Le cacaoculteur ne perçoit que 6% du prix final du chocolat

Partager vers

La Banque africaine de développement (BAD) et l'Organisation internationale du cacao (ICCO) entendent booster les opportunités qui découlent du secteur cacaoyer en Afrique, notamment pour stimuler l'emploi des jeunes et le renforcement de la place des femmes.

Le cacao, avec le café, le coton, le manioc (cassava en anglais), le cajou fait partie des 5 Cs que la BAD a identifié dans le cadre de son projet de Stratégie pour l'agriculture et l'agro-industrie.

Rappelons que l'Afrique produit 73% du cacao mondial ; 70% de ces 73% proviennent de CĂ´te d'Ivoire, du Ghana, du Cameroun et du Nigeria. Toutefois, la production est essentiellement le fait aujourd'hui d'agriculteurs Ă¢gĂ©s, les jeunes prenant peu le relève. Des pertes de productivitĂ© de l'ordre de 70% sont recensĂ©es liĂ©es Ă  de nombreux dĂ©fis non relevĂ©s, soulignent les deux institutions. En outre, la transformation et la commercialisation sont essentiellement le fait de groupes et investisseurs Ă©trangers.

On estime à $ 12 milliards la valeur de la production cacaoyère mondiale sur le marché à l'export, les caféiculteurs ne recevant que $ 8 milliards. Le marché mondial du chocolat représente une valeur de $ 110 milliards par an.

En d'autres termes, notent les deux institutionnels, la valeur ajoutée dans le stockage et autres services logistiques, dans la production et l'emballage de chocolat, dans le commerce de détail et toutes les activités logistiques associées représente 10 fois la valeur des exportations africaines de cacao.

La très grande partie de la valeur ajoutĂ©e au cacao pour obtenir du chocolat Ă©chappe au cacaoculteur qui ne perçoit qu'environ 6% du prix que le consommateur occidental dĂ©pense pour acheter du chocolat. Dans les annĂ©es 80, cette part Ă©tait trois fois plus importante, de l'ordre de 16%. Toutefois, on peut s'interroger si c'est le cacaoculteur qui perçoit moins ou le consommateur qui paye davantage…

Ceci dit, le secteur du cacao offre un potentiel et des opportunités qui n'ont pas été exploités par les pays producteurs, souligne Chiji Ojukwu, directeur du département Agriculture et agro-industrie à la BAD. En outre, les pays cacaoyers africains n'ont pas tiré de bénéfices des progrès technologiques et des innovations comme cela a été fait dans d'autres filières.

D'oĂ¹ la nĂ©cessitĂ© d'Ă©laborer un agenda de la transformation. Le cacaoculteur, soulignent les deux institutions, doit apprĂ©hender la filière comme un vĂ©ritable entrepreneur et se positionner sur les segments qui gĂ©nèrent de la valeur ajoutĂ©e. Une valeur ajoutĂ©e qui, si rĂ©alisĂ©e en Afrique, permettrait de crĂ©er des emplois, des recettes fiscales, d'amĂ©liorer les revenus des producteurs et contribuerait Ă  la diversification des Ă©conomies. De nouveaux produits issus du cacao et le chocolat peuvent Ăªtre davantage consommĂ©s par les Africains eux-mĂªmes, l'Afrique ne reprĂ©sentant que 4% seulement de la consommation mondiale de produits Ă  base de cacao.

La BAD et l'ICCO se sont entendues pour renforcer leur coopération en matière de création de valeur ajoutée, de promotion du cacao et de consommation du chocolat en Afrique, dans l'accès au crédit, l'accès au marché et aux bourses de marchandises, l'adoption de modèles agricoles rentables et le renforcement de coopératives, ainsi que l'amélioration de la logistique et du transport avec davantage de traçabilité.

Autres Articles

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *