La Chronique Matières Premières Agricoles au 5 avril 2018

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 5 avril 2018
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C’est la loi du talion “œil pour œil, dent pour dent” et les marchés n’apprécient guère. Après une première salve de mesures commerciales américaines contre l’importation de produits chinois représentant $ 50 milliards, la Chine a riposté, instaurant des droits de douane supplémentaires de 25% sur 106 articles de 14 catégories de marchandises comme le soja ou encore les voitures, pour une valeur également de $ 50 milliards. La riposte américaine n’a pas tardé : qualifiant les représailles chinoises comme “injustes”, le président Donald Trump a annoncé hier avoir donné pour instruction au bureau du représentant américain au commerce (USTR) de préparer la mise en place de droits de douane supplémentaires sur les produits chinois, représentant $ 100 milliards d’échanges commerciaux.

La réaction sur les marchés asiatiques est relativement modérée car les bourses chinoises sont fermées depuis hier en raison d’une période fériée. Le dollar, qui avait atteint hier un pic d’un mois face au yen car on croyait à un apaisement du conflit, repart à la baisse ce matin sur les marchés asiatiques, la monnaie japonaise jouant son rôle traditionnel de valeur refuge. Un dollar qui peut être affecté par la publication la semaine prochaine des résultats trimestriels des entreprises et par l’annonce hier d’un déficit commercial européen qui s’est creusé plus que prévu en février.

Le baril de pétrole repart la hausse, le Brent clôturant hier à $ 68,5 le baril et le WTI américain à $ 63,7.

CACAOCAFÉ CAOUCHOUCCOTON HUILE DE PALME RIZ SUCRE

CACAO

Parti de £ 1 753 la tonne jeudi dernier à Londres, le cacao a clôturé hier soir en baisse à £ 1 728. A New York, la fève a perdu près de $ 50, à $ 2 508 la tonne contre $ 2 556 il y a une semaine. Une séance, hier, dominée par des arbitrages, les opérateurs achetant New York et vendant Londres et ce, malgré l’affaiblissement de la livre sterling.

Le marché a, semble-t-il, fait peu de cas des chiffres d’arrivages aux ports ivoiriens : entre le 1er octobre et le 25 mars, le Conseil du café-cacao (CCC) les estime à 1 486 359 tonnes(t) contre 1 502 460 t sur la même période la campagne précédente, tandis que les exportateurs avancent le chiffre de 1,353 Mt contre 1,425 la campagne précédente.

Notons qu’au premier trimestre, le prix du cacao a grimpé de 35,1% sur le marché à terme de New York, la plus belle performance trimestrielle du contrat spot depuis juin 2008, stimulé par la perspective d’une récolte en baisse en Afrique de l’Ouest sans pour autant que cela remette en cause l’excédent attendu cette campagne.

Côté entreprise, l’italien Ferrero a acheté l’activité confiserie aux Etats-Unis de Nestlé pour $ 2,8 milliards. Ferrero prend ainsi sous sa coupe plus de 20 marques américaines, dont Butterfinger, BabyRuth, 100GRand, Raisinets, Wonka, Crunch, ainsi que SweeTarts, LaffyTaffy et Nerds.

De son côté, l’américain Hershey a décidé de consacrer $ 500 millions d’ici 2030 pour produire ses chocolats Kisses avec du cacao durable dans le cadre de son nouveau programme Cocoa for Good qu’il démarrera en Côte d’Ivoire et au Ghana. L’année dernière, 75% des achats de fèves par le géant américain étaient du cacao certifié durable. Il a déclaré pouvoir atteindre son objectif des 100% d’ici 2020. Ceci s’inscrit dans la mouvance globale parmi les grands groupes agroalimentaires mondiaux, d’Unilever à McDonald, en passant par Starbucks qui a levé $ 1,3 milliard d’obligations durables sur les marchés ces deux dernières années pour financer des initiatives “éthiques” dans la culture du café.

CAFÉ

L’Arabica et le Robusta n’ont pas fait cause commune durant la période sous revue. L’Arabica a baissé à $ 1,1755 la livre (lb) hier soir sur le marché à terme de New York sur l’échéance mai, contre $ 1,1815 une semaine auparavant ; il est tombé mercredi à $ 1,1595, son plus faible niveau en 9 mois, en raison des opérations des fonds qui ont liquidé leurs positions sur mai pour se porter sur juillet.

Cette chute des cours a conduit la Fédération du café en Colombie à demander mardi au gouvernement d’aider directement les caféiculteurs, mais sans obtenir gain de cause, le gouvernement évoquant les restrictions budgétaires. Pourtant, la puissante filière café a plaidé la chute de 13,7% des prix intérieurs au premier trimestre par rapport aux trois premiers mois en 2017. Une baisse due à la faiblesse des cours internationaux mais aussi à la fermeté du peso, la monnaie colombienne, qui s’est renchéri de 6,8% face au dollar entre décembre et mars, réduisant d’autant les bénéfices des planteurs et exportateurs. Rappelons que, dans le passé, le gouvernement avait alloué des subventions et aidé les producteurs à accéder à des engrais de qualité. Le pays devrait produire entre 13,5 et 14 Ms cette année contre 14,2 Ms en 2016 et 2017 ; le pays a produit 1,03 Ms d’Arabica lavé en mars, en hausse de 2% sur mars 2017 ; les exportations ont chuté de 14% en mars à 1 Ms. La production est en baisse de 6% depuis le début de la campagne par rapport à la même période sur la précédente.

Aux ventes aux enchères au Kenya cette semaine, l’Arabica Grade AA en sac de 50 kg s’est vendu dans une fourchette de prix de l’ordre de $ 71 à $ 323 contre $ 58 à $ 345 la semaine dernière, le Grade AB trouvant preneur entre $ 10 et $ 311 contre $ 61 et $ 392 fin mars.

Sur le marché à terme de Londres, le Robusta, quant à lui, a clôturé hier soir à $ 1 759 la tonne, parti de $ 1 725 jeudi dernier.

Le n°1 mondial du Robusta, le Vietnam, devrait exporter 100 000 à 140 000 t de café en avril, soit entre 1,7 et 2,3 millions de sacs de 60 kg (Ms), estiment les traders. En mars, ils avaient estimé les exportations à 150 000-170 000 t alors que le gouvernement avançait le chiffre de 180 000 t.

Sur les marchés d’Asie de Robusta, la tendance demeure la même, avec une activité dynamique en Indonésie qui est en pleine récolte intermédiaire ; au Vietnam, en revanche, les exportations ralentissent. Dans la province de Lampung, la principale région productrice d’Indonésie, le café s’est vendu $ 130 la tonne au dessus de la cotation à Londres sur l’échéance juillet, soit légèrement en baisse par rapport à la prime de $ 140 enregistrée ces six dernières semaines. A noter que Lampung a exporté 4 280 t de café en mars, en légère hausse sur février mais en chute de 75% par rapport à mars 2017.

Au Vietnam, le ralentissement de l’activité est du à ce que les producteurs font de la rétention, préférant attendre pour vendre, ce qui d’ailleurs contribuent à soutenir les cours. Une stratégie apparemment payante puisque le Grade 2, 5% grains noirs et brisures, s’est vendu cette semaine au Vietnam avec une décote de seulement $ 50 contre $ 70 la semaine dernière. Les traders estiment que les exportations vietnamiennes en avril se situeraient entre 100 000 et 140 000 t (1,7 à 2,3 Ms) contre 180 000 t en mars. Le pays avait exporté 130 000 t en février et 200 000 t en janvier.

L’Organisation internationale du café (OIC) a relevé ses prévisions de production mondiale sur 2017/18, à 159,66 Ms contre 158,93 Ms annoncé précédemment. On s’achemine, bel et bien, vers une campagne excédentaire de 778 000 sacs alors qu’un petit déficit avait été anticipé jusque là. La production de Robusta a été revue à la hausse et atteindrait 62,24 Ms contre 60,09 Ms estimé précédemment, tandis que celle d’Arabica a été revue à la baisse, à 97,43 Ms contre 98,84 Ms auparavant. Les prévisions de consommation demeurent stables, à 158,89 Ms.

CAOUTCHOUC

Le rebond du marché du caoutchouc la semaine dernière, où les cours ont enregistré leur plus forte hausse hebdomadaire (+5,4%) depuis juillet 2017 , a été de courte durée, les fondamentaux du marché ne changeant pas. Jeudi, les cours sur le Tokyo Commodity Exchange (Tocom) ont clôturé en baisse pour la quatrième séance consécutive à 176,3 yens ($1,65), contre 184 yens le kilo vendredi dernier. Les marchés financiers en Chine sont fermés jeudi et vendredi.

Il semble que le marché du caoutchouc restera sous pression en raison des inquiétudes suscitées par la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, mais nous pourrions assister à un rebond technique à court terme car le Tocom a été survendu“, a déclaré un négociant.

Au Japon, les stocks s’établissent à 12 554 tonnes au 20 mars, en hausse de 181 tonnes par rapport au 10 mars, et sont huit fois plus élevés qu’à la même période en 2017.

En Inde, la production de caoutchouc naturel est en baisse de 16% en février à 52 000 tonnes, contre 62 000 tonnes en février 2017, selon le Rubber Board. Une baisse saisonnière qui devrait se prolonger jusqu’en septembre et qui interpelle l’industrie de pneumatique qui consomme près de 70% de cette matière première. Elle a exhorté le gouvernement à assouplir les restrictions à l’importation. L’Inde applique une des taxes les plus élevées du monde sur les importations de caoutchouc à 30%.
La consommation de caoutchouc en Inde s’est élevée à plus de 1 million de tonnes sur les 11 premiers mois de 2017/18. Face à une production de 640 000 tonnes sur la même période, les besoins à combler sont de 360 000 tonnes.

COTON

Le marché du coton a été très volatil cette semaine sur fonds de tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis. Après l’annonce des mesures de représailles de la Chine instaurant des droits de douanes supplémentaires de 25% sur plus d’une centaine de produits américains, dont le coton, suite aux sanctions des Américains aux produits chinois pour $50 milliards, les cours ont plongé mercredi de 3% pour le lendemain grimper de près de 4% avec de bons chiffres à l’export pour le coton américain. Jeudi, les cours ont clôturé à 82,57 cents la livre contre 81,46 cents jeudi dernier, le marché étant fermé vendredi.

Le Comité consultatif international du Coton estime que la consommation mondiale de coton devrait continuer à croître de 3,3% en 2017/18 et 4,4% en 2018/19. Ainsi en 2018/19, la consommation surpasserait la production contrairement à 2017/18. L’ICAC anticipe une hausse des prix avec un Cotlook A Index à 84 cents contre 83 cents en 2017/18 avec une réduction des stocks mondiaux de clôture à 17,93 Mt contre 19,10 Mt en 2017/18.

En Egypte, après avoir reculée la production de coton repart à la hausse à la faveur de la dévaluation de la monnaie, d’une nouvelle politique visant à accroître les rendements et à améliorer la qualité et des prix aux producteurs élevés qui ont encouragé les agriculteurs à étendre les superficies cultivées et à accroître la production. L’USDA estime que la production de coton atteindra 420 000 balles en 2018/19, en hausse de près de 40% par rapport à 2017/18. Les importations de coton devraient baisser de 16% à 500 000 balles tandis que les exportations progresseraient de 14% à 250 000 balles.

En Turquie, la superficie ensemencée en coton devrait augmenter d’environ 10% en 2018/19 à 520 000 hectares et la production devrait atteindre 950 000 tonnes (4,36 millions de balles). De bons rendements sur le coton au cours des deux dernières campagnes, des rendements plus faibles que prévus sur d’autres cultures telles que le maïs, les prix élevés du coton et les nouvelles zones sous irrigation dans la région GAP auront un impact positif sur l’augmentation des superficies, souligne l’USDA. Avec une consommation estimée à 1,6 Mt en 2018/19, les importations sont évaluées à 750 000 tonnes, en légère baisse.

L’Ouzbékistan continue de réduire ses superficies de coton au profit de la culture de légumes et de fruits dans les zones où les rendements en coton sont faibles. Ainsi, sur 2018/19, elles devraient être abaissées d’environ 35 000 hectares à environ 1,7 millions d’hectares pour une production anticipée à 3,8 millions de balles, indique l’USDA.

Du coté de la consommation, elle est croissante et devrait atteindre 2,3 millions de balles en 2017/18 et 2,5 millions en 2018/19. L’augmentation rapide de la consommation intérieure limite le coton disponible pour les exportations. En conséquence, les exportations de coton pour 2017/18 devraient être d’environ 1,15 million de balles, un montant sensiblement identique est attendu pour 2018/19.

En Grèce, la production de coton est estimée à 1,24 million de balles en 2017/18, en hausse de 20% par rapport à la campagne précédente en raison de conditions climatiques favorables et de bons rendements dans la majeure partie des régions de production souligne l’USDA.

En Australie, la production de coton devrait bondir de 16% en 2018/10 à 4,7 millions de balles contre 4,037 millions en 2016/17. Les exportations devraient augmenter à 4,4 millions de balles contre 3,720 millions en 2016/17, selon l’USDA.

HUILE DE PALME

On constate une certaine reprise sur le marché de l’huile de palme avec plusieurs séances de hausse consécutives à la baisse anticipée des stocks en mars en Malaisie mais aussi à la hausse des exportations (+21%,6% selon Am Spec Agri Malaysia) ainsi que l’annonce de l’augmentation des tarifs douaniers de la Chine de plus de 25% sur les produits américains, y compris le soja, qui aurait pour conséquence d’accroître le différentiel de prix entre l’huile de palme et l’huile de soja. Les cours ont clôturé jeudi à 2 472 ringgits ($639,59) la tonne contre 2 425 ringgits vendredi dernier.

Les cours de l’huile de palme ont chuté de 5,2% en mars et de 3,1% sur le 1er trimestre 2018.

Les stocks d’huile de palme en Malaisie devraient glisser à leur plus bas niveau en cinq mois, en baisse de 8,6% par rapport à février pour atteindre 2,27 millions de tonnes en mars, selon un sondage réalisé par Reuters. Selon l’enquête, les exportations atteindraient leur plus haut niveau en plus d’un an et demi à 1,57 Mt, en hausse de 19,3% par rapport à février, les acheteurs de Chine, d’Inde et du Pakistan se ruant sur l’huile de palme avant l’imposition d’une taxe sur les exportations de 5% en avril. Toutefois, la demande pourrait être encore élevée en avril en raison du mois du Ramadan, qui démarre mi-mai. En parallèle, la production serait en hausse de 11,3% à 1,49 Mt en mars, soit son premier gain mensuel en cinq mois. Les chiffres définitifs seront publiés le 10 avril.

Le ministère de l’Energie en Indonésie prévoit d’allouer 3,46 millions de kilolitres de biodiesel en 2018, selon un document gouvernemental consulté par Reuters, pour stimuler la consommation de biocarburant à base de palme. L’utilisation obligatoire de biodiesel devrait être élargie pour inclure le secteur des trains à partir de mai et l’industrie minière à partir de juillet, selon le document du ministère de l’Energie et des ressources minérales.

L’Indonésie, premier producteur mondial d’huile de palme, encourage l’utilisation de biodiesel pour réduire sa facture d’importation de pétrole et ses émissions de gaz à effet de serre mais aussi absorber sa production d’huile de palme.

Toujours en Indonésie, le gouvernement a décidé de reporter jusqu’en 2020 les règles commerciales obligeant les exportateurs de charbon et d’huile de palme à n’utiliser que des navires battant pavillon indonésien, repoussant ainsi les efforts pour développer les transports maritimes locaux mais soulageant les industriels inquiets sur la disponibilité des navires locaux.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz sont à la hausse cette semaine en Thaïlande et au Vietnam poussés par un accord avec l’Indonésie. En effet, Bulog a acheté environ 500 000 tonnes de riz, dont 300 000 tonnes viendront du Vietnam et 200 000 tonnes de Thaïlande, selon des accords conclus la semaine dernière, ont annoncé les négociants européens le 29 mars. En Inde, la forte demande a fait aussi monter les prix.

En Thaïlande, le Thaï 5% a bondi à $430-$448 la tonne cette semaine contre $415-$435 la semaine dernière, à la suite de l’accord avec l’Indonésie. En outre, certains exportateurs thaïlandais ont commencé à acheter du riz pour le stocker dans la perspective de nouvelles commandes.

Au Vietnam, le Viet 5% a augmenté pour la deuxième semaine consécutive, soutenu aussi par l’accord indonésien et des spéculations selon lesquelles le pays signerait bientôt de nouveaux accords avec les Philippines.

Le Viet 5% est passé de $410-$428 la semaine précédente à $425-$430 la tonne cette semaine. « Nous avons entendu que les Philippines ouvriront bientôt un appel d’offres pour l’importation de 250 000 tonnes de riz, peut-être plus tard cette semaine ou la semaine prochaine », a déclaré un négociant basé à Hô Chi Minh-Ville. Ajoutant « Je pense que les prix resteront élevés avec une demande croissante, bien que la récolte hiver-printemps atteigne un sommet ».

En Inde, le riz étuvé 5% a augmenté de $2 la tonne pour se situer entre $427-$431 avec une demande restée élevée en raison de la faiblesse de l’offre. La demande des acheteurs africains s’est notamment améliorée.

Au Bangladesh, les importations ralentiront dans les mois à venir a déclaré Badrul Hasan, responsable des achats publics de céréales au Bangladesh spécifiant que leurs réserves sont satisfaisantes et la vente de riz subventionné continue de faire baisser les prix sur les marchés intérieurs. Dans les entrepôts du gouvernement sont stockés près d’un million de tonnes de riz suite aux importations record de plus de 3,5 millions de tonnes réalisées au cours des neuf mois (fin mars), selon les données du ministère de l’Alimentation du Bangladesh.

SUCRE

Une semaine pour rien pour le sucre roux qui a clôturé hier soir, sur le marché à terme de New York, là où il l’avait démarré jeudi dernier, soit à 12,35 cents/lb. Le sucre blanc à Londres a, quant à lui, glissé à $ 343,60 la tonne, parti de $ 351,20. Un marché qui continue d’avoir les yeux rivés sur les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.

Un marché très lourd, FranceAgriMer estimant les excédents de sucre dans le monde à 5,15 Mt pour la campagne de 2017/18, contre 5,03 Mt estimées précédemment.

La production dans l’Union européenne (UE) baisserait de 3% à 20,4 Mt de sucre blanc en 2018/19, estime la Commission, après avoir bondi de près de 25% la campagne actuelle 2017/18 suite à la levée des quotas à la fin du mois de septembre 2017. Les exportations atteindraient 3,3 Mt la campagne prochaine contre 3,2 Mt en 2017/18 et 1,3 Mt en 2016/17. Sur les quatre premiers mois de la campagne actuelle, les exportations ont atteint 1,3 Mt, ce qui équivaut aux volumes que l’Union exportait sur une campagne entière. Les hausses de ventes les plus importantes ont été à destination de l’Afrique sub-saharienne et de l’Asie du sud et de l’est. Les stocks en fin de campagne 2018/19 sont estimés baisser à 1,8 Mt contre 2,2 Mt cette campagne. La Commission estime que le marché mondial du sucre demeurera excédentaire avec des prix qui ne devraient guère décoller de leur faibles niveaux actuels.

Ce qui ne fait pas l’affaire des entreprises sucrières européennes qui ont souvent du mal à faire la transition entre le contexte de marché protégé lors des quotas et le marché ouvert d’aujourd’hui. Le n°1 européen, l’allemand Suedszucker a annoncé qu’il enregistrerait sans doute une perte estimée entre € 100 et 200 millions sur la prochaine campagne 2018/19. Quant au britannique Associated British Foods, maison mère de British Sugar, c’est grâce à sa diversification notamment dans la mode avec sa marque Primark qu’elle s’en sort. Seulement 16% de ses bénéfices provient du sucre.

En Inde, la situation au sein de la filière sucre s’aggrave. La chute des cours du sucre a entrainé une hausse de 21% entre fin janvier et fin mars de la dette des raffineries à l’égard des planteurs de canne. Dans l’Uttar Pradesh, les raffineries doivent 72 milliards de roupies aux agriculteurs et dans le Maharashtra 25 milliards, selon l’Indian Sugar Mills Association. Sur les six premiers mois de la campagne 2017/18, les raffineries indiennes ont produit 28,18 Mt de sucre, un bond de 49% par rapport à la même période la campagne précédente. L’excédent de sucre en Inde devrait atteindre 5,3 Mt en 2017/18, la production devant s’élever à un record de 30,3 Mt.

La réduction l’année dernière par la Chine de près de 50% de ses importations de sucre hors quota se fait ressentir, notamment sur des pays traditionnellement fournisseurs. Ainsi, la baisse des importations de sucre de Thaïlande a été de 8% sur le premier trimestre.

En Afrique, notons la hausse de 183,6% de la production de sucre au Sénégal en janvier par rapport à décembre, selon la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE).

Côté industrie, les travaux de rénovation sur l’usine sucrière de Metahara, en Ethiopie, sont à 90% achevés. Les bâtiments avaient été touchés par un très violent orage et cela a été l’occasion d’entreprendre une rénovation de l’usine. C’est l’entreprise indienne Tessy Engineers and Enterprises qui effectuent les travaux. La production de sucre a redémarré il y a trois mois sur le site, malgré les travaux en cours.

Au Cameroun, la Société sucrière du Cameroun (Sosucam), filiale du groupe français Somdiaa, a averti lors de la réunion en session ordinaire de ses administrateurs le 28 mars, du “triste constat de l’imminence de l’arrêt des activités de la société, du fait des importations massives dont certaines, pendantes au port de Douala“, selon le communiqué, rapporte Investir au Cameroun. Les administrateurs informent que les stocks produits de la Sosucam s’établissent à ce jour, à plus de 45 000 tonnes (soit plus de 3 mois de la consommation nationale), remplissant ses magasins de Mbandjock et Nkoteng, dans la région du Centre du Cameroun. Mais les entrées de sucre dans le pays, constituées des importations et de la contrebande, sont estimées par la filiale à 40 000 tonnes, entre janvier et mars 2018, selon notre confrère. “En conséquence, annonce la Sosucam, pour éviter de devoir suspendre courant avril [2018] la production avec les conséquences sociales prévisibles, il est indispensable et de manière diligente, de veiller au strict respect de la réglementation en matière d’importations inter-saison en quantité, qualité et en temps prescrit“, poursuit le communiqué.

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