La Chronique Matières premières agricoles au 24 juin 2021

 La Chronique Matières premières agricoles au 24 juin 2021
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C’est le sourire sur les places financières. Aux Etats-Unis, la croissance économique au premier trimestre a été confirmée à 6,4% en rythme annualisé et les inscriptions au chômage ont diminué à 411 000 la semaine dernière, bien qu’on s’attendait à une meilleure performance encore. « Les statistiques sont une preuve de plus que l’économie revient à la vie, bien que peut-être de façon plus irrégulière que prévu par certains », a déclaré à Reuters Mike Loewengart, directeur général de la stratégie d’investissement chez E*TRADE Financial.

Pour leur part, les Bourses européennes ont fini en hausse jeudi, effaçant tout ou partie des pertes de la veille, portées par la confiance dans le rebond de l’économie. Mais tout n’est pas serein car la crainte d’un retour de l’inflation taraude les investisseurs depuis plusieurs mois. D’ailleurs, la Banque d’Angleterre a relevé sa prévision d’inflation, qui pourrait dépasser temporairement 3%.

Sur les places monétaires, l’euro termine à $ 1,1926. A noter que certains marchés de matières premières agricoles sont impactés par la hausse de la valeur de la monnaie brésilienne, le real, à son plus haut depuis un an face au dollar.

Quant au pétrole, les cours sont à la hausse face à la baisse plus forte que prévu des stocks de brut aux Etats-Unis la semaine dernière et la hausse de l’indice allemand de confiance des milieux d’affaires (Ifo). Le baril de Brent a terminé hier soir à $ 75,42 et le brut léger américain (WTI) à $ 73,24.

CACAOCAFÉ CAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE

CACAO

La fève s’est inscrite en baisse sur la semaine sous revue, Londres terminant hier soir à £ 1 605 la tonne contre £ 1 626 à la clôture vendredi dernier, tandis que New York glissait de $ 2 372 à $ 2 344 hier soir sur la même période.

On croule toujours sous le cacao ! Les arrivages aux ports ivoiriens d’Abidjan et de San Pedro ont totalisé 2,057 millions de tonnes (Mt) entre le 1er octobre et le 20 juin, estiment les exportateurs, en hausse de 6,3% par rapport à la même période la campagne dernière.

Ceci dit, selon Climate 24, à partir du mois de juillet, les régions cacaoyères en Afrique seront plus chaudes et humides que la moyenne de ces dernières années, laissant craindre le développement de maladies fongiques.

Côté politique, le ton est encore monté d’un cran cette semaine dans le bras de fer qui oppose les pays ouest-africains aux multinationales du cacao, les patrons du Cocobod ghanéen et du Conseil ivoirien du café-cacao (CCC) menaçant de dévoiler le nom des entreprises multinationales qui sapent tout le bénéfice de la création du différentiel de revenu décent de $ 400 la tonne à l’export en réduisant la prime pays versée à l’achat du cacao. Pour le patron du Cocobod, les consommateurs achètent du chocolat de marque et paient le prix premium qui devrait revenir au producteur. « Une fois que le différentiel pays subit une décote de £ 100 à £ 250 ($ 348,25), cela signifie que le bénéfice du DRD a été érodé », rapporte Reuters (lire nos informations :  Ces multinationales qui “volent” le consommateur de chocolat).

Côté entreprises, notons que le géant suisse Barry Callebaut a annoncé l’acquisition du belge Europe Chocolate Company, fabricant privé B2B de spécialités et décors en chocolat (lire nos informations Barry Callebaut achète le belge ECC, spécialiste du B2B de spécialités chocolat)

CAFÉ

L’Arabica poursuit sa progression, clôturant hier soir à $ 1,534 la livre (lb) contre $ 1,5195 vendredi dernier. Pour sa part, la tonne de Robusta à Londres est passée de $ 1 616 à $ 1 650.

Au Brésil, les planteurs auraient déjà récolté environ 40% de la production au 22 juin soit légèrement mois qu’à pareille époque l’année dernière (41%) et surtout bien en-deçà des 44% de la moyenne des cinq dernières années. A noter que la part des Robusta récoltés est supérieure, de l’ordre de 63% contre 27% pour les Arabica, selon le consultant Safras & Mercado. Celui-ci estime que la production sera de 56,5 Ms cette année ce qui signifierait, calcule Reuters, que 22,86 Mt auraient déjà été récoltées. Le Brésil où les perspectives s’améliorent avec les récentes pluies tombées.

En Colombie, les flux d’Arabica à l’export ont tout à fait repris maintenant, après leur arrêt suite aux mouvements sociaux de contestations.

Sur les marchés asiatiques cette semaine, la prime sur l’échéance septembre à Londres a baissé de $ 50 la tonne contre $ 60 la semaine dernière pour le Robusta d’Indonésie car on est en pleine récolte et le café abonde. Toutefois, sur l’échéance août, un autre trader sur pace en Indonésie a obtenu une prime de $ 80 à $ 90, inchangée par rapport à la semaine dernière.  Quant au Vietnam, l’activité est quasiment inexistante, quelques lots étant achetés à 35 600 dongs le kilo aux quelques rares planteurs qui en détiennent encore dans les Central Highlands ; un niveau de prix inchangé par rapport à la semaine dernière. Les traders ont vendu du Grade 2, 5% brisures et grains noirs, avec une décote de $ 50 à $ 60 sur septembre contre une décote de seulement $ 30 la semaine dernière.

Face à cette tendance haussière des prix, les entreprises réagissent différemment. Pour sa part, Alfonso Gonzales Loeschen, directeur général de Nespresso Amérique du Nord a déclaré mercredi ne pas modifier ses prix des capsules malgré la forte hausse du prix des Arabica et se laisser un peu de temps pour voir si cette tendance se confirme vraiment. En effet, Alfonso Gonzales Loeschen, qui a pris ses fonctions début 2020, juste avant le déferlement de la pandémie, a indiqué qu’aux Etats-Unis les ventes directes aux consommateurs avaient bondi de 20% durant cette période, obligeant la multinationale à s’ajuster face à ces demandes d’achats en ligne beaucoup plus fortes et, par conséquent, des exigences logistiques accrues. Actuellement, tous les coffee shops ont réouvert mais les ventes dans ces points de consommation hors domicile n’ont pas retrouvé leurs niveaux d’avant. Il semblerait que seulement 20% des salariés soient retournés au bureau et beaucoup de personnes continueront à travailler de façon hybride. Il a fait remarquer que certaines entreprises livraient à domicile leurs salariés en produits Nespresso, ce qui serait un nouveau segment pour la multinationale suisse.

De son côté, le Département américain de l’Agriculture (USDA) voit une consommation mondiale de café en hausse de 1,8 million de sacs de 60 kg (Ms) sur la prochaine campagne 2021/22, à 165 Ms, alors que la production baisserait de 11 Ms à 164,8 Ms, du fait du temps très sec au Brésil. Ainsi, les stocks mondiaux de fin de campagne baisseraient à 32 Ms, leur volume le plus faible depuis 2017.

Pour le seul Brésil, l’USDA estime sa récolte 2021/22 à 56,3 Ms contre 69,9 Ms la campagne précédente, avec une consommation nationale qui toucherait le record de 23,7 Ms, réduisant de 9 Ms les exportations qui seraient ramenées à 32 Ms. Les stocks de fin de campagne au Brésil ne seraient plus que de 1,5 Ms.

Quant au Vietnam, n°1 mondial du Robusta et n°2 toutes variétés confondues, sa production augmenterait de 1,8 Ms à 30,8 Ms en 2021/22, tandis que le n°3, la Colombie, accuserait une légère baisse de 200 000 sacs à 14,1 Ms. 

CAOUTCHOUC

Après trois semaines de baisse, les cours du caoutchouc se sont repris avec une clôture hier sur l’Osaka Exchange à 237,5 yens ($2,149) le kilo contre 234,5 yens vendredi dernier. Même tendance sur le marché de Shanghai où partis de 12 795 yuans la tonne, les cours ont atteint hier 13 010 yuans ($2017). Une reprise principalement alimentée par une reprise envisagée de l’économie du Japon.

En Inde, le premier hévéa génétiquement modifié a été planté à Guvahati en Inde, annonce Hindustan Times. Développé par le Rubber Research Institute of India (RRII) basé au Kerala, le jeune arbre a été planté par le président et directeur exécutif du Rubber Board, KN Raghavan. La plante devrait surmonter des conditions de froid intense pendant les hivers, un facteur majeur affectant la croissance des jeunes plantes, car le caoutchouc naturel est originaire des forêts amazoniennes chaudes et humides et n’est pas naturellement adapté aux conditions froides du nord-est, a déclaré KN Raghavan.

En Thaïlande, les exportations de produits en caoutchouc ont bondi en glissement annuel de 54,7% en mai avec la reprise de la demande de ses partenaires commerciaux, selon les données publiées par le ministère du Commerce (MOC).

COTON

Rebond du marché du coton dont les cours ont terminé hier à 86,73 cents la livre contre 85,18 cents la livre. Une reprise en dépit de la faiblesse des prix des céréales à Chicago et d’un dollar plutôt ferme. La clé sera la semaine prochaine, le 30 juin, la publication du  rapport sur les superficies plantées aux Etats-Unis. Les opérateurs s’attendent à une diminution des acres qui pourraient l’être davantage avec des conditions météorologiques très variables. Le week-end dernier, la tempête tropicale Claudette a frappé la plupart des Etats du sud-est des Etats-Unis ce qui conduira probablement à des pertes de récolte. L’évaluation est en cours.

Et puis la Chine pourrait apporter un soutien au marché avec l’émission d’un nouveau quota d’exportation suite à l’interdiction aux Etats-Unis de la fibre en provenance du Xinjiang pour allégation de travail forcé de la minorité ethnique musulmane les Ouighours (Lire : La Chronique matières premières agricoles au 14 janvier 2021). S’il est difficile de mesurer l’impact de cette interdiction tant au niveau des marques internationales comme H&M, Nike ou Adidas, qui ont subit toutefois une vaste campagne de dénigrement en Chine, que sur un transfert des commandes des grandes marques vers d’autres pays que la Chine, il est bien réel et obligerait Pékin à accroître ses importations de coton. Selon Bloomberg, les importations de coton de la Chine ont déjà augmenté à la suite de l’interdiction américaine, selon les données douanières. Les expéditions entrantes ont atteint en moyenne 275 000 tonnes par mois en 2021, contre 179 000 tonnes l’année dernière et 154 000 tonnes en 2019. Selon Xu Yaguang, analyste chez Huatai Futures, la Chine a émis un quota d’importation de 700 000 tonnes en mai dernier et devrait en émettre prochainement un autre mais certainement inférieur à ce montant.

La Chine qui tente de s’affranchir des labélisations étrangères, et en particulier celles de la Better Cotton Intiative (BCI), en lançant son propre programme de durabilité du coton en Chine visant à établir  une norme et un système de certification pour le coton durable. Le vice-président  et secrétaire général  de la China Cotton Association (CCA), qui chapote le programme, Wang Jiandong, a déclaré au Global Times « Tous les organismes de l’industrie se sont unis pour aider à promouvoir le coton chinois, afin de nous rendre moins contraints par [d’autres nations]. Pourquoi la licence de la BCI a-t-elle une telle influence mondiale ? Et pourquoi la Chine – en tant que premier pays consommateur de coton au monde et deuxième producteur de coton au monde – a-t-elle une influence limitée sur les pratiques commerciales dans la sphère internationale ? Nous devrions inverser cette situation. »

La BCI qui par ailleurs fait l’objet de nombreuses critiques et d’un manque de transparence suite au retrait de sa position prise en octobre de cesser ses activités dans la région du Xinjiang sur son portail créant une certaine confusion.

L’Afrique de l’Ouest serait confrontée aux pires risques climatiques du monde selon une étude lancée par Cotton 2040 et réalisée par Acclimatise sur l’impact sur changement climatique sur la production mondiale de coton. La moitié des régions productrices de coton à travers le monde risque d’être impactée (Lire : L’Afrique de l’Ouest, région cotonnière confrontée aux pires risques climatiques au monde).

La startup américaine Galy cultive un coton à partir de cellules dans des bioréacteurs. Une première avec ce coton cultivé en laboratoire qui utilise moins de 80 % d’eau et de terre tout en n’émettant qu’une fraction des gaz à effet de serre par rapport au coton conventionnel (Lire : Le premier coton qui pousse hors champs dans un laboratoire !).

 HUILE DE PALME

Après avoir cédé 6,5% le marché de l’huile de palme s’est stabilisé cette semaine tout en étant volatil. Les cours ont clôturé hier à 3421 ringgits ($823,14) la tonne contre 3415 ringgits vendredi dernier. Le marché est soutenu par une demande plutôt bonne – les exportations d’huile de palme de Malaisie seraient en hausse de 11% sur la période du 1er au 20 juin selon SGS – et la force des huiles comestibles rivales. Mais les estimations d’une augmentation de la production et l’annonce par l’Indonésie d’une réduction de sa taxe sur les exportations d’huile de palme brute ont tempéré le marché. 

La Malaisie a dépassé l’Indonésie pour devenir le plus grand exportateur d’huile de palme brute (CPO) du premier consommateur mondial, l’Inde,  en 2020/21, après que l’Indonésie a imposé de lourdes taxes sur les exportations d’huile comestible l’année dernière. Les exportations d’huile de palme de la Malaisie vers l’Inde ont bondi de 238% à 2,42 millions de tonnes (Mt)  au cours des sept premiers mois de la campagne de commercialisation 2020/21 qui a débuté le 1er novembre, selon les données compilées par l’Association des extracteurs de solvants de l’Inde (SEA). Au cours de la période, les expéditions d’huile de palme de l’Indonésie vers l’Inde ont chuté de 32 % à 2 Mt. « Les planteurs malais bénéficient de la taxe indonésienne à l’exportation. Ils gagnent des parts de marché en proposant de l’huile de palme à prix réduit par rapport aux fournitures indonésiennes », a déclaré B.V. Mehta, directeur exécutif de la SEA. Mais le changement de taxe envisagé par l’Indonésie pourrait rebattre les cartes.

L’Indonésie va modifier la structure des prélèvements sur les exportations d’huile de palme, a annoncé lundi son ministre des Finances, réduisant le taux plafond des prélèvements sur l’huile de palme brute (CPO) de $255 à $175 la tonne. Les autorités indonésiennes se demandent depuis des mois s’il faut réduire la taxe sur les exportations d’huile de palme brute, qui est à son plus haut niveau depuis cinq mois consécutifs, nuisant à la demande. “Le tarif pour la taxe à l’exportation commence lorsque les prix sont de $750  la tonne, avec une augmentation de 20 $ pour chaque augmentation de 50 $ du CPO“, a déclaré le ministre des Finances Sri Mulyani lors d’une conférence de presse virtuelle. Le tarif maximum lorsque les prix de CPO sont supérieurs à $1000 sera stable à $175 dollars, a précisé Sri Mulyani. Il n’a pas en revanche donné de date  précise sur la mise en œuvre de ce nouveau règlement mais a déclaré qu’il le serait bientôt. La taxe augmentera de 16 $ pour les produits dérivés du palmier. L’année dernière, l’Indonésie a imposé des prélèvements plus élevés sur la CPO pour générer des fonds pour son programme de biodiesel à base de palmier à huile, qui a contribué à absorber l’offre excédentaire de palmier et à soutenir les prix. Mais cette décision a suscité des inquiétudes parmi les analystes, les commerçants et les groupes commerciaux qui ont averti que des tarifs plus élevés pourraient avoir un impact sur la demande d’huile polyvalente alors que les consommateurs recherchent des alternatives moins chères, tandis que les agriculteurs disent que des prélèvements plus élevés font baisser les prix de leurs grappes de fruits frais.

La Chine a lancé vendredi dernier la négociation d’options sur l’huile de palme à la Bourse de Dalian (DCE) et a autorisé les investisseurs étrangers à participer, marquant une nouvelle étape dans l’ouverture financière du pays. Cette décision a fait des options sur l’huile de palme les premiers contrats d’options libellés en yuans cotés en Chine ouverts aux investisseurs étrangers, indique la DCE. La Chine est un important importateur et consommateur d’huile de palme dans le monde, ses volumes d’importation et de consommation représentant respectivement 15 % et 10 % du total mondial. En lançant des options sur l’huile de palme et en incluant des investisseurs étrangers dans le commerce, le pays peut fournir des outils de gestion des risques aux entités du marché et contribuer à la coordination des chaînes d’approvisionnement et industrielles internationales, ainsi qu’assurer le développement de qualité de son marché à terme précise la DCE.

Côté entreprise, la société malaisienne d’huile de palme IOI Corporation a déclaré aujourd’hui avoir été informée d’une lettre de l’US Customs and Border Protection (CBP) concernant l’ouverture d’une enquête sur des allégations d’abus de travail au sein de l’entreprise. IOI est le troisième géant de l’huile de palme en Malaisie à faire l’objet d’un examen minutieux par les États-Unis sur son traitement des travailleurs migrants, alors que l’industrie cherche à défendre son image après avoir multiplié les allégations de violations des droits humains. L’année dernière, le CBP a interdit les importations de FGV Holdings et Sime Darby Plantations.

RIZ

Les prix à l’exportation du riz des principaux hubs asiatiques ont chuté cette semaine. La baisse du baht et une faible demande affectent les prix thaïlandais, tandis qu’une roupie en baisse et des approvisionnements plus élevés pèsent sur le marché indien. Quant au Vietnam, ils ont abaissé leur prix pour rester compétitif.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% sont tombés à un plus bas niveau en sept mois à $369-$373 la tonne contre $374-$379  la semaine dernière. La baisse continue de la roupie et l’augmentation des approvisionnements des entrepôts gouvernementaux permettent aux commerçants de baisser les prix.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5% sont en aussi en baisse à $420- $430  la tonne contre $440-$486  la semaine dernière. Le baht thaïlandais a chuté à un plus bas d’ un an par rapport au dollar, ce qui se traduit par une baisse des prix à l’exportation du riz. En outre, la demande est faible.

Au Vietnam, les prix du Viet 5% reculent à $478 -$482 la tonne contre $483- $487  la semaine dernière. “Les exportateurs d’autres pays producteurs de riz ont baissé leurs prix, incitant les exportateurs vietnamiens à faire de même pour maintenir la (variété) vietnamienne compétitive, mais les ventes sont toujours très lentes“, a déclaré un commerçant basé à Ho Chi Minh-Ville. Les données douanières ont montré que le Vietnam a exporté 181 700 tonnes de riz au cours de la première quinzaine du mois de  juin, portant le total des expéditions de riz du pays au 15 juin à 2,77 millions de tonnes pour une valeur de $1,5 milliard.

Les prix intérieurs du riz au Bangladesh ont de nouveau augmenté cette semaine, ce que les responsables ont imputé à la thésaurisation pour créer une crise artificielle  et en tirer des bénéfices exceptionnels. Le pays a approuvé un appel d’offres pour acheter 50 000 tonnes de riz à l’Inde à $399,90  la tonne alors que le gouvernement se bat pour consolider ses réserves en baisse après que les inondations répétées de l’année dernière ont détruit les récoltes et fait grimper les prix locaux à des niveaux records.

SUCRE

Le sucre roux flirte avec les 17 cents la livre (lb) en cette fin de semaine, clôturant hier soir à New York à 16,93 cents sur juillet contre 16,43 cents vendredi dernier. Le sucre blanc est également très ferme, à $ 426,80 la tonne sur l’échéance août contre $ 423,40 vendredi dernier.

Ceci dit, on a enregistré toutes les tendances au cours de la semaine coulée car il semblerait que les fonds d’investissement et spéculatifs réduisent bel et bien leurs positions longues, c’est-à-dire misent un peu moins sur une hausse des prix du sucre à long terme.

Ce qui s’explique. En effet, mercredi, le groupe industriel brésilien Unica a déclaré que la production de sucre dans le centre-sud du pays avait atteint 10,57 Mt entre avril (le démarrage de la campagne) et maintenant, ce qui représente 47% de plus qu’au cours de la campagne précédente. Les raffineries joueraient à fond la carte du sucre contre l’éthanol, la part de cannes allant à la production de l’édulcorant atteignant un record de 47% au mois de juin. En effet, actuellement, les raffineries se font des marges beaucoup plus intéressantes sur le sucre que sur l’éthanol puisque les exportations de sucre s’effectuent tambour battant, avec des volumes 60% supérieurs à ceux à pareille époque l’année dernière. D’ailleurs, la banque néerlandaise spécialisée dans les marchés de matières premières agricoles, Rabobank, a mis en garde cette semaine contre le risque de voir les stocks brésiliens d’éthanol se réduire comme peau de chagrin un peu plus tard cette année si cette forte tendance de consommation de sucre persiste. Pour sa part, cette semaine aussi, la société brésilienne de production d’éthanol Copersucar a dit mardi que le Brésil pourrait devoir accroitre ses importations d’éthanol des Etats-Unis à un moment ou un autre cette année si cette tendance se poursuit.

Mais la situation pourrait s’inverser. Un important producteur brésilien, Sao Martinho, a pris tout le monde par surprise cette semaine en annonçant qu’il envisageait de produire davantage d’éthanol que de sucre durant la campagne 2021/22. Ainsi, 58% de sa canne irait à la production du biocarburant contre 53% la campagne précédente. En effet, il mise sur une hausse du prix des carburants et le retour à la normale des ventes d’essence au Brésil après la longue période de confinement. A noter que Sao Martinho a annoncé un bénéfice net de $ 185 millions pour la campagne 2020/21 qui s’est achevée en mars, soit une hausse de 45% sur la campagne précédente en raison de l’envolée des cours mondiaux.

Côté Inde -n°2 mondial du sucre derrière le Brésil, on s’interroge aussi sur le mix avec, à la clef, une révolution du marché mondial de l’édulcorant. Selon une étude du trader spécialisé Czarnikow publiée lundi, New Delhi envisagerait d’accroitre la part de l’éthanol dans l’essence vendue sur le marché national, et ce afin de réduire la pollution et la facture énergétique. Si cela se réalisait, le gouvernement cesserait ses subventions à l’export du sucre afin d’inciter les raffineries à consacrer de plus grands volumes de canne à la production d’éthanol. Ainsi, la part de l’éthanol pourrait être relevée à 20% dès 2023 contre seulement 5% actuellement. Ceci conduirait à produire 6 milliards de litres d’éthanol à partir de la canne ce qui réduirait de 6 Mt la production de sucre.

« D’ici 2025, l’Inde passerait de produire 33 Mt de sucre par an à 27 Mt. La consommation nationale étant actuellement de 25 Mt environ et destinée à croître, l’Inde ne sera plus un producteur excédentaire majeur et un exportateur », explique l’analyse en chef de Czarnikow, Stephen Geldart. Un tournant qui serait une véritable révolution sur le marché mondial comme l’avait été en 2002 et en 2008 la réforme de la politique sucrière de l’Union européenne.  

Et Stephen Geldart de se livrer à un calcul : étant donné que la demande indienne en essence continue de croître et pour que l’éthanol atteigne le niveau de mélange E20, le pays devra produire 13 milliards de litres d’éthanol ce qui nécessitera d’utiliser 10 Mt de canne.

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