Les transformateurs de noix de cajou en Côte d’Ivoire au bord du gouffre ?

 Les transformateurs de noix de cajou en Côte d’Ivoire au bord du gouffre ?
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Chacun se souvient qu’il y a un mois, le gouvernement de Côte d’Ivoire avait annoncé être en train de finaliser un plan engageant plus de $20 millions pour soutenir les transformateurs locaux de noix de cajou qui estimaient être « mis à l’écart » dans les exportations d’amandes (lire : La Côte d’Ivoire au secours des transformateurs locaux de noix cajou). Il s’agissait d’augmenter la subvention accordée aux entreprises nationales de transformation et de leur faciliter l’accès à un financement bancaire grâce à la création d’un fonds de garantie d’une valeur de plus de $20 millions.

Mais mardi, le Groupement des transformateurs de cajou Ivoiriens (GTCI) a adressé une lettre au Conseil coton anacarde (CCA) et au gouvernement, indiquant que la situation n’était plus possible.

« Faisant suite à toutes les réunions avec la Primature et le CCA et aux lettres de notifications reçues de la BNI (Banque nationale d’investissement, banque d’Etat), dans le cadre du projet de soutien aux transformateurs locaux, nous venons par la présente vous faire part du fait que le plan dans l’état actuel n’est pas opérable », a écrit Constance Koumé, secrétaire générale du GTCI, rapporte Reuters. « La campagne a commencé depuis un mois et nos usines resteront vides encore une fois en raison de l’absence de plan de soutien », a-t-elle encore ajouté.

La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial de noix de cajou avec un million de tonnes par an mais seulement 10% transformés localement, le reste étant exporté à l’état brut principalement en Asie. Depuis des années maintenant, le gouvernement tente d’accroître la part des noix transformées localement mais les transformateurs ivoiriens ne parviennent pas à concurrencer les acheteurs asiatiques de noix brutes. Pour cette campagne 2022, le prix plancher obligatoire d’achat bord champ au producteur est demeuré à FCFA 305 le kilo ($ 0,51). Or, actuellement, les exportateurs asiatiques achètent le kilo de noix brutes entre FCFA 420 à 430…

Par conséquent, sur les 20 transformateurs locaux, 8 ont fait faillite ces deux dernières années, huit sont temporairement non-opérationnels car leur équipement est soit vétuste soit en panne et seuls quatre opèrent encore, indiquait Reuters mi-février.

Difficile de concurrencer à moins que l’Etat soit instaure des quotas à l’exportation, soit mette la main à la poche pour payer la différence aux acteurs locaux, souligne un observateur.

Rappelons que la Côte d’Ivoire a pour objectif de transformer 50% de la production nationale d’anacarde d’ici 2025 ou 2026 afin de pouvoir concurrencer le n°1 mondial de la transformation, le Vietnam. En effet, 52,8% de la transformation mondiale de cajou s’effectue au Vietnam, 28,3% en Inde, 2,8% au Brésil et 2,6% en Côte d‘Ivoire, selon les statistiques gouvernementales citées par Reuters.

Rappelons aussi qu’en février le projet Prosper Cashew de $ 61 millions sur 5 ans a été lancé, financé par le Département américain de l’Agriculture (USDA) et piloté par l’ONG TechnoServe pour accélérer la transformation des noix de cajou en Afrique de l’Ouest dont la Côte d’Ivoire.

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