Les denrées alimentaires et autres produits attendent, bloqués à la frontière du Niger

 Les denrées alimentaires et autres produits attendent, bloqués à la frontière du Niger
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Au poste frontière de Malanville, dans le nord du Bénin, l’un des plus fréquentés d’Afrique de l’Ouest, une file de milliers de camions s’étend sur 25 km des rives boueuses du fleuve Niger qui marque la frontière. Ces camions, bloqués maintenant depuis des semaines, transportent de la nourriture, de l’aide humanitaire et du matériel industriel à destination du Niger voisin. Loin des gardes-frontières, les petits commerçants entassent leurs marchandises sur des bateaux en bois pour traverser la rivière battue par la pluie, témoigne l’agence Reuters.

Ces retards sont l’un des signes les plus clairs à ce jour de l’impact des sanctions imposées par le bloc régional de la Cedeao au Niger après le coup d’État militaire du 26 juillet.

Quelque 6 000 tonnes (t) de marchandises du Programme alimentaire mondial (Pam) des Nations Unies seraient bloquées hors du Niger, notamment des céréales, de l’huile et de la nourriture pour les enfants souffrant de malnutrition, a déclaré à Reuters son porte-parole régional Djaounsede Madjiangar. Depuis l’annonce des sanctions, le prix du riz a augmenté de 21%, tandis que celui du sorgho a augmenté de 14%, a indiqué le PAM.

Le blocus vise à faire pression sur la junte pour qu’elle rétablisse le président Mohamed Bazoum au pouvoir. Ce faisant, cela a fait notamment monter le prix des denrées alimentaires au Niger pendant la période de soudure, sans oublier les entraves à l’industrie et les menaces de pénurie de fournitures médicales. Selon le Pam, sur une population totale d’environ 25 millions d’habitants, quelque 3 millions auraient du mal à s’offrir un repas par jour. La crise pourrait pousser 7 millions de personnes supplémentaires dans la même catégorie, a indiqué le PAM.

Ceci dit, rien n’indique pour l’instant que les sanctions aient entamé la popularité de la junte. Des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour soutenir le coup d’État dimanche dernier, dont certaines brandissaient des pancartes anti-Cedeao. Reuters rappelle que les dirigeants militaires du Mali avaient semblé gagner en popularité lorsque la Cedeao avait imposé des sanctions à Bamako après les coups d’État de 2020 et 2021.

Les sanctions ne menacent pas seulement les approvisionnements alimentaires et humanitaires du Niger : le Nigeria, par exemple, a coupé l’alimentation électrique. L’entrepreneur Maxime Kader, basé à Niamey, a déclaré à Reuters qu’il avait dû arrêter de vendre des incubateurs pour volailles en raison du manque de contreplaqué et de la faible consommation électrique.

Les projets d’infrastructures à grande échelle ont également été touchés par les retombées. Le gel des flux financiers régionaux a interrompu la construction d’un projet de barrage dirigé par la Chine et censé renforcer la sécurité alimentaire.

Les prévisions de croissance économique de 7 % cette année étaient basées sur le lancement prévu d’un oléoduc reliant le Niger au Bénin, mais l’impact du coup d’État sur les travaux visant à achever le projet soutenu par PetroChina n’est pas clair.

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