La règlementation de l’UE sur la déforestation importée va-t-elle pénaliser le café africain ?

 La règlementation de l’UE sur la déforestation importée va-t-elle pénaliser le café africain ?

@ CommodAfrica

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Les importateurs de café de l’Union européenne commencent à réduire leurs achats auprès des petits exploitants agricoles d’Afrique et d’ailleurs, en prévision de l’entrée en vigueur à la fin de 2024 de la réglementation de l’Union européenne sur la déforestation (EUDR).

Quatre industriels ont confié à Reuters l’assèchement, ces derniers mois, des commandes de café en provenance d’Éthiopie, où quelque 5 millions de familles d’agriculteurs dépendent de cette culture. “Je ne vois aucun moyen d’acheter des quantités significatives de café éthiopien à l’avenir“, a déclaré Johannes Dengler, cadre chez le torréfacteur allemand Dallmayr, qui achète environ 1 % du café exporté dans le monde.

JDE Peets, l’un des principaux producteurs de café, a déclaré qu’il pourrait être contraint d’exclure certains petits pays producteurs de sa chaîne d’approvisionnement dès le mois de mars s’il n’a pas “trouvé et mis en œuvre une solution avec eux” à cette date.

Le coût et la difficulté de se confirmer au règlement dans un délai très court seraient les raisons avancées par les industriels interrogés par Reuters. L’EUDR exige des entreprises qu’elles cartographient numériquement leurs chaînes d’approvisionnement jusqu’à la parcelle où le café a été cultivé, ce qui pourrait potentiellement impliquer le suivi de millions de petites exploitations dans des régions éloignées. En outre, comme les entreprises ne traitent souvent pas directement avec les agriculteurs, elles pourraient s’appuyer en partie sur des données fournies par de multiples intermédiaires locaux, dont certains avec lesquels elles ne traitent pas directement ou en qui elles n’ont pas confiance.

La réglementation pourrait conduire à exclure des millions de petits exploitants de café dont la chaîne d’approvisionnement n’est pas traçable pour le marché européen et certaines entreprises pourraient réorienter les matières premières dont elles ne peuvent assurer la traçabilité  vers des marchés extracommunautaires. Toutefois, pour certaines matières premières, comme le cacao où la Côte d’Ivoire et le Ghana assurent près de 70% de la production mondiale, la conformité au règlement sera un défi.

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