La Chronique Matières Premières Agricoles au 20 février 2020

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 20 février 2020
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La Chine a annoncé hier une forte baisse du nombre quotidien de cas supplémentaires de contamination au coronavirus mais il semblerait, selon des résultats préliminaires de nouveaux tests, que le virus pourrait se propager plus facilement qu’envisagé. En outre, des cas hors de Chine inquiètent aussi. Ceci a éclipsé cette semaine les bons résultats économiques, notamment des Etats-Unis. En outre, les cambistes semblent privilégier le dollar comme valeur refuge plutôt que le yen. En Europe, la Banque centrale a publié son compte rendu du mois de janvier qui fait part d’un optimisme prudent sur les perspectives de la zone euro, alors qu’en janvier l’épidémie de coronavirus ne menaçait pas encore la croissance mondiale.

Côté pétrole, l’Agence américaine d’information sur l’énergie a fait part d’une hausse moins forte que prévu des stocks de brut et d’une baisse des stocks d’essence et de produits distillés, ce à quoi les analystes ne s’attendaient pas. Ceci a boosté les cours du brut, le baril de WTI terminant hier soir à $ 53,72 et le Brent à $ 59,22 mais après avoir atteint $ 60 en cours de séance, soit un pic de trois semaines.

CACAO

La tonne de cacao à Londres a terminé hier soir en hausse sur la semaine, à £ 2 049 contre £ 2 002 vendredi dernier. En revanche, New York a perdu en clôturant hier à $ 2 860 contre $ 2 886 en fin de semaine dernière.

En Côte d’Ivoire et au Ghana, une météorologie peu propice et la politique de rétention menée par certains producteurs devraient entrainer une baisse de volumes durant la campagne intermédiaire, a expliqué un trader suisse à Reuters (lire : Les producteurs de cacao en Côte d’Ivoire font de la rétention, attendant le DRD en octobre). De ce fait, il faut s’attendre à ce que les prix du cacao continuent de grimper alors qu’ils sont déjà proches de leurs niveaux les plus haut en trois ans. En effet, la perspective des $ 400 de différentiel de revenu décent (DRD), qui doit s’appliquer pour la première fois au démarrage de la campagne prochaine, soit au 1er octobre, incite les producteurs à attendre pour vendre.

Neuf exportateurs et acheteurs interrogés en Côte d’Ivoire estiment la campagne intermédiaire (avril à septembre) à 350 000 à 400 000 t contre 527 000 t la campagne intermédiaire dernière. Ainsi, la campagne 2019/20 pourrait totaliser 2 millions de tonnes au maximum contre 2,18 Mt la campagne précédente. Mais un afflux de fèves en 2020/21 pourrait faire chuter dangereusement les cours, mettant à l’épreuve le nouveau mécanisme de sauvegarde de la rémunération des planteurs.

Quant au Ghana, quatre traders et exportateurs interrogés estiment la récolte 2019/20 à 790 000-820 000 t, soit moins que les 850 000 t jusque là attendues. Rappelons qu’en 2018/19, la production avait totalisé 815 000 t alors que les prévisions initiales étaient de l’ordre de 900 000 t. Les arrivages chez le n°2 mondial, du 1er octobre -démarrage de l’actuelle campagne- au 16 janvier, ont totalisé 596 000 t contre 591 000 t sur la même période la campagne dernière.

A noter qu’en Côte d’Ivoire cette semaine, les volumes d’arrivages de fèves étaient identiques à ceux de l’année dernière, pour cette même semaine, selon les calculs des exportateurs. Depuis le 1er octobre et au 16 février, ces arrivages ont totalisé 1,474 Mt, en baisse d’un petit 0,1% par rapport à la même période la campagne dernière (1,475 Ms).

Enfin, au salon Biofach 2020 qui s’est clôturé hier à Nuremberg en Allemagne, la Coopérative Agraria Allima Cacao et le Central Committee with Development for the Future of Curiman du Pérou ont signé des contrats de vente de cacao bio pour une valeur totale de $ 1,8 million.

CAFE

Le café a glissé cette semaine. Hier soir à Londres, la tonne de Robusta cotait $ 1 279 contre $ 1 314 vendredi dernier, et l’Arabica $ 1,0495 la livre (lb) contre $ 1,1135. Rappelons que jeudi 13 février, l’Arabica avait atteint $ 1,1160. Sur la semaine dernière, cette variété de café avait gagné 10,8% après six semaines consécutives de baisse. Attendons la clôture de ce soir mais cette semaine risque de ne pas être aussi belle que la précédente.

A la clef de ces évolutions, les prises de position techniques des fonds mais aussi le real, la monnaie brésilienne, qui touche le fond, à 4,40 pour un dollar. Un real faible rend très compétitif le café brésilien et incite ce dernier à mettre davantage de volumes sur le marché, pesant sur les cours mondiaux.

A noter, s’agissant du Brésil, qu’un mouvement social parmi les camionneurs a démarré lundi au port de Santos, perturbant l’arrivée des camions et le chargement et déchargement de navires.

Sur les marchés asiatiques du Robusta, les planteurs vietnamiens ne sont pas intéressés à vendre à aux prix actuels jugés trop faibles. Ils font donc de la rétention, ce qui a conduit les acheteurs à leur acheter leur café un peu plus cher que la semaine dernière, à 31 500 dongs la kilo en moyenne ($1,36) contre 30 500 à 31 000 dongs la semaine dernière. Les planteurs visent les 33 000 dongs, rapporte Reuters. A l’export, le Grade 2, 5% grains noirs et cassés, a été proposé cette semaine avec une prime de $ 125 la tonne au-dessus de Londres contre $ 140 la semaine dernière. Les traders estiment à 30 Ms la récolte vietnamienne sur 2019/20 qui s’achève début octobre, contre les 32,2 Ms estimés par le Département américain de l’Agriculture (USDA) en décembre dernier.

En Indonésie, le Robusta de Sumatra a été proposé avec une prime de $ 340 à $ 400 par rapport à la cotation de Londres, contre $ 350 à $ 370 la semaine dernière. Ce niveau élevé s’explique par la faiblesse des volumes disponibles ; il faut attendre la nouvelle récolte pour avoir de nouveaux approvisionnements, ce qui ne sera pas avant plusieurs mois.

Evènement majeur cette semaine, la Colombie a lancé mercredi un fond de $ 63,9 millions pour stabiliser les cours du café et préserver les producteurs de la volatilité des marchés mondiaux. C’est essentiellement le gouvernement qui abondera le fonds mais aussi les planteurs. Rappelons que la Colombie, premier producteur mondial d’Arabica lavé, a enregistré l’année dernière sa plus forte production en 27 ans, à 14,8 Ms. La Fédération nationale du café prévoit une récolte de 14 Ms cette année.

Côté entreprises, au Brésil, 3Coracoes a acheté une grande partie de l’activité café locale de Mitsui & Co pour $ 48,55 millions. L’acquisition porte sur deux unités de transformation du café, un centre de distribution et plusieurs marques de café, sans oublier des produits tels que les dosettes et le café soluble ; Mitsui conserve son opération de trading du café vert. 3Coracoes est une entreprise conjointe entre la compagnie holding locale Sao Miguel et le groupe israélien Strauss. Rappelons que si le Brésil est le leader mondial en terme de production et d’exportation de café, il est le n°2 derrière els Etats-Unis en terme de consommation. Un géant !

Hier, Starbucks et Nestlé ont lancé une nouvelle gamme de capsules de café, les premières capsules de café Starbucks créées selon la technologie de café et du système de Nespresso. Les nouvelles capsules comprennent quatre mélanges d’Arabica. Mais quand Starbucks se tournera-t-il vers le Robusta ?

CAOUTCHOUC

Les cours du caoutchouc ont été sur une tendance plutôt haussière cette semaine avec une certaine volatilité mais finissent toutefois la semaine sous revue en baisse. Partis de 189,2 yens le kilo sur le Tokyo Com­modity Exchange (Tocom), ils ont clôturé hier à 186,6 yens le kilo. En revanche, sur le marché de Shanghai, les cours se sont légèrement appréciés passant de 11 485 yuans la tonnes vendredi dernier à 11 700 yuans jeudi à la clôture.

Certes l’épidémie de Coronavirus soutient l’industrie des gants en caoutchouc mais c’est un petit marché en comparaison des pneumatiques. Or, les ventes de voitures en Chine ont chuté de 22% en janvier et pourraient chuter de 30% ce mois-ci selon la China Passenger Car Association. En outre, la limitation des déplacements en Chine suite à l’épidémie font que le marché des pneus de remplacement souffre aussi et donc l’industrie du caoutchouc.

COTON

Les cours du coton se sont appréciés cette semaine passant de 67,41 cents la livre vendredi dernier à 69,37 cents hier à la clôture, mais la hausse a été limitée jeudi en raison de l’appréciation du dollar. “Le yuan (chinois) 7-1 contre le dollar américain n’est pas un bon signe pour les matières premières aux États-Unis et le problème fondamental avec nos marchés en ce moment est de savoir comment augmenter les exportations dans un environnement où le dollar est si fort ?” a déclaré John Payne, courtier principal chez Daniels Trading.

Le coton a été soutenu cette semaine par la baisse du nombre de cas de coronavirus en Chine apaisant les craintes d’un ralentissement économique de la deuxième économie mondiale mais aussi par la décision de Pékin d’accorder des exonérations sur les droits de rétorsion imposés sur 696 produits américains, dont le coton. Cet allégement tarifaire est le plus important offert jusqu’à présent.

Aux Etats-Unis, le National Cotton Council (NCC) a donné ses premières estimations de plantation de coton à 12,98 millions d’acres en 2020 tandis que le département américain de l’Agriculture (USDA) était un peu plus haussier avec une estimation à 12,5 millions d’acres. “Les chiffres des superficies (pour le coton) sont haussiers, le problème en ce moment est que les prix du maïs doivent rester à la hausse car si les prix du maïs baissent, cela pourrait pousser davantage de superficies vers le coton“, a estimé John Payne.

HUILE DE PALME

Nouveau plongeon sur le marché de l’huile de palme. Après avoir chuté de 5,5% la semaine dernière, les cours ont à nouveau dégringolé passant de 2 659 ringgits la tonne vendredi dernier à 2 585 ringgits ($618,42) la tonne hier à la clôture. La demande en huile de palme est fortement affectée par la baisse des achats de la Chine, en raison du coronavirus, ainsi que celle de l’Inde suite à la restriction sur l’huile de palme raffinée en provenance de Malaisie.

Toutefois, les cours ont rebondi hier car les exportations au fil du mois s’améliorent. En effet, chutant jusqu’à la mi-février, elles ont rebondi et sont revenues en terrain positif. Ainsi, les exportations d’huile de palme de Malaisie entre le 1er et le 20 février ont progressé de 8,7% à 10,9% par rapport au mois précédent, selon les inspecteurs. De plus, à la surprise de l’industrie, l’Inde a délivré des licences d’importation pour 1,1 million de tonnes d’huile de palme raffinée en provenance d’Indonésie, selon des sources gouvernementales et commerciales obtenues par Reuters. “Autoriser les importations à grande échelle d’huile de palme raffinée va à l’encontre de l’objectif de placer le produit dans la liste restreinte pour les importations“, a déclaré B.V. Mehta, directeur exécutif de Solvent Extractors ‘Association (SEA). Les importations d’huile de palme de New Delhi en janvier ont chuté de 27% par rapport à il y a un an pour atteindre 594 804 tonnes, en partie en raison de la restriction des importations d’huile de palme raffinée précise la SEA.

En Inde, la production de colza, principale graine oléagineuse d’hiver avec la plus forte teneur en huile, devrait atteindre 9,11 millions de tonnes (Mt), soit un niveau supérieur à l’objectif de 8,23 Mt mais inférieur à la production de 9,26 Mt de l’année précédente, selon le ministère de l’Agriculture. Toute augmentation de la production de colza réduit les importations couteuses d’huiles végétales où l’Inde est déficitaire.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz du Vietnam ont atteint un sommet de plus d’un an cette semaine suite à la forte demande des Philippines et de la Malaisie, tandis que les prix de la variété indienne sont restés stables.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% ont bondi à $380 la tonne, soit ont plus haut depuis décembre 2018, contre $355- $360 la semaine dernière. “Nous avons récemment reçu plus de commandes des Philippines et de la Malaisie, alors que les approvisionnements restent faibles car la récolte hiver-printemps n’a pas encore atteint son maximum“, a déclaré un négociant basé à Ho Chi Minh-Ville.

Les exportations de riz du Vietnam ont augmenté de 4,2% en 2019 par rapport à 2018 pour atteindre 6,4 millions de tonnes (Mt), selon les données douanières. Cependant, en valeur, elles ont chuté de 8,3% pour atteindre $2,8 milliards. L’Afrique de l’Ouest, les Philippines et la Malaisie étaient parmi les plus gros acheteurs en volume de riz vietnamien. Pour 2020, le Vietnam prévoit d’exporter 6,75 Mt de riz, soit 6% de plus par rapport à 2019, a déclaré mardi le vice-président de la Vietnam Food Association, Do Ha Nam. “La demande devrait augmenter cette année, le riz vietnamien étant plus compétitif en termes de prix“, a déclaré Do Ha Nam à Reuters, ajoutant que l’épidémie de coronavirus en Chine n’avait eu aucun impact sur les expéditions de riz vietnamien vers la Chine. Do Ha Nam aaussi indiqué que les exportateurs de riz avaient cherché ces dernières années à élargir leurs marchés pour réduire leur dépendance à l’égard de la Chine, ajoutant que les Philippines étaient actuellement le plus grand marché. “Le Vietnam produit plus de riz parfumé pour accéder à de nouveaux marchés, comme la Corée du Sud et l’Afrique“, a ajouté Do Ha Nam.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% sont restés inchangés par rapport à la semaine dernière, à $371- $376 la tonne.”La demande modérée du Bénin et de l’Afrique du Sud maintient les volumes à un faible niveau“, a déclaré Nitin Gupta, vice-président des activités rizicoles d’Olam India. Ajoutant qu’en dépit de la faiblesse des exportations, les prix locaux du riz paddy sont restés fermes en raison des achats de la société d’État Food Corporation of India au taux imposé par le gouvernement.

La production de riz du premier exportateur et deuxième producteur mondial devrait augmenter de 0,9% pour atteindre 117,47 millions de tonnes (Mt) en 2019/2020 selon les dernières prévisions du ministère de l’Agriculture.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% se sont établis à $430-$445 la tonne, contre $425-$447 la semaine dernière. Les variations de prix sont essentiellement dues aux fluctuation du taux de change, la demande étant très calme tandis que les inquiétudes sur l’offre persistent avec la sécheresse.

Une délégation de producteurs de riz du Brésil est en mission au Mexique cette semaine pour faire pression pour une réduction des droits de douane de 20% appliqués à leurs exportations sur le marché mexicain, une réduction qui pourrait leur permettre de rivaliser les Américains, principaux concurrents. La délégation brésilienne affirme que le tarif reste un obstacle pour les exportateurs après avoir obtenu une autorisation sanitaire des autorités mexicaines l’année dernière. “La question des tarifs est impérative”, a déclaré à la presse Mario Pegorer, directeur commercial du producteur de riz brésilien Guacira Alimentos et représentant du groupe industriel Abiarroz. La taxe de 20% empêche les Brésiliens d’exporter du riz alors même que, selon Mario Pegorer, le riz brésilien est de meilleure qualité que le riz en provenance des Etats-Unis, premier fournisseur du marché mexicain. Il a estimé que les producteurs brésiliens pourraient expédier entre 20 000 et 30 000 tonnes de riz par an au Mexique dans un premier temps, mais a déclaré qu’ils avaient la capacité d’exporter jusqu’à 150 000 tonnes par an. Le Mexique achète environ 800 000 tonnes de riz par an aux États-Unis, selon les données officielles.

SUCRE

Le sucre est toujours dopé ! Le roux a terminé hier soir à New York à 15,40 cents la livre (lb) contre 15,06 cents vendredi dernier. Le blanc, quant à lui, était à $ 419,7 la tonne à Londres contre $ 412,20 en fin de semaine dernière.

C’est toujours la perspective des déficits mondiaux qui pèse sur le marché. Toutefois, il ne faut pas sous-estimer l’impact de la hausse des cours sur la vieille rivalité éthanol/sucre : un prix élevé du sucre incite les raffineurs à consacrer plus de canne à la production de l’édulcorant, ce qui abonde le marché et pourrait peser sur les prix, même s’il y a un déficit mondial. Il ne faut pas sous-estimer non plus l’impact de la baisse du réal -qui est au plus bas- et qui incite les producteurs brésiliens à vendre car ils sont très compétitifs. Ce qui, là aussi, donne un marché surabondant qui peut peser sur les prix.

En outre, ces prix élevés du sucre devraient conduire l‘Inde à exporter un tiers de plus de sucre, à 5 Mt en 2019/20, a souligné mardi l’Indian Sugar Mills Association (ISMA). Ceci compenserait la baisse d’expéditions de la Thaïlande, deuxième exportateur mondial. Les raffineurs indiens ont jusqu’à maintenant signé des contrats d’exportation pour 3,2 Mt depuis le début de la campagne 2019/20 qui a démarré le 1er octobre, et près de 1,6 Mt auraient déjà été expédiées. Notons que la production en Inde a totalisé 17 Mt entre le 1er octobre et le 15 février, en baisse de 23% par rapport à la même période l’année dernière. Selon ISMA, la production chuterait de 21,6% cette campagne à 26 Mt, son volume le plus faible de ces trois dernières années.

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