L’ICCO inaugure son nouveau siège à Abidjan sur fond de crise du marché du cacao

 L’ICCO inaugure son nouveau siège à Abidjan sur fond de crise du marché du cacao
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C'est dans un contexte de crise que l'Organisation internationale du cacao (ICCO, de son sigle anglais) inaugure officiellement aujourd'hui son nouveau siège à Abidjan. Elle poursuivra ses travaux jusqu'à vendredi. Rappelons que l'ICCO qui compte 51 pays membres, dont 21 pays exportateurs et 30 pays importateurs, avait pour siège Londres depuis 1973 avant de décider de s'établir en Côte d'Ivoire, premier producteur mondial.

Crise, il y a. Hier, lors d'une réunion d'urgence de haut niveau sur la baisse des prix de la fève, le président de l'ICCO, Luis Valverde, qui est aussi le vice-ministre de l'Agriculture et de l'élevage d'Equateur -un pays en forte ascension sur la scène cacaoyère- a lancé un appel afin que tous les pays producteurs coordonnent leurs stratégies. Car ce sont bel et bien des récoltes record dans plusieurs pays producteurs qui ont fait chuter d'environ un tiers les cours du cacao depuis l'année dernière.

Selon les estimations de l'ICCO, la production mondiale attendrait 4,4 millions de tonnes (Mt), en hausse de 14,8% ou encore de 587 000 t sur 2015/16, face à des broyages mondiaux attendus à 4,2 Mt, en progression de seulement 2,9% ou encore de 121 000 t. Le ratio stocks/broyages passerait de 34,9% en 2015/16 à 39,3% cette campagne. Rappelons qu'en 2014 le monde entier était paniqué face à la perspective de manquer de fèves….

La semaine dernière, le prix de la fève sur le marché à terme de Londres a touché son plus bas en quatre ans, chutant à son niveau le plus faible en une décennie sur le marché à New York (lire nos informations).

Les pays producteurs doivent jouer collectif

"Nous traversons une crise des prix", a souligné Luis Valverde. "Les derniers six mois ont été terribles et l'avenir est pire." Et le président de l'ICCO de déclarer qu'il n'est plus possible pour un pays producteur de prendre, aujourd'hui, des mesures seules. "Les décisions doivent être prises en tant que groupe", estime-t-il. Il revient à l'ICCO, a-t-il poursuivi, selon Reuters, de coordonner la production afin de contrôler l'approvisionnement du marché mais aussi de discuter de stratégies afin d'accroître la consommation.

Un appel qui reçoit un écho de la part de la Côte d'Ivoire et du Ghana qui, longtemps rivaux, travaillent aujourd'hui à l'harmonisation de leur système de commercialisations du cacao.

Car l'impact de la chute des cours est catastrophique pour les pays producteurs. La Côte d'Ivoire, n°1, a dû réduire son budget gouvernemental de 10% (lire nos informations) et baisser son prix garanti au planteur, de FCFA 1100 le kilo durant la campagne principale à FCFA 700 pour l'intermédiaire qui courre d'avril à septembre (lire nos informations). Ceci dit, le ministre ivoirien de l'Agriculture, Mamadou Sangafowa Coulibaly a qualifié d'infondées les rumeurs selon lesquelles le fonds de réserve destiné à compenser les fluctuations de cours serait mis à mal par la chute des cours mondiaux. Le fonds aurait fait ses preuves durant la campagne principale, la filière n'ayant connu aucun problème de financement alors que les cours mondiaux avaient chuté de 35%, a-t-il rassuré.

Le Ghana, n°2 mondial, aurait perdu $ 1 milliard en recettes d'exportation, a rappelé, pour sa part, Joseph Boahen Aidoo, directeur général du Cocobod. Il a redit que l'argent levé en prêt syndiqué en début de campagne 2016/17 était épuisé. Maintenant, la filière a besoin de $ 400 millions qu'elle demande à la banque centrale pour terminer la campagne 2016/17, à fin septembre (lire nos informations). Questionné en marge de la réunion de l'ICCO à Abidjan, le patron du Cocobod a indiqué qu'une enquête avait été ouverte sur l'utilisation des financements tout en refusant de se prononcer sur toute éventuelle fraude, mais rappelant que d'importants fonds avaient été consacrés à la rénovation de routes dans les régions cacaoyères.

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