La recherche en Afrique focalisée sur l’agriculture industrielle

 La recherche en Afrique focalisée sur l’agriculture industrielle
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La transformation des systèmes alimentaires pour assurer leur durabilité et leur résilience n’est pas une question nouvelle mais elle a pris de l’ampleur ces dernières semaines avec la pandémie du Covid-19. Une manière d’y parvenir est de promouvoir l’agroécologie. Et l’idée fait son chemin, 30% des fermes dans le monde aurait revu leur système de production pour intégrer ses principes. Qu’en est-il sur le continent africain ?

Une étude réalisée par Biovision et Ipes Food « Flux financiers : quels sont les obstacles à l’investissement dans la recherche agroécologique pour l’Afrique »  montre que les financements vers la recherche en agroécologie sont marginaux. Un constat réalisé notamment à partir de trois études de cas sur la Suisse, la fondation Bill & Melinda Gates (BMGF) et le Kenya. En effet, 85% des projets financés par la BMGF et plus de 70% des projets réalisés par des instituts de recherche kenyan soutenaient l’agriculture industrielle et/ou visaient à accroître son efficacité par l’amélioration de l’usage des pesticides, des vaccins pour le bétail ou par la réduction des pertes post-récoltes. En revanche, 51% des projets de recherche agricole financés par la Suisse englobaient des composantes agroécologiques. Globalement, l’étude souligne que seulement quelques bailleurs de fonds – l’Allemagne, la France, la Suisse, la FAO et le FIDA – reconnaissent explicitement l’agroécologie.

Une recherche africaine dépendante

La faiblesse des financements internationaux dédiés à l’agroécologie met aussi à jour les difficultés de la recherche agricole en Afrique et sa dépendance. Parmi celles-ci, de faibles niveaux d’investissement public, la dépendance à l’égard de donateurs extérieurs et la volatilité des flux de financement.

Dans ce contexte, l’aide publique au développement en faveur de la recherche, l’éducation et la vulgarisation agricole a stagné ces dix dernières années ne représentant que 14% de l’aide agricole en Afrique subsaharienne en 2017. En parallèle, on assiste à une montée en puissance du secteur privé dans le financement de la recherche, à l’image de BMGF, la plus importante fondation philanthropique, mais aussi des partenariats publics privés accompagnés très souvent d’une logique de rendement et retour su investissement.

L’étude remarque également que trois entreprises privées – Corteva, Bayer et Syngenta – dominent le marché de l’agro-industrie mais aussi la recherche et le développement (R&D) avec $15,6 milliards investis en 2014 au niveau mondial avec 60% du financement concentré sur le maïs, le blé et le soja.

L’étude révèle aussi que la recherche agricole est surtout aux mains des organismes de recherche étrangers, basés au Nord alors que les institutions africaines adoptent plus souvent une approche systémique, nécessaire pour considérer l’agroécologie alors qu’elle est trop souvent réduite à sa dimension biophysique.

Une situation réversible ?

« En examinant ce qui se dissimule derrière les flux de financement, il a été́ constaté dans ce rapport que les obstacles à la recherche agroécologique sont profondément enracinés, mais pas insurmontables. La majorité́ des bailleurs de fonds approuvent partiellement certains principes de l’agroécologie tout en soutenant les approches conventionnelles » observe le rapport. Pour que la recherche se tourne davantage vers l’agroécologie, les auteurs de l’étude font six recommandations dont celles de placer l’agroécologie dans le cadre des ODD, de développer la formation et l’enseignement sur cette thématique, de privilégier des financements à long terme et les alliances entre les acteurs et de favoriser les insitutions de recherche africaines.

 

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