Morfo : la reforestation des terres dégradées à la vitesse TGV

 Morfo : la reforestation des terres dégradées à la vitesse TGV

@ Morfo

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Rencontre à Emerging Valley avec Pascal Asselin, co-fondateur de la start-up française Morfo qui reforeste les terres dégradées dans les forêts tropicales grâce à un système innovant qui combine encapsulation des semences et drones.

Quel est la genèse de votre projet ?

J’ai grandi en Guyane où mon père faisait de l’orpaillage. J’ai donc été sensibilisé très jeune au sujet déforestation, exploitation et reforestation. Le sujet est devenu concret quand mon frère est parti en Guyane sur les questions écologiques pour l’industrie minière. Nous nous sommes dit que l’on pouvait créer quelque chose ensemble qui pouvait avoir un impact planétaire et ne pas regarder où l’on fait le projet mais qu’est ce qui peut avoir un impact sur l’environnement, sur les forêts et la biodiversité.

Début 2021 on a vraiment démarré le projet avec une collaboration de recherche avec l’Institut de recherche pour le développement (IRD) pour valider toutes les hypothèses des capsules, de drones et de suivi. Six mois plus tard on déploie notre premier projet en Guyane française sur une mine.

L’objectif est de faire de la restauration des systèmes forestiers et de le faire bien en prenant en compte la biodiversité, les gens autour. Dans le monde 1,2 milliard de personnes dépendent de la forêt, ce qui n’est pas un petit chiffre ! L’idée est de passer à l’échelle c’est-à-dire comment on augmente les surfaces. Pour donner un autre des ordres de grandeur c’est 900 millions d’hectares qu’il faut restaurer. Aujourd’hui, on arrive à restaurer 5 millions d’hectares par an.

D’où l’idée d’utiliser le drone pour passer à l’échelle ?

Oui. Un planteur manuel avec des méthodes traditionnelles fait environ 0,5 ha par jour. Le drone permet de faire 50 ha par jour.

Concrètement comment cela fonctionne ?

Si ce n’est que le drone ce n’est pas très intéressant. C’est la capsule que nous avons conçu qui permet de passer à l’échelle. La capsule c’est un micro-écosystème de matières naturelles dans lequel on retrouve des graines, qui peuvent être issues de plusieurs espèces, des nutriments, des champignons, des bactéries. Ce microsystème permet de protéger les graines, de les nourrir mais aussi de nourrir les sols là où ils sont dégradés et où le processus de régénération naturelle ne peut s’appliquer.

Le système part de la capsule, le drone sert à la disperser. En fait aussi partie la machine qui permet de créer des capsules puisqu’on en plante entre 5 000 et 10 000 par hectare. Nous avons actuellement des projets de plusieurs centaine d’hectares. Le système est donc basé sur ces trois éléments qui permet d’envisager une restauration de qualité mais aussi en quantité.

Où sont fabriqués vos capsules ?

@ Morfo

Nous les créons localement sur le terrain et tout ce qui rentre dans la capsule est aussi local. L’implantation locale est extrêmement importante non seulement pour obtenir ces semences locales où l’on va créer de l’économie autour de cela pour former et collecter les graines. C’est vrai aussi dans le domaine de la recherche où l’on va travailler avec des laboratoires locaux. Le côté social est au cœur de notre projet.

Vous avez commencé en Guyane, avez-vous des projets ailleurs ? C’est également que sur des sites miniers ?

C’est une zone où le sol a été dégradé et où la régénération naturelle des sols ne s’est pas faite. Notre champ d’action est les zones tropicales, qui représentent 40% des forêts mondiales. Nous avons commencé effectivement en Guyane, puis le Gabon, le Brésil.

Vous travaillez avec les gouvernements ?

Nous travaillons soit avec des ONG qui sont missionnées par des collectivités locales, soit des entreprises qui doivent faire de la restauration à la suite de leur activité dans les infrastructures ou les mines. C’est obligatoire. Par exemple en Amazonie, les propriétaires terriens doivent préserver et restaurer près de 80% de leur terre et ont le droit de n’exploiter que 20%. Enfin, cela peut-être les acteurs publics mais cela prend plus de temps dans les négociations.

Bénéficiez-vous de financement des bailleurs de fonds ?

La première chose est que nous avons levé des fonds (ndlr € 4 millions) auprès d’investisseurs de capital risque l’année dernière. Le deuxième élément est que nous avons reçu de l’aide de BPI France pour cofinancer notre recherche que cela soit sur les sujets écosystème forestier ou analyses de données drone satellite. Au niveau du déploiement des projets nous n’avons pas reçu d’appui pour l’instant.

 

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