La Chronique matières premières agricoles au 24 novembre 2022

 La Chronique matières premières agricoles au 24 novembre 2022
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Une semaine financière écourtée aux Etats-Unis avec ses marchés qui sont restés fermés hier pour la célébration de Thanksgiving et qui ne sont ouverts que quelques heures aujourd’hui. Ceci impacte, bien sûr, les volumes de transaction en Europe.

Le dollar et les rendements obligataires américains à long terme continuent de refluer dans l’espoir d’un ralentissement des hausses de taux d’intérêt aux Etats-Unis. En effet, une nette majorité des membres du comité FOMC de la Réserve fédérale américaine a estimé le mois dernier qu’il serait “probablement bientôt” opportun de ralentir la hausse des taux, selon le compte rendu de leur réunion publié mercredi, ce qui favorise depuis l’appétit sur les actifs risqués.

En zone euro, le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a estimé hier qu’il devait poursuivre la normalisation et le resserrement mais qu’une pause pourrait être souhaitable en cas de récession prolongée et marquée, rapporte Reuters. En Allemagne, la croissance économique au troisième trimestre a été légèrement meilleure qu’attendue : son PIB est en hausse de 0,4% d’un trimestre sur l’autre et de 1,3% sur un an, selon les données publiées vendredi par Destatis, l’institut fédéral de la statistique.

Le dollar reste près d’un creux de trois mois face à un euro qui a terminé hier soir à $ 1,0404.

Le marché pétrolier reste proche de ses récents plus bas de deux mois, le niveau évoqué pour le plafonnement du prix du brut russe par le G7 étant jugé trop haut pour avoir un impact marqué sur l’offre mondiale. Le Brent est à $ 85,20 le baril et le brut léger américain (WTI) à $ 77,99. Tous deux ont cédé plus de 3% mercredi en réaction aux informations selon lesquelles le G7 pourrait plafonner le prix payé pour le brut russe entre $ 65 et 70 le baril, alors que son prix de revient est estimé autour de $ 20, rapporte Reuters.

CACAO CAFÉCAOUTCHOUC  – COTON –  HUILE DE PALME –  RIZSUCRE

CACAO

Sur une semaine très écourtée à New York en raison des célébrations de Thanksgiving, la tonne de cacao est passée de $ 2 456 vendredi dernier à $ 2 444 à la clôture mercredi sur l’échéance mars, tandis qu’à Londres, les fèves étaient hier soir à £ 1 955, soit quasiment au même prix que les £ 1 953 enregistrés en fin de semaine dernière, les deux marchés étant sur la position mars.

En Côte d’Ivoire, la fin de la grève au port de San Pedro a boosté les chiffres cumulés d’arrivages de la semaine dernier des fèves aux deux ports ivoiriens, arrivages estimés par les exportateurs à 595 000 tonnes (t) entre le 1er octobre et le 20 novembre. Ceci ne représente qu’une baisse de 3,9% par rapport à la même période l’année dernière alors que la semaine précédente, ils étaient de 12% inferieures aux niveaux de l’année précédente à pareille époque (lire notre dernière chronique).

En Côte d’Ivoire aussi où un bon mix de pluies et de soleil est le bienvenu dans les régions cacaoyères. C’est de bon augure pour le développement de la campagne principale qui court jusqu’à fin mars.

Un mot du Ghana, n°2 mondial du cacao, qui traverse de grandes turbulences financières et de crise économique avec une inflation alimentaire qui a atteint 65,2% en octobre par rapport à un an auparavant. Accra est en cours de négociation avec le Fonds monétaire international (FMI) pour alléger sa dette et obtenir un soutien. Le Ghana envisage d’importer son pétrole en payant en or au lieu du dollar. A ce jour, aucune déclaration n’a été faite quant à l’impact que cela pourrait avoir sur la filière cacao. Rappelons que le pays a ouvert sa campagne cacao en annonçant une hausse de 21% de son prix garanti bord champs alors qu’on s’attend à une baisse de sa production cette campagne 2022 :23 (lire nos informations : Lourdes incertitudes sur le cacao dont le prix a chuté de 11% en un an).

CAFÉ

Le café Arabica, coté à New York où les marchés ont fermé mercredi pour le reste de la semaine, a terminé en hausse à $ 1,6275 contre $ 1,551 la livre (lb) vendredi dernier sur l’échéance mars. Quant au Robusta à Londres, la tonne a bien progressé, passant de $ 1 811 en fin de semaine dernière à $ 1 843 hier soir sur l’échéance janvier.

Une hausse des cours qui s’expliquerait, selon les observateurs, par la fin (pour le moment) du mouvement de vente des fonds d’investissement et de spéculation mais aussi par la perspective d’une prochaine récolte brésilienne sur 2023 qui pourrait, en définitive, être moins importante qu’anticipée.

En effet, les caféiculteurs et les experts ont revu à la baisse leurs prévisions de production brésilienne sur l’année prochaine car après floraison, lorsque les pluies sont revenues en octobre, nombre de fleurs n’ont pas donné de cerises. Peut-être est-ce en raison d’un hiver très sec ou d’une fatigue naturelle des caféiers. Par conséquent, les volumes de café seraient, en réalité, similaires à ceux de cette année alors que, jusqu’à maintenant, la plupart des négociants internationaux attendaient la prochaine récolte brésilienne en hausse. Ce que Carlos Augusto Rodrigues de Melo, président de Cooxupe, la plus grande coopérative de café du Brésil et le premier exportateur du pays, a confirmé cette semaine, déclarant que la nouvelle récolte serait de taille similaire aux deux précédentes, toutes deux affectées par des conditions météorologiques défavorables.

« Nous nous attendions à une augmentation des rendements (pour 2023), mais nous avons changé d’avis après le développement de la floraison », a aussi déclaré à Reuters le caféiculteur Paulo Armelin qui cultive 220 hectares de café dans la région de Cerrado Mineiro.

Côté Vietnam, leader mondial du Robusta, les pluies ont perturbé la récolte qui bat son plein et les activités de séchage des cerises. Les caféiculteurs dans les Central Highlands ont vendu à des prix légèrement inférieurs à la semaine précédente, à 39 200- 40 200 dongs le kilo ($ 1,58-$ 1,62) contre 38 900- 40 100 dongs précédemment. « “Les pluies ont retardé le processus de cueillette des cerises dans certaines régions des Hauts Plateaux du centre, suscitant des inquiétudes quant à l’approvisionnement dans les prochaines semaines”, a déclaré un trader basé dans la province de Dak Lak. A L’export, le Grade 2, 5% brisures et grains noirs, a été offert à l’export avec une décote de $ 60 à $ 70 la tonne par rapport au contrat de mars à Londres, inchangé par rapport à la semaine précédente.

En Indonésie, il n’y a quasiment plus de marchandises à l’export car la campagne est terminée. Les quelques lots restants sont partis avec une décote allant de $ 50 à $ 110.

CAOUTCHOUC

La recrudescence des cas de Covid et les nouvelles mesures de restriction en Chine pèsent sur le marché du caoutchouc avec des inquiétudes sur la demande du premier acheteur mondial. De nouveaux troubles dans la plus grande usine d’iPhone au monde ont mis aussi en évidence le bilan social et industriel des mesures strictes de la Chine contre la Covid-19.  Ainsi, les cours sur l’Osaka Exchange ont chuté passant de 217,2 yens le kilo vendredi dernier à hier 214,6 yens ($1,55). Sur le marché de Shanghai, les cours sont stables à 12 755 yuans ($1 786,21) la tonne.

Au Cambodge, sur les dix premiers mois de l’année, les exportations de caoutchouc et de bois d’hévéa ont généré $396 millions, en baisse de 11% par rapport à janvier-octobre 2021, selon le département général du caoutchouc.

En volume, le Cambodge a exporté 264 918 tonnes de caoutchouc au mois d’octobre 2022, en baisse de 1 552 tonnes par rapport au mois d’octobre 2021. Le prix de vente moyen du caoutchouc en octobre 2022 était de $1 482 la tonne, en baisse de $181 la tonne, ou 11 % par rapport à la même période l’an dernier.

Aux États-Unis,  le département américain de l’Agriculture (USDA) vient d’accorder une subvention intelligente face au climat de $35 millions à la filiale américaine du japonais Bridgestone pour investir  et développer dans le guayule, une alternative au caoutchouc naturel (Lire : Aux Etats-Unis, une subvention de $35 millions pour développer la production de guayule).

Le marché mondial des gants en caoutchouc devrait atteindre $16,4 milliards d’ici 2028 avec une croissance du marché de 3,5% TCAC au cours de la période de prévision selon ReportLinker.

COTON

Le marché du coton est toujours en petite forme et le restera tant que la demande est atone. Les nouvelles restrictions mises en œuvre  par la Chine pour lutter contre les nouveaux cas de Covid-19 sont un mauvais signal.  Cette semaine,  les cours se sont contractés pour clôturer hier à 83,94 cents contre 85,16 cents  vendredi dernier.

Dans sa revue de marché, Plexus Cotton indiquait que la plupart des usines du monde entier ont fonctionné de 20 à 50 % en dessous de leur rythme habituel au cours des 4 à 5 derniers mois. En outre, de nombreuses usines disposent de 2 à 3 fois leurs stocks normaux de fils et de tissus, car la demande des consommateurs reste faible, ce qui pèse sur l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement.

Plusieurs indicateurs soulignent cette faiblesse de la demande. Ainsi, les importations de fil de coton sont à leur plus bas niveau en une décennie en Chine. De même,  le Bureau des statistiques du Pakistan prévoie dans son dernier rapport mensuel un ralentissement majeur des exportations de textile  indiquant que l’industrie a connu une baisse à deux chiffres du volume exporté dans la plupart des segments à valeur ajoutée faible à moyenne au cours des 4 mois de l’exercice 2022/ 23 (juillet à octobre).

En Inde, alors que la production de coton, qui a démarré le 1er octobre,  est attendue en hausse d’environ 12% à 34,4 millions de balles en 2022/23, les négociants indiens ont du mal à exporter du coton car les agriculteurs retardent la vente de leur récolte dans l’espoir d’une hausse des prix dans les mois à venir. Conséquence, l’approvisionnement limité maintient des prix locaux élevés du coton au dessus des cours mondiaux, rendant les ventes à l’étranger non viables. « La récolte de la nouvelle récolte a commencé le mois dernier, mais de nombreux agriculteurs ne sont pas disposés à vendre. Ils retiennent la récolte en espérant que les prix augmenteraient comme la saison dernière », a déclaré Atul Ganatra, président de la Cotton Association of India (CAI).

Comme pour l’ensemble des cotonculteurs, les agriculteurs indiens ont bénéficié de prix record pour leur récolte de la précédente campagne. En juin 2022,  ils ont atteint  un pic à  52 410 roupies pour 170 kilos. Depuis, les prix se sont contractés de près de 40% et il est probable qu’ils ne reviennent pas à des plus hauts.

Jusqu’à présent pour la nouvelle campagne, les négociants indiens n’auraient contracté que 70 000 balles pour les exportations, un montant bien inférieur aux  500 000 balles à la même période en 2021, selon un concessionnaire interrogé par Reuters

HUILE DE PALME

Après le creux de la semaine dernière avec une perte de 10% juste avant le long week-end, la Bursa Malaysia Derivatives Exchange étant fermée vendredi, l’huile de palme a repris des couleurs avec une clôture hier à 4 046 ringgits la tonne ($901,11) contre 3 851 ringgits vendredi dernier. Un rebond impulsé par les chiffres des exportations de la Malaisie du 1er au 20 novembre, en hausse de 2,9 % à 9,6 % par rapport au mois précédent, selon les données des inspecteurs du fret, le renforcement des autres huiles végétales et l’anticipation d’une baisse de la production.

Fitch Ratings  a révisé à la baisse ses prévisions de prix moyen de l’huile de palme pour 2022, passant de 5 200 ringgits ($1 135) la tonne à 4 880 ringgits ($1 066). En prenant en compte cette révision, à 4 880 ringgits la tonne, c’est une hausse de 17,6 % par rapport au niveau moyen des prix en 2021. Fitch Ratings  estime que le prix moyen de l’huile de palme oscillera autour de 4 000 ringgits ($873) la tonne jusqu’à la fin de 2022. Quant à 2023, l’analyste s’attend à ce que les prix moyens de l’huile de palme brute soient nettement inférieurs, car la production de l’industrie devrait être plus élevée. Les prix de référence malaisiens seront en moyenne de $800 la tonne en 2023, contre $1 200 en 2022.

L‘Indonésie a exporté 3,18 millions de tonnes (Mt) de produits à base d’huile de palme en septembre, en hausse de 10,3% par rapport au même mois l’an dernier, mais en baisse sur une base mensuelle, selon les données de l’Association indonésienne de l’huile de palme (GAPKI) publiées lundi. La production d’huile de palme et de palmiste en septembre s’est établie à 4,99 Mt et le stock à fin septembre à 4,03 Mt.

La Chine a signé un engagement d’une valeur de $2,6 milliards pour acheter de l’huile de palme brute et ses produits dérivés à l’Indonésie pour un montant de 2,5 millions de tonnes  impliquant des accords entre neuf entreprises indonésiennes et 13 acheteurs.

RIZ

Avec une baisse de l’offre, les prix à l’exportation du riz vietnamien grimpent et se situent à des niveaux supérieurs aux prix du riz de l’Inde et de la Thaïlande.

Au  Vietnam, les  prix du Viet 5% ont grimpé à $438 la tonne, soit son plus haut depuis juillet 2021,  contre $425- $430 la semaine dernière. En cause le resserrement des approvisionnements en provenance du delta du Mékong. A ce niveau, les prix vietnamiens sont supérieurs à ses concurrents et devraient continuer à augmenter jusqu’à la fin décembre en raison de la diminution des stocks et de la demande croissante de la Chine et des pays européens.

En Inde, les prix du riz étuvé 5% sont inchangés à $373-$378  la tonne dans un contexte de bonne demande des pays importateurs et de la compétitivité des prix du riz indien, même après les droits d’exportation, par rapport aux autres pays exportateurs. Toutefois,  les approvisionnements disponibles  sont limités pour les exportateurs, le gouvernement indien ayant acheté de manière agressive du paddy de la nouvelle saison auprès des agriculteurs.

En Thaïlande, les prix du Thaï 5 % se sont appréciés à $419-$425 la tonne contre $410-$425 la semaine dernière en raison de la fluctuation du taux de change, la demande étrangère étant stable.

SUCRE

Le marché boursier de New York étant fermé depuis mercredi soir en raison des fêtes de Thanksgiving, l’activité a été très réduite, la livre de sucre roux passant de 20,05 cents vendredi dernier à 19,55 cents mercredi sur mars. Quant au sucre blanc, côté à Londres, la tonne est passée de $ 543,30 la tonne vendredi dernier à $ 539,90 hier soir.

Un marché sucrier qui, comme toujours, a les yeux rivés sur le Brésil et l’Inde, premier producteur mondial et deuxième exportateur derrière Brasilia. Selon le président de l’Indian Sugar Mills Association (ISMA), Aditya Jhunjhunwala, interrogé par Reuters, New Delhi devrait autoriser une deuxième tranche d’exportation de 2 à 4 millions de tonnes (Mt) sur la campagne 2022/23, ce qui porterait les volumes exportés totaux du géant à 8-10 Mt, soit en-deçà des 11 Mt la campagne précédente 2021/22 (octobre à septembre). Rappelons que début novembre, l’Inde avait autorisé une première tranche d’exportations de l’ordre de 6 Mt.

“Il y aura certainement une deuxième tranche … entre 2 et 4 millions de tonnes, selon la production”, a déclaré Aditya Jhunjhunwala en marge du séminaire de l’Organisation internationale du sucre (OIS) qui s’est tenu à Londres cette semaine.

Il estime la production indienne à 36 Mt de sucre et à 5 Mt d’éthanol. La consommation indienne de sucre est d’environ 27 à 27,5 Mt, ce qui laisse 8,5 à 9 Mt pour l’exportation, a-t-il dit, ajoutant que les usines ont déjà signé des contrats pour exporter 4 Mt de sucre. Il n’a pas évoqué les stocks.

Au Brésil, le broyage de la canne à sucre et la production de sucre dans la région centre-sud ont plus que doublé au cours de la première quinzaine de novembre par rapport à la même période l’année dernière, a déclaré hier le groupe industriel Unica. Les broyages ont totalisé 26,34 Mt au cours de la période, en hausse de 109,3% par rapport à il y a un an, tandis que la production de sucre a bondi de 162,2% à 1,67 Mt. Des volumes qui ont largement excédé les attentes du marché, S&P Global Commodity Insights estimant à 23,9 Mt les broyages et à 1,47 Mt le sucre.

En effet, les broyages se sont accélérés car les pluies ont diminué mais aussi parce qu’un plus grand nombre de broyeurs sont encore en activité par rapport à la même période en 2021/22. En effet, à pareille époque l’année dernière, ils avaient été contraints de cesser leurs activités plus tôt face aux mauvaises conditions climatiques. Actuellement, 140 moulins sont encore opérationnels contre 118 l’année dernière. Compte tenu des chiffres cumulés, le broyage de la canne à sucre jusqu’à présent cette saison a atteint 516,8 Mt, en baisse de seulement 0,1 % d’une année sur l’autre.

Selon Commerzbank, davantage de canne à sucre au Brésil irait à la production de sucre actuellement car le pays utilise davantage de maïs maintenant pour sa production d’éthanol.

Côté consommation, Niels Poerksen, directeur général du plus grand producteur de sucre d’Europe, l’allemand Suedzucker, a déclaré à Reuters qu’il devrait encore augmenter les prix du sucre l’année prochaine car les coûts de l’énergie restent élevés comme les coûts des intrants pour des produits comme la betterave à sucre. “Dans certains domaines, l’augmentation des coûts exerce toujours une pression sur la marge. Nous devrons donc mettre en œuvre de nouvelles augmentations de prix l’année prochaine“, a déclaré Poerksen en marge du séminaire de l’OIS.

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