Le bras de fer Côte d’Ivoire/Ghana vs. les multinationales sur le prix du cacao s’accélère

 Le bras de fer Côte d’Ivoire/Ghana vs. les multinationales sur le prix du cacao s’accélère
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Visiblement, on s’inquiète en Afrique de l’Ouest de l’arrivée dans quelques mois -début octobre- de la prochaine campagne cacaoyère 2021/22 et, notamment, de devoir fixer le prix garanti au planteur. Ce prix est fixé par un calcul sur les ventes anticipées de cacao et donc leur prix.

Ainsi, les discussions continuent d’aller bon train entre les autorités ivoiriennes et ghanéennes d’une part, et l’industrie du cacao et du chocolat d’autre part, afin que le cacao soit payé plus cher, rapporte Reuters. Ceci dit, le patron du Conseil du café-cacao (CCC) de Côte d’Ivoire, Yves Kone, reconnait que la marge de manœuvre des pays producteurs dans ces négociations est faible car les entreprises mettent en avant la baisse de la demande mondiale liée à la Covid-19.

Le point d’achoppement demeure le même : les entreprises rechignent à payer le différentiel de revenu décent (DRD ou LID en anglais) instauré le 1er octobre 2020 sur les exportations de Côte d’Ivoire et du Ghana et la prime qualité habituelle liée aux cacaos de différentes origines vendues sur le marché international. Ainsi, de façon traditionnelle, un acheteur de cacao achète sur le marché à terme de Londres sa tonne de cacao au cours du marché du jour + la prime qui diffère si c’est un cacao du Ghana, de Côte d’Ivoire, du Cameroun, etc.

Ne voulant guère toucher au DRD car intimement lié aux revenus du cacaoculteurs, les négociations portent depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois sur  cette prime qualité de marché, sans compter les ristournes ($ 350 la tonne en février) que le gouvernement ivoirien notamment, a accordé aux entreprises, annulant en grande partie l’impact du DRD (lire nos informations : La Côte d’Ivoire, calculette en main, pour dédommager du DRD les exportateurs et La Côte d’Ivoire rembourse € 30 millions aux exportateurs du cacao pour le tort causé par le LID).

« Parce qu’ils ne peuvent pas s’attaquer au DRD, ils préfèrent s’attaquer aux différentiels pays, ce qui revient à exactement la même chose. Nous leur avons demander d’arrêter », a expliqué le patron du CCC.

Son objectif : que les entreprises payent un différentiel de $ 140 la tonne ce qui permettrait de verser « un bon prix » aux cacaoculteurs sur la campagne 2021/22. Actuellement, les contrats d’exportation sont négociés avec une décote de $ 140.

Selon le dernier rapport mensuel de marché de l’Organisation internationale du cacao (ICCO) qui date du mois de mars, depuis août 2020, les différentiels d’origine baissent tant sur les marchés européens que des Etats-Unis, avec l’amorce d’une reprise ou d’une moindre baisse à partir de février 2021. Ainsi, sur ces marchés européens, le différentiel d’origine pour les fèves du Ghana a baissé de 27% entre octobre 2020 et mars 2021, à $ 488, tandis qu’elle chutait encore plus pour les fèves de Côte d‘Ivoire, de l’ordre de 44% sur la même période pour se situer à $ 295 en mars. Le plongeon a été de 59% pour les fèves du Nigeria, à $ 161 en mars. En revanche, sur la même période, le différentiel pour les fèves d’Equateur n’a fait que glisser, passant de $ 472 à $ 415.

La baisse a été moins importante sur le marché nord-américain, de l’ordre de près de -8% pour le différentiel du Ghana, de $ 614 en octobre à $ 566 en mars, mais tout de même de -17% pour la Côte d’Ivoire qui est passé de $ 481 à $ 398 ; le différentiel du Nigeria a baissé de 15% à $ 348 la tonne. A noter que la baisse a été plus importante encore pour l’Equateur, de l’ordre de -19% à $ 187.

Réduire l’offre et agir en direct

Au-delà de ces négociations, la Côte d’Ivoire entend contenir sa production à 2 millions de tonnes (Mt) afin de maintenir les cours ; actuellement la production oscille entre 2,15-2,2 Mt. Cette réduction de la production devrait se faire quasi naturellement avec l’interdiction de produire du cacao dans les forêts protégées, une interdiction déjà en cours mais qui n’a pas encore produit tous ses effets.

D’autre part, le CCC poursuit l’idée d’exporter directement des fèves et des produits semi-finis du cacao au cours des deux prochaines années, se rapprochant ainsi du modèle ghanéen et ce qui lui permettrait de réduire l’influence qu’exercent els multinationales sur cette filière, précise encore Yves Kone.

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