La Chronique Matières Premières Agricoles au 26 octobre 2017

 La Chronique Matières Premières Agricoles au 26 octobre 2017
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L’euro a perdu hier, jeudi, près de 1,4% face au dollar, sa plus forte baisse sur une séance depuis juin 2016. Cette dépréciation de la monnaie unique est en réaction à la décision de la Banque centrale européenne de maintenir, à la surprise quasi générale, la possibilité d’augmenter de nouveau si nécessaire ses achats d’actifs sur le marché. Le dollar gagne près de 0,3% face à un panier de devises de référence, le billet vert a ainsi renoué avec la parité face au franc suisse pour la première fois depuis mi-mai.

CACAOCAFÉCAOUTCHOUCCOTONHUILE DE PALMERIZSUCRE

CACAO

Le marché du cacao a perdu sur la semaine, clôturant hier soir sur le marché à terme de Londres à £ 1 576 contre £ 1 592 vendredi dernier, et New York à $ 2 119 contre $ 2 138.

En Côte d’Ivoire, les producteurs s’inquiètent de la pourriture brune  qui se propagent avec les fortes pluies et qui affectent les cabosses. Les régions les plus affectées seraient la région sud-ouest de Soubré, à l’ouest Man et au centre-ouest Daloa. D’autre part, ils se plaignent de vendre leur cacao en dessous du prix plancher des FCFA 700 le kilo, plutôt vers FCFA 600, car la demande est faible. En cause, la frilosité des banques à accorder des crédits aux exportateurs, craignant que ne se reproduisent des cas de défauts de contrat comme l’année dernière.

L’Indonésie, quant à elle, vient d’annoncer qu’elle portera à 5% sa taxe à l’exportation de fèves de cacao en novembre après être restée à zéro pendant des mois. En effet, les autorités de Jakarta estiment que le cours moyen du cacao en novembre grimpera à $ 2 044,86 la tonne. Rappelons que la taxe est réactivée lorsque le cours mondial dépasse les $ 2 000.

Dans son dernier rapport, Rabobank estime que la récolte ivoirienne serait plutôt de 1,83 Ms en 2017/18 contre les 1,85 Ms avancés précédemment car les pluies sont plus importantes que la normale et la décision du gouvernement, de ne pas augmenter le prix plancher aux planteurs, les conduira à moins utiliser d’intrants, ce qui se ressentira sur les rendements. Les broyages mondiaux progresseraient, selon Rabobank, de 2,3% en 2018/19 par rapport à 2017/18. Enfin, Rabobank note que si le phénomène climatique La Niña se concrétise, cela sera profitable à la cacaoculture.

Côté consommation, les broyages asiatiques au troisième trimestre ont fait un bond de 12,9% par rapport à la même période l’année dernière, alors qu’aux Etats-Unis, ils ne progressaient que de 0,7%.

Côté entreprise, le géant américain du chocolat Hershey a annoncé des revenus au troisième trimestre de son exercice, au 1er octobre, en hausse. Ses ventes aux Etats-Unis, de loin son plus gros marché, ont progressé de 1,6%, atteignant $ 1,79 milliard (lire nos informations).

CAFÉ

L’Arabica a terminé hier soir sur le marché de New York, à $ 1,2455 la livre (lb) parti de $ 1,252 vendredi dernier, tandis que le Robusta cotait $ 1 949 la tonne à Londres contre $ 1 965. La faiblesse des prix de l’Arabica, au plus bas en 4 mois, suscite une grande activité sur le marché avec un record de 239 024 contrats échangés sur la seule journée de cotation de mercredi.

Certains armateurs ont réduit leurs capacités de conteneurs en provenance du Brésil, provoquant une baisse des expéditions de café brésilien vers les Etats-Unis et vers l’Europe du Nord sur les mois de novembre et décembre. Cette baisse serait non-négligeable, de l’ordre de 20% vers l’Europe. Certains expliquent ceci par le retard des travaux de drainage du port de Santos, ce qui obligerait certains navires à alléger leur charge jusqu’à 20%, tandis que d’autres l’imputent à la baisse de la valeur du real suite au scandale politique en cours. Un importateur aux Etats-Unis a calculé que ceci équivaudrait à une baisse de 10 000 à 20 000 conteneurs de café quittant le Brésil chaque mois.

Déjà en septembre, les exportations de café du Brésil ont été exceptionnellement faibles, en chute de 24% par rapport à septembre 2016, selon l’association des exportateurs Cecafé. De ce fait, les différentiels sur le marché spot se réduisent. Sur les 11 mois de la campagne 2016/17, les exportations brésiliennes ont glissé de 7,3%, à 29,3 Ms, selon les statistiques de l’organisation internationale du café (OIC). Les stocks brésiliens augmenteraient de 1,03 Ms, face à une consommation nationale stable à 20,5 Ms. La sécheresse en août pourrait réduire la production en 2017/18, celle-ci étant estimée pour l’instant à 55 Ms.

Côté pays importateurs, cette situation de fret ne devrait guère se ressentir de suite car les stocks totaux de café dans les pays importateurs avaient atteint en juin leur plus haut niveau en 8 ans, à 25,4 Ms, selon l’OIC. Une situation curieuse puisqu’on a enregistré trois campagnes consécutives de déficit caféier mondial. S’agissant de la campagne 2016/17, la production mondiale serait de 153,9 Ms face à une consommation de 155,1 Ms.

Sur le front des Robusta, les pluies au Vietnam font craindre que les récoltes ne soient retardées. Les cerises de café auraient besoin de deux à trois semaines de soleil pour arriver à maturité. Rappelons que la campagne au Vietnam court d’octobre à septembre.

Cette semaine, le Robusta Grade 2, 5% brisures et grains noirs, s’est vendu au Vietnam avec une décote de $ 20 à $ 50 par rapport au cours de Londres. Ceci dit, l’activité a été réduite sur ce marché car les stocks sont faibles et la demande terne. La récolte devrait atteindre son plus fort mi-novembre.

En Indonésie, le Grade 4, 80 défauts, s’est vendu cette semaine à prime de $ 40 sur l’échéance janvier à Londres, soit au même niveau que l’année dernière.

Rabobank a fortement révisé à la baisse cette semaine ses estimations de déficit mondial de café, le ramenant à 4,9 Ms pour la campagne 2017/18 contre les 6,1 Ms qu’elle avait estimé précédemment. Ceci serait le fait de changements dans des pays comme l’Ouganda et d’autres plus petits pays producteurs. Pour 2016/17, elle prévoit maintenant un excédent de 1,1 Ms contre un déficit de 200 000 sacs initialement escompté.

CAOUTCHOUC

Alors que les cours du caoutchouc ont accusé une perte hebdomadaire (2%)  pour la deuxième semaine consécutive avec une clôture  vendredi dernier à 197,1 yens ($1,74) le kilo, ils  ont un peu récupéré  en milieu de semaine grâce à la faiblesse du yen pour une grande part pour  ensuite surgir à un plus haut de 10 jours jeudi, clôturant à 202,3 yens le kilo, portés par une légère hausse du marché de Shanghai. 

Lors de la dixième conférence annuelle du caoutchouc de l’Association of natural rubber producing countries (ANRPC), qui s’est déroulée le 23 octobre à Hô-Chi-Minh Ville au Vietnam, le président de l’association, A. Ajith Kumar, a estimé que les prix du caoutchouc, en dépit d’une reprise en 2016, devraient demeurer à des niveaux bas. La demande mondiale de caoutchouc devrait augmenter de 1,2% à 12,38 millions de tonnes (Mt) en 2017  pour une offre mondiale estimée à 12,88 Mt.

Les importations de caoutchouc naturel en Chine se sont élevées à 2, 018 millions de tonnes (Mt) de janvier à septembre, en hausse de 20% par rapport à la même période en 2016. Le prix moyen d’achat du caoutchouc sur le mois de septembre a été de $1 567,11 la tonne. Sur les neuf mois, la Chine a importé 17 158 tonnes de caoutchouc de Côte d’Ivoire, en baisse de 19% par rapport à 2016, 1 109 tonnes du Nigeria (+161%), 611 tonnes du Liberia et 68 tonnes du Ghana. Le prix moyen pour l’origine Côte d’Ivoire était de $ 1 456,84 la tonne en septembre. Quant aux importations de caoutchouc synthétique, elles totalisent 3, 094 Mt de janvier à septembre, en hausse de 29,57%. Le prix moyen était  de $1 735,93 la tonne au mois de septembre.

COTON

Après avoir chuté de 2,5% la semaine dernière, clôturant  à 66,88 cents la livre  vendredi les cours du coton se sont redressés cette semaine pour atteindre jeudi 69,19 cents la livre. Les cours ont grimpé de 4% lundi les prévisions de gel dans l’Ouest du Texas  faisant craindre des dommages sur la culture du coton.  Mais les craintes se sont dissipées et les cours ont glissé pour chuter de plus de 1% jeudi avec en toile de fonds un dollar fort.

La 76ème réunion plénière du Comité consultatif international du coton (CCIC), qui s’est déroulée du 23 au 27 octobre à Tachkent en Ouzbékistan, a accueilli deux nouveaux membres  à savoir l’Union européenne et le Bangladesh.

En  Ouzbékistan, le président  Shavkat Mirziyoyev a signé un décret sur la suppression de la société holding Ozpaxtasanoateksport, le  monopole d’État qui transforme et exporte le coton et les produits dérivés. Dans les 15 jours, une commission spéciale  préparera une proposition pour mieux organiser la gestion des entreprises de transformation du coton dans le pays et peut-être libéraliser la filière.

Les importations de coton en Chine se sont élevées à 905 371 tonnes de janvier à septembre, en hausse de 37,5% par rapport à la même période en 2016. Le prix moyen d’achat du coton sur le mois de septembre a été de $1 936,12  la tonne pour des  importations  de  82 847 tonnes, en hausse de 53,2%. Les Etats-Unis sont le premier fournisseur  de la Chine sur les 9 premiers mois de 2017 à hauteur de près de 50%, puis se placent l’Australie (22%) et l’Inde (10%). Le Bénin est le premier fournisseur africain (cf. tableau ci-dessous).

Importations de coton de Chine en provenance de l’Afrique de l’Ouest

 

 

Septembre (t)

Evolution %

Prix $/t

Janv-Sept (t)

Evolution %

Bénin

2 509

1927,51

30 053

207,65

Burkina

2 417

1907,55

9 496

177,1

Côte d’Ivoire

5 575

4,18

Mali

1 805

– 59 ,1

Source : Douanes chinoises

Dans la première région productrice de coton de Chine, le Xinjiang, la mécanisation est en marche, les machines remplaçant les centaines de millier de travailleurs migrants. D’ore et déjà les 116 000 hectares de champs de coton dans le comté de Shawan ont été récoltés par des machines. Une machine qui peut faire chaque jour  le travail de  2000 travailleurs.

Au Bénin,  la commercialisation  de la campagne cotonnière 2017/18 qui s’annonce record  a été lancée vendredi dernier (cf. nos informations).

Le coton est le seul produit Fairtrade qui enregistre une baisse de ses ventes en 2016 (cf. nos informations).

HUILE DE PALME

Les cours de l’huile de palme ont progressé cette semaine soutenus par la vigueur du marché du soja aux Etats-Unis et en Chine, de bons chiffres à l’exportation, d’un éventuel impact de La Nina sur la production et d’un ringgit plus faible. De 2724 ringgits la tonne à la clôture vendredi dernier, les cours ont terminé jeudi à 2813 ringgits ($664,62) la tonne.

Les exportations d’huile de palme de Malaisie sont dynamiques en hausse de plus de 8% entre le 1er et 25 octobre 2017. Côté production, elle est en hausse, comme le veut la saison, de plus de 10% sur les 20 premiers jours d’octobre, selon les chiffres de la Malaysian Palm Oil Association (MPOA).  Toutefois,   le phénomène météorologique  La Nina pourrait affecter la production en fin d’année. « La hausse de la production à partir du mois d’octobre pourrait limiter la hausse des prix de l’huile de palme, mais elle est incapable de faire baisser la pression sur le marché car les acteurs s’attendent à une baisse de la production vers la fin de l’année », observe un négociant.

La Chine plébiscite huile de palme dans ses importations d’huiles végétales. De janvier à septembre, elles a importé 3,485 millions de tonnes d’’huile de palme contre 613 797 tonnes pour l’huile de colza et 545 371 tonnes pour l’huile de soja. Le différentiel de prix avantage l’huile de palme dont le prix moyen à l’importation en septembre a été de $659,13 la tonne contre $886,87 pour le colza et $832 pour le soja.

En Indonésie, la perte de la forêt tropicale – un quart depuis 1990 – causée par les plantations d’huile de palme ou de caoutchouc, exacerbe le changement climatique  avec des conséquences possibles sur la rareté de l’eau, la fréquence des feux de forêt, mais aussi sur les températures locales, ont montré une  équipe de scientifiques dans une étude publiée dans la revue Biogeosciences. L’étude a analysé les données satellitaires collectées entre 2000 et 2015 sur la province de Jambi dans l’île de Sumatra, l’une des zones les plus touchées par la déforestation. Dans l’ensemble, la température moyenne à la surface en  milieu de matinée a augmenté de 1,05 Celsius dans la région, mais n’a augmenté que de 0,45 C dans les zones forestières intactes, suggérant que la déforestation renforcerait  l’effet du changement climatique.

Côté entreprise, le groupe allemand BASF a rejoint le Forum pour l’huile de palme durable (FONAP) en tant que producteur des dérivés oléochimiques dans la catégorie «Supporter». « Devenir un membre officiel du FONAP est un signal important pour BASF dans ses efforts continus pour promouvoir des produits durables à base de palmier à huile. Cela souligne notre engagement à transformer le marché vers des ressources renouvelables durables et à aider nos clients à remplir leurs engagements FONAP », a déclaré Xavier Susterac, vice-président principal de BASF Personal Care Europe. BASF est l’un des principaux transformateurs mondiaux de produits oléochimiques,  dont l’une des principales matières premières est l’huile de palmiste et ses dérivés primaires.

En 2016, BASF a augmenté ses volumes d’achat d’environ 32 000 tonnes à 158 000 tonnes et a presque doublé les ventes de produits certifiés à base d’huile de palmiste.

RIZ

Les prix du riz en Inde ont fléchi cette semaine en prévision d’une hausse des approvisionnements de la nouvelle campagne, mais augmenté  légèrement en Thaïlande, les négociants étant optimistes sur la demande du Sri Lanka.

En Thaïlande, le Thaï 5%  s’est établi à  $375-$388 la tonne contre $375-$385 la semaine dernière. La Thaïlande compte sur l’appel d’offres du gouvernement du Sri Lanka, lancé suite aux récentes inondations qui ont nui aux récoltes,  et qui porte sur l’achat de 200 000 tonnes de riz. Toutefois, si les fortes  pluies n’ont pas affectées les cultures, l’ensemble du riz ayant été récolté, elles provoquent des difficultés pour embarquer le riz ce qui impactent les exportations. Elles devraient reprendre en novembre avec la baisse des pluies.

En Inde, les prix du riz étuvé 5%  a diminué de $2 pour se situer entre $402-$405 la tonne. «L’approvisionnement de la nouvelle saison sera disponible dans les prochaines semaines et les exportations augmenteront également avec l’offre», a déclaré BK Krishna Rao, directeur général du principal exportateur Pattabhi Agro Foods Pvt, en précisant que la demande en provenance du Sri Lanka et du Bangladesh  devrait être robuste au cours des prochains mois.

Au Vietnam, les prix du riz étaient haussiers car les stocks se tarissent. Le Viet 5%  cotait à  $395 -$405 la tonne, contre $ 390-$ 400 la semaine dernière. « L’offre est très faible, nous sommes en rupture de stock, les prix du riz resteront élevés », a déclaré un négociant à Ho Chi Minh, ajoutant que le commerce était terne car les prix vietnamien ne sont pas compétitifs pour les importateurs étrangers.  De nouveaux approvisionnements ne seront disponibles qu’en novembre avec l’arrivée de la petite récolte autonome-hiver.

Les zones de riziculture dans les régions du sud ont été réduites en raison des inondations, mais la productivité devrait augmenter de 3,2% par rapport à l’année précédente, a indiqué jeudi un rapport du ministère de l’Agriculture.

Le Bangladesh a entériné  l’achat de 100 000 tonnes de riz étuvé en provenance d’Inde dans le cadre d’un accord intergouvernemental à $455 la tonne. Il a également approuvé l’achat de 150 000 tonnes de riz étuvé en provenance de Thaïlande à  $465 la tonne. De juillet à octobre, le pays a importé plus d’un million de tonnes de riz, selon les données du ministère de l’Alimentation.  En dépit, des importations en vrac, les prix intérieurs n’ont pas bougé, les responsables et les négociants s’attendent donc  à davantage d’importations de riz dans les mois à venir. Aliment de base 160 millions de Bangladais, le prix élevé du riz a contribué à la hausse de l’inflation qui a atteint en septembre son plus haut niveau depuis octobre 2015 mettant le gouvernement dans une situation délicate avec des élections attendues pour l’année prochaine. En août, le gouvernement a réduit les droits sur les importations de riz pour la deuxième fois en deux mois. Une baisse qui  a incité les négociants privés à se porter des achats, la plupart des transactions ayant été conclues avec l’Inde voisine.

La forte demande du Bangladesh pourrait encore faire grimper les prix asiatiques du riz, qui ont atteint des niveaux records ces derniers mois après que le Bangladesh et d’autres pays d’Asie du Sud aient connu leurs pires inondations de mousson depuis des années.

La Chine a importé 2,961 millions de tonnes de riz sur le neuf premiers mois de 2017, en hausse de 16,4% par rapport à la même période en 2017.

SUCRE

Le sucre roux a terminé hier soir sur la place boursière de New York à 14,11 cents la livre contre 14 cents vendredi dernier, le blanc s’établissant à $ 373,40 la tonne à Londres contre $ 368,80 en fin de semaine dernière.

Un marché sous pression du real, la monnaie brésilienne, qui a perdu de sa valeur, rendant son sucre plus compétitif sur les marchés mondiaux. Un marché également vulnérable, notent les traders, car il n’arrive pas à décoller : l’échéance mars ne parvient pas à se hisser au-dessus de la moyenne mobile des 50 derniers jours.

Toujours au Brésil, les raffineries du centre-sud ont augmenté leur utilisation de canne pour fabriquer de l’éthanol au détriment du sucre car le prix du biocarburant est plus intéressant face à celui du sucre qui en parvient pas à décoller.

 

 

 

 

 

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