offre et la demande– qui portent ce marché.

En effet, les agences météorologiques d'Australie et du Japon ont toutes deux estimé ces derniers jours que le phénomène météorologique El Niño devrait ressurgir, ce qui réduirait la pluviométrie en Afrique de l'Ouest et donc impacterait la cacaoculture.

Selon Derek Chambers, à la tête de la division cacao de la maison de négoce Sucres et Denrées, l'accroissement du déficit entre offre et demande de fèves pourrait alors faire grimper de 20% les prix de la fève sur le marché de Londres. "Ceci ne serait pas une bonne chose à moyen terme pour le marché ", souligne-t-il, " car cela impacterait la consommation qui est déjà fragile."

Sucden estime le déficit cacaoyer à 104 000 t en 2015/16, soit un niveau semblable à celui déjà avancé pour 2014/15. Mais si El Niño intervenait, ce déficit se creuserait.  "Si vous perdez une partie de la récolte d'Equateur car il pleut trop et que les maladies augmentent, si vous perdez une partie de la récolte indonésienne parce qu'il fait trop sec et ensuite si vous perdez une partie des récoltes principales d'Afrique de l'Ouest, alors il est plus que certain que cela fera une différence car nous sommes déjà en déficit et donc des conditions météorologiques adverses exacerberont ce déficit, ce qui n'est pas encore répercuté dans les prix", a-t-il expliqué à Reuters. En février dernier, l'Organisation internationale du cacao a estimé le déficit cacaoyer 2014/15 à 17 000 t.

Pourtant, en Côte d'Ivoire, la récolte actuelle 2014/15 devrait crever tous les records, à 1,74 Mt (voir nos informations), de source ministérielle. Face à cela, Blommer Chocolate estime que les broyages de fèves en 2014/15 baisseraient au niveau mondial de 2,2%, a déclaré mardi Jeff Rasinski vice-président des approvisionnements et gestion des risques chez le plus important broyeur nord-américain.

A noter qu'au Brésil, les livraisons de fèves dans les entrepôts ont grimpé de 143% sur la semaine du 4 au 10 mai par rapport à la même semaine l'année dernière. Ces arrivages proviennent de production nationale et d'importation

CAFE

Tant l'Arabica que le Robusta ont terminé en hausse à la clôture des marchés à New York et à Londres hier, jeudi. Les estimations de récolte brésilienne vont encore bon train, l'analyste brésilien Safras & Mercado estimant la récolte 2015/16 à 50,4 millions de sacs (Ms), dont 36,1 Ms d'Arabica et 14,3 Ms de Robusta. Ceci est plus faible que les 52,4 Ms avancés mardi par l'attaché agricole américain. Mais certains avancent un chiffre aussi bas que 44 Ms. La fourchette est donc large !

A noter que Safras & Mercado a révisé à la hausse ses estimations de récolte brésilienne 2014/15 à 49,8 Ms contre une estimation initiale de 48,9 Ms, car les pluies auraient été meilleures qu'anticipées. Ceci se décomposerait en 33,6 Ms d'Arabica et 16,2 Ms de Robusta.

Au Vietnam, premier producteur mondial de Robusta, les exportations ont chuté de 20% en avril, à 104 000 t (1,73 Ms), selon les services nationaux des douanes, et en ligne avec les anticipations du marché. Ainsi, les expéditions sur les 4 premiers mois de l'année totalisent 477 000 t, en chute de 40,7% par rapport à début 2014.

Le Vietnam dont la banque agricole étatique Agribank devrait fournir aux caféiculteurs des prêts à taux concessionnels jusqu'en 2020 afin qu'ils replantent de jeunes caféiers.  Le taux d'intérêt serait de 7% par an contre 9 à 10% pour des emprunts bancaires habituels. Rappelons que plus de 30% du verger vietnamien a plus de 20 ans. Mais le Vietnam a tout de même enregistré en 2013/14 une récolte record de 28 Ms ou encore 1,68 Mt.

En Colombie, le patron de la puissante Fédération des planteurs de café, Luis Genaro Munoz, quittera son poste le 1er juin sans que des explications n'aient été fournies.

Aux ventes aux enchères au Kenya, mardi,  le Grade AA s'est vendu dans une fourchette allant de $ 143 à 266, en baisse sur la semaine précédente ($ 86 – 313). L'AB s'est échangé entre $ 133 et $ 233 contre $ 78 et $ 250 le sac de 50 kg.

CAOUTCHOUC

Les pays membres de l'Association des pays producteurs de caoutchouc naturel  (ANRPC), réunis le 8 mai à Kuala Lumpur, ont promis de renouveler leurs efforts pour stabiliser les prix du caoutchouc naturel.  "Les ministres ont convenu que pour stabiliser les prix  du caoutchouc naturel  à un niveau rémunérateur et  durable pour les petits exploitants mais aussi équitable pour les consommateurs, des orientations stratégiques coordonnés et des solutions doivent être mises en Å“uvre", selon  un communiqué de presse de l’association.

Les représentants du gouvernement présents à la réunion dirigée par l’ANRPC ont décidé d'établir un groupe d'experts pour examiner les meilleurs moyens de stabiliser les prix. En outre, les ministres ont convenu d'explorer la possibilité d'établir une plate-forme commune de trading pour le caoutchouc naturel reliant les systèmes existants dans les  pays membres  de l’ANRPC.

Le plan de stabilisation des prix devrait être finalisé lors de la prochaine réunion ministérielle de l’ANRPC en octobre.  

Etaient présents lors de la réunion du 8 mai les  ministres du Cambodge, de la Malaisie, du Sri Lanka, de la Thaïlande et du Vietnam, ainsi que des hauts fonctionnaires de l'Inde, l'Indonésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et des Philippines. Le ministre  des plantations et des produits de base de la Malaisie a présidé la réunion.

COTON

La demande mondiale de coton dépassera la production mondiale pour la première fois en six ans sur la campagne  2015/16.  Alors que les prix du coton ont atteint au début de l’année leur plus bas niveau depuis 2009,  les agriculteurs ont réduit les superficies. Selon le dernier rapport de l’USDA sur l’offre et la demande, la production mondiale  baissera de 7% à 111,25 millions de balles (24,22 Mt) et la consommation  progresserait de 3,5%  à 115,3 millions de balles (25,10 Mt).

Les superficies consacrées au coton en Chine seraient les plus basses depuis 1949 avec une estimation de 3,70 millions d’hectares, soit 16% de moins qu’en 2014/15. La production baisserait de 10% pour atteindre 27 millions de balles (5,9 Mt), soit son plus bas niveau en 12 ans. Celle des Etats-Unis reculerait de 11%. Les stocks de clôture diminueraient de 4% à 106,5Mt (23, 14 Mt) mais demeureraient à un niveau historiquement haut, couvrant près d’une année de consommation.

Au Burkina Faso, le prix d’achat au producteur  a été fixé  à FCFA 235 le kilo pour le premier choix pour la campagne 2015/16, soit FCFA 10 de plus que la campagne précédente dans un contexte de baisse des cours mondiaux du coton. L’objectif de production est de 800 000 tonnes, contre 710 000 tonnes réalisées en 2014/15. 

OLEAGINEUX

Après avoir atteint en début de semaine un plus haut en 5 semaines, l'huile de palme sur le marché à terme de Kuala Lumpur est en baisse aujourd'hui. Mais il ne s'agirait que d'un mouvement technique, de prises de bénéfices, car pour la deuxième semaine consécutive, les prix de l'huile de palme sont globalement à la hausse.

Entre le 1er et le 15 mai, les exportations Malaisiennes d'huile ont fait un bond de 54,5%, à 737 308 t par rapport à la même période en 2014, selon les données de SGS.

Côté demande, en avril, les importations indiennes d'huile de palme ont progressé de 6,3%, à 725 088 t, l'Inde étant le plus important importateur d'huiles végétales au monde.

RIZ

Les prix du riz thaïlandais sont à leur plus faibles niveaux depuis 11 mois, face à une demande léthargique. Ainsi, les brisures 5% sont demeurés inchangées à $ 385 la tonne FOB.

En revanche, les 5% brisures du Vietnam ont grimpé à $ 360-365 la tonne FOB contre $ 355-360 la semaine dernière tirés par la perspective des Philippines qui devraient émettre un appel d'offres à l'importation que l'industrie estime entre 200 000 et 310 000 t.

Ceci dit, il n'est pas certain que les prix du riz vietnamiens demeurent fermes car l'offre mondiale en riz est très importante. Face à cela, la Chine demeure absente à l'achat et pourtant plusieurs négociants chinois se sont rendus récemment au Vietnam ces dernières semaines.

SUCRE

Le sucre roux a terminé hier, jeudi, à 12,84 cents la livre face à la perspective d'une récolte encore plus abondante qu'initialement prévue au Brésil, alors qu'il avait grimpé la veille, mercredi, à 13,60 cents, son plus haut en 2 mois et demi. Le sucre blanc, quant à lui, est demeuré inchangé à Londres, à $ 370,10 la tonne.

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