Harouna Kaboré « D’ici deux à trois ans, nous allons devenir un pôle de transformation du coton mais aussi un lieu de réflexion »

 Harouna Kaboré « D’ici deux à trois ans, nous allons devenir un pôle de transformation du coton mais aussi un lieu de réflexion »
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Le dynamique ministre du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat, Harouna Kaboré, en fonction depuis février, n’a pas ménagé sa peine pour animer le premier Salon international du coton et du textile (Sicot) avec sa participation aux séances inaugurales et de clôture mais aussi sur les différents panels et jusqu’aux nuits musicales du Sicot où artistes et couturiers burkinabè se sont produits sur la place du 11 décembre de Koutougou. Il répond aux questions de CommodAfrica.

Il faut sortir du cri du cœur avez-vous déclaré. Quelle est la politique menée par le ministère du Commerce, de l’industrie et de l’artisanat en faveur de la transformation du coton ?

Nous produisons en moyenne 600 000 tonnes de coton par an et nous transformons pas plus de 3%. C’est notre premier produit agricole à l’exportation mais cela ne valorise pas assez la matière première, ne créé pas assez de richesse, valeur ajoutée, d’emplois pour les femmes et le jeunes. La transformation est une solution pour laquelle on doit se battre davantage d’autant plus que nous n’avons pas la maîtrise des prix du coton. Au moins pour les produits finis nous avons un marché intérieur, un marché sous régional et international.

Aujourd’hui, il existe une transformation artisanale, notamment le Faso Dan Fani que l’on chérit tant, qui est lié à notre culture, ce que j’appelle le cri du cœur. Mais nous devons passer à l’échelle pour arriver au logo de telle sorte qu’au-delà du pagne traditionnel du « hand made » nous puissions avoir d’autres types de produits, des vestes, des chemines, des tee-shirts, des chaussette, etc. faits à base de fil burkinabè. A cet effet, le Sicot vise à la fois à continuer à renforcer les capacités de ceux qui font le « hand made » mais aussi à donner une grande impulsion à la transformation industrielle du coton.

En matières de réformes, le Burkina Faso a adopté une nouvelle stratégie d’industrialisation basée sur la transformation de nos matières premières de dix filières qui permet de faire la promotion des investissements direct étrangers (IDE) mais aussi encourage ceux qui font la transformation locale des matières premières. La deuxième réforme est que nous avons aujourd’hui un code nouveau des investissements (Ndrl : adopté mercredi dernier en conseil des ministres et qui doit encore être adopté par l’assemblée nationale) qui encourage les PME dans la transformation locale des matières premières et les IDE.

En outre, les actions rapides sont encadrées par un Plan d’industrialisation accéléré (PIE) sur trois filières : coton, bétail et viande et matériaux. Sur la filière coton, nous avons démarré des études d’évaluation et de faisabilité sur six sites à travers le pays en fonction des bassins cotonniers en plus des projets qui sont en train d’être développés à Ouagadougou, Bobo Dialasso et Koudougou. Nous sommes dans une approche filière qui ne laisse aucun acteur de côté, de la production à l’artisanat jusqu’à la transformation à grande échelle.

Si le Burkina Faso dispose d’un coton de qualité en quantité et d’une main d’œuvre, l’électricité est onéreuse et le pays enclavé. Comment avez-vous attiré ces investisseurs dans la filière textile ?

Un projet industriel a plusieurs éléments. En termes de coton, il n’y a pas mieux. Il y a aussi l’environnement des affaires. Nous avons aujourd’hui fait des réformes pour faciliter les affaires. Le temps de création des entreprises est réduit, nous avons des tribunaux de commerce fonctionnels, il existe des mécanismes de médiation et de conciliation, l’Agence burkinabè des investissements (ABI) centralise l’accompagnement des investisseurs.  Autant d’éléments qui conduisent à un investisseur à orienter positivement son choix. Mais, il peut exister des contraintes. L’énergie n’est pas une contrainte au Burkina Faso, c’est une opportunité. En 2017, nous avons réformé le secteur en le libéralisant, la Sonabel n’ayant plus le monopole de la production. Vous pouvez venir faire une unité de coton, décider de produire de l’énergie et vous avez un contrat d’achat d’énergie avec la Sonabel.

Le Burkina Faso, futur ambassadeur de la transformation du coton de la région ?

Complètement. Nous avons la transformation artisanale, l’entreprise FISA qui fait le fil et avec l’ensemble des nouveaux projets, d’ici deux à trois ans, nous allons devenir un pôle de transformation de nos matières mais aussi un lieu de réflexion, d’échanges. Le Sicot est un salon professionnel, ce n’est pas une foire.

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