La Chronique Matières premières agricoles au 14 février 2019

 La Chronique Matières premières agricoles au 14 février 2019
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Les ventes au détail aux Etats-Unis ont enregistré en décembre leur plus la forte baisse en neuf ans, de l’ordre de 1,2%, soulignant un ralentissement de l’activité américaine. JP Morgan estime, maintenant, que la croissance économique américaine en 2018 a été de 2% et non de 2,6% comme estimé jusque là.

L’euro a terminé hier soir à 1,13 dollar, ne pouvant pleinement profité du coup de mou économique américain car la stagnation de l’économie allemande pèse sur l’Europe. Ces chiffres américains ont aussi impacté négativement les cours du pétrole mais pas trop car les traders continuent à être optimiste quant à la résolution du conflit sino-américain. Le Brent reste au-dessus des $ 64 le baril et le WTI américain à $ 54.

 

CACAO

Le cacao a terminé hier soir en hausse sur la semaine sur le marché de Londres, à £ 1 718 la tonne parti de £ 1 667 vendredi dernier. New York lui a emboîté le pas, à $ 2 270 la tonne contre $ 2 235.

Une semaine qui restera, sans doute, dans les annales, car le Conseil du café-cacao (CCC) ivoirien a, pour la première fois depuis la réforme en 2012, vendu directement du cacao sans passer par les ventes aux enchères électroniques (lire Pour la première fois depuis 2012, la Côte d’Ivoire vend en direct son cacao). Il a vendu 400 000 tonnes (t) début février sur la campagne 2019/20 qui démarrera en octobre, rapporte Reuters. Un volume conséquent quand on le rapporte aux 2,2 Mt attendues cette campagne 2018/19, ce qui serait un nouveau record pour le numéro un mondial.

En effet, les arrivages de fèves aux ports d’Abidjan et de San Pedro entre le 1er octobre et le 11 février ont atteint 1,425 Mt, en hausse de 10% par rapport à la même période la campagne dernière, estiment les exportateurs. Dans les zones de production, il continue à pleuvoir mais il faudrait encore plus de pluies pour renforcer la récolte intermédiaire qui court d’avril à septembre.

CAFE

Le Robusta a perdu sur la semaine, parti de $ 1 540 la tonne à la clôture vendredi soir pour terminer hier à $ 1 537. Idem pour l’Arabica qui est passé en dessous des $ 1 la livre (lb), à 97,85 cents sur l’échéance mars contre  $ 1,026 ; il avait déjà perdu 1,1% la semaine dernière. Une baisse liée à la faiblesse du real qui a enregistré sa plus faible valeur en trois semaine, mais aussi à l’abondance des disponibilités et à la météorologie favorable.

En Asie, la faiblesse des prix incite les producteurs de Robusta au Vietnam à faire de la rétention -et ce d’autant plus que le Nouvel An lunaire est passé et qu’ils n’ont plus autant besoin de liquidités- et les exportateurs ont des difficultés à s’approvisionner. Certains producteurs dans les Central Highlands ont vendu leur café cette semaine à 32200-33400 dongs ($ 1,39-1,44) le kilo contre 32400-33600 dongs la semaine dernière. Les traders ont vendu le Robusta Grade 2, 5% grains noirs et brisures, à $ 50 de décote par rapport à l’échéance mars à Londres, soit au même niveau que la semaine dernière.

Au Brésil, les exportations ont bondi de 20,3% en janvier, à 3,05 millions de sacs de 60 kilos (Ms) de café vert. Un record, a souligné en début de semaine l’association des exportateurs Cecafé. Rappelons que la récolte a dépassé les 60 Ms à la mi 2018, un volume jamais atteint à ce jour. Sur ce total exporté, 2,91 Ms sont de l’Arabica, en hausse de 15% par rapport à janvier 2018, et 138 537 sacs du Robusta. En outre, le pays a exporté 236 644 sacs de café soluble. Ceci dit, si les volumes exportés sont en nette hausse, le prix moyen, quant à lui, est en baisse, à $ 133,53 contre $ 160,95 en janvier 2018.

Au Rwanda, les revenus caféiers à l’export sont passés de $ 64 millions en 2017 à $ 69 millions l’année dernière, malgré la baisse des cours mondiaux, car le pays a développé ses cafés de spécialité, a souligné mercredi le Comité national des exportations agricoles. Aujourd’hui 60% des cafés exportés par le pays sont des cafés de niche contre zéro encore en 2000 ; ils devraient atteindre les 80% en 2020.

Côté entreprise, Nestlé vendra à partir de ce mois-ci du café Starbucks dans ses magasins et sur son site Internet, sur les marchés européens, asiatique et latino-américains, voulant ainsi contrecarrer la concurrence de JAB.

En Inde, Tata Starbucks a annoncé mardi ouvrir 10 nouveaux magasins au cours des deux prochains mois, ce qui portera à 145 le nombre total de ces magasins.

De son côté, l’italien Massimo Zanetti Beverage  a signé pour le rachat du portugais Cafés Nandi afin  de dynamiser la production dans ce pays.

CAOUTCHOUC

Net rebond du marché du caoutchouc cette semaine avec la réouverture des marchés chinois après la semaine de vacances du Nouvel an et la vigueur de Shanghai. De 177,8 yens le kilo à la clôture vendredi dernier, les cours ont atteint 184,6 yens ($1,671) le kilo jeudi sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom). Le marché reste optimiste quant à un éventuel accord entre la Chine et les Etats-Unis tandis que Pékin a annoncé des mesures visant à relancer la consommation automobile, en subventionnerait les achats, après le fort repli des ventes d’automobiles en 2018. En outre, la production baisse dans les principales régions productrices de caoutchouc.

En Inde, les importations de caoutchouc naturel se dirigent vers un nouveau sommet avec la baisse continue de la production nationale tandis que la consommation est sur un trend ascendant. Elles ont grimpé de près de 35% sur les neuf derniers mois (avril à décembre 2018) par rapport à la même période en 2017 pour se situer à 449 088 tonnes selon les données du Rubber Board. Sur cette même période, la production a chuté de plus de 8,5% à 479 000 tonnes tandis que la consommation progressait de 13% à 921 600 tonnes.

COTON

Nouvelle baisse sur le marché du coton toujours suspendu aux négociations en cours entre la Chine et les Etats-Unis.  Les  cours ont clôturé jeudi à 70,13 cents la livre contre 72,55 cents vendredi dernier. Vendredi où a été publié le premier rapport sur l’offre et la demande mondiale de produits agricoles (WASDE) du département américain de l’Agriculture (USDA) après la fin du shutdown mais avec des chiffres portant sur décembre 2018. Il souligne une moindre  production et consommation et des échanges et des stocks plus importants. La demande mondiale a été réduite de 2 millions de balles en 2018/19.

En Chine, le ministère de l’Agriculture et des affaires rurales a révisé à la hausse la production de coton à 6,04 millions de tonnes (Mt) pour 2018/19 ainsi que les importations à 1,6 Mt. Un niveau légèrement supérieur à l’estimation de l’USDA, qui table sur un rendement record en 2018/19 à 1 761 kilos par hectare (kg/ha). Ainsi avec une superficie en baisse de 1,5% par rapport à la campagne précédente à 3,35 millions d’hectares, la production progresserait de 1,9% à 27,5 millions de balles (5,99 Mt).

En revanche, en Inde, la production de coton devrait chuter de 7% en 2018/19 à 27 millions de balles (480 livres) avec une baisse des superficies d’environ 2% et des rendements en recul de 5% à 480 kg/ha, selon l’USDA.

Les exportations de fil de coton et de tissus d’Inde subissent de plein fouet la concurrence du Bangladesh, du Pakistan et du Vietnam en raison d’un désavantage douanier souligne une étude de la Confederation of Indian Textile Industry (CITI). Les exportations indiennes de fil de coton vers des pays l’Union européenne (UE) et la Chine ont chuté de 25% au cours des cinq dernières années et celles de tissus de 7%, souligne la CITI. Ainsi la Chine, premier importateur mondial de fil de coton, a remplacé l’Inde par le Vietnam et l’Indonésie, ces derniers  bénéficiant d’un accès en franchise de droits, tandis que le fil indien est frappé d’un droit d’importation de 3,5%. De même, les exportations indiennes de fil de coton sont soumises à un droit de 4% dans l’UE,  alors qu’il est de 3,2% pour le Vietnam et l’Indonésie tandis que les pays les moins avancés (PMA) bénéficient d’un accès en franchise de droits.

En Australie, si l’USDA a revu légèrement à la hausse la production, elle sera inférieure de 45% à celle de 2017/18 à 2,6 millions de balles.

Après une année record, la production en Turquie devrait aussi marquer le pas en 2018/19 à 3,7 millions de balles, en recul de 8%, avec des superficies en progression de 11% à 520 000 ha. 

Au Vietnam, les importations de coton ont progressé de 26% en 2017/18 à 1,5 Mt selon l’USDA qui prévoit qu’elles progresseront de 10% en 2018/19. Le coton américain continue de dominer le marché vietnamien, représentant 48% des ventes au cours de la campagne 2017/18.

Aux Etats-Unis, le National Cotton Council, suite à son enquête Season Planting Intentions Survey, anticipe une augmentation de la superficie de coton de 2,8% en 2019/20 à 14, 450 millions d’acres, une récolte de coton de 22,7 millions de balles avec taux un abandon moyen de 10% et un rendement moyen par acre récolté de 840 livres.

Le Brésil, qui devrait enregistrée une production record de coton en 2018/19, a bénéficié pleinement de la guerre commerciale sino-américaine avec des exportations mensuels record en novembre et décembre 2018 dont une majeur partie était dirigée vers la Chine (Voir Coton : Le Brésil grand gagnant de la guerre sino-américaine ?).

HUILE DE PALME

Après quatre séances de baisse, les cours de l’huile de palme se sont redressés jeudi pour clôturer à 2 272 ringgits ($557,68) la tonne, quasi inchangés par rapport à la clôture de vendredi dernier (2 290 ringgits). Une baisse surtout imputable à l’évolution de l’huile de soja,  le grand rival de l’huile de palme, et dans une moindre mesure au ralentissement des exportations malaisienne, en recul de 11,2 à 13% sur la période du 1er au 10 février par rapport à la même période en janvier, selon AmSpec Agri Malaysia et Intertek Testing Services. Le rebond de jeudi est consécutif à la baisse de la production, une baisse saisonnière.

Les stocks d’huile de palme de la Malaisie sont tombés à 3,001 millions de tonnes (Mt) en janvier, la première baisse en huit mois, selon le Malaysian Palm Oil Board (MPOB). Une baisse des stocks qui pourrait contribuer à relancer les prix de l’huile de palme. Ils  ont progressé en janvier et février par rapport au creux de trois ans atteint fin 2018. Les exportations de la Malaisie ont été très dynamiques, bondissant de 21,2% à 1,68 Mt avec une hausse de la demande sur les principaux marchés de destination. Côté production, elle a baissé de 3,9% à 1,74 Mt selon le MPOB.

La Malaisie ambitionne de doubler la teneur en huile de palme contenue dans le biodiesel utilisé dans le secteur des transports (B20) pour atteindre 20% l’année prochaine et aussi à augmenter celle dans les biocarburants destinés au secteur industriel (B10) à 10% l’année prochaine sur un quota de 7% mis en place en juillet, a déclaré la ministre des Industries primaires, Teresa Kok. Elle a ajouté que son ministère avait soumis au gouvernement une proposition visant à créer un fonds de stabilisation des biocarburants afin de gérer le prix des biocarburants, un mécanisme similaire au fonds de prélèvement à l’exportation mis en place par l’Indonésie.

En Inde, les importations indiennes d’huile végétale se sont contractées de 1% au moins de janvier à 1,3 million de tonnes par rapport janvier 2017. Les importations d’huile de palme se sont élevées  à 815 236 tonnes et celles d’huile de soja  à 185 906 tonnes, a déclaré la Solvent Extractors ‘Association of India.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz ont chuté dans les principaux centres asiatiques cette semaine en raison de la faiblesse de la demande et de la hausse de l’offre tandis que l’intérêt limité des Philippines n’a pas réussi à stimuler le marché vietnamien sous le choc des restrictions à l’importation de la part de la Chine.

En Inde,  les prix du riz étuvé 5% a chuté à  $380-$380 la tonne contre $383-$388 la tonne la semaine dernière. La demande des acheteurs asiatiques et africains a été modérée.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont tombés à $382-$398 la tonne contre $390-$402 la semaine dernière. Le marché  est très calme.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% reculent à $340 la tonne contre $350 la semaine dernière avant la fermeture des marchés pour les vacances du Nouvel An lunaire. Toutefois, observe un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville, le commerce a repris avec notamment de plus en plus de commandes en provenance des Philippines. Mais, l’imposition de conditions plus strictes pour les importations en provenance du Vietnam font que Pékin réduira probablement les livraisons de riz  vietnamien entre  500 000 et 600 000 tonnes cette année contre 1,5 million à 2,2 millions de tonnes par an auparavant.

SUCRE

Le sucre roux a baissé depuis vendredi dernier, terminant hier soir à12,61 cents la livre (lb) contre 12,71 cents en fin de semaine dernière. Le sucre blanc, quant à lui, a clôturé en hausse à $ 341,80 la tonne contre $ 333,90. Mais globalement, la tendance est plutôt à la hausse car l’OPEC est prête à réduire encore son offre de pétrole, ce qui provoque une hausse des cours du brut, ce qui incite à consacrer plus de canne à sucre à la production d’éthanol et non de sucre, restreignant l’offre de ce dernier et donc renchérissant son prix.

Côté production, des pluies tardives s’abattent sur le Brésil, incitant les usines à retarder un peu la date de récolte. Rappelons que la récolte 2019/20 dans la région centre-sud, la plus importante zone sucrière du pays, démarre officiellement en avril mais les raffineries commencent à récolter les cannes dès mars, en général pour bénéficier de meilleurs prix pour l’éthanol. Ceci dit, cette année, les stocks d’éthanol sont à des niveaux très élevés. La récolte dans le centre-sud serait de 560 Mt en 2019/20, selon Cofco.

Autres nouvelles des pays producteurs, en Inde, le prix plancher du sucre versé par les raffineries a été relevé à 31 roupies le kilo contre 29 précédemment. Selon Sucroliq, le Mexique produirait 6,2 Mt durant la campagne 2019/20, dégageant un excédent de 2,1 Mt. En Egypte, la production de betterave sucrière a atteint 1,4 Mt cette campagne contre 1,2 Mt la campagne dernière, selon Delta Sugar

Côté entreprise, le français Saint Louis Sucre, qui fait partie du groupe allemand Suedzucker, a annoncé la fin de la production dans deux de ses usines en France, à Eppeville et Cagny, en ligne avec la politique de restructuration de sa maison mère.

 

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